Le Ministère japonais de l'environnement et le Ministère français de la transition écologique et solidaire se sont réunis à Tokyo en octobre 2019, dans le cadre de l'accord de coopération signé en décembre 2015 lors de la COP21. Les échanges ont traité de déchets plastiques, de stratégies climat à long-terme et de biodiversité, avec des discussions en quatre temps : échanges entre chercheurs français et japonais , réunion institutionnelle MTES/MOE, table ronde publique, puis visites de terrain.

Après une réunion en décembre 2016 à Tokyo et une réunion en mars 2018 à Paris, le Ministère japonais de l'environnement et le Ministère français de la transition écologique et solidaire se sont de nouveau réunis les 3 et 4 octobre 2019.  Une délégation de la Direction des Affaires Européennes et Internationales (DAEI) menée par Olivier Robinet, sous-directeur des échanges internationaux, s’est ainsi rendue à Tokyo pour poursuivre les échanges dans le cadre de l'accord de coopération signé en décembre 2015 lors de la COP21.

Rencontre MOE MTESLes discussions ont traité en particulier de déchets plastiques, de stratégies climat à long-terme et de biodiversité, avec des discussions en quatre temps : échanges entre chercheurs français et japonais le 2 octobre, réunion institutionnelle MTES/MOE suivie d’une table ronde publique le 3 octobre, puis visites de terrain le 4 octobre.

Cette rencontre, organisée avec l'appui du pôle développement durable du service économique régional de Tokyo, a ainsi permis de mettre en lumière les points de convergence et possibilités d'apprentissage entre nos deux pays, en particulier sur les thèmes présentés ci-après.

Les stratégies bas carbone de long-terme et la résilience climatique

Les deux parties ont pu présenter leurs politiques publiques sur l’atténuation et l’adaptation au changement climatique. La France a ainsi présenté la révision de sa stratégie nationale bas carbone et son 2ème plan national d’adaptation au changement climatique ; côté japonais les présentations ont porté sur la stratégie de long terme adoptée en juin 2019, et le plan d’adaptation au changement climatique.

L’adoption d’une stratégie de long terme par le Japon était un engagement pris lors de sa ratification de l’accord de Paris, elle a finalement été présentée en juin 2019, peu de temps avant le sommet du G20. Cette stratégie fixe les grandes intentions visant à atteindre une « neutralité carbone aussi tôt que possible dans la deuxième moitié du 21ᵉ siècle », tout en visant par ailleurs une « réduction des émissions de gaz à effet de serre de 80 % d’ici à 2050 ». La stratégie s’appuie sur un principe de « cercle vertueux d’environnement et de croissance » et se concentre sur 5 secteurs d’activité : l’énergie, le transport, l’industrie, le bâtiment, les puits de carbone.

La lutte contre les hydrofluorocarbures (HFC)

Les délégations ont pu présenter leurs réglementations respectives pour la lutte contre les hydrofluorocarbures. Ces présentations ont permis d’ouvrir des échanges sur les initiatives portées par la France et le Japon dans le cadre de la CCAC (Climate and Clean Air Coalition). En effet, la France a porté lors du G7 une initiative sur l’efficacité énergétique des équipements utilisant des HFC (efficient cooling), qui a été également soutenue par le Japon.

La biodiversité

Sujet encore non traité lors des deux précédentes rencontres annuelles, la biodiversité a été évoquée pour la première fois lors de cette rencontre, dans le contexte d’une année 2020 qui sera cruciale pour l’établissement d’un nouveau cadre mondial pour la protection de la biodiversité.

La France a ainsi pu présenter les enjeux qu’elle perçoit pour la prochaine COP 15 Biodiversité en 2020 en Chine et sa stratégie pour l’établissement d’un nouveau cadre mondial pour la protection de la biodiversité : mission à horizon 2030 visant à inverser la perte nette de biodiversité au niveau mondial, mise en œuvre d’objectifs et d’actions ciblées et mesurables, définition d’indicateurs de suivi et de mesure.

Le ministère de l’environnement du Japon a présenté ses actions sur la protection de la biodiversité marine en particulier la mise en place d’aires marines protégées et mesures de protection des récifs coralliens. Il a également présenté la « Satoyama initiative » visant à promouvoir une approche paysage (« landscape and seascape approaches »), où la biodiversité produit des biens et services nécessaires à l’humanité. Cette approche fait aussi le lien avec l’habitat, l’utilisation des terres, et les cultures locales. Elle est enfin une réponse à la dévitalisation des territoires que subit le Japon avec un fort exode rural et un vieillissement de la population particulièrement hors des grandes villes.

Les déchets plastiques

Rencontre entre chercheursEn marge du groupe de travail, ce sujet a fait l’objet d’échanges entre scientifiques français et japonais dans le cadre d’un séminaire organisé par le service pour la science et la technologie de l’Ambassade auquel participaient les chercheurs français Sylvain Agostini, Sébastien Livi, Julien Gigault, et Arnaud Parenty et les chercheurs japonais Yasuhiko Hotta, Kotaro Kishimura et Jun Nakatani. La restitution faite lors de la réunion institutionnelle en présence des MOE et MTES a mis l’accent sur l’évaluation de la pollution aux micro et nano-plastiques et leur toxicité, la mise en oeuvre d’outils politiques en faveur de l’économie circulaire et de la réduction de la pollution plastique (en particulier, l’étude des coûts globaux du recyclage du plastique et l’éducation des parties prenantes) et la clarification nécessaire des terminologies liées aux plastiques bio-sourcés. Un atelier scientifique similaire pourrait être envisagé lors de la prochaine édition de la rencontre MOE/MTES en France, afin d’encourager une continuité dans les échanges entre chercheurs sur ce sujet d’intérêt commun.

Le MOE a par ailleurs présenté les dernières mesures mises en œuvre par le Japon, visant principalement à la réduction des déchets plastiques en mer, au travers de la politique des 3R (reduce, reuse, recycle).

Table ronde publiqueUne table ronde publique sur le thème des « sciences et politiques publiques pour lutter contre la pollution plastique » a enfin été organisée par le service économique de l’Ambassade à l’Institut français. Olivier Robinet (sous-directeur des échanges internationaux au MTES) a pu y participer pour représenter l’administration française et présenter les principales mesures mises en œuvre en France et en Europe (directive plastiques à usage unique, loi de transition énergétique pour la croissance verte, feuille de route pour l’économie circulaire, pacte plastique…). Les autres intervenants étaient le chercheur et expert français Arnaud Parenty, le spécialiste des politiques publiques d’économie circulaire japonais Yasuhiko Hotta, et le représentant de l’industrie japonaise du plastique Kotaro Kishimura ; l’ensemble était modéré par la fondatrice du mouvement No Plastic Japan, la germano-japonaise Mona Neuhauss. Outre la valorisation des actions mises en place par la France, cet échange très riche contribue aussi à une sensibilisation du public japonais.

 Table ronde publique

Des échanges complétés par des visites de sites et des rencontres

Plusieurs visites de terrain ont également permis d’avoir un aperçu plus concret des politiques mises en œuvre par le Japon (visite de l’usine de recyclage de plastique de Showa Denko, produisant de l’hydrogène à partir de déchets plastiques dans le cadre d’un système incitatif mis en œuvre par le ministère de l’environnement ; visite du parc national Shinjuku Gyoen où le ministère de l’environnement mène un programme de conservation d’espèces végétales menacées).

Visite du parc Shinjuku Gyoen Visite de l'usine Showa Denko

En complément des échanges avec le Ministère japonais de l'environnement, la délégation du MTES a également profité de cette visite au Japon pour rencontrer le ministère des infrastructures et des transports (MLIT) pour un point sur la prochaine rencontre France-Japon sur la ville durable. Elle a également rencontré des acteurs non étatiques : Greenpeace Japan pour une discussion sur la place du charbon dans le mix énergétique japonais, la startup Pirika qui a présenté ses solutions numériques pour lutter contre la pollution plastique, et la Métropole de Tokyo pour un panorama de ses actions en faveur de la ville durable. Enfin, la délégation s'est rendue à Funabashi au sud de Tokyo afin de visiter l'opération d'aménagement Morino City, premier quartier étranger à avoir reçu le label Ecoquartier français, fin 2016.