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Mesure du plan directionnel égalité femmes-hommes, ces portraits ont pour objectif de donner la parole aux femmes de la direction sur la thématique de l’égalité au quotidien.

A l’issue d’une scolarité à Polytechnique et d’un diplôme de l’ENSAE, Constance Valigny intègre en 2005 la Direction Générale du Trésor en tant qu’économiste de la concurrence avant d’effectuer une mobilité à l’Autorité de la concurrence en tant que rapporteure permanente jusqu’en 2011, année de son retour au sein de la Direction Générale du Trésor.Constance y occupe alors le poste de Cheffe du bureau « activités tertiaires et concurrence » (POLSEC 2) entre 2011 et 2015, puis celui de cheffe du bureau « produits et marchés d’assurance » (ASSUR 1) jusqu’en 2016 où elle est nommée sous-directrice des politiques macroéconomiques. A présent, et depuis janvier 2019, Constance Valigny est la secrétaire générale du Trésor.

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Constance Valigny

Pourquoi l'égalité femmes-hommes te tient-elle à cœur ?

J’aurais tendance à retourner la question : pourquoi l’idée d’un monde aussi accueillant pour les femmes que pour les hommes n’est-elle pas une évidence ?

Et ne devrait-on pas plutôt poser la question inverse à celles et ceux qui ne s’intéressent pas à ce sujet en leur demandant pourquoi ils y sont insensibles ?

Ce combat me tient à cœur car évoluer dans un monde d’égalité c’est avoir la liberté d’être qui on veut, où on veut. Et que l’égalité femmes-hommes libèrera les femmes comme les hommes, et que c’est ce que je souhaite à mes enfants.

Cela me tient aussi à cœur car j’ai mis du temps à prendre conscience que ce combat était toujours d’actualité et je m’en veux un peu d’avoir tant tardé à ouvrir les yeux.

Quelle est ton expérience de l’égalité femmes-hommes au sein de la DG Trésor ? Comment gères-tu au quotidien ?

Une expérience en deux temps.

Un début de carrière où j’avais le sentiment que l’égalité femmes-hommes était sans doute moins un sujet au Trésor qu’ailleurs. J’avais pu faire des études scientifiques, où les femmes sont certes minoritaires, mais sans avoir le sentiment que c’était plus dur pour moi. Dans la fonction publique, les collaborateurs sont rémunérés sur la base de critères assez rigides parmi lesquels le genre n’intervient pas directement. J’avais donc le sentiment de n’avoir jamais été confrontée à de vraies difficultés en termes d’égalité femmes-hommes. Pourtant, j’avais souvent ce sentiment de manque de légitimité, ce complexe d’imposture que beaucoup de femmes connaissent dans des mondes professionnels majoritairement masculins.

Un second temps, marqué par une plus grande maturité professionnelle et un complexe d’imposture un peu moins fort. J’ai alors commencé à remarquer ces réunions de 15 personnes où j’étais la seule femme, la parole coupée aux femmes en réunion, la vision biaisée de certaines qualités : une femme énergique est un peu trop vite qualifiée de « bulldozer » alors qu’un homme énergique « a la niaque ». Je pense qu’on est arrivé, notamment dans le monde professionnel, à un moment où les inégalités femmes-hommes sont peut-être moins visibles que quand il s’agissait de savoir si les femmes pouvaient voter, avoir les mêmes emplois que les hommes, être indépendantes, avorter… et que beaucoup se sont désintéressés de cette cause avec le sentiment qu’elle avait abouti. Dont moi, il y a encore quelques années.

Comment je gère au quotidien ? J’essaie de donner l’exemple, comme manager et comme secrétaire générale du Trésor. J’essaie de dire quand je n’arrive pas à tout concilier, ce qui m’arrive souvent. Pour ne pas donner le sentiment que c’est facile et ainsi faciliter l’expression des difficultés.  J’essaie de me remettre en question car ce n’est pas parce qu’on est une femme qu’on ne peut pas avoir un comportement sexiste ou le promouvoir implicitement. J’essaie enfin d’être à l’écoute car on ne sait pas par principe ce dont les femmes ont envie ou besoin, et que leur demander me semble une bonne façon de s’intéresser à la question.

J’essaie beaucoup de choses en somme, je ne réussis pas tout !

Quelles actions préconises-tu pour tendre à plus d'égalité au sein de la DG Trésor ? Et de façon générale, dans l’économie ?

La mise en œuvre du plan égalité femmes-hommes du Trésor ! C’est un plan adopté début 2021, ambitieux et réaliste, et dont je suis très fière. Fière d’une mesure en particulier : le remplacement systématique lors des congés maternité, et le plaisir de voir les jeunes mères me dire combien cela les a aidées à partir sereines en congé mat.

Ce plan n’est qu’une étape et nous travaillons à la suite !

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De façon générale, dans l’économie ? L’allongement (encore plus !) du congé paternité, pour que le congé maternité soit moins stigmatisant mais aussi pour que le début de la vie ne s’accompagne pas d’une vision asymétrique des parents : maman à la maison, papa au bureau. Cela me semble essentiel pour le partage des rôles des parents dans l’éducation.

A plus long terme il faut faire évoluer l’école, qui est encore tellement genrée : il faut déconstruire autant que possible cette approche consistant à assigner dès 3 ans des rôles très étroits aux filles comme aux garçons.

Un conseil à transmettre aux adjointes ?

Deux si possible !

Le premier : partagez vos difficultés, ne pensez pas être seule à les rencontrer. La sororité, c’est l’une des clés pour féminiser l’économie comme tous les environnements où les femmes n’ont pas encore pris toute leur place.

Le second : si, comme beaucoup de femmes (et certains hommes), vous avez parfois le complexe d’imposture, identifiez une femme que vous admirez et qui vous dit l’avoir aussi. Quand je ressens ce complexe d’imposture, je pense à une formidable amie magistrate, l’une des personnes les plus brillantes (et drôles) que je connaisse, qui se pose souvent ces questions de légitimité. C’est redoutablement efficace pour me rassurer sur le fait que ce sentiment est très indépendant de la qualité des gens.

Un message pour les hommes de la DG Trésor ?

La plupart des hommes du Trésor avec qui je parle de ces sujets sont pleinement convaincus qu’il faut avancer en matière d’égalité femmes-hommes. Je n’ai pas besoin de les convaincre ni de les rassurer. Il ne s’agit pas de chercher à inverser les choses en créant un monde de femmes pour les femmes, mais juste un monde pour tous où les hommes se sentiront aussi moins assignés à un rôle prédéfini. Mon message est juste : ça se fait aussi pour vous et ça ne se fera pas sans vous !

Qu'est-ce qui te met encore en colère en tant que femme ?

Plein de choses (j’ai un tempérament un peu volcanique). Deux me viennent naturellement à l’esprit :

  • l’assignation à des rôles pour garçon et fille intervient tout petit, dans le regard des autres, avec une amplification sidérante au moment de l’entrée à l’école. J’ai des jumeaux (un garçon une fille) qui jouaient aux mêmes jeux avant l’école, poupée, voitures, dinosaures, et ce indifféremment. Deux semaines après la rentrée scolaire en petite section, mon fils ne voulait plus des poupées, ma fille plus des voitures, chacun considérant que c’était des jouets de garçon/de fille.
     
  • Ces assignations sont tellement ancrées en nous que même les femmes les reproduisent sans y faire attention. Combien de fois ai-je signalé des camions-toupies à mon fils et parlé de princesses et de danseuses à mes filles, alors que les camions-toupies ça doit/peut intéresser tout le monde, et les danseuses aussi ! Je me force beaucoup depuis quelques années à leur proposer tout à tous les trois, et finalement mon fils aime beaucoup les spectacles de danse et mes filles les expériences scientifiques.

Une femme ou une héroïne de fiction qui t'inspire ?

Deux héroïnes de fictions récentes (et de livres que je recommande donc mille fois), qui me semblent révéler une tendance sur la capacité d’autrices à décrire des femmes plus modernes, plus libres, moins modelées par une société d’hommes qu’auparavant :

  • Mathilde, dans Les Oiselles Sauvages, de Pauline Gonthier : comme elle, et sans doute une bonne partie des générations post « droit à l’avortement », j’ai été pendant longtemps assez indifférente aux combats pour les droits des femmes. Son réveil fait en partie écho au mien. Mais quand je vois ma fille réclamer un meilleur partage de la cour de récré parce que les garçons prennent toute la place avec le foot, je me dis qu’il y a de l’espoir !

  • La narratrice du roman graphique Eveils, de Juliette Mancini, qui décrit incroyablement bien ce que peut être l’assignation au rôle de femme dans nos sociétés.

Un moment badass ?

Le début de mes deux grossesses. J’étais très malade et passer trois mois à cacher à ses collègues que l’on vomit dans la poubelle de son bureau est un challenge que je ne souhaite à personne !

Plus généralement, ça pose la question du tabou des débuts de grossesse dans le monde professionnel, qui n’est pas un sujet facile, mais qui fait partie des prochains combats.

 

 

Portraits de femmes du Trésor


La DG Trésor a à cœur de valoriser la parole des femmes de la DG Trésor au sein de la direction et dans l’espace public, pour mieux refléter la diversité de la DG Trésor et attirer les profils féminins.

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