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Mesure du plan directionnel égalité femmes-hommes, ces portraits ont pour objectif de donner la parole aux femmes de la direction sur la thématique de l’égalité au quotidien.

A l’issue de sa scolarité à l’ENA (promotion Romain Gary, 2005), Magali Cesana a commencé son parcours à la DG Trésor au sein des bureaux FINENT2 (Financement et développement des entreprises) et MULTICOM1 (Politique commerciale, OMC, accords commerciaux de l’UE), avant de rejoindre en 2009 la Représentation de la France auprès de l’UE, à Bruxelles. A son retour en 2011, elle est devenue cheffe du bureau Services bancaires et moyens de paiement (BANCFIN 4) puis en 2014 du bureau « Investissement, criminalité financière et sanctions » (MULTICOM3), et enfin, Secrétaire générale adjointe en 2016, année au cours de laquelle elle a participé à la création du réseau « Femmes du Trésor » animant les dynamiques de réflexion sur les potentiels féminins de la DG. Aujourd’hui, Magali est cheffe du service des affaires bilatérales et de l’internationalisation des entreprises (SABINE).

Magali Cesana

Pourquoi l'égalité femmes-hommes te tient-elle à cœur ?

Ce qui me tient le plus à cœur en fait, c’est la diversité, source d’enrichissement et d’ouverture. Et la diversité passe par l’égalité, notamment l’égalité entre les hommes et les femmes.

Quelle est ton expérience de l’égalité femmes-hommes au sein de la DG Trésor ? Comment gères-tu au quotidien ?

Pour avoir connu d’autres milieux professionnels, je peux affirmer que la DG Trésor n’est pas une administration sexiste ; elle a plutôt tendance au contraire à nier les différences. Et paradoxalement, c’est le fait de considérer tous ses agents comme de bons petits soldats, hommes ou femmes, qui peut amener à des comportements, des sélections qui nuisent à l’égalité, car la Direction ne projette et ne valorise qu’un modèle.
Concernant mon expérience personnelle, j’ai, à plusieurs reprises, été témoin du fait qu’il était plus facile pour les femmes que pour les hommes au sein de la Direction de mettre en avant des contraintes personnelles, liées notamment aux charges de familles, pour éviter les réunions tardives par exemple ; c’était accepté pour moi, mais pas pour mon collègue masculin, pourtant également dans la même situation (chef de bureau et parent de jeunes enfants). Mais peut-être aussi que les hommes n’osent pas avancer de telles contraintes auprès de leur entourage professionnel.
Plus généralement, en matière de conciliation vie privée/vie professionnelle, je crois beaucoup à la vertu de l’exemple, qui doit être donné par l’encadrement. Et, je me suis efforcée - et je m’efforce toujours – en tant que manager de laisser mes collaborateurs s’organiser comme ils l’entendent pour gérer les contraintes du travail et de la vie personnelle : de ce point de vue, la période de télétravail que nous vivons depuis des mois va à mon sens beaucoup faire évoluer les comportements.

Quelles actions préconises-tu pour tendre à plus d'égalité au sein de la DG Trésor ? Et de façon générale, dans l’économie ?

Il faudrait faire évoluer notre façon de travailler, mieux prioriser et adapter le temps passé pour traiter un sujet et son enjeu. Le principal écueil pour le déroulement de carrière des femmes au sein de la DG Trésor, qui ressort des différentes enquêtes internes effectuées, demeure la charge de travail et la difficile conciliation vie privée/vie professionnelle. Nous avons une culture de l’excellence, ce qui est positif en soi, mais qui nous conduit parfois à faire de la « sur qualité » : nous voulons tout faire parfaitement, ce qui aboutit à rallonger les horaires de travail des équipes, et à des process de validation assez lourds. Nous avons proposé, dans le cadre de notre plan de transformation Trésor 2020, des évolutions dans nos méthodes de travail ; il faut maintenant que les équipes, et leurs hiérarchies, s’en saisissent pour en retirer le plein bénéfice.

Un conseil à transmettre aux adjointes ?

Qu’elles fassent ce qu’elles ont envie de faire (conseil valable pour les hommes aussi), qu’elles ne s’autocensurent pas. Lorsque j’étais Secrétaire Générale adjointe, j’ai été profondément marquée par la différence dans la façon dont les hommes et les femmes, avec des parcours très similaires, se présentaient à moi, en particulier quand ils envisageaient de postuler à un poste d’un rang supérieur ou s’interrogeaient sur la suite de leur parcours professionnel. Les hommes me disaient d’emblée dès leur mail de prise de contact qu’ils voulaient me voir dans la perspective de candidater par exemple à un poste de chef de bureau ou de sous-directeur, pour lequel ils se sentaient légitimes ; les femmes s’excusaient de me déranger (alors que c’était mon job de les recevoir !) et s’interrogeaient sur la pertinence de leur candidature, soulignant qu’elles avaient des atouts mais qu’elles ne disposaient pas de l’ensemble des expériences ou compétences listées dans la fiche de poste. Comme façon de se présenter quand on candidate à une fonction, il y a mieux ! Evidemment, c’est une généralité : j’ai aussi vu des hommes peu sûrs d’eux, et des femmes très sûres d’elles, et je trouve surtout que la différence de comportement se réduit plus on descend en âge, ce qui est plutôt encourageant.

Un message pour les hommes de la DG Trésor ?

Je voudrais souligner auprès d’eux qu’ils bénéficieront aussi des efforts faits en faveur de la féminisation de la Direction ; la diversité est profitable à tous.

Un moment badass ?

Au titre de précédentes fonctions, j’avais été nommée administratrice au conseil d’administration d’une entreprise. Lors du premier conseil auquel je participais, je suis arrivée avec un léger retard et quand je suis entrée dans la salle, le PDG, qui ne me connaissait pas mais avait compris que j’étais la représentante du Trésor, s’est plaint devant tout le conseil du fort turn-over des représentants de Bercy, des absences que cela engendrait etc. Je me suis assise à mon siège, j’ai enlevé mon manteau, découvrant mon ventre de femme enceinte de 6 mois, et j’ai déclaré que comme il pouvait le voir, j’allais moi-même bientôt être absente quelques mois. Eclat de rire général de tout le conseil, peu apprécié par le PDG.

Un super pouvoir que tu aimerais avoir ?

Celui de transférer ma charge mentale…

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