Portraits de femmes du Trésor #6 : Marion Paradisi-Coulouma, cheffe du pôle politiques sectorielles au service économique régional de Buenos Aires
Mesure du plan directionnel égalité femmes-hommes, ces portraits ont pour objectif de donner la parole aux femmes de la direction sur la thématique de l’égalité au quotidien.
A l’issue de sa scolarité à l’IRA de Lyon, Marion Paradisi-Coulouma intègre le Ministère de l’économie et des finances en 2002, au sein de la Direction du Budget. Après un passage par la Direction générale de l’administration et de la fonction publique, elle rejoint la Direction générale du Trésor en 2012. Elle entame son parcours comme adjointe au chef du bureau « Stratégie, études et Pilotage » (STEP), puis devient adjointe au chef du bureau « Services bancaires et moyens de paiement » (BANCFIN4) en 2015. Marion décide alors de rejoindre le réseau de la DG Trésor, tout d’abord comme attachée économique à l’ambassade de France en Irlande entre 2016 et 2020 puis en tant que cheffe du pôle politiques sectorielles au service économique régional pour le cône sud, basée à Buenos aires, depuis septembre dernier.
Pourquoi l'égalité femmes-hommes te tient-elle à cœur ?
Hasards de la vie, j’ai vécu mon enfance au milieu de femmes (ma mère, ma grand-mère, leurs amies) dont les parcours, les attitudes et les paroles mettaient toujours la force et la résilience du côté féminin. Rien ne venait limiter mon horizon de petite fille : quand on me demandait ce que je voudrais faire plus tard, je répondais sans hésitation « président de la République », sans envisager ce que pouvait avoir d’exceptionnel une femme présidente. C’est en grandissant que j’ai découvert les discriminations et les violences dont étaient victimes les femmes : cela m’a révolté. Certain(e)s voyaient le fait d’être née femme comme un désavantage : c’était inacceptable. J’ai aussi rencontré des hommes formidables et appris que les hommes étaient des femmes comme les autres. De mes expériences intimes est née cette préoccupation farouche pour l’égalité.
Quelle est ton expérience de l'égalité femmes-hommes au sein de la DG Trésor, et vois-tu des différences entre le réseau international et la centrale ?
La DG Trésor ne discrimine pas : homme ou femme, nous sommes tous au service de l’Etat, animés par la recherche de l’excellence. Chacun contribue au travail collectif dans une atmosphère de saine stimulation intellectuelle. La DG Trésor nomme des femmes et des hommes aux postes de direction, proposant ainsi des modèles variés de progression de carrière mais au sein d’une organisation centrée sur le dévouement à son travail.
Ces derniers mois, la DG Trésor a choisi d’aller plus loin et de repenser l’activité professionnelle autour des différences d’approches entre les genres. Je me réjouis de cette perspective renouvelée tant dans son travail d’élaboration de la politique économique de la France (par exemple : budgets sensibles au genre, conséquence de la crise sanitaire sur les femmes, etc.) que dans l’évolution de son fonctionnement interne et ses pratiques managériales.
Dans le réseau, qui se féminise de plus en plus, notamment au niveau des adjoint(e)s, la situation évolue plus lentement. La DG Trésor n’hésite pas à nommer des femmes et facilite les mobilités conjointes (je parle d’expérience). Néanmoins, les milieux économiques et financiers sont partout largement masculins. Le modèle traditionnel de l’expatrié, l’homme que son épouse ou sa famille suivent, évolue mais à un rythme très mesuré. Il faut souvent gagner la confiance de ses interlocuteurs masculins (et parfois féminins) tant au sein de l’ambassade qu’auprès des partenaires. En contrepoint, il est appréciable de constater, depuis quelques années, que la sororité se développe entre femmes, en particulier dans les rencontres professionnelles où une forme d’empathie s’installe d’emblée.
Quelles actions préconises-tu pour tendre à plus d'égalité au sein du réseau de la DG Trésor ?
La première action serait d’accroitre encore le nombre de femmes cheffes de service économique pour proposer des modèles alternatifs. Les images des réunions du réseau parlent d’elles-mêmes : on y voit une écrasante majorité de costumes gris. L’Etat doit donner l’exemple aux milieux économiques dans le monde, et aux entreprises françaises en particulier, en féminisant les postes à responsabilité du réseau. Peut-être le nombre de candidates n’est-il pas suffisant ? Dans ce cas, je suggère de communiquer autour des opportunités qu’offre le réseau international de la DG Trésor, en particulier auprès des potentielles candidates. Des retours d’expériences des femmes du réseau pourraient être organisés.
La prise en considération de la vie familiale et de l’activité professionnelle du conjoint doit être un axe fort de la politique d’égalité au sein du réseau. Elles constituent des éléments importants d’accompagnement des agents du réseau que l’expatrié soit un homme ou une femme, mais plus encore lorsqu’il s’agit d’une femme sur qui repose bien souvent l’organisation familiale au quotidien.
Un conseil à transmettre aux adjointes ?
Mesdames, ayez confiance en vous : vous avez bien des compétences, connaissances et capacités à faire valoir et à mettre au service de l’action publique.
Un message pour les hommes de la DG Trésor ?
Messieurs, ayez confiance en nous et acceptez d’être parfois désarçonnés par une attitude ou un discours différents.
Qu'est-ce qui te met encore en colère en tant que femme ?
Le fait que justement être une femme, ou un homme, ait encore de l’importance en tant que tel et soit porteur de préjugés.
Une femme ou une héroïne de fiction qui t'inspire ?
Toutes les femmes m’inspirent : chacune invente son modèle de féminité au quotidien, faisant des choix pour mener de front sa vie professionnelle, personnelle et affective et défendant jour après jour ses acquis.
Un super pouvoir que tu aimerais avoir ?
J’allais spontanément répondre le don d’ubiquité parce que mon esprit est souvent occupé à plusieurs tâches en même temps alors que mon corps ne peut être qu’à un endroit à la fois. Mais il a déjà été cité par Priscille dans son entretien. Je choisis alors lire dans les pensées des autres, pour désamorcer rapidement les malentendus, en particulier ceux liés aux représentations de genre ou aux différences culturelles, comme cela advient souvent à l’étranger.