Toute l'actualité économique et financière hebdomadaire de l'Arabie Saoudite, du Bahrein des Emirats arabes unis, du Koweit, d'Oman, du Qatar et du Yémen.

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Edito - Surveillance renforcée

 

Le Groupe d’action financière (GAFI), l’organisme intergouvernemental de lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme, a placé les Emirats arabes unis sous surveillance renforcée lors de sa réunion du 4 mars. Ses membres ont salué les efforts importants réalisés par le pays pour répondre aux déficiences identifiées par le rapport d’évaluation mutuelle de 2020. Dans son communiqué, le GAFI rappelle la création d’un comité national de coordination, la mise en place d’un système d’application de sanctions financières ciblées et la hausse des confiscations. Les Emirats ont aussitôt réaffirmé leur volonté de résoudre dans les meilleurs délais les points qui ne l’ont pas encore été. 

Cette décision attendue ne devrait pas avoir d’impact macroéconomique à court terme, le pays n’étant pas dépendant des financements extérieurs. Elle devrait toutefois augmenter les coûts de conformité dans le secteur financier.  A plus long terme, si les Emirats ne parvenaient pas à sortir de la « liste grise », qui regroupe les pays sous surveillance renforcée, certains acteurs pourraient progressivement se détourner du pays.

Dans l’immédiat, l’impact est surtout réputationnel en particulier à l’heure où les sanctions internationales contre la Russie tournent les projecteurs sur des places connues pour abriter des fortunes fuyant les poursuites dans leurs pays d’origine. Coupés du système financier international, les Russes semblent regarder de plus en plus vers la fédération qui compterait déjà une communauté de 40 000 expatriés russes, la deuxième plus importante d’Europe après celle des Britanniques (plus de 100 000 personnes).  

 

 

Graphique de la semaine - Parts de marché russes et ukrainiennes dans les importations du CCEAG (2020)

                               Import

 Sources : Trademap, SER d'Abu Dhabi

 

Brèves économiques 

Brèves régionales 
  • Le Brent s'est à nouveau envolé en début de semaine atteignant un record à plus de 139 USD le baril. Cette hausse a fait suite aux annonces d'interdiction des importations d'hydrocarbures russes par les Etats-Unis puis le Royaume-Uni. Depuis le baril est redescendu sous la barre des 120 USD, mais la pression internationale demeure sur les producteurs du Golfe, en particulier l'Arabie saoudite et les Emirats qui disposent des capacités disponibles les plus importantes de l'OPEP. Le secrétaire général de l'organisation a indiqué que le niveau actuel des prix résulte des tensions géopolitiques et qu'une augmentation trop rapide de la production déséquilibrerait le marché. Dans un communiqué publié mercredi 9, l'Ambassadeur émirien à Washington a toutefois déclaré que son pays soutiendrait une hausse de la production avant que son ministre de l'énergie ne twitte que les Emirats continuent à soutenir l'accord OPEP+. La prochaine réunion de l'alliance est prévue pour le 31 mars. En entendant, dans ce contexte incertain, les analystes revoient à la hausse leurs prévisions : celle de Goldman Sachs par exemple a été passée de 98 à 135 USD pour l'année 2022. La plus pessimiste est celle de la société Rystad Energy qui a écrit cette semaine que le baril pourrait atteindre 240 USD dans le pire des scénarios. 
  • L' Arabie saoudite et le Koweït ont publié de nouveaux détails sur un plan directeur pour le projet Khafji, situé dans la zone neutre à la frontière des deux pays, qui comprendra la construction d'une ville industrielle pour la logistique, un aéroport, une connexion au projet ferroviaire du CCG, des projets touristiques, ainsi que des projets pétroliers et gaziers. Ce projet s’inscrit autour de la future exploitation du champ gazier de Dorra qui sera géré par les deux pays. L'Aramco Gulf Operations Company (AGOC) s'efforce actuellement d'offrir aux investisseurs et aux entrepreneurs de Khafji des opportunités d'investissement liées aux principales installations qui feront partie du projet de développement du champ gazier de Dorra, qui possède une quantité de gaz estimée à 10-11 trillions de pieds cubes et environ 300 millions de barils de pétrole. 

Arabie saoudite    
  • Les exportations de pétrole saoudiennes ont augmenté de 98% pour atteindre 64 Mds USD au T4 2021. Elles ont représenté 75,1% des exportations totales, soit 85 Mds USD. Par rapport au troisième trimestre 2021, les exportations de pétrole ont augmenté de 17%, soit de 9 Mds USD. Il convient de préciser que sur une base séquentielle, les exportations de pétrole du 4e trimestre 2021 ont été les plus élevées depuis le 1er trimestre 2017.

  • L'indice des directeurs d'achat (PMI) d'Arabie saoudite a atteint 56,2 points en février, soit une hausse de 3 points par rapport au mois précédent. La dynamique positive de l'indice global s'explique par la croissance des nouvelles commandes d'entreprises dans un contexte de hausse de la demande des clients et de baisse du nombre de cas COVID-19.

Bahreïn  
  • Le gouvernement bahreïni estime que les revenus du tourisme augmenteront progressivement durant les cinq années à venir pour atteindre 2 Md BD en 2026 (soit 5,3 Md USD), contre 500 M BD (1,3 Md USD) en 2021 (et 1,5 Md BD en 2019 ; environ 4 Md USD). En 2022, le secteur devrait apporter 1 Md BD selon le Royaume. Dans son programme économique présenté fin 2021, Bahreïn identifiait un objectif de contribution du secteur au PIB à 11,4% d’ici à 2026 (contre 7% actuellement) en accueillant 14,1 millions de visiteurs.

Emirats arabes unis     
  • Le Groupe d’action financière (GAFI), organisme intergouvernemental de lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme, a placé les Emirats arabes unis sous surveillance renforcée lors de sa réunion plénière du 4 mars. Le GAFI a salué les efforts réalisés par le pays lors de sa période d'observation. Toutefois, l'impact de cette décision sur l'économie émirienne devrait être faible à court terme. 

  • Dubaï adopte un cadre réglementaire pour les actifs financiers virtuels et crée un régulateur spécifique au secteur. L'émirat n'a pas précisé quels titres seraient concernés par la régulation. Pour l'instant, il n'existe pas de régulation pour les titres virtuels au niveau fédéral. Parallèlement, la plateforme Binance l'une des premières places pour le trading de cryptomonnaie serait en discussion avec la Dubai World Trade Center Free Zone pour obtenir une licence de fournisseur de service d'actifs virtuels. Binance a obtenu une licence comparable des autorités bahreiniennes en décembre 2021. 

  • L'activité hors hydrocarbures de l'émirat de Dubaï est bien orientée en février. Mesurée par le PMI, elle s'est établie à 54,1  (contre 52,6 en janvier), soutenue par la reprise de la demande notamment dans le secteur du tourisme au plus haut depuis 2019 à la faveur de l'Expo2020. Selon Markit qui publie l'indice, cette performance révèle le faible impact du variant Omicron. Les entreprises interrogées ont été par ailleurs moins nombreuses à indiquer des hausses de leurs coûts, au plus bas depuis 3 mois, mais continuent à signaler des difficultés dans les transports (shipping) qui empêchent d'augmenter la production. 

     
Koweït 
  • Si la hausse actuelle des prix du pétrole réduit le déficit budgétaire du pays, elle soutient également le volume de liquidités de la réserve générale de l'État, qui souffre depuis de nombreuses années de prélèvements répétés, conduisant à un épuisement quasi imminent. Cette hausse tombe ainsi à point nommé pour le Ministère des Finances qui doit rembourser à la fin du mois de mars, c’est-à-dire à la fin de l’exercice fiscal 2021-2022 actuel, 4,7 Mds KD, représentés par des paiements financiers différés aux organismes gouvernementaux d'un montant de 2,3 Mds KD, des dépenses périodiques mensuelles qui s'élèvent en moyenne à environ 1,4 Md KD, et enfin du remboursement des obligations internationales d'un montant de 1,07 Md KD (1 KD = 3,29 USD).

  • L’Association de protection des consommateurs de l’émirat a déclaré que dans le contexte actuel du conflit russo-ukrainien, les prix du fer et de l'aluminium devraient augmenter de 20%, et les huiles végétales de 30%. L’augmentation de 20 % des prix mondiaux du blé impactera fortement le Koweït, qui importe environ 300 000 tonnes de blé ukrainien par an. L’organisme a annoncé que le Koweït pourrait mettre en place un système statistique de contrôle stratégique des stocks, reliant les principaux magasins et les entrepôts des sociétés coopératives et divers points de vente depuis une salle centrale des opérations affiliée au ministère du Commerce. 

  • Ce mardi, la Boursa Kuwait a organisé sa Journée internationale pour l’autonomisation économique des femmes, en partenariat avec ONU Femmes, la National Bank of Kuwait, la société de télécommunications Zain et le Conseil suprême pour la planification et le développement. Ce dernier a rappelé que dans le cadre du plan national « New Kuwait 2035 », l’émirat s’efforçait d’atteindre l’objectif de 35% de femmes aux postes de direction dans le secteur public, contre 21% actuellement. Certaines entreprises privées sont en avance par rapport au secteur public, comme la NBK au sein de laquelle ce chiffre est actuellement de 30%. 

Oman   
  • Les recettes budgétaires du Sultanat ont augmenté de 85,2% en janvier 2022 en g.a., à 803,3 M OMR (1,9 Md EUR) selon le ministère des Finances. Oman a enregistré un excédent budgétaire de 18 M OMR (43 M EUR) en janvier 2022 en glissement annuel, en raison principalement de la hausse croissante des prix des hydrocarbures sur les marchés internationaux. 

  • Le Sultan S.M. Haitham bin Tarik a ordonné par décret l’accélération de la mise en œuvre du cadre réglementaire relatif au développement de l’hydrogène vert au Sultanat. Plusieurs sites de production d’énergies renouvelables – solaire et éolien – seront par ailleurs identifiés prochainement entre Duqm et Thumrait, pour un démarrage des activités d’ici fin 2022 selon l’agence de presse officielle.

  • Le Sultan S.M. Haitham bin Tarik a ordonné par décret la création de zones franches dans les trois aéroports du pays, à Mascate, Salalah et Sohar. Dans le détail, les futurs investisseurs bénéficieront d’une exception fiscale pendant 15 ans (renouvelable 5 ans) selon S.E. Ahmed bin Hassan Al Dheeb, Vice-président de l'Autorité publique pour les zones économiques spéciales et les zones franches.

Qatar
  • A l’occasion de la Journée internationale des femmes, l’Ambassade de France et la Chambre de Commerce France-Qatar ont organisé une conférence le 9 mars 2022 sur le thème #Breakthebias. Quatre femmes issues du monde des affaires et des sciences ont notamment pu échanger dans le cadre d’un panel appuyé par le Service économique : Marie Planckaert (Vice-Présidente géoscience et réservoir chez TotalEnergies), Abeer al-Hammadi (directrice de l’innovation et du développement économique de Qatar Foundation), Maryam al-Bishri (responsable de la planification des actifs en puits profonds chez Qatar Energy), Abeer Buhelaiqa (ingénieur réservoir chez QE et fondatrice de l’association des Femmes ingénieures au Qatar). L’événement a été réalisé en partenariat avec HEC Paris au Qatar, TotalEnergies, L’Occitane et Paris Saint-Germain.

  • Thales et l’Autorité des zones franches du Qatar (QFZA) ont inauguré le 9 mars 2022 le nouveau centre de compétences digitales de Thales lors d’une cérémonie à laquelle ont assisté le PDG de l’entreprise Patrice Caine ainsi que le Président de la QFZA Ahmad Al Sayed. L’inauguration a été suivie d’une visite du nouveau siège de Thales au Qatar localisé au Business Innovation Parl de la free zone de Ras Bufontas, et s’inscrit dans le cadre de l’accord de collaboration stratégique signé l’an dernier entre Thales et la QFZA.

  • La ferme qatarienne Baladna, premier producteur laitier du Qatar, a pris une participation à hauteur de 5% dans la compagnie égyptienne Juhayna Food Industries, pour un investissement total de 18,4 M USD.

  • L’indice PMI (Purchasing Manager's Index) s’établit à 61,4 en février 2022, contre 53,2 en février 2021 et 57,6 en janvier 2022. Constamment au-dessus de 50 depuis juillet 2020, il matérialise une nette croissance de l’activité hors hydrocarbures du Qatar.

  • L’indice de la production industrielle (IPI) est resté stable en moyenne en 2021 par rapport à 2020 (-0,3%), d’après l’Autorité de la Planification et des Statistiques

     

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