Deux jours d’échanges riches et denses entre les écosystèmes français et japonais de la transition énergétique, organisés au sein d'une métropole en pointe dans ce secteur - Grenoble Alpes. Pour cette 8ème édition du groupe de travail pour la coopération industrielle dans les nouveaux systèmes énergétiques, co-présidé par les ministères en charge de l'industrie des deux pays, le nombre de participants a atteint un record, avec 90 personnes réparties sur les deux journées, représentant plus de 35 entreprises ainsi que plusieurs entités publiques. Du côté français, la forte participation de startups a permis de mettre en évidence la capacité d'innovation française en réponse aux défis de la transition énergétique. Les deux jours de visites et de discussions ont confirmé l’intérêt commun des entreprises françaises et japonaises pour l'hydrogène, les énergies renouvelables (solaire, biomasse) et les smart-grids. De nouveaux thèmes, non couverts lors des précédentes éditions, ont émergé : la chaleur renouvelable, le recyclage des panneaux solaires et la maintenance des réseaux électriques. Les échanges sont maintenant à poursuivre entre entreprises participantes, avec l'appui des ministères et agences des deux pays.

Une édition accueillie par un territoire français d’innovation industrielle énergétique

Le groupe de travail de coopération industrielle pour les nouveaux systèmes énergétiques, créé en 2014, s’est réuni pour la huitième fois cette année. Initialement concentré sur les smart grids, il s’est élargi en 2018 aux énergies renouvelables, à l’hydrogène et à l’efficacité énergétique. Le dispositif est animé par le Ministère de l'économie et des finances (Direction générale des entreprises - DGE) côté français et le Ministère de l'économie, du commerce et de l'industrie (METI) côté japonais, avec l’appui du service économique régional de Tokyo. De par son approche industrielle, il est complémentaire des rencontres annuelles ADEME-NEDO (politiques de R&D énergie et environnement) et du dialogue énergie relancé en 2019 entre le Ministère de la transition écologique et solidaire et le METI (politiques publiques de transition énergétique).

Groupe de travail Nouveaux Systèmes Energétiques

Après une édition 2019 qui avait réuni à Tokyo 17 entreprises, il a été décidé d’organiser pour la première fois la rencontre en province. Grenoble a été identifiée comme le lieu idéal, compte tenu d’une part des liens durables entretenus par ce territoire avec le Japon sur les thèmes de l’innovation et de la ville durable (échanges universitaires avec Tsukuba, jumelage avec Toyota City dans le cadre du programme européen International Urban Cooperation), et d’autre part de la richesse de son écosystème industriel local dans le secteur de l’énergie, combinant grands noms comme Air Liquide ou Schneider Electric, et nombreuses PME et startups issues notamment des recherches du CEA dans les énergies alternatives. Un objectif était de mettre en avant l'innovation des territoires français en réponse aux enjeux de la transition écologique.

Format étendu et participation record

Les délégations française et japonaise au siège de Grenoble Alpes Métropole

La rencontre s’est déroulée les 11 et 12 février 2020. Co-présidée par la DGE et le METI, son organisation a été grandement facilitée par l’implication importante des services de Grenoble Alpes Métropole et Invest in Grenoble, et l’appui du service économique de l'Ambassade de France au Japon. Avec plus de 90 participants répartis sur les 2 jours et représentant plus de 35 entreprises françaises et japonaises, ainsi que plusieurs acteurs publics (ministères, agences) et organismes de recherche, il s’agissait de la plus grosse édition de ce groupe de travail depuis sa création, confirmant l’intérêt partagé de la France et du Japon pour travailler ensemble vers des systèmes énergétiques durables, dans la continuité des signaux de l’année 2019 (signature du mémorandum de coopération MTES/METI pour l’innovation et la transition énergétique ; mise en avant d’une dizaine d’accords entre entreprises françaises et japonaises de la transition énergétique lors de la visite du Président de la République à Tokyo).

Côté japonais, en plus des entreprises (voir partie suivante), le METI était accompagné des agences publiques NEDO (financement R&D) et JETRO (appui à l'export), ainsi que de l’Ambassade du Japon à Paris. Cette édition était également la première à se tenir sur deux journées complètes, le format habituel étant plutôt limité à une demi-journée. Ce format étendu a permis de faire découvrir à la délégation japonaise plusieurs sites illustrant la capacité d’innovation française face aux défis de la transition énergétique : les laboratoires du CEA dédiés à l’hydrogène, le centre des technologies avancées d’Air Liquide, le système de chauffage urbain renouvelable de Grenoble et le Technocentre Schneider Electric dédié aux équipements de réseaux électriques de moyenne tension.

Ces nombreuses visites ont structuré un programme organisé autour de trois grands thèmes : l’hydrogène, les énergies renouvelables (solaire et biomasse) et les smart-grids. Sur chaque thème, les entreprises françaises et japonaises participantes ont présenté leurs dernières innovations et évoqué leur ouverture à des coopérations internationales.

Résumé des sessions – Hydrogène, énergies renouvelables, smart-grids

  • Hydrogène : après une visite des installations du LITEN (CEA) illustrant l’usage de l’hydrogène pour l’autonomie énergétique des bâtiments ou pour le stockage d’énergies intermittentes, les présentations par les entreprises ont porté sur la production ou distribution d’hydrogène propre (France : GRDF, Vicat, Atawey, Sylfen | Japon : Asahi Kasei) et sur les équipements pour l’hydrogène (France : Ad-Venta, H2Sys ; Japon : Toyota, Panasonic). La visite du centre Advanced Tech d’Air Liquide a permis de compléter le panorama et d’évoquer les coopérations déjà établies comme le projet de déploiement de 600 taxis hydrogène à Paris avant fin 2020, porté par Air Liquide, Idex et Toyota.
  • Energies renouvelables / Solaire : organisée autour du pôle de compétitivité de la transition énergétique Tenerrdis, la session a mobilisé des entreprises de toutes tailles. L’entreprise française ROSI spécialisée dans le recyclage des panneaux photovoltaïques, s’est illustrée avec son partenaire japonais NPC. Le Glass Recycling Committee of Japan (GRCJ) a présenté, en binôme avec Harita Metal, les actions conduites au Japon pour le recyclage des panneaux photovoltaïques. Un rapprochement avec les travaux de recherche réalisés par le LITEN pourrait être envisagé, en partenariat avec des industriels des deux pays. Par ailleurs, Wattway (groupe Colas) a présenté l’avancement de ses réalisations au Japon sur la route solaire.
  • Energies renouvelables / Biomasse : organisée dans les locaux d’une des chaufferies du réseau de chauffage urbain de Grenoble, cette séquence a permis d’attirer l’attention de la délégation japonaise sur un aspect encore peu étudié dans la politique de transition énergétique de l’archipel : la chaleur renouvelable et sa distribution par les réseaux de chaleur. Les entreprises ont présenté leurs solutions techniques pour récupérer l’énergie des déchets organiques (Japon : Fuji Clean | France : Waga Energy) et pour suivre ou optimiser le fonctionnement des systèmes énergétiques utilisant le biogaz ou le bois-énergie (Japon : Hokkaido University | France : Apix Analytics, Leroux&Lotz). Deux entreprises françaises ont déjà établi un lien avec le Japon : Apix (distribué au Japon depuis 2019) et Leroux&Lotz (projet au Royaume-Uni avec le partenaire japonais Kobelco).
  • Smart-grids : session ayant rassemblé le plus grand nombre de participants, elle était accueillie dans la Technopole de Schneider Electric, qui a fait visiter à la délégation ses laboratoires de R&D pour les équipements de réseaux électriques de moyenne tension. Schneider a également mis en avant ses initiatives pour des produits plus respectueux de l’environnement. Les présentations par les entreprises ont porté notamment sur l’usage des batteries pour stabiliser les réseaux (Japon : Sumitomo Electric, Nissan), sur la gestion intelligente de la demande d’électricité (France : Energy Pool | Japon : Daikin), sur les solutions de prévision et optimisation des investissements pour la maintenance des réseaux électriques (France : RTE, Cosmotech, Enedis, Roseau Tech), sur les composants pour smart grids (France : Exagan | Japon : NEC), et sur l’assemblage de toutes ces composantes dans des approches intégrées (France : Institut des smart grids, INES | Japon : Mitsubishi Electric, NEC).

Visite de la chaufferie du réseau de chaleur de Grenoble Session smart grids

 Session smart grids Visite de la chaufferie du réseau de chaleur de Grenoble

Trait commun à l'ensemble des sessions, la présence remarquée de startups françaises (plus de la moitié des entreprises françaises participantes), face à une délégation japonaise dominée par les grands groupes. Ce phénomène confirme une tendance déjà illustrée par la percée réussie ces dernières années au Japon par des startups et PME françaises innovantes dans le secteur de la transition énergétique (Energy Pool, Ciel&Terre, Ideol), en partenariat avec de grandes entreprises de l'archipel.

En complément du programme préparé par la DGE, Grenoble Alpes Métropole et le service économique de l’Ambassade de France au Japon, une partie de la délégation japonaise a profité de son séjour en région Auvergne-Rhône-Alpes pour étendre sa mission sur une 3ème journée, à Lyon, organisée avec l’appui du Grand Lyon et du bureau NEDO Europe. Le 13 février, les représentants du METI et de quelques entreprises japonaises ont ainsi pu visiter le quartier intelligent Hikari à Lyon Confluence (financement NEDO, technologies Toshiba) et rencontrer plusieurs acteurs lyonnais de la transition énergétique et de la ville intelligente.

Compléments...