Sénat : mission au Japon sur les transports, l'énergie, l'aménagement et les risques
La Commission de l'aménagement des territoires et du développement durable du Sénat était au Japon début septembre 2018 pour une mission d'étude dans le domaine du transport ferroviaire, de la mobilité bas-carbone, de la transition énergétique et de la gestion des risques naturels, avec l'appui du service économique régional de Tokyo.
Une délégation de 6 membres de la Commission de l'aménagement des territoires et du développement durable du Sénat, conduite par son Président Hervé Maurey, s'est rendue au Japon du 2 au 8 septembre 2018 afin de se documenter sur les politiques et réalisations japonaises dans plusieurs secteurs liés à l'aménagement - transition énergétique, mobilité urbaine, transport ferroviaire, réseaux de communications électroniques, protection contre les risques naturels.
Au cours de la mission, les Sénateurs, accompagnés par le Service Economique Régional de Tokyo, ont pu visiter plusieurs sites et échanger avec les acteurs impliqués dans leur exploitation :
- Showroom 5G de l'opérateur de communications électroniques NTT Docomo
- Centrale du réseau de chaleur et de froid du quartier Tokyo Skytree Town
- Chantier de démantèlement de la centrale nucléaire de Fukushima
- Centre de recherche des énergies renouvelables de Fukushima
- Tunnel de décharge des eaux d'orage de Saitama
- Station hydrogène Air Liquide
- Centre de tri des colis de la société Yamato
- Gare de Tokyo opérée par JR East
Thème : aménagement numérique
Showroom 5G de NTT Docomo (Tokyo)
Les sénateurs se sont rendus au siège de l’opérateur mobile NTT Docomo. Ils ont pu échanger avec des représentants de l’entreprise sur les technologies de la 5G et son développement au Japon. Ils ont également visité l’espace Station du Futur présentant les solutions 5G de NTT Docomo. D'ici l'horizon 2020, le Japon s’attend à une forte augmentation de la quantité de données échangées, tant par les utilisateurs que par les objets connectés, à une explosion du nombre de connections simultanées et à des besoins particulièrement importants sur le plan de la latence. L’objectif du gouvernement que les Jeux Olympiques de 2020 soient connectés et interactifs exige également d'offrir à tous un accès à internet. Dans ce cadre, le Japon - qui avait été leader sur la 3G et l’un des acteurs majeurs de la 4G – est déjà entré en phase de tests et espère lancer son offre 5G en 2020.
- En savoir plus sur le développement de la 5G au Japon (SER de Tokyo, août 2018)
Thème : transition énergétique
Réseau de chaleur et de froid de Tokyo Skytree Town (Tokyo)
Mis en service en 2012, le réseau de chaleur et de froid du quartier Tokyo Skytree Town alimente en chauffage et climatisation les centres commerciaux et immeubles de bureaux de ce nouveau quartier, créé au pied de la Tokyo Skytree - plus haute tour de radiodiffusion du monde et importante attraction touristique. Opéré par la compagnie ferroviaire Tobu (également maître d'ouvrage de la tour et du quartier), ce réseau est un des rares réseaux japonais utilisant la géothermie pour produire directement de la chaleur ou du froid - la géothermie au Japon est généralement exploitée pour produire de l'électricité. Le réseau utilise également des technologies visant à améliorer son efficacité énergétique.
- En savoir plus sur les réseaux de chaleur et de froid au japon (SER de Tokyo, mai 2018)
- En savoir plus sur l'énergie géothermique au Japon (SER de Tokyo, janvier 2018)
Chantier de démantèlement de la centrale nucléaire de Fukushima
En cours depuis la catastrophe de mars 2011, le chantier de démantèlement et de traitement des sols et eaux contaminés du site de la centrale nucléaire de Fukushima Dai-Ichi se poursuivra pendant encore 30 à 40 ans. 5000 employés (dont 1000 employés de l'opérateur TEPCO) travaillent actuellement sur le site, pour un chantier dont le coût total (incluant le démantèlement de la centrale, le dédommagement des riverains affectés par l'accident et le traitement des déchets) s'élève à environ 22000 milliards de yen d'après TEPCO. Le site a été visité à bord d'une navette électrique autonome de la société française Navya, qui dispose de quelques véhicules en démonstration au Japon.
La centrale est entourée de zones anciennement habitées, désormais interdites ou restreintes. La ville voisine de Tomioka, où vivaient 13000 personnes, abrite désormais 700 habitants. Suite à la mise à l'arrêt de l'ensemble du parc nucléaire japonais et à son lent redémarrage, l'énergie nucléaire représente actuellement environ 1% du mix énergétique du pays.
- En savoir plus sur le mix énergétique du Japon (SER de Tokyo, juillet 2018)
Centre de recherche des énergies renouvelables de Fukushima (Koriyama)
L'institut FREA (Fukushima Renewable Energy Institute, AIST) a été créé en 2014 à Koriyama, dans la préfecture de Fukushima, afin de contribuer à la recherche dans les énergies renouvelables et à accélérer leur déploiement dans la région, en lien avec les acteurs locaux. Rattaché à l'AIST, plus importante agence de recherche du Japon, sous tutelle du METI, le FREA travaille actuellement sur des projets tels que la production d'hydrogène à partir de sources renouvelables, l'optimisation du rendement des éoliennes ou encore l'amincissement des panneaux solaires photovoltaïques. Le centre emploie 400 chercheurs.
- En savoir plus sur l'énergie solaire au Japon (SER de Tokyo, janvier 2018)
- En savoir plus sur l'énergie éolienne au Japon (SER de Tokyo, décembre 2017)
- En savoir plus sur la recherche dans les énergies renouvelables au Japon (SST Japon, avril 2017)
Thème : prévention des risques naturels
Tunnel de décharge des eaux d'orage de Saitama (Kasukabe)
Le "Metropolitan Area Outer Underground Discharge Tunnel", dans la préfecture de Saitama au nord de Tokyo est constitué d'une canalisation souterraine de 10m de diamètre et 6,3km de long, reliant 5 immenses réservoirs de stockage. Plus grande infrastructure de ce type dans le monde, ce tunnel permet de collecter et d'acheminer l'eau de ruissellement en cas de fortes pluies, et de la rejeter dans le fleuve voisin, protègeant ainsi des inondations un bassin urbain de 3,5 millions d'habitants. Mise en service en 2002, cette infrastructure a été utilisée 112 fois en 16 ans. Elle a coûté 230 milliards de yens (environ 2 milliards d'euros), financés à 70% par l'Etat et 30% par la Région de Saitama.
Thème : mobilité, transports, logistique
Station de charge hydrogène Air Liquide (Kawasaki)
A Kawasaki, les Sénateurs ont visité la station hydrogène mise en place par Air Liquide, et ont également pu échanger avec des représentants du METI et de Toyota, autour d'une démonstration de charge d’une voiture Mirai. Cette station fait partie de la centaine de stations hydrogène déjà installées au Japon. Le gouvernement a fixé l’objectif de 160 stations opérationnelles d’ici 2020, et souhaite faire des Jeux Olympiques de Tokyo une vitrine de cette technologie. Pour cela, une équation économique reste à résoudre, le nombre de véhicules utilisant les stations étant encore faibles. Afin d’accélérer le déploiement et rendre l’achat d’un véhicule hydrogène plus attractif, un consortium a été créé en 2017, regroupant 11 entreprises dont Air Liquide.
- En savoir plus sur la stratégie de développement de l'hydrogène au Japon (SER de Tokyo, 2017)
Centre de tri de colis Yamato (Haneda)
La délégation a visité le centre Haneda Chronogate du groupe Yamado Holdings, première compagnie japonaise de logistique (près de 2 milliards de colis par an). Inauguré en 2013, ce centre de traitement de colis fonctionne 24h/24 et reçoit pratiquement la totalité des colis collectés par Yamato dans la région du Kanto, avant de les envoyer à destination. L'installation se trouve à proximité de l'aéroport de Haneda et du port de Tokyo, permettant des liaisons aériennes et maritimes rapides. Le système de tri automatique ultra-rapide (800 colis par minute) qui équipe le centre est fourni par l'entreprise française Fives. Outre le centre de traitement des colis, le site accueille les bureaux de Yamato Holdings ainsi qu'un espace ouvert aux riverains incluant notamment une crèche et un café.
Gare de Tokyo - JR East (Tokyo)
Ouverte en 1914, la Gare de Tokyo est un des rares bâtiments emblématiques de Tokyo à avoir résisté au grand séisme du Kanto de 1923, mais elle fut par la suite très endommagée par les bombardements de 1945. Reconstuite partiellement en 1957, elle n'a été complètement restaurée qu'en 2012. Elle accueille 4000 trains (dont Shinkansen) et 800000 usagers par jour, loin derrière d'autres gares de Tokyo telles que Shinjuku ou Shibuya. Avec l'implication de JR East dans les projets immobiliers qui l'entourent et ses zones commerciales, cette gare illustre la diversification des activités des opérateurs ferroviaires japonais, et l'importance du transport ferroviaire dans le paysage et l'aménagement urbain au Japon.
- En savoir plus sur le transport ferroviaire au Japon (SER de Tokyo, juin 2017)
Pour en savoir plus sur l'aménagement des territoires et le développement durable au Japon
Mission d'étude de la Commission de l'aménagement des territoires et du développement durable du Sénat organisée avec l'appui du Pôle Développement Durable (DG Trésor / MTES) et du Pôle Industrie-Services (DG Trésor) du Service économique régional de l'Ambassade de France à Tokyo, du 2 au 8 septembre 2018. Remerciements aux entreprises et administrations suivantes pour leur accueil : NTT Docomo, Tobu Group, FREA, TEPCO, Air Liquide, METI, Toyota Motor Corporation, MLIT Edogawa River Office, Yamato Holdings, JR East.