Au niveau de l'Union Européenne, la mobilité du travail contribue au bon fonctionnement du marché intérieur, en assurant un meilleur appariement entre l'offre de travail et la demande des entreprises, nécessaire pour réduire le chômage et accroître la productivité. En outre, dans une union monétaire comme la zone euro, la mobilité du travail est un des moyens de faire face à un choc asymétrique, la politique monétaire répondant surtout aux chocs concernant l'ensemble de la zone et dans un contexte où les politiques budgétaires sont fortement contraintes dans certains pays.

L'Union européenne comme la zone euro ont une mobilité du travail entre États relativement faible, notamment en comparaison avec les États-Unis. Cela étant, les élargissements de l'UE au cours des années 2000 ont provoqué des migrations significatives des nouveaux États membres de l'est de l'Europe vers ceux de l'ouest. Par ailleurs, depuis la crise, des mouvements migratoires non-négligeables sont apparus en réaction à la hausse du chômage dans les pays les plus touchés et à la forte divergence des taux de chômage au sein de la zone euro.

Les États membres qui ont subi le plus durement la crise depuis 2008 ont vu leur solde migratoire s'inverser, passant du statut de pays d'immigration avant la crise à celui de pays d'émigration. Ces flux migratoires sont en grande partie des retours dans leur pays d'origine de migrants originaires d'Europe de l'Est et d'Amérique latine (ou de départ de ces derniers vers d'autres pays de l'UE, notamment le Royaume-Uni). Toutefois, les flux de citoyens de la zone euro en son sein ont également augmenté de manière significative.

De son côté, l'Allemagne a connu une augmentation significative du nombre d'immigrants depuis 2008. Ces nouveaux flux sont principalement issus des pays de l'Est de l'Europe mais une augmentation des mouvements issus des pays de la périphérie de la zone euro est également observée. Ces mouvements restent cependant à ce stade de faible ampleur en comparaison de la baisse attendue de la population active en Allemagne du fait du vieillissement de sa population.

La croissance de la mobilité des travailleurs européens pourra être accompagnée par des actions visant à lever les barrières culturelles et linguistiques (essor des programmes d'échange,…) et à réduire les freins administratifs (transférabilité des droits,…). Cependant, si un haut niveau de chômage devait perdurer dans les pays les plus frappés par la crise, avec pour conséquence un arrêt du processus de rattrapage économique, cette situation pourrait déclencher une nouvelle dynamique de mobilité, constituée par des flux unilatéraux et durables de travailleurs des pays périphériques vers le centre de la zone euro. Dans cette éventualité, il serait nécessaire de mettre en place des mécanismes européens destinés à équilibrer (via des programmes d'investissement et des mécanismes sociaux) les conséquences d'éventuels effets d'agglomération.

Trésor-Éco n° 143