La mobilité intra-européenne des personnes
L’Union européenne (UE) établit un marché commun et une citoyenneté européenne, sur le principe de libre circulation. L’extension de l’UE a permis une hausse de la mobilité intracommunautaire. La réduction des barrières à la mobilité a soutenu la productivité du travail au sein de l’UE et l’intégration économique de ses membres. Des obstacles à la mobilité persistent néanmoins, comme les différences linguistiques ou culturelles et la reconnaissance des qualifications sur le marché du travail.
L'objectif de l'Union européenne (UE) est de construire un marché économique commun et de faire émerger une citoyenneté européenne, fondés sur un principe de libre circulation des personnes, des marchandises, des services et des capitaux. Concernant les personnes, si les textes européens s'adressaient d'abord à la mobilité des travailleurs, ils se sont ensuite élargis aux autres motifs migratoires, en particulier les études par le biais du programme Erasmus+.
Dans les statistiques internationales, un immigré est défini comme une personne vivant en dehors de son pays de naissance (ce qui exclut donc les déplacements touristiques ou les trajets domicile-travail transfrontaliers). À la faveur notamment de la levée graduelle des barrières légales, la part moyenne des immigrés dans la population des pays européens a plus que doublé depuis 1960, passant de 4,5 % de la population des pays de l'UE27 à plus de 11 % en 2019. En 2019, sur ces 11 %, 3,7 % des habitants de l'UE étaient des immigrés originaires d'un autre pays de l'UE (cf. Graphique). Ces immigrés intracommunautaires sont en moyenne plus qualifiés et plus souvent en emploi que les immigrés extracommunautaires.
L'adhésion d'un pays à l'UE se traduit par une forte baisse des barrières institutionnelles pouvant entraver la mobilité des personnes depuis et vers ce pays. L'adhésion s'accompagnerait ainsi d'une baisse immédiate des frictions formelles et informelles affectant la migration des autres Européens vers ce pays, qui seraient réduites de près d'un tiers 10 ans après l'intégration.
Cette réduction des barrières à la mobilité intracommunautaire des personnes contribue au bon fonctionnement économique du marché intérieur, en ouvrant aux entreprises et aux travailleurs de nouvelles possibilités d'appariement, ce qui favorise la productivité de l'UE. Cet effet est particulièrement bénéfique, tant à l'échelle régionale que nationale, quand les compétences des travailleurs immigrés sont complémentaires à celles des travailleurs natifs du pays, ou lorsque les immigrés répondent à des besoins non pourvus dans certains secteurs des pays d'accueil.
En dépit de la levée des barrières de jure à la mobilité intracommunautaire, des obstacles de facto demeurent, comme les barrières linguistiques ou culturelles, les problèmes de reconnaissance des compétences sur le marché du travail, ou l'hétérogénéité des systèmes de sécurité sociale.
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+ Autres publications à consulter sur le sujet :
- Batut C. (2023), “Barriers to Migration in the European Union: Does Joining the Union Lead to Lower Barriers?”, Document de Travail de la DG Trésor, n° 2023/1 x
- Insee, « Immigrés et descendants d’immigrés en France », Insee Références, édition 2023
- Batut C., Rachiq C. (2021), « Discriminations sur le marché du travail : comment les mesurer, quel coût économique ? », Trésor-Éco, n° 293
- Bara Y.-M., Brischoux M., Sode A., (2015), « Quelle mobilité du travail pour l’Europe ? », Trésor-Éco, n° 143