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Edito - L'insolent dynamisme des bourses du Golfe

A l'heure où les marchés financiers internationaux tanguent, entre inflation record et risques géopolitiques, les marchés du Golfe affichent des résultats insolents. Le MSCI World Index, l'indice qui suit les principales actions dans le monde, est en recul de 7 % depuis le début de l'année, alors que les bourses de la péninsule arabique gagnent 12 % en moyenne ; jusqu'à 16,3 % pour le Qatar Exchange. En toile de fond, c'est la remontée de l'or noir qui propulse les cours. Au 24 mars, le Brent progressait de 45 % par rapport au 1er janvier. 

Pour alimenter l'appétit des investisseurs internationaux, les gouvernements de la région ont également mis en place une stratégie de monétisation de leurs actifs. Ils restructurent leurs entreprises publiques, les rationalisent, et introduisent une portion minoritaire du capital sur leurs bourses. Après Abu Dhabi et Riyad, Dubaï avait annoncé en novembre que l'Emirat s'y mettrait aussi : l'introduction sur le DFM de DEWA, l'autorité en charge de l'eau et de l'électricité à Dubaï, dont la procédure a débuté cette semaine est la première de dix IPO qui doivent permettre à la Bourse de Dubai de multiplier par plus de sept sa capitalisationParmi celles à suivre prochainement : Empower, Salik et Emirates. Au Bahreïn, les fonds souverains, Mumtalakat (19 Md USD d'actifs) et Nogaholding (10,8 Md USD d'actifs), étudient désormais des opérations similaires. 

Cette semaine paraissait également – avec une cérémonie de lancement à Abu Dhabi – le Global Financial International Centre Index qui classe deux fois par an les places financières mondiales. L'index utilise une batterie de 150 indicateurs évaluant chaque ville sur 5 critères : le développement du secteur financier, l'environnement réglementaire et fiscal, les infrastructures, les compétences disponibles, la réputation de la place et l'innovation. En tête de la région, Dubai gagne encore une place, au 17ème rang mondial, mais perd 3 points dans sa notation. Avec une note stable Abu Dhabi gagne néanmoins 5 places au 31ème rang. La progression la plus forte est celle de Riyad, qui avec 23 points supplémentaires, gagne 15 places, au 86ème rang mondial néanmoins, derrière Doha (65e) et Manama (84e). Comme Koweït, ces deux dernières enregistrent un nouveau recul cette année. 

Le développement du secteur financier est l'une des priorités des politiques de diversification des pays de la région. Le pétrole cher est peut-être en ce moment leur meilleur allié pour y arriver. 

 

  

Graphique de la semaine - Global Financial Centre Index

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 Sources : Z/Yen Group, China Development Institute, SER d'Abu Dhabi

 

Brèves économiques 

Region
  • Plusieurs places financières de la Péninsule (Dubai, Abu Dhabi et Riyad) ont progressé dans la nouvelle édition du Global Financial Centre Index (établi par le Z/Yen group et la China Development Institute). Dubaï reste en tête pour les pays de la région en se positionnant à la 17e (+2) place du classement mondial loin devant Abu Dhabi à la 31e position (+5), Doha 65ème (-10), Manama 84ème (-13), Riyad 86ème (+15) et Koweït City 116ème (-33). Le classement comprend 119 places financières et se base sur cinq critères : développement du secteur financier, environnement réglementaire et en matière d'impôts, infrastructures, compétences disponibles, réputation de la place et innovation.
Arabie saoudite    
  • Selon le rapport annuel 2021, Saudi Aramco a enregistré un résultat net en rebond de 124% à 110 Md USD contre 49 Md USD en 2020. Le bénéfice net de l’entreprise dépasse son niveau d’avant-crise (88,2 Md USD en 2019) et est proche du record de 2018 (111,1 Md USD).  Les dépenses d'investissement se sont élevées à 31,9 Md USD, soit une augmentation de 18% par rapport à 2020. Pour 2022, Saudi Aramco prévoit une hausse de ses investissements entre 40 à 50 Md USD, avec une croissance attendue au moins jusqu’à 2025. Sur son segment amont (exploration et production), Saudi Aramco prévoit de porter la capacité maximale durable de production de pétrole à 13 M de barils par jour d'ici 2027 et d'augmenter la production de gaz de plus de 50% d'ici 2030. Dans le secteur aval (raffinage), la société prévoit d'augmenter sa capacité de transformation des liquides en produits chimiques pour atteindre 4 M de barils par jour.
  • Au 4ème trimestre 2021, les recettes budgétaires ont atteint 72 Md USD (+12% en g.a.). Les recettes pétrolières ont enregistré une nette hausse de 72% (à 44 Md USD). Les dépenses ont diminué de 4% à 90 Md USD. Le poste de dépense ayant marqué la plus forte hausse en glissement annuel est le poste "subventions", en hausse de 151% en g.a. au 4ème trimestre (à 4 Md USD). Après son retour en terrain positif au 3ème trimestre, le solde budgétaire de ce trimestre est en déficit de 18 Md USD.
  • Les exportations totales de marchandises ont augmenté de 49,6% en janvier 2022 (en g.a.), s'élevant à 28,5 Md USD. Cette augmentation résulte principalement des exportations de pétrole, qui ont augmenté de 57,5% au cours de la même période (à 8,1 Md USD). Par rapport à décembre 2021, les exportations totales de marchandises ont augmenté de 1%. La part des exportations de pétrole dans les exportations totales est passée de 73,7% en janvier 2021 à 77,6% en janvier 2022. En glissement annuel, les exportations non pétrolières ont progressé de 27,5% à 6,4 Md USD, mais ont diminué de 1,5% par rapport à décembre 2021. Les importations de marchandises ont augmenté de 8,1% en GA (à 13,8 Md USD) mais ont cependant diminué de 4,6%  par rapport à décembre 2021.
Bahreïn 
  • Le portefeuille de la société d'investissement bahreïnienne Investcorp en Europe s'élève à 1,1 Md EUR après l'acquisition récente du siège du Fonds international des Nations Unies pour le développement agricole (FIDA). Depuis son entrée sur le marché européen en 2017, Investcorp a acquis 80 propriétés sur le continent. Les actifs sous gestion d'Investcorp s'élèvent à 40,4 Md USD.
Emirats arabes unis   
  • Dubai Electricity and Water Authority (DEWA) veut lever 8,1 Md AED (2,2 Md USD) lors de son introduction à la bourse Dubai Financial Market (DFM) prévue le 12 avril. DEWA prévoit d'introduire 6,5% de son capital. L'opération valoriserait la compagnie à près de 34 Md USD. Les fonds gouvernementaux émirien ADQ et EIA se sont engagés à souscrire. Il s'agit de l'IPO la plus importante sur le DFM depuis celle de DP World en 2007. DEWA est la première des dix entreprises publiques dont Shekh Maktoum avait annoncé l'introduction en Bourse afin de relancer la place face à une compétition régionale croissante.  
  • ADQ, holding gouvernemental d’Abu Dhabi, s’est engagé à investir près de 2 Md USD en Egypte. ADQ devrait acquérir plusieurs participations au sein d’entreprises égyptiennes dont 18% au sein de la Commercial International Bank. Pour rappel, ADQ et le fonds souverain égyptien ont lancé une plateforme conjointe d’investissement à hauteur de 20 Md USD. 
Koweït 
  • Le ministère du commerce et de l’industrie a lancé ce lundi un système de surveillance des prix des produits de base via son site officiel afin de faciliter les achats des consommateurs. Les données sont saisies et mises à jour par les coopératives et les supermarchés, et sont constamment suivies par le ministère en fonction des répercussions mondiales sur les prix, dans le cadre de ses efforts visant à prévenir toute augmentation artificielle des prix.
  • Lors du forum koweïtien sur l’investissement qui s’est tenu ce dimanche, le vice-président de la fédération des sociétés d’investissement a souligné le retard pris par le pays par rapport à ses voisins de la région dans le développement de ses PME. La part de ces dernières dans le PIB n’est encore que de 3% (53% aux EAU et 22% en Arabie saoudite). Ces entreprises souffrent de taux élevés de rejet de demandes de prêts, à hauteur de 70% en 2018. Les prêts bancaires aux PME représentaient alors 4,7% du total des prêts. 
  • Le ministre des finances a proposé jeudi dernier un recul de trois ans de l’âge de départ à la retraite. Cette réforme serait compensée par diverses mesures comme la distribution d’une subvention de 3000 KWD (9864 USD) aux retraités, en plus de l’augmentation de l’indemnité de départ à la retraite, passant de 21 à 28 fois le salaire. L’âge de départ actuel du Koweït reste l’un des plus bas de la région : 55 ans pour les hommes et 50 ans pour les femmes, contre une moyenne de 60 ans pour les hommes et 57 ans pour les femmes dans le reste de la région. 
  • Ce lundi, le Koweït et l’Arabie saoudite ont signé un procès-verbal pour le développement du champ offshore d’Al-Durra dans le golfe Persique. Le coût initial du développement du champ serait de 7 milliards de dollars, également réparti entre les deux pays.  Le champ contient d’énormes quantités de gaz naturel estimées de 10 à 11 billions de pieds cubes en plus de 300 millions de barils de pétrole. Le développement du champ devrait permettre la production record d’1 milliard de pieds cubes et de 84 000 barils de condensat par jour.
Oman   
  • La production de pétrole du Sultanat d’Oman a atteint 354,5 millions de barils en 2021 (+1,9% en g.a.), soit 971 200 barils par jour en moyenne selon les données du Centre national pour les statistiques et l’information (NCSI).
  • Dans le sillage de la reprise de l’activité économique et de la réouverture du pays, le nombre de PME omanaises a progressé de +37,5% fin février 2022 en g.a., à 69 521 entreprises (soit + 19 000 en un an).
Qatar
  • Dans la perspective du dialogue stratégique entre la France et le Qatar, un sous-comité économique s’est tenu le 23 mars, co-présidé par Magali Cesana, Cheffe du Service des Affaires Bilatérales et de l’Internationalisation des Entreprises à la DG Trésor, et Saud Al-Attiyah, Sous-Secrétaire d’Etat aux Affaires économiques au Ministère qatarien des Finances. La tenue de ce groupe de travail s’inscrit dans le cadre du mémoire d’entente signé entre les Ministres des Finances français et qatarien en décembre 2021, à l’occasion de la visite du Président de la République à Doha. Les différents domaines de la coopération bilatérale en matière économique et commerciale ont été évoqués (PPP, finance verte, sécurité alimentaire, ports, gestion des déchets, énergie, investissements) et les pistes d’action pour les renforcer ont été explorées.
  • Le Service économique de Doha et le Ministre du Commerce et de l’industrie (MoCI) ont organisé le 22 mars une conférence sur les partenariats publics-privés (PPP). Introduite par le Sous-Secrétaire d’Etat aux affaires commerciales du MoCI et l’Ambassadeur de France, et clôturée par la Directrice de la CCI, elle a notamment fait intervenir des représentants de Egis, Engie et la Société générale qui ont partagé leur expérience en matière de conception et de mise en œuvre de projets en PPP. Deux experts de la Mission d’appui au financement des infrastructures (FININFRA) de la DG Trésor ont également présenté le modèle français de PPP et leur structure de financement. 
  • La Banque centrale du Qatar a annoncé le 17 mars une hausse du taux de refinancement de 25 pdb, le portant ainsi à 1,25% suite à une prise en compte des récents développements macroéconomiques, domestiques et internationaux. La Qatar Central Bank maintient le taux de rémunération des dépôts à 1% et le taux du prêt marginal à 2,5%.
  • L’indice de la production industrielle a augmenté de 3,4% en glissement annuel en janvier 2022, et de 6% en glissement mensuel. Ce résultat s’explique principalement par la hausse observée dans les industries extractives, qui comptent pour plus des quatre cinquièmes de l’indice (+3,6% en ga et +7,2% en g.m.).

 

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