A la une d'Objectif Afrique : Les échanges commerciaux et les investissements entre la France et les pays d’Afrique subsaharienne en 2022
Retrouvez le numéro 236 d'Objectif Afrique.
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Les échanges commerciaux et les investissements entre la France et les pays d’Afrique subsaharienne en 2022
Même s’ils ne représentent que 2% du total du commerce extérieur de la France en 2022, les échanges commerciaux avec les pays d’Afrique subsaharienne ont atteint l’an passé leur plus haut niveau sur ces dix dernières années (26,7 Mds EUR, 15,9 Mds EUR d’importations et 10,8 Mds EUR d’exportations). Cette hausse des échanges bilatéraux est largement portée par un accroissement des importations – notamment d’hydrocarbures qui représentaient plus des deux tiers de la hausse en raison de la hausse des prix et des conséquences de l’invasion de l’Ukraine par la Russie qui ont entrainé un changement des chaines d’approvisionement commerciales des pays européens.
L’Afrique subsaharienne a néanmoins une place stratégique dans les échanges extérieurs français, puisqu’elle est à la fois un fournisseur important pour les hydrocarbures, les produits agricoles et les minerais – elle fournissait en 2022 11% des importations françaises d’hydrocarbures et 9,5% des importations de produits agricoles, sylvicoles, de la pêche et de l’aquaculture – et un client pour les équipements mécaniques, matériaux électriques et électroniques ainsi que pour les produits des industries agroalimentaire et pharmaceutique.
Au-delà des échanges commerciaux, la France reste un investisseur de premier rang en Afrique subsaharienne. Elle était en effet le second investisseur étranger sur le continent en termes de stock d’IDE en 2021 avec 60 Mds USD, derrière le Royaume-Uni (65 Mds USD). Le nombre de filiales d’entreprises françaises en Afrique subsaharienne a quant à lui plus que doublé entre 2010 et 2020, alors qu’il n’a augmenté que de 51% dans le monde sur la même période. En termes de flux, les investissements français en Afrique ont poursuivi une tendance à la baisse amorcée depuis 2015 et ne représentent que 2,5% du stock d’IDE français à l’étranger (soit 31,9 Mds USD).
Ainsi, l’évolution des échanges commerciaux et des investissements en Afrique subsaharienne témoigne moins une perte de vitesse des entreprises françaises qu’une évolution au profit d’une production locale. Entre 2010 et 2020, le chiffre d’affaires cumulé des entreprises françaises implantées en Afrique subsaharienne a connu une progression annuelle moyenne de 2,3% quand les exportations françaises diminuaient, elles, de 2% par an en moyenne sur la même période. Le développement d’une production locale de certaines filiales françaises s’est ainsi substitué à certaines exportations.
Sources : Les données sont issues des douanes françaises et de la Banque de France
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La réunion France-CEMAC
Les ministres de l’économie et des finances, les présidents des institutions et les gouverneurs des banques centrales de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC) et de la France se sont réunis mardi 25 avril 2023 à Paris au Ministère de l’Economie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique.
La réunion des Ministres et des Gouverneurs de la CEMAC et de la France a rassemblé 11 ministres de 7 pays (Cameroun, Centrafrique, Congo, France, Gabon, Guinée équatoriale, Tchad), les gouverneurs de Banque centrale et les présidents d’institutions.
Sous la co-présidence du Ministre de l’économie et des finances du Congo, président du comité ministériel de la CEMAC, M. Jean-Baptiste Ondaye, et de Bruno Le Maire, ces échanges ont permis d’identifier les facteurs clefs de résilience des économies de la sous-région, les moyens de renforcer leur convergence et leur diversification. Les participants ont également partagé leurs visions des initiatives multilatérales engagées pour soutenir les économies des pays en développement depuis le début de la crise, notamment en Afrique, afin d’éviter le risque de divergence des pays vulnérables. Ces dialogues ont permis d’alimenter les réflexions en vue du Sommet pour un Nouveau Pacte financier, qui se tiendra à Paris les 22 et 23 juin, afin d’examiner plusieurs pistes concrètes pour renforcer la capacité des économies africaines à répondre aux défis auxquelles elles sont confrontées. La France a enfin rappelé que les pays d’Afrique centrale pouvaient compter sur son engagement au niveau bilatéral, européen et multilatéral pour les accompagner dans leurs priorités de développement, alors qu’elle entretient des coopérations financières, économiques et monétaires très étroites avec la sous-région.
La réunion était précédée, le 24 avril, d’une réunion des experts consacrée au financement des projets intégrateurs de la CEMAC, aux enjeux liés à la monnaie numérique de banque centrale et à la préparation de la réunion plénière.
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Afrique de l’Est – L’abandon du LIBOR fait craindre des pressions sur les 51 Mds USD totaux de dettes libellées en dollars au Kenya, Ouganda et Tanzanie
La réévaluation des prêts étrangers créée des incertitudes dans les économies d’Afrique de l’Est qui cherchent à se protéger contre une augmentation du service de leurs dettes suite à l’abandon du LIBOR comme taux de référence fin juin 2023. En effet, les emprunteurs souverains sont fortement exposés au risque de volatilité des taux d'intérêts en raison de la part importante de leur dette libellée en dollars. Pour rappel, en mars 2023, la dette extérieure de la Tanzanie s'élevait à 29,59 Mds USD dont 68 % libellés en dollars. Au Kenya, l’encours de la dette extérieure s’élevait à 30,4 Mds USD au mois de février, dont 67 % libellés en dollars. Et en Ouganda, le stock total de la dette publique fin de décembre 2022 avait augmenté de 4,8 % pour atteindre 21,74 Mds USD (dont 30 % libellés en dollars). Le Trésor national kényan, en consultation avec les créanciers concernés, travaille à une transition du LIBOR vers des taux alternatifs tels que le Secured Overnight Financing Rate (SOFR) pour les prêts libellés en dollars. Cependant, les remplacements proposés pour le LIBOR seront spécifiques à chaque pays.
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Afrique de l’Ouest – Hausse de l’insécurité alimentaire dans le Sahel et le Golfe de Guinée, malgré une campagne agricole en amélioration
Dans les pays du Sahel et du Golfe de Guinée (CEDEAO + Mauritanie + Tchad), la production céréalière de la campagne agropastorale 2022-2023 est évaluée à 77,2 Mt, en hausse de 7,7% par rapport à la campagne précédente et de 6,2% par rapport à la moyenne des 5 dernières années. Toutefois, la production céréalière par habitant est en baisse de 2% par rapport à la moyenne des 5 dernières années. La production de tubercules et de racines est estimée à 212 Mt, soit une hausse de 10% par rapport à la moyenne quinquennale et de 3% à celle de l’année dernière. Les prix de plusieurs céréales de base sont en hausse de 25 à 40% comparativement à la moyenne des 5 dernières années, avec des pics dans des pays comme la Sierra Leone, le Burkina Faso, ainsi que dans les zones d’insécurité. L’insécurité alimentaire toucherait en particulier environ 29,5 M personnes sur la période mars-mai 2023. Si des mesures appropriées ne sont pas prises, ce chiffre pourrait atteindre 42,5 M durant la période de soudure entre juin et août 2023.
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Kenya – Les prêts de la Chine à leur plus bas niveau depuis 2008
La publication des documents du National Treasury kényan indique que les prêts chinois pour l’exercice FY2023/2024 tomberont à 12,7 MUSD contre 216,5 MUSD en FY2022/2023 et 522,5 MUSD en 2017 (année de financement record). En effet, au cours de la dernière décennie, le pays a été l'un des principaux bénéficiaires des prêts accordés par la Chine pour le développement des infrastructures telles que des routes (Thika Super Highway) et des chemins de fer (SGR), faisant de Pékin le plus grand créancier bilatéral du Kenya depuis 2015. La baisse des financements accordés survient alors Pékin adopte une approche plus prudente en matière de prêts en Afrique, où certains pays ont atteint la limite de leur capacité d'emprunt. D’ici 2025, le président chinois a déclaré que son pays réduirait d'un tiers le montant global des fonds fournis à l'Afrique, pour le ramener à 40 Mds USD. Dans le même temps, le Kenya a augmenté son recours aux prêts concessionnels multilatéraux. Pour rappel, les prêts de la Banque mondiale ont presque doublé lors des trois précédents exercices, passant de 5,9 à 11 Mds USD, tandis que ceux du FMI ont plus que triplé, passant de 480 MUSD à 1,75 Md USD sur la même période.
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Mozambique – TotalEnergies publie un plan d’action sur l’amélioration de la situation des communautés affectées par son projet gazier
TotalEnergies a publié un plan d’action pour le développement socio-économique de la région du Cabo Delgado, où les projets d’exploitation du Gaz Naturel Liquéfié en cours de développement par la major pétrolière (Mozambique GNL) sont localisés. Le plan a été élaboré sur la base des recommandations de Jean-Christophe Ruffin - ancien directeur de l’ONG Action contre la faim et ex-Ambassadeur de France au Sénégal . Le plan d’action, supervisé par M. Rufin, devrait accélérer le versement de compensations financières et la construction de nouveaux logements pour les familles déplacées, le soutien au secteur de la pêche locale et la création d'une fondation pour améliorer la situation socioéconomique des communautés locales. L’initiative, qui dit vouloir promouvoir un développement local, inclusif et durable du GNL intervient dans un contexte de forte mobilisation des populations locales et ONG internationales. Ellesera dotée d’un budget pluriannuel de 200 M USD. Pour rappel, le projet de Total Energie (23 Mds USD d’investissements), avait été interrompu en 2021 en raison de la dégradation de la situation sécuritaire dans la région (attaques de civils par des insurgés liés à l'État islamique).Le projet Mozambique LNG devait initialement livrer sa première cargaison en 2024, avec pour objectif de produire jusqu'à 43 M de tonnes de gaz par an. Étant donné l'amélioration récente de la situation sécuritaire dans la région, il est prévu que le projet de Total Énergie reprenne dans les mois à venir.
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Nigéria – Tenue du Conseil d’affaires France-Nigéria à Paris
Le président du Conseil d'affaires France-Nigeria, Abdul Samad Rabiu, a transmis les rênes du Conseil d’affaires France-Nigéria, après un mandat de deux ans couronné de succès, au président du groupe Access Bank, Herbert Wigwe. M. Rabiu, fondateur et président exécutif du groupe BUA, a transmis la présidence à M. Wigwe lors d'une cérémonie qui s'est tenue mercredi au ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, marquant un nouveau chapitre dans l'histoire du Conseil. Dans son discours, M. Rabiu a exprimé sa gratitude aux membres du Conseil, au président Emmanuel Macron et aux autres parties prenantes pour leur soutien indéfectible durant son mandat. Pendant son mandat, le Conseil a franchi des étapes importantes dans le renforcement des liens commerciaux entre la France et le Nigeria, promouvant la croissance et la prospérité mutuelles. Sous sa direction, le Conseil a notamment organisé plusieurs Forums d'affaires France-Nigeria qui ont débouché sur plusieurs partenariats fructueux entre des entreprises françaises et nigérianes. M. Rabiu a enfin exprimé sa confiance dans la capacité de M. Wigwe poursuivre ce travail, citant sa vaste expérience et sa connaissance approfondie du paysage financier mondial tout comme des atouts du Nigéria.
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Sénégal – Accord au niveau des services du FMI pour un programme de financement de 1,5 Md USD
Le 11 mai 2023, les services du FMI sont parvenus à un accord pour la mise en place d’un programme appuyé par le Mécanisme Elargi de Crédit (MEC) et la Facilité Elargie de Crédit (FEC) d'une durée de 36 mois avec un accès de 1,1 Md DTS (1,5 Md USD, représentant 350% de la quote-part), combiné à la Facilité pour la résilience et la durabilité (FRD) avec un accès de 242,7 M DTS (327,1 M USD, représentant 75% de la quote-part). Cet accord sera soumis à l'approbation du Conseil d'administration du FMI prévu en juin 2023. Les priorités du programme MEDC/FEC portent sur la réduction des vulnérabilités liées à la dette à travers une diminution du déficit budgétaire, le renforcement de la gouvernance financière et du dispositif anti-blanchiment des capitaux et de lutte contre le financement du terrorisme. La FRD soutiendra les objectifs d'atténuation et d’adaptation au changement climatique, ainsi que les travaux visant à intégrer le changement climatique dans le processus budgétaire. Les services du FMI soulignent que la croissance du PIB hors hydrocarbures est projetée à 5,3% en 2023 (contre une projection initiale de 6 %), mais la croissance globale pourrait toutefois être supérieure à 8%, si la production de pétrole et de gaz démarre au quatrième trimestre de l’année.