Retrouvez le numéro 238 d'Objectif Afrique.

Zoom sur…

L’accès à l’énergie en Afrique subsaharienne

 

Selon le dernier rapport de la CNUCED sur l’accès à l’énergie en Afrique subsaharienne, la puissance installée du parc de production d’électricité est de 131,5 GW (2021), 68,25 GW si on ne prend pas en compte l’Afrique du Sud qui representait, en 2021, près de la moitié de la capacité installée du sous-continent (63,28 GW). La puissance installée a ainsi augmenté de 29% depuis 2015 (25% hors Afrique du Sud).

 

Le mix énergetique de l’Afrique reste dominé par les énergies fossiles. Le tryptique pétrole, gaz naturel et charbon représentait 90,4 % du mix énergétique du continent en 2020, contre 91,2% en 1970 et 83,5% à l’echelle mondiale. Néanmoins, si la part des énergies renouvelables dans le bouquet énergétique de l’Afrique n’a que peu augmenté entre 1970 et 2020, la composition de celui-ci a drastiquement changé. La part du charbon a été divisée par deux (41,3% en 1970 contre 22,1% en 2020), celle du pétrole a diminué de près de dix points de pourcentage (48,1% contre 38,7%), tandis que la part du gaz naturel, dont les emissions de gaz à effets de serre sont plus faibles, est passée de 1,8% en 1970 à 29,6% en 2020.

 

Le taux d’accès à l’électricité à l’échelle mondiale est de 90,4% mais cache de nombreuses disparités entre les différentes régions du monde. Plus de 50% de la population d’Afrique sub-saharienne ne bénéficie pas d’un accès fiable à l’électricité, et la consommation moyenne dans la zone est de 200 kWh par an et par habitant (contre 4 418 kWh/an/habitant en Afrique du Sud). L’électricité ne représente par conséquent qu’une faible part de la consommation finale d’énergie des populations. La vétusté des infrastructures de production et l’absence de réseaux de transport et de distribution efficaces diminuent la quantité d’énergie finale à disposition. Le taux d’accès à l’échelle nationale cache souvent des disparités entre zone urbaine, où il peut atteindre 90%, et zone rurale, où moins de 20% de la population est raccordée. Avec une population faible mais concentrée à 90% dans les aires urbaines, le Gabon présente l’un des meilleurs taux d’accès à l’énergie d’Afrique sub-saharienne.

 

Le CNUCED estime que seuls 18% de la population d’Afrique sub-saharienne a accès à des combustibles de cuisson propres (gaz, biomasse en granulés, électricité) comparé à 70% au niveau mondial. L’accès à ces technologies est considéré comme une problématique de santé publique au regard des maladies chroniques associées à l’inefficacité des modes de cuisson. Le rapport souligne également les conséquences néfastes sur le climat, l’égalité des sexes et l’environnement.

 Puissance installée du parc de production d'électricité en Afrique subsaharienne en2021 (en GW)

Sources : CNUCED

 

 

  • Afrique de l’Ouest – La Société Générale cède plusieurs de ses filiales en Afrique à des groupes du continent

 

Le groupe bancaire français Société Générale a signé des accords avec le groupe Coris, basé au Burkina Faso, pour lui céder ses filiales en Mauritanie et au Tchad, et le groupe Vista, dont le siège se trouve en Guinée, pour la cession de deux autres filiales au Congo et en Guinée Équatoriale. Les deux groupes panafricains reprendraient la totalité des activités opérées par Société Générale dans les quatre pays, ainsi que l’intégralité des portefeuilles clients et l’ensemble des collaborateurs au sein de ces entités. Cette cession pourrait être effective d’ici fin 2023, après approbation des instances de gouvernance des entités et validation des autorités financières et réglementaires compétentes. Coris et Vista, déjà présents dans le secteur bancaire en Afrique de l’ouest (respectivement dans 9 et 5 pays) affichent ainsi leur ambition de s’étendre sur le continent.

 

  • Afrique du Sud – Le rand enregistre la pire performance de son histoire

 

Le 12 mai, le rand a atteint son plus bas niveau historique à 19,5 ZAR pour 1 USD et 21,33 ZAR pour 1 EUR. Ce mouvement a été provoqué par les tensions entre l'Afrique du Sud et les Etats-Unis, dont l’ambassadeur a accusé de fournir des armes à la Russie, ce qui a entrainé un emballement des marchés et une volatilité accrue de la devise sud-africaine, dans un contexte déjà difficile de réexamen par les Etats-Unis de l'opportunité de la participation de l'Afrique du Sud à l'African Growth and opportunity Act (AGOA). Une exclusion de l'accord aurait un impact désastreux sur l'économie sud-africaine puisque les Etats-Unis représentaient en 2022 10% du total du commerce bilatéral de la puissance africaine. La monnaie locale se déprécie depuis le début de l'année 2022 (-20% sur un an face à l'USD et -23,6% face à l'EUR).

 

  • Angola – Le gouvernement manifeste son intention de renforcer les partenariats économiques avec la France dans l'agriculture

 

Lors de sa visite officielle à Paris, le ministre de l'Économie et de la planification, Mário Caetano João, accompagné des Secrétaires d'Etat à l'Agriculture João Cunha et du Commerce Amadeu Nunes, a présidé le colloque « Pourquoi l'Angola ? 2023 » lequel a affirmé sa volonté de développer le secteur non-pétrolier. Cette rencontre entre le gouvernement angolais et les acteurs économiques français fait suite à la visite du président de la République, Emmanuel Macron, à Luanda début mars, qui a renforcé la politique de rapprochement économique entre les deux pays, en particulier dans le secteur de l'agro-industrie, selon la déclaration du ministre. Pour rappel, le Président Lourenço souhaite diversifier son économie, très dépendante des ressources pétrolières (40% du PIB), en développant notamment l'agriculture. En effet, le secteur est encore peu exploité avec 80% de la consommation agricole et alimentaire du pays importé et seulement 16 % des terres arables disponibles mises en culture.

 

  • Nigéria – Suppression des subventions au carburant

 

Deux jours après l’annonce faite par le Président élu Bola Tinubu, à l’occasion de son discours inaugural le 29 mai, la subvention à l’essence a subitement cessé d’être appliquée par la compagnie pétrolière nationale NNPC. Ladite subvention avait fait l’objet d’une ultime provision dans le budget 2023 : elle devait atteindre, pour les six premiers mois de l’année, le montant record de 3 360 Mds NGN (7,4 Mds USD) – soit le tiers des recettes publiques de l’année complète (9 730 Mds NGN ; 21,4 Mds USD). La suppression de cette subvention devrait dès lors entraîner des économies dans les mêmes proportions. Plusieurs mesures de compensation sont prévues pour accompagner les populations les plus vulnérables, face à un prix à la pompe multiplié par près de trois, comme le versement de 5 000 NGN (11 USD) mensuels à 10 millions de foyers, pendant six mois. Ces mesures compensatoires seront en partie financées par un prêt concessionnel de 800 M USD de la Banque mondiale. La suppression de la subvention à l’essence devrait avoir à l’avenir un effet favorable sur la croissance, en assainissant les comptes publics et favorisant les investissements productifs.

 

  • Sénégal – Les manifestations auront un impact économique important

     

Les manifestations qui ont eu lieu au Sénégal à la suite du jugement de l’opposant politique Ousmane Sonko ont eu un impact important sur l’économie du pays. Pour les transports publics, le TER qui transporte en moyenne 75 000 personnes par jour dans Dakar et sa région a été à l’arrêt pendant trois jours et la gare de Rufisque a subi des dégâts. Le montant total du préjudice est ainsi évalué à 240 M FCFA (366 000 EUR). Concernant le réseau de bus Dakar Dem Dikk, les pertes sont estimées entre 40 et 50 M FCFA (entre 60 000 et 80 000 EUR) par jour d’arrêt d’exploitation, sans compter les destructions (100 bus brulés). Par ailleurs, la décision du gouvernement de suspendre la connexion internet par données mobiles aura également un impact important sur l’économie, estimé à 5 Mds FCFA (7,6 M EUR) par jour, notamment pour le secteur informel et les petits commerçants et entrepreneurs qui dépendent des services de transferts d’argent (y compris mobile).

 

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