Le Japon - qui avait été leader sur la 3G et l’un des acteurs majeurs de la 4G – est entré en phase de tests en 2017 et a octroyé les licences d’utilisation des fréquences 5G en avril en vue du lancement de son offre en 2020.

5g

Le Japon - qui avait été leader sur la 3G et l’un des acteurs majeurs de la 4G – est entré en phase de tests en 2017 et a octroyé les licences d’utilisation des fréquences 5G en avril en vue du lancement de son offre en 2020. La 5G répond non seulement aux besoins spécifiques du secteur des télécoms, mais est aussi, plus largement, un élément-clé de l’environnement technologique nécessaire au développement de l’IoT et de la Société 5.0. Le gouvernement et les entreprises japonaises travaillent ainsi, au sein du Fifth Generation Communication Forum (5GMF), à la promotion de la R&D sur la 5G et à l’élaboration de standards communs.

Les annexes sont téléchargeables ci-dessous.

1. Le développement de la 5G est devenu une priorité gouvernementale, tant dans la perspective des Jeux olympiques en 2020, qu’en vue de répondre aux enjeux sociétaux auxquels le Japon fait face

1.1. Le gouvernement Japonais considère le développement de la 5G comme une priorité technologique dans la perspective des JO de Tokyo en 2020. Le Japon souhaite, en effet, faire des JO une vitrine technologique en présentant un certain nombre d’innovations telle que la 5G. Le MIC (ministère des Affaires intérieures et des Communications), est, à cet égard, un acteur majeur dans le développement, le déploiement et la réglementation de la 5G au Japon. En accord avec l’industrie et le 5GMF, il a adopté un calendrier d’actions s’étalant de 2015 et 2020 (Annexe 1) et ayant pour objectifs le soutien de projets de R&D (des tests en milieu réel sont menés depuis 2017) ainsi que l’élaboration de standards et normes internationaux. En avril 2019, le MIC a également attribué aux opérateurs de télécoms (NTT Docomo, Softbank, Rakuten…) les licences leur permettant l’usage des fréquences radiophoniques 5G (Annexe 2). Il a également annoncé l’attribution, dès l’automne 2019, de bandes de réseau 5G à d’autres industriels (hors secteur des télécommunications). Le MIC alloue aussi des budgets spécifiques au développement de la 5G. Sur les 340 millions EUR consacrés à la politique de soutien aux TIC pour la mise en place d’une société 5.0, 43 millions EUR sont alloués au développement des infrastructures 5G et de fibre optique, 150 millions EUR à la promotion des technologies 5G, et 64 millions EUR à la R&D pour le déploiement de la 5G d’ici 2020. Le MIC a également lancé, en 2017, le financement de six tests menés par des entreprises japonaises sur des applications variées de la 5G - sécurité, loisirs, télémédecine, transports, construction, logistique, espaces de travail intelligents (Annexe 3) - et dont les conclusions sont attendues pour 2020. En outre, le NICT (National Institute of Information and Communication Technologies), centre de recherche public dépendant du MIC, dédie une large partie de ses recherches à la 5G.

1.2. L’objectif est de construire un réseau puissant, rapide, flexible et avec une bonne couverture géographique afin d’accompagner le développement de nouveaux services IoT (internet des objets) / M2M (MachinetoMachine ou communication entre machines) et de répondre ainsi aux grands enjeux de société (Annexe 5) : ville sûre et services publics (télésurveillance, télémédecine, services de transports améliorés, technologie d’évitement des accidents) ; qualité de vie et environnement (vidéo 4K/8K, réalité augmentée, plus grande efficacité énergétique) ; écosystème industriel (efficacité des infrastructures industrielles, installation massive de capteurs).

2. L’industrie japonaise, notamment dans les secteurs des télécoms, de l’électronique, de l’automobile et de la robotique, s’organise et se mobilise pour permettre le déploiement de la 5G d’ici 2020

2.1. L’industrie japonaise s’est organisée autour du 5GMF (Fifth Generation Communication Forum), créé en septembre 2014, afin de promouvoir la R&D sur la 5G, d’identifier les enjeux technologiques et favoriser l’adoption de nouvelles réglementations. Dans la perspective de 2020, les entreprises japonaises ont, par ailleurs, conclu un certain nombre de partenariats pour mener à bien des projets sur la 5G. A ce titre, les opérateurs NEC et Rakuten, d’une part, et KDDI et Softbank, d’autre part, ont annoncé mi-2019 leur intention de développer conjointement les infrastructures nécessaires à l’établissement de leur réseau 5G, afin d’en accélérer la mise en place et d’en réduire les coûts opérationnels. S’ajoute à cela, la création de fonds de capital risque par les grands groupes cherchant à investir dans des technologies applicables à la 5G, à l’instar de l’Open Innovation Fund 3 de KDDI, d’une dotation initiale de 20 Mds et centré sur le développement de la 5G et des technologies associées.

2.2. Mettre en place un réseau 5G rapide et étendu est, en particulier, devenu une nécessité pour l’industrie des télécoms qui doit répondre à une augmentation importante du trafic de données (il devrait tripler entre 2016 et 2021) et de la densité de population dans certaines zones (voir le rapport McKinsey, Japan at a crossroads –The 4G to 5G (r)evolution, janvier 2018). Cet enjeu est d’autant plus prégnant que la 5G nécessite un nombre élevé de bornes de relai, du fait de la faible longueur et intensité des ondes qu’elle utilise. Ainsi, KDDI prévoit l’installation de 42 000 bornes de relai, 11 000 pour Softbank, et 16 000 pour Rakuten. Softbank devrait également développer des bornes aériennes en collaboration avec Alphabet Inc.

2.3. La 5G permettra, d’autre part, aux constructeurs japonais de se positionner sur le véhicule connecté qui en constitue le premier cas d’usage (Annexe 6). Le gouvernement japonais leur a, à cet égard, fixé comme objectif que, d’ici 2030, 30% des ventes de véhicules neufs au Japon soient des ventes de véhicules autonomes. Le déploiement de la 5G s’impose également comme l’une des conditions du développement de l’IoT, notamment dans ses applications industrielles. Par suite, les opérateurs de télécoms et grands groupes électroniques se sont engagés dans une véritable compétition pour mettre en place l’infrastructure nécessaire à la communication M2M. Ayant perdu en compétitivité sur l’électronique grand public, les grands groupes électroniques, tels que Hitachi, Fujitsu, Sony, Toshiba et NEC, se tournent en effet vers le développement de solutions software BtoB, avec un focus IoT et M2M.

2.4. La 5G constituera, enfin, un élément clé de l’essor de l’industrie robotique japonaise. Face au vieillissement de la population et à la réduction de la main d’œuvre, le Japon prévoit une augmentation des robots contrôlés à distance - NS Solutions et NTT Docomo ont, par exemple, présenté au Mobile World Congress 2018, un robot humanoïde, connecté via la 5G, capable d’intervenir dans les zones dangereuses et d’imiter les mouvements humains. Or, ces derniers exigeront une connectivité ultra-fiable, avec un temps de latence très faible et une forte capacité de transmission de données.

3. Le Japon entend se positionner sur le marché mondial et prend des initiatives en matière de standardisation

3.1. La question des normes et standards internationaux est essentielle pour l’industrie japonaise, notamment dans les secteurs de l’électronique et des télécommunications, afin d’éviter l’écueil du syndrome des Galápagos dont elle a longtemps été victime. Dans une perspective d’exportation de leur technologie, les industriels japonais entendent, en effet, promouvoir une offre homogénéisée sur le marché mondial. Ils sont, ainsi, particulièrement mobilisés au sein du groupe de travail « IMT-2020 » de l’Union internationale des Télécoms (UIT), dont l’un des vice-présidents est un japonais de l’entreprise NTT. Ces normes incluent notamment la réglementation du volume de données stockables en ligne, de l’attribution des fréquences radiophoniques, du trafic d’information…

3.2. Afin d’harmoniser les normes et règles techniques, le MIC et le 5GMF intensifient également, depuis 2015, les échanges avec les principaux partenaires du Japon, notamment avec les États-Unis, l’Union européenne, la Corée du Sud, la Chine, le Brésil, la Turquie. A cet égard, le Japon et la France coopèrent dans le cadre des appels à projets européens Horizon 2020. Le CEA, notamment, participe activement à 4 projets nippo-européens sur les TIC et la 5G. Enfin, on constate une tendance à la hausse des partenariats entre entreprises françaises et japonaises sur les applications de la 5G, en particulier dans le secteur du véhicule autonome. Valéo et NTT Docomo ont ainsi annoncé, en avril 2018, la conclusion d’un partenariat destiné à développer et commercialiser des solutions de connectivité pour le véhicule, utilisant la 5G. Navya et SBDrive (Softbank) développent également un bus autonome pour le marché japonais et devraient bénéficier des avancées de Softbank en matière de 5G.