Environnement & Climat

  • Focus : Retour sur les annonces concernant les centrales à charbon : révision de la politique d'export et arrêt "en principe" d'une centaine de centrales sur le territoire nippon 
  • Et aussi : Accord de base de coopération entre le Japon/Vietnam sur la surveillance des déchets marins / Des agences japonaises étudient le potentiel du bois-énergie / Nomura Real Estate Investment Advisor rejoint le consortium TCFD / Création de la première association japonaise « blue carbon » / Nouveau site internet sur les politiques de reconstruction des pays du G20 

Energie

  • Focus : Le gouvernement japonais prévoit 30 GW d’éolien en mer (offshore) d’ici 2040
  • Et aussi : Examen de projets pour relier les parcs éoliens offshore au réseau électrique terrestre / Finalisation d'une ferme solaire avec batterie au nord du Japon / Augmentation des faillites d’entreprises dans le solaire / Nouveau service d’évaluation des risques dans l’éolien offshore / Campagne d'achat groupé d'électricité issue des EnR

Transport

  • Focus : Ouverture d’une nouvelle station hydrogène à Nagoya, préfecture d’Aichi
  • Et aussi : Groupe de travail sur le carburant zéro émission pour les navires / Prêt accordé à JR Freight sur la base de son impact environnemental

Infrastructures & Villes

  • Focus : Des pluies diluviennes aux dommages matériels et humains de grande ampleur
  • Et aussi : Développement d'un algorithme pour estimer l'exposition aux inondations / Accord de coopération climat et infrastructures entre la ville de Fuji et Shizuoka Gas and Power Group

Veille spéciale COVID-19 : du 9 au 16 juillet sur les secteurs des transports, des infrastructures & villes, de l'énergie et de l'environnement.

Environnement & Climat

Retour sur les annonces concernant les centrales à charbon: révision de la politique d'export et arrêt "en principe" d'une centaine de centrales sur le territoire nippon 

La révision de la stratégie d’export d’infrastructures annoncée quelques mois auparavant est sortie le 9 juillet avec pour résultat l’arrêt « en principe » du financement de nouvelles centrales à charbon dans les pays tiers si ces derniers ne présentent pas de politique claire de décarbonation. Cette annonce reste insuffisante selon les organisations non gouvernementales, notamment Kiko Network et Greenpeace Japan qui soulignent que la construction de nouvelles centrales à charbon, même avec les technologies les plus avancées, reste contraire aux objectifs de l’Accord de Paris.

Selon Greenpeace Japan, il y a encore de nombreuses exceptions possiblCentrale à charbon - NoCoalJapanes, tant du côté public que privé, selon les technologies employées et la trajectoire des pays bénéficiaires et les "mégabanques (Mizuho, Mitsubishi, Sumitomo) ne se sont pas engagées à cesser le financement des groupes étrangers dépendant du charbon ou prévoyant la construction de centrales". Celles-ci s'étaient déjà partiellement désengagées, "en principe" ou presque en totalité des financements de nouvelles centrales mais comptent néanmoins revoir une nouvelle fois leur politique de financement en matière d'énergie à l'aune des annonces du gouvernement et de la pression d'organisations de défense de l'environnement.

 

Autre sujet épineux pour le gouvernement : les centrales à charbon sur le territoire japonais. Sous l’impulsion du ministre de l’Economie, du Commerce et de l’Industrie (METI), le Japon a annoncé le 3 juillet, quelques jours avant l’annonce sur la politique d’export, l’arrêt progressif d’une centaine de centrales à charbon dites « inefficientes » (sur 140 unités en juillet 2020) d’ici 2030. Le gouvernement japonais s'est ainsi engagé à étudier des mesures concrètes pour "arrêter les centrales à charbon inefficaces et faire des énergies renouvelables une source d'électricité majeure". Le METI indique que toute centrale n’utilisant pas la meilleure technologie disponible, ultrasupercritique (USC) ou à cycle combinée, devra être mise à l'arrêté ; ceci devrait donc majoritairement affecter les plus petites unités, plus anciennes et moins performantes. Selon Kiko Network, organisation non-gouvernementale particulièrement active sur les questions climatiques, malgré ces fermetures, 70% de la capacité existante ou en construction (soit 35 GW) continuerait à opérer après 2030.

Certaines régions comme Hokkaido (au nord du Japon) et Okinawa (au sud du Japon) dépendent largement du charbon pour leur approvisionnement électrique et sont équipées de nombreuses centrales n'utilisant pas les dernières technologies. Ainsi les opérateurs locaux Hokkaido EPCO et Okinawa Electric dépendent respectivement à près de 40% et 55% des centrales "peu efficaces" pour leur production d'électricité, alors qu'un grand opérateur comme Jera, plus grand fournisseur électrique au Japon, ne compte que 7,4% d’électricité produite à partir de centrales "peu efficaces" et s’équipe progressivement de centrales plus avancées.

Parmi les mesures envisagées pour rendre possible ces fermetures : un durcissement des réglementations et des incitations pour faciliter la transition des opérateurs électriques. L'annonce sur les centrales à charbon est par ailleurs concomitante à de nouvelles annonces sur le développement de l'éolien en mer et du bois-énergie. Le ministre de l'environnement Shinjiro Koizumi s'est voulu optimiste dans les récentes conférences de presse en soutenant que les annonces sur la politique d'export et domestique sont des étapes charnières pour le Japon et qu'elles permettent d'établir une base solide pour la révision en 2021 de la stratégie énergétique nationale, qui conditionne en grande partie la stratégie climatique du pays.  

 

Sources Japan Media Highlights, 16 juillet, Japan TimesBloomberg, 15 juillet, Journal de montréal , 3 juillet 

Et aussi...

  • Le Ministère de l’environnement japonais signe un accord pour coopérer avec le Vietnam dans le domaine de la surveillance des déchets marins, y compris l’élargissement de la participation à la formation des ressources humaines et le lancement conjoint d’une enquête de suivi  | Kankyo Business (en japonais), 17 juillet, MOE, 14 juillet
  • L’Agence pour les forêts et l’Agence des ressources naturelles et de l’énergie (ANRE) vont, dans le cadre de groupes de travail, étudier l’utilisation efficace du bois pour produire de l’énergie (chaleur et électricité). | Nikkei (en japonais), 20 juillet   
  • Création de la première association japonaise de recherche technologique « Blue Carbon », la Japan Blue Economy Technical Research Association, visant à promouvoir les mesures d’atténuation du changement climatique des zones côtières dans la préfecture de Kanagawa (au sud de Tokyo) | Japan Times, 30 juin
  • Energy Policy Tracker, nouveau site internet qui suit les politiques de reconstruction liées au climat et à l’énergie des pays du G20, a été lancé le 15 juillet suite à l’initiative de 14 organisations dont l’Institut japonais IGES | Kankyo Business (en japonais), 16 juillet  

Energie

Le gouvernement japonais prévoit 30 GW d'éolien en mer (offshore) d'ici 2040 

Le 17 juillet, le ministre de l’industrie, Hiroshi Kajiyama, a annoncé lors de la première Eolien en mer - Getty image
réunion du conseil public-privé visant à renforcer la compétitivité industrielle de l’éolien en mer, viser la construction de nouvelles infrastructures afin d'installer 1 GW supplémentaire par an pendant les 5 à 10 prochaines années et parvenir à 30 GW d'éolien en mer opérationnels au Japon d’ici 2040. Cela devrait représenter 3 ou 4 projets par an dès 2021 pour un total de 30 à 40 projets d’ici 2040. Cette annonce fait suite à la désignation récente de 4 nouvelles zones « prometteuses » (« promising areas ») pour lesquelles des études géologiques et atmosphériques et la constitution de comités devraient débuter prochainement, ainsi qu'au lancement de l’appel d’offre pour le premier site de 21 MW à Goto, dans la préfecture de Nagasaki à l'ouest du Japon. 

Lors de cette réunion, le METI a mentionné sa volonté de faire de l’énergie éolienne offshore l’une des principales sources d’énergie renouvelable du pays afin de promouvoir la décarbonation et la réduction de la part du charbon « peu efficace » dans le mix énergétique. Le secteur privé a quant à lui, insisté sur l’importance d’avoir une vision claire du secteur car les investissements initiaux sont conséquents et les durées des chantiers supérieurs (en moyenne 10 ans) à d’autres secteurs de l’énergie. Ces derniers souhaitent notamment un objectif plus ambitieux pour 2030, la cible officielle actuelle restant fixée à 0,8 GW. En comparaison, la Corée du Sud prévoit d’augmenter ses capacités dans l’éolien pour parvenir à 12 GW d’ici 2030. A l’échelle mondiale, la production d’énergie éolienne en mer devrait être multipliée par 6 pour atteindre 177 GW d’ici 2030.

A l’avenir, le conseil discutera de l’introduction et de la production d’énergie éolienne en mer à moyen et long terme, de la fabrication des éoliennes, des travaux de génie civil et de maintenance, des améliorations du système électrique ainsi que de l’établissement de bases de construction au niveau des ports pour structurer la filière. Le METI révisera notamment les règles régissant le réseau électrique pour favoriser les fournisseurs d’électricité introduisant des énergies renouvelables tout en contrôlant la part d’électricité intermittente provenant du solaire et de l’éolien.

 

Sources Kankyo (en japonais), 3 iuillet, PV TechReutersEnergy Storage News, 30 juin, Nikkei, 29 juin

Et aussi...

  • L'agence publique NEDO a annoncé le 14 juillet l’examen de 3 projets permettant le développement de système de transmission interrégional reliant plusieurs parcs éoliens offshores à des systèmes électriques terrestres et des zones insulaires | Kankyo Business (en japonais), 16 juillet
  • SB Energy et Mitsubishi UFJ ont réalisé une ferme solaire de 19 MW équipée d’un système de batterie dans le nord du Japon | PV Tech, 7 juillet   
  • Teikoku Databank a indiqué le 13 juillet que le nombre de faillites d’entreprises liées à l’énergie solaire au premier semestre 2020 était en augmentation de 25% par rapport à la période octobre-mars 2019 | Kankyo business (en japonais), 14 juillet
  • Non-life Insurance Japan et SOMPO Risk Management ont commencé à vendre ONE SOMPO Wind Service, un service d’évaluation des risques associés aux travaux et opérations de production de l’énergie éolienne offshore | Kankyo business (en japonais), 16 juillet
  • Lancement prévu le 31 juillet d’une campagne d’achat groupé d’électricité issue des énergies renouvelables, principalement de l’éolien et du solaire intitulée « MiiDen »  pour les villes de Tokyo, Kanagawa, Yokohama, Kawasaki et Sagamihara. Cela devrait concerner les particuliers, les magasins et les petits bureaux et s’arrêter fin septembre | Kankyo business (en japonais), 21 juillet

Transport

Ouverture d'une nouvelle station hydrogène à Nagoya, préfecture d'Aichi

Le 9 juillet, Air Liquide Japan et le consortium Japan H2 Mobility (JHyM) ont ouvert une nouvelle station hydrogène à Nagoya Nakagawa, préfecture d’Aichi. Il s'agit de la 6ème station ouverte conjointement par Air Liquide et JHyM, et la 5ème dans la seule préfecture d’Aichi. Cette préfecture accueille le plus grand réseau de stations hydrogène et véhicules à pile à combustible du pays avec les derniers chiffres de mai 2020 estimant à 1136 le nombre de véhicules et à 26 le nombre de stations.  

Station hydrogène Air Liquide - Nagoya

Air Liquide a annoncé l’ouverture avant la fin de l'année 2020 d’une autre station à Midori-ku, également situé dans la préfecture d’Aichi. L'entreprise française devrait opérer une vingtaine de stations à hydrogène sur le territoire japonais d’ici 2021. Le consortium JHyM créé en 2018 rassemble 10 grandes entreprises (principalement japonaises) issues de différentes industries et du secteur financier ; ce consortium vise à réaliser l’ambition japonaise d’un réseau de 320 stations hydrogène d’ici 2025 et 900 d’ici 2030.

 

Source : H2 mobile, 12 juillet, H2 view, 10 juillet, Air Liquide, 2018

 Et aussi...

  • Première réunion le 16 juillet du CCR Research Group Ship Carbon Recycling dont JFE, Hitachi Zosen et 9 autres entreprises font partie, qui vise à produire un carburant zéro émission pour les navires grâce à un procédé de synthèse du méthane  | Kankyo Business (en japonais), 20 juillet
  • Annonce le 15 juillet par la Banque d’investissement du Japon sur l’accord d’un prêt à JR Freight sur la base de sa côte environnementale DBJ qui évalue la réduction de l’impact sur l’environnement des acteurs du transport et de la logistique | Kankyo business (en japonais), 17 juillet   

Infrastructures & Villes

Des pluies diluviennes aux dommages matériels et humains de grande ampleur  

Inondations Kyushu - (c)Reuters

Le 13 juillet, le Premier Ministre Abe a visité la préfecture de Kumamoto pour évaluer les dommages infligés par les pluies torrentielles et les inondations passées. Lors de sa visite et la tenue d’une conférence sur place, il a instruit aux agents gouvernementaux de mettre un budget de USD 3,74 milliards de côté pour les travaux de reconstruction et a garanti l’assistance de l’Etat aux personnes ayant perdues leur logement et aux petites entreprises affectées.

 

 

La multiplication des inondations et les épisodes annuels de déplacement de population et de dommages humains et matériels soulèvent des questions sur les mesures de contrôle des inondations au Japon. Selon le Ministère en charge des territoires,  infrastructures, du transport et du tourisme (MLIT), le nombre de rivières ayant dépassé le seuil de danger d’inondation à cause des pluies torrentielles et des typhons aurait été multiplié par 5 au cours des 5 dernières années. Selon le journal Mainichi, cela laisse suggérer que des mesures conventionnelles de contrôle des inondations ne suffisent plus. Les préoccupations soulevées par les municipalités situées le long des bassins fluviaux sont actuellement à l’étude par le gouvernement central qui a indiqué compiler les mesures anti-inondations pour les plus grandes rivières. La mise en place de digues ne semblant plus suffire, la relocalisation d’hôpitaux et d’infrastructures essentielles ainsi que l’élévation des habitations sont à l’étude.

Les dommages ne se limitent pas aux habitations: à Fukuoka, au moins 54 monuments culturels incluant des sites classés au patrimoine mondial de l’UNESCO ont été endommagés par les inondations et les glissements de terrain dans la région de Kyushu, au sud-ouest du Japon. Parmi les monuments, certains datant de plus de 1000 ans comme le temple Aoi Aso, trésor national ainsi que des ponts et des mines, vestiges de l'ère industrielle Meiji. Des 54 monuments, 21 sont situés dans la préfecture de Kumamoto, l’une des préfectures les plus violemment touchées par les pluies s’étant abattues ces 15 derniers jours.

Les pluies ont entrainé la sortie d’une centaine de rivières de leur lit et plus de 380 glissements de terrain du nord-est au sud-ouest du Japon et l’Agence Météorologique Japonaise a annoncé qu’à certains endroits localisés les pluies devraient continuer pendant 12 à 15 jours. Selon l’Agence de gestion des catastrophes (FDMA), au moins 66 personnes sont mortes et 6 000 maisons détruites ou endommagées.     

 

Sources : Kyodo news ,15 juillet, Japan Times, The Mainichi 13 juillet, Weather, 10 juillet

Et aussi...

  • L’Université de Tohoku développe un algorithme pour estimer les zones exposées aux inondations en se basant sur les données historiques et les dommages causés par les inondations passées Kankyo business (en japonais), 20 juillet
  • La ville de Fuji, préfecture de Shizuoka a annoncé le 17 juillet la signature d’un accord de coopération avec Shizuoka Gas et Power Group et Japan Facility Solutions sur les mesures de lutte contre le réchauffement climatique qui concernent les installations publiques. Outre une part de l’électricité produite provenant de l’incinération des déchets, le partenariat public-privé vise également la rénovation énergétique des installations | Kankyo Business (en japonais), 21 juillet   

Veille spéciale COVID-19 

Cette section est basée sur le suivi quotidien de la presse japonaise et fournit les principales informations sur les conséquences au Japon de la crise sanitaire dans les secteurs des transports, de la construction et de la ville, de l’énergie et de l’environnement.

Du 9 au 16 juillet | Energie & Environnement : Les partis au pouvoir envisageraient de proposer des mesures pour le climat dans la stratégie de croissance post COVID-19, notamment pour les énergies renouvelables. Dans une tribune publiée par le Japan Times sur le thème « Il est maintenant temps pour le Japon de présenter une politique énergétique crédible », est critiquée l’absence de politique de relance verte japonaise, et est questionnée la façon dont le pays pourra atteindre ses cibles climat sans une hausse importante de l’objectif de part renouvelable dans le mix 2030. Transports : Le Japon engage les discussions avec un 2nd groupe de 8 pays (dont Chine, Corée du Sud, Taïwan) en vue d’assouplir les restrictions pour les voyages d’affaires. Des réflexions s’engagent également pour les résidents étrangers ayant quitté le pays avant avril et les cadres des entreprises occidentales. Ces discussions s’accompagnent du projet d’augmenter les capacités de tests PCR à proximité des principaux aéroports. Parallèlement, la reprise du service aérien domestique se poursuit (ex. : 90% du programme pour JAL en août) et l’international commence à redémarrer pour certains pays, avec quelques vols par semaine (notamment pour la France avec ANA et JAL).

 

Les informations présentées dans cette revue d'actualité bimensuelle sont identifiées par le Pôle Développement Durable du Service Economique Régional de l'Ambassade de France à Tokyo (Direction Générale du Trésor / Ministère de la Transition Ecologique). Elles n'ont aucune vocation d'exhaustivité. Les avis exprimés sont les résumés des articles sources.

Edition préparée par Agnès Lachaise et Machi Yôda.
Supervision : Stéfan Le Dû.