Afin d'encourager la coopération industrielle dans le domaine des nouveaux systèmes énergétiques, les ministères français et japonais en charge de l'industrie organisent chaque année un groupe de travail permettant aux entreprises des deux pays de faire connaître leurs innovations, identifier de nouveaux contacts et envisager de nouveaux projets conjoints. L'édition 2019 a rassemblé à Tokyo 17 entreprises, avec un focus sur les systèmes éoliens et solaires flottants et sur l'hydrogène décarboné.

Une coopération active depuis 2013

Ce groupe de travail existe depuis 2013, et fait partie des comités thématiques constituant le dispositif de coopération entre la Direction Générale des Entreprises (DGE - Ministère de l'Economie et des Finances) côté français, et le Ministère de l'Economie, du Commerce et de l'Industrie (METI) côté japonais. Les autres thèmes couverts par cette coopération DGE/METI sont l'internet des objets, l'industrie du futur et le textile technique.

Participants du groupe de travail 2013-2018Initialement centré sur les smart grids, le périmètre du groupe de travail énergie a été élargi début 2018 afin d'intégrer également les énergies renouvelables, l'hydrogène et l'efficacité énergétique. Les thèmes couverts correspondent ainsi désormais à ceux du comité stratégique national de filière industrielle "Nouveaux systèmes énergétiques", qui a été officiellement lancé en mai 2019.

Depuis 2013, plus de 25 entreprises françaises et japonaises ont déjà participé au moins une fois au groupe de travail. Les échanges ont permis de suivre des projets menés en France et au Japon par les entreprises des deux pays, au bénéfice de la transition énergétique, et de contribuer au rapprochement des écosystèmes industriels des nouveaux systèmes énergétiques.

2019 : zoom sur les systèmes flottants pour les énergies renouvelables et sur l'hydrogène propre

Le groupe de travail s'est réuni le 21 juin 2019 à Tokyo, sous la présidence du METI et de l'Ambassade de France représentant la DGE. Pas moins de 17 entreprises étaient réunies (la plupart pour la 1ère fois dans ce groupe de travail), pour des échanges centrés sur les systèmes éoliens et solaires flottants et sur l'hydrogène. Ces deux thèmes font écho au dialogue énergie qui s'est tenu en janvier 2019 à Paris entre les administrations des deux pays ; le thème des systèmes flottants fait également écho au dialogue maritime global mis en place cette année entre la France et le Japon.

Réunion du groupe de travail nouveaux systèmes énergétiques - 21 juin 2019, Tokyo

L'agence NEDO et l'entreprise Veolia ont fait le point sur les réalisations passées, respectivement l'opération de smart community menée par Toshiba à Lyon avec financement de la NEDO, et le démonstrateur de smart metering et coaching à Tsukuba piloté par Veolia. Suite à ce démonstrateur, Veolia a pu se positionner sur un autre projet à Osaka. Energy Pool et TEPCO Energy Partners ont présenté l'avancement de leur partenariat fructueux, qui depuis 2013 a permis à la PME française de développer au Japon son offre d'optimisation des réseaux électriques (demand response).

Construction du démonstrateur éolien flottant de Kitakyushu, financé par la NEDO, construit par Hitachi Zosen, conçu par IdeolDans la session dédiée aux énergies renouvelables, Naval Energies, Ideol et EOLFI ont pu confirmer le leadership français sur les systèmes innovants d'éolien en mer flottant, présentant leurs technologies et solutions de développement de projets. Le Japon compte 4 démonstrateurs d'éolien flottant, dont un conçu par Ideol et réalisé par l'industriel japonais Hitachi Zosen, tandis que la France compte un démonstrateur en service et 4 projets de mini-fermes flottantes (3-4 éoliennes) dont la mise en service est prévue pour 2021. Les deux pays ont donc beaucoup à échanger sur ce thème dans les années à venir. Les technologies flottantes se développent également pour le solaire : la PME française Ciel&Terre a présenté son développement important au Japon (leader sur le marché japonais) et son projet de démonstrateur en milieu marin (baie, zone portuaire...). De son côté, Kyocera a mis en avant ses réalisations de solaire flottant, dont la plus grande centrale flottante du Japon située à 1 heure de Tokyo - et utilisant la technologie de Ciel&Terre. Enfin, les entreprises japonaises Minna Denryoku (distributeur d'électricité 100% renouvelable), NTT Facilities (communications électroniques) et Fujitsu (équipements électroniques) ont présenté leurs initiatives pour le développement de l'électricité renouvelable au Japon.

Sur l'hydrogène, thème stratégique pour le Japon qui l'avait très fortement mis en avant quelques jours plus tôt lors de la réunion des ministres de l'énergie et de l'environnement du G20 à Karuizawa, les géants français Air Liquide et ENGIE ont exposé leurs dernières innovations. Air Liquide a en particulier mis en avant ses projets en matière d'hydrogène liquide, solution qui permettrait de réduire les coûts de transport de grandes quantités d'hydrogène vers le Japon. ENGIE a présenté sa stratégie globale consistant à travailler à la fois avec les pays producteurs et les pays consommateurs d'hydrogène, et a également évoqué son offre de solutions hydrogène pour le secteur minier. Côté japonais, Panasonic a présenté les tests conduits en France dans le secteur résidentiel, avec financement de l'ADEME et en partenariat avec ENGIE et Viessman. Toyota et Toshiba ont également exposé leurs stratégies et derniers développements - sur la voiture Mirai pour Toyota et sur l'unité mobile de production renouvelable d'hydrogène H2One pour Toshiba. Afin d'approfondir les échanges sur l'hydrogène et de les ouvrir au public, l'Ambassade avait également organisé le 24 juin, juste après ce groupe de travail et avec l'appui du METI, un séminaire industriel et scientifique associant également des pôles de compétitivité, universités et collectivités.

Perspectives...

Outre la poursuite des échanges sur les thèmes prometteurs identifiés lors de cette édition, le groupe de travail a évoqué le projet d'étendre le périmètre des discussions à la coopération franco-japonaise en pays tiers, notamment sur les territoires insulaires d'Asie Pacifique.

La prochaine réunion du groupe de travail DGE/METI "Nouveaux systèmes énergétiques" se tiendra en France au premier semestre 2020, et pourrait mettre en avant la mobilisation des territoires français pour l’industrie des nouveaux systèmes énergétiques, exposer la façon dont ces territoires peuvent travailler avec des partenaires japonais, et illustrer les liens entre nouveaux systèmes énergétiques et villes durables.

Quelques jours après la réunion du groupe de travail du 21 juin 2019, le Président Macron et le Premier Ministre Abe échangeaient à Tokyo, le 26 juin, un mémorandum de coopération pour l'innovation en matière de transition énergétique, confirmant la volonté partagée par les deux pays d'accélérer les échanges dans ce domaine, sur les politiques publiques mais également sur l'industrie. Ce groupe de travail de coopération industrielle en est une bonne illustration.