Retrouvez le numéro 241 d'Objectif Afrique.

une d'objectif Afrique novembre 2023

 

FOCUS

La 5e édition du forum Ambition Africa

La 5e édition du forum économique Ambition Africa s’est tenu au ministère de l’Economie les 17 et 18 octobre, principal forum économique dédié aux relations entre l’Afrique et la France. Depuis sa création en 2018, Ambition Africa s'est imposé comme le rendez-vous annuel incontournable pour les entreprises, et notamment les PME, africaines et françaises.

Organisé par Business France et soutenu par le ministère de l’Economie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique et par le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, l’édition 2023 a rassemblé près de 1 800 professionnels, dont 900 entreprises africaines en provenance de 41 pays différents. Plus de 2 000 rendez-vous d'affaires ont été organisées au cours des deux journées du forum.

Cette 5e édition s’ancre dans un contexte économique mondial complexe : les difficultés d’approvisionnement liées à la pandémie de COVID-19 sont encore présentes et la guerre en Ukraine a entraîné des perturbations du commerce mondial, notamment dans le secteur agroalimentaire. Malgré ces crises, les économies des pays d’Afrique font preuve de résilience avec une croissance de plus de 4 %. Avec une population de plus de 1,3 milliard d'habitants et la plus grande zone de libre-échange du monde en cours de finalisation, le continent africain regorge d'opportunités économiques.

Malgré ces chocs économiques récents, le succès d’Ambition Africa fait écho à la vigueur des relations économiques et commerciales entre la France et l’Afrique. En 2022, les échanges entre la France et les pays d’Afrique ont atteint le record historique de 67 Md€, en progression de 36 % par rapport à 2021. L'Afrique est pour la France un continent d'avenir : notre pays est le deuxième investisseur sur le continent, avec un stock d’IDE de 56 Md€.

 

 Discours d'ouverture de Laurent Saint Martin à l'occasion d'Ambition Africa 2023

 

 

 

Afrique centrale : au Cameroun, création de la Kikot-Mbebe Hydro Power Company (KHPC) avec EDF.

La création de KHPC fait suite à l’Assemblée générale Constitutive qui s’est tenue le 25 septembre 2023 en présence de la Directrice Afrique et Moyen orient de la Direction internationale du Groupe EDF et des Ministres des Finances, de l’Eau et de l’Energie et de l’Economie du Cameroun. KHPC, codétenue par l’Etat du Cameroun et le groupe EDF, sera en charge du développement, de la construction et de l’exploitation de l’aménagement hydroélectrique de Kikot. L’assemblée générale constitutive de KPHC a également permis d’entériner la nomination de Marlène Biessy et Lionel Omgba Oyono en tant que Directrice générale et Directeur général adjoint de la société. Le projet prévoit un barrage et sa retenue d’eau, ainsi qu’une centrale hydroélectrique d’une puissance comprise entre 450 et 550 MW. Le projet vise un début de construction en 2025 pour une mise en service en 2030.

 

Afrique de l’Est : au Kenya, au 1er trimetre, le remboursement de la dette atteint 67,5% des recettes fiscales.

Au cours du premier trimestre 2023, le Kenya a dépensé l’équivalent des deux tiers de ses recettes fiscales pour tenir les échéances de remboursements envers ses créanciers nationaux et extérieurs. Selon les statistiques publiées par le Trésor Kenyan, le coût du remboursement de la dette a atteint un point haut à 347,2 Mds KES entre juin et septembre 2023. C’est 46,5 % de plus que l’année passée à la même période, où le remboursement de la dette représentait 237,0 Mds KES. Ainsi, le montant consacré au service de la dette (intérieure et extérieure) équivaut à 67,5 % des recettes fiscales de 514,2 Mds de KES au 1er trimestre 2023, contre 50,9 % des recettes fiscales de 465,2 Mds KES l’année passée. Par ailleurs, le poids de la dette sur FY 2023/2024 sera accentué par le remboursement de l’euro-obligation de 2 Mds USD (301,5 Mds KES) arrivant à maturité en juin 2024 et des remboursements, majoritairement auprès d’Exim Bank of China, pour un montant de 112,4 Mds KES (soitenviron 750 MUSD).

 

Afrique de l'Ouest : la BERD approuve l'adhésion du Bénin et de la Côte d'Ivoire.

Le 24 octobre 2023, la Banque Européenne pour la Reconstruction et le Développement (BERD) a annoncé avoir approuvé l'adhésion du Bénin et de la Côte d'Ivoire en tant que nouveaux membres. Les deux pays devront remplir certaines conditions avant que le processus ne soit finalisé. Les candidatures du Bénin et de la Côte d’Ivoire comprenaient également des demandes visant à devenir bénéficiaires des services financiers et de conseil de la BERD. Ces demandes devraient être approuvées une fois que les modifications statutaires, adoptées lors de l’assemblée annuelle 2023 à Samarkand pour permettre l’expansion limitée et progressive des opérations de la BERD en Afrique subsaharienne et en Irak, seront en vigueur. Pour rappel, la BERD est une institution multilatérale créée en 1991 et qui investit principalement dans le secteur privé, à travers notamment des services de conseil aux entreprises, le financement du commerce et la syndication de prêts.

 

Afrique australe : la Banque mondiale approuve un prêt de politique publique d'un Md USD pour la transition énergétique de l'Afrique du Sud.

Le 25 octobre, le conseil d’administration de la Banque mondiale a octroyé un prêt de politique publique (Development Policy Loan) de 1 Mds USD (soit 19 Mds ZAR) au gouvernement sud-africain. Ce financement vise à soutenir les efforts du pays en matière de sécurité énergétique et de transition de l’économie. Il doit notamment appuyer la restructuration et le dégroupage de l’électricien public Eskom, l’investissement dans le réseau de transmission, et l’ouverture du marché aux producteurs indépendants d’électricité (IPP). Par ailleurs, l’opération intègre un volet de soutien à l’investissement privé des ménages (incitation à l’installation de panneaux solaires), ainsi qu’une assistance technique pour renforcer le dispositif de taxe carbone et la gestion des coûts sociaux associés à la sortie du charbon. L’opération a été montée en partenariat avec la Banque Africaine de Développement (BAfD), la KfW et le gouvernement du Canada. A noter qu’elle n’est toutefois pas comptabilisée dans le cadre du partenariat de la Just Energy Transition, la Banque Mondiale ne faisant pas partie du groupe de partenaires (IPG). Pour rappel, il s’agit ainsi du quatrième financement d’envergure de la Banque Mondiale dans le pays depuis la crise de la Covid-19, qui a entrainé un changement d’approche des autorités sud-africaines vis-à-vis des institutions financières internationales - deux prêts de politique budgétaire (750 MUSD en janvier 2022 - soutien au filet de protection sociale et transformation du modèle économique sud-africain, puis 480 MUSD en juin 2022 – soutien à la campagne de vaccination contre la Covid-19), et un prêt projet (497 MUSD en novembre 2022 - soutien au démantèlement de la centrale à charbon de Komati).

 

Afrique australe : au Mozambique, USB/Crédit Suisse et le gouvernement résolvent à l'amiable le scandale des dettes cachées.

Le 1er octobre, Crédit Suisse (filiale d’UBS depuis son rachat en mars 2023) a conclu un accord extra-judiciaire avec le gouvernement mozambicain pour mettre fin au litige dit des « dettes cachés », à la veille d’un procès qui devait se tenir auprès de la Haute cours de Londres. Cette affaire concerne trois emprunts d’un montant total de 2,2 Mds USD au profit de deux sociétés publiques (Mam et Prodicos), visant à financer le renouvellement d’une flotte de bateaux de pêche et de défense maritime. Le gouvernement leur avait octroyé la garantie de l’Etat sans consultation préalable du Parlement, oubliant également de déclarer les emprunts au FMI (alors que le pays bénéficiait d’un programme du Fonds « Policy Support Instrument » et y était contraint) ». La révélation de ces emprunts en 2016 avait entrainé la suspension des aides budgétaires des bailleurs et la rupture durable du dialogue avec la communauté financière internationale, plongeant le pays dans une grave crise financière. Accusant la banque suisse d’avoir eu recours à de la corruption pour obtenir la garantie de l’Etat, le gouvernement mozambicain réclamait à Crédit Suisse l’annulation d’une partie des sommes dues, ainsi que des dommages et intérêts d’un montant de 1,5 Mds USD afin de réparer les dommages macroéconomiques causés au Mozambique. Si les termes financiers précis de l’accord n’ont pas été publiés, il apparaît que les parties se sont entendues pour se délier de tout engagement lié à cette transaction, mettant ainsi fin à une querelle judiciaire initiée en 2019. L’affaire n’est toutefois pas entièrement close pour le Mozambique : une autre procédure reste en cours avec la banque russe VTB, et les discussions avec le groupe naval Privinvest, également impliqué dans l’affaire, se poursuivent.

 

 

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