Cette page présente la chronologie des conséquences de la pandémie de COVID19 au Japon dans les secteurs des transports, de la construction et de l'aménagement, de l’énergie, de l’environnement et du climat, ainsi que les mesures prises par le gouvernement dans ces secteurs. Les informations, non exhaustives, sont basées sur le suivi quotidien de la presse japonaise et les échanges avec les autorités locales pendant le mois de mai 2020.

Dernière mise à jour : 31 mai 2020.

Tokyo Lockdown - Source @agkdesign sur Twitter

Construction, aménagement, urbanisme

7 mai. Construction, aménagement, logement : Environ 10% des chantiers de travaux publics de l’Etat (soit environ 1100 projets) sont actuellement suspendus ; le gouvernement prévoit de prendre en charge les coûts supplémentaires associés aux prolongations. De leur côté, les entreprises privées Shimizu (85% de 630 chantiers suspendus) et Kajima annoncent la reprise à partir du 7 mai des travaux qu’elles avaient interrompus, en introduisant des mesures de précaution pour les employés. Le gouvernement annonce par ailleurs son intention de soutenir la construction d’ici 2021/2022 de deux navires hôpitaux de 250 lits, pour un coût estimé à 50-60 Mds JPY – un moyen également de redynamiser la filière japonaise de la construction navale, en difficulté face aux concurrences chinoise et coréenne.

15 mai. La révision de la loi Super City visant à faciliter l’aménagement de quartiers numériques pourrait être accélérée en raison de la demande accrue en télémédecine, conduite automatisée, éducation à distance, etc. Dans l’immobilier, le parlement examine le projet déposé par les partis au pouvoir pour une aide au paiement des loyers commerciaux pour les PME et TPE en difficulté (prise en charge par l’Etat de 2/3 du montant des loyers pendant 6 mois).

22 mai. Komatsu, fabriquant d’engins de chantiers, souffre du ralentissement des chantiers à l’étranger (Etats-Unis, Indonésie). Une commune de Tokyo réduit ses taxes d’urbanisme afin que les constructeurs de nouveaux bâtiments réduisent leurs futurs loyers.

Transports terrestres

7 mai. Les compagnies ferroviaires dévoilent les bilans de l’année fiscale 2019 (04/2019 – 03/2020) : déficit de 42,6 Mds JPY pour JR Hokkaido (plus lourd déficit de l’histoire de l’entreprise) ; -32,8% de bénéfice pour JR East ; -13% de bénéfice pour JR West. Les grandes gares et les trains enregistrent des baisses record de fréquentation – les lignes à grande vitesse de JR West ont par exemple perdu 90% de passagers sur avril. La prolongation de l’état d’urgence s’accompagne de rappels des recommandations relatives aux déplacements : favoriser le télétravail, limiter l’usage des transports, privilégier le vélo…

15 mai. Après avoir atteint la plus faible demande en période de vacances de printemps depuis 1990, les compagnies ferroviaires réduisent leurs services, notamment la grande vitesse. JR East enregistre en avril une baisse de revenu de 100 Mds JPY. Après avoir déjà emprunté 120 Mds JPY, JR Kyushu va obtenir 90 Mds JPY par nouveaux emprunts et émission d’obligations. JR Shikoku arrivera à cours de trésorerie en juin et prépare un emprunt. Tokyo Metro enregistre une perte de bénéfices de 84% sur le 1er trimestre. La ville de Tokyo reporte l’inauguration d’une nouvelle ligne de bus à haut niveau de service. En mars, les dépenses des ménages sont en baisse de 62% pour le ferroviaire, 85% pour l’aérien, 45% pour les taxis et bus.

22 mai. Suite à la fin de l’état d’urgence dans de nombreuses préfectures, les compagnies ferroviaires commencent à relancer leurs activités (réouverture de centres commerciaux, réduction des suspensions de trains et bus…). Elles accompagnent la relance de mesures sanitaires renforcées, rassemblées dans un guide publié par la fédération des compagnies ferroviaires, et de la mise en ligne d’informations sur l’état de congestion afin de permettre aux usagers d’adapter leurs déplacements. JR Hokkaido est en difficulté, avec -40% de revenu ferroviaire sur l’année fiscale 2020 ; la compagnie suspend ses projets d’investissement les plus coûteux. Sur les autoroutes, NEXCO Central enregistre une baisse de trafic de 60% en mai entre Tokyo et Osaka. En réponse aux difficultés de compagnies locales de transport, une modification exceptionnelle de la loi antitrust a été adoptée afin de faciliter la fusion des entreprises locales, notamment banques locales et opérateurs locaux de transports en commun. 

29 mai. Au moins 200 opérateurs locaux de transport en commun (bus, trains, taxis, bateaux) pourraient faire faillite d’ici fin août si les recommandations d’abstention de sorties sont maintenues. Ces difficultés sont confirmées par les résultats des compagnies ferroviaires privées : 11 des 14 plus grandes d’entre elles (hors JR) sont en déficit sur le 1er trimestre 2020. En réponse, le MLIT souhaite que l’enveloppe de 2000 Mds JPY de soutien aux collectivités prévue dans le 2ème budget supplémentaire soit également utilisée pour soutenir les opérateurs de transport. Il envisage aussi que l’autorisation temporaire octroyée aux taxis de proposer des services de livraison à domicile soit transformée en autorisation permanente ; 40000 taxis en bénéficient déjà. Le transport maritime de marchandise est également en baisse : -9% sur les derniers mois pour le domestique, -20% sur les activités des grands opérateurs maritimes japonais qui prévoient des déficits importants sur l’année.

Transport aérien

7 mai. ANA et JAL annoncent des bénéfices en recul respectivement de 75% et 65% sur l’année fiscale 2019. ANA prévoit sur 2020 une demande en baisse de 30% sur le domestique et 50% sur l’international. La compagnie cherche à réduire ses coûts (chômage partiel de 93% des employés du groupe, recul des dates de livraison des avions commandés) et devrait bientôt disposer d'un financement de l'Etat de 950 Mds JPY. Pour JAL, avec -74% de passagers domestiques et -57% sur l’international en mars, le 1er trimestre 2020 marque le 1er résultat déficitaire depuis le retour en bourse en 2012. La compagnie va augmenter son offre de transport aérien de marchandises. La crise impacte aussi le calendrier des concessions : la mise en service de la concession de l’aéroport de Hiroshima est reportée de 3 mois, à juillet 2021.

15 mai. Les suspensions de vols se poursuivent; ANA et JAL ne réalisent plus que 15-30% des programmes initiaux, avec des vols domestiques remplis à 15-20%. Dans ce contexte, ANA suspend les recrutements (hors pilotes). Les aéroports de Tokyo et Osaka ont enregistré sur les vacances de printemps une baisse de fréquentation de plus de 99%. KHI prévoit une baisse de 30% de son chiffre d’affaire lié aux pièces aéronautiques pour Boeing. De son côté, MHI est déficitaire de 30 Mds JPY sur l’année fiscale 2019, une première depuis 20 ans, principalement en raison d’un nouveau report du lancement du l’avion régional Mitsubishi SpaceJet, déjà reporté 6 fois.

22 mai. La pandémie impacte les projets aéroportuaires (retard des négociations pour le projet d’extension de Narita, révision du business plan de la nouvelle concession des aéroports de Hokkaido). Le gouvernement commencerait à étudier la possibilité de rouvrir l’accès au territoire pour certains voyageurs, en commençant par les voyages d’affaires et les pays considérés sûrs et à enjeux pour le Japon. JAL et ANA étendent leurs suspensions de vols internationaux et domestiques sur juin, mais sur le domestique, les taux de suspension sont plus faibles qu’en mai.

29 mai. Estimant que la baisse de demande dans l’aéronautique va durer, MHI, KHI et IHI prévoient de renforcer leurs activités dans les autres domaines, comme l’énergie pour MHI ou la robotique et le médical pour KHI. Le début de reprise du transport aérien de passagers inquiète les employés des compagnies aériennes, dont les syndicats ont demandé au gouvernement d’imposer des mesures sanitaires à bord ; la demande a été rejetée par le ministre des transports, estimant que les mesures volontaires proposées par les compagnies sont suffisantes. Le transport aérien de marchandises enregistre des records chez ANA, JAL et à l’aéroport de Tokyo Narita.

Environnement & Energie

15 mai. Le volume de déchets ménagers est en augmentation (5 à 15% selon les villes), en raison du confinement, mais celui des déchets issus des bureaux et commerces est en baisse. La crise sanitaire pourrait avoir un impact (positif ou négatif) sur les mesures nationales de réduction des plastiques à usage unique actuellement discutées par un comité d’expert. Dans le secteur de l’énergie, les activités de MHI pour les centrales thermiques ralentissent : la baisse de consommation d’énergie, la détérioration de la conjoncture pour les investisseurs et la tendance mondiale vers la décarbonation entrainent des retards sur les constructions de centrales à l’étranger, notamment en Asie.

22 mai. Les distributeurs locaux d’énergie (ex. : Osaka Gas, Chubu EPCO), indiquent des baisses de consommation de gaz et électricité. Dans le solaire, un cabinet spécialisé estime que la pandémie pourrait retarder la réalisation des projets en cours et que le ralentissement économique pourrait rendre difficile l’acquisition de nouveaux clients pour de futurs projets, mais que la demande pour des projets en autoconsommation, contribuant à la résilience, pourrait augmenter.

29 mai. Bien que le Japon ne soit à ce jour pas doté d’une politique de relance verte, le Ministre de l’environnement poursuit ses efforts en la matière ; il a ainsi proposé la mise en place d’une plateforme en ligne permettant à tous les pays volontaires d’échanger sur les mesures de relance verte. L’objectif est d’utiliser cette plateforme pour préparer une conférence ministérielle en ligne avant la COP26. D’après le MOE, cette proposition a été reçue positivement par plusieurs partenaires, dont l’Allemagne et l’ONU. Les entreprises pétrolières annoncent des résultats déficitaires pour l’année fiscale 2019, et estiment que la baisse de demande en carburants pourrait durer.