Le partage de la richesse produite en France entre le travail et le capital
En France, la part des dépenses liées au travail dans la valeur ajoutée des sociétés non financières a été globalement stable depuis 1990, tout comme celle des salaires nets. Cette stabilité masque des évolutions par phases, liées notamment à des chocs économiques et à l’évolution de la fiscalité. La part revenant au capital a aussi été stable, avec une hausse des dividendes compensée par une baisse des intérêts versés.
La richesse produite dans un pays est conventionnellement partagée entre le travail (le coût du travail, soit l'ensemble des dépenses liées à l'utilisation du facteur travail), le capital (l'excédent brut d'exploitation) et, de façon résiduelle, les administrations publiques (les impôts de production et les subventions d'exploitation).
En France, sur les trente dernières années, la part des dépenses liées au travail dans la valeur ajoutée des sociétés non financières a été relativement stable, autour des deux tiers. Son évolution sur la période 1990-2023 a connu trois phases distinctes (cf. Graphique). Entre 1990 et 2007, elle a diminué, les entreprises compensant notamment la hausse des impôts de production en modérant salaires et emploi. Entre 2007 et 2017, elle a augmenté, le choc d'activité lié à la crise financière affectant davantage l'excédent brut d'exploitation des entreprises que la masse salariale, plus rigide. De 2017 à 2023, elle a baissé de façon limitée, ce qui s'explique surtout par le retard avec lequel les salaires se sont ajustés au choc inflationniste de 2022, cet ajustement s'étant poursuivi en 2024. Par ailleurs, la baisse des impôts de production sur la période a permis une hausse de l'excédent brut d'exploitation.
La légère hausse de la part des dépenses liées au travail dans la valeur ajoutée entre 1990 et 2023 reflète celle des prélèvements assis sur le travail, alors que la part revenant aux salaires nets (avant impôt sur le revenu) est restée stable.
Au sein de la part du capital, les dividendes nets ont augmenté entre 1990 et 2023, tandis que les intérêts nets versés ont diminué. Le taux d'épargne des entreprises et leur capacité à autofinancer leurs investissements ont légèrement augmenté.
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+ Autres publications à consulter sur le sujet :
- Dufernez A. S. et Le Saux L. (2017), « Composition et répartition du surplus distribuable en France depuis la crise », Trésor-Éco, n° 189.
- De Waziers D., Kerdrain C. et Osman Y. (2019), « L'évolution de la part du travail dans la valeur ajoutée dans les pays avancés », Trésor-Éco, n° 234.
- Askenazy P., Bozio A., Garcia-Penalosa C. (2013), « Dynamique des salaires par temps de crise », Notes du conseil d'analyse économique, 2013/5 (n° 5), pp. 1-12.
- Martin Souchier (2023), Salaires et profits : partage de la valeur, ou partage du risque ?, Blog de l’OFCE.