Retrouvez le numéro 235 d'Objectif Afrique.

Zoom sur…

 Les perspectives économiques regionales du FMI pour l’Afrique Subsaharienne en 2023 et 2024

 

Les perspectives économiques régionales pour l’Afrique subsaharienne publiées par le FMI en avril 2023 font l’état d’une pénurie de financement dans la région. Les taux d’intérêt ont grimpé, tandis qu’il n’y a plus d’émissions d’obligations sur les marchés internationaux et que les monnaies de la zone se sont fortement dépréciées vis-à-vis du dollar, alourdissant ainsi le fardeau de la dette. D’autre part, les conséquences de l’invasion de l’Ukraine par la Russie maintiennent l’inflation à un niveau élevé.

 Les coûts d’emprunt pour les économies africaines ont fortement augmenté alors que la région connait des niveaux de dette publique et d’inflation parmi les plus élevés depuis des décennies. Le FMI estime dans ces conditions que la croissance de la zone connaîtra un nouveau ralentissement, passant de 3,9% en 2022 à 3,6% en 2023.

 Le tarissement des financements compromet la capacité de plusieurs pays de la zone à remedier aux sequelles laissées par la pandémie et à satisfaire les besoins essentiels de leur population. Le PIB par habitant n’a toujours par retrouvé son niveau prépandémie et 132 millions de personnes étaient en situation d’insécurité alimentaire aigüe en 2022.

 En revanche, le FMI estime que la croissance devrait repartir en 2024 pour 4/5ème des pays d’Afrique subsaharienne et s’établir à 4,2% pour la région sous réserve d’un retour à la normale des chaines d’approvisionnement, d’une décrue de l’inflation mondiale et d’une baisse des cours du pétrole brut. Toutefois, d’important risques baissiers pourraient dégrader ces prévisions. Un scénario mondial baissier pourrait voir la croissance du PIB réel mondial s’établir 1,8 point de pourcentage en-deçà du niveau du scénario de référence pour 2023 (1,4 point de pourcentage en -deçà pour 2024). Un tel ralentissement s’accompagnerait d’effets désinflationnistes et d’un ralentissement du commerce mondial qui affecterait les économies africaines.

 Le FMI identifie quatre grandes priorités pour l’action publique que sont : i) une politique budgétaire tenant compte du durcissemment des conditions financières, ii) une politique monétaire répondant à la forte inflation, iii) une gestion des taux de change luttant contre les pressions à la dépréciation et iv) une réponse nécessaire aux défis du changement climatique sans sacrifier les besoins élémentaires pour les populations.

  

Afrique subsharienne : croissance du PIB réel, 2023

 Afrique subsaharienne : croissance du PIB réel 2023

 

  •  Afrique du Sud – InvestSA dépasse l’objectif de 1 200 Mds ZAR (60 Mds €) d’investissements sur cinq ans

 La Conférence sur l'Investissement en Afrique du Sud, InvestSA, qui s’est tenue le 13 avril 2023 à Johannesburg a permis au président Ramaphosa de dépasser son objectif de 1200 Mds ZAR (60 Mds EUR) sur cinq ans et de présenter un nouvel objectif de 2000 Mds ZAR (100 Mds EUR) d’investissement sur les cinq prochaines années. Les quatre précédentes conférences avaient permis d’atteindre 1 140 Mds ZAR (57 Mds EUR) d’investissements, dont près de 70 % sont soit achevés, soit en cours en réalisation. Lors de cette 5e conférence, les investisseurs publics et privés se sont engagés à financer plus de 400 Mds ZAR supplémentaires Parmi les annonces, on peut noter 105 Mds ZAR (5 Mds EUR) du fournisseur d'énergie verte Hive Energy, 60 Mds ZAR (3 Mds EUR) de Vodacom dont 16 Mds ZAR pour le développement d’énergies auprès des producteurs indépendants d’électricité, 29 Mds ZAR (1.5 Mds EUR) du minier Anglo American et 15.5 Mds ZAR (800 M EUR) du brasseur Heineken.

Le Président Ramaphosa a réaffirmé que la résolution de la crise énergétique restait la priorité du pays. Il a annoncé des mesures pour faciliter l’accès aux visas pour la main-d'œuvre qualifiée, ainsi que la création d'un comité national de crise logistique. Enfin, il a souligné les efforts réalisés pour lutter contre le crime et la corruption.

 

  • Burkina Faso – Le FMI approuve un financement d’urgence alimentaire de 80,8 M USD

 Dans un communiqué publié le 27 mars 2023, le Conseil d’administration du FMI a annoncé l’approbation d’un prêt de 80,7 M USD (60,2 M DTS, soit 50% de la quote-part) au titre du guichet choc alimentaire de la Facilité de crédit rapide (FCR) en faveur du Burkina Faso. Pour rappel, ce financement d’urgence vise à aider le pays à répondre aux besoins urgents de sa balance des paiements et à atténuer l’impact du choc alimentaire sur les plus vulnérables (environ 16% de la population serait en situation d’insécurité alimentaire aiguë). Le pays fait face à de graves difficultés économiques avec un déficit budgétaire qui a atteint 10,2% du PIB et une croissance qui a ralenti à 2,5% en 2022.

 

  • Côte d’Ivoire – Augmentation de la somme allouée dans le cadre du futur programme avec le FMI

 Dans un communiqué du 5 avril 2023, les services du FMI ont annoncé une augmentation de la somme allouée au titre de la Facilité élargie de crédit (FEC) et du Mécanisme élargi de crédit (MEDC) à 3,5 Mds USD, soit 400% de la quote-part pour soutenir le programme économique de la Côte d’Ivoire. Cette modification fait suite à une communication intervenue le 15 mars 2023, d’un financement initialement prévu à hauteur de 2,6 Mds USD. Pour rappel, le programme visera entre autres à : (i) renforcer la mobilisation des recettes afin de créer un espace budgétaire pour les dépenses sociales, la sécurité et les investissements ; (ii) encourager la promotion d'une croissance inclusive tirée par le secteur privé.

 

  • République Démocratique du Congo – Lancement des travaux de construction du port de Banana

 Les travaux de construction du port en eaux profondes de Banana, dans la province du Kongo Central, pourraient débuter prochainement. L’annonce a été faite par le président de la République, Félix Antoine Tshisekedi, lors de la 90ème réunion du conseil des ministres le vendredi 10 mars 2023. Des avancées auraient été enregistrées dans le cadre de la convention de collaboration portant concession d’un service public sur le port de Banana. La première pierre pour la construction de celui-ci réalisée par DP World, une société des Émirats arabes unis, a été posée en janvier 2022. Le projet comporte quatre phases de travaux, dont le coût global d'investissement est estimé à 1,2 Md USD. La première phase prévoit la construction d’un quai de 600 mètres carrés et de 25 hectares d’espace de stockage pour un coût de 350 M USD.

 

  • Sénégal – La France, 1er bailleur bilatéral du pays

 A l’occasion de revue conjointe du cadre de partenariat entre l’Etat du Sénégal et l’Agence française de développement (AFD), tenue le 23 mars 2023, le ministère de l’Economie, du plan et de la coopération a indiqué que la contribution globale de la France sur la période 2019-2023 était estimée à 1,5 Md EUR, ce qui fait d’elle le 1er bailleur bilatéral du pays. Ce partenariat entre les deux pays couvre des domaines prioritaires de l’agenda de l’Equipe France tels que la santé, l’éducation, la formation professionnelle, les infrastructures de base, l’eau, l’électricité, ou l’accès au numérique. Pour les années à venir, le gouvernement sénégalais confirme vouloir poursuivre son partenariat avec l’AFD en se concentrant en priorité sur le financement de la réponse aux principaux défis sociaux.

 

  • Zimbabwe – Hydrogène de France développe la première centrale à hydrogène vert du pays

 Hydrogène de France (HDF Energy) a signé, le 23 mars 2023, un accord avec l’électricien national Zimbabwe Electricity Transmission and Distribution Company (ZETDC) pour le développement d’une centrale à hydrogène vert – la première du pays. Le projet Middle Sabi Renewstable, développé dans le district de Chipinge de la province du Manicaland, au sein du Chipangayi Renewable Energy Technology Park (RETPark), devrait produire, d’ici 2024, près de 178 GWhs par an, soit les besoins de 220 000 habitants. Ce projet s’inscrit dans la stratégie zimbabwéenne « Vision 2030 », afin d’encourager le développement par des producteurs d’électricité indépendants de plus de 1 000 MW de projets renouvelables, alors que le pays fait face à un important déficit énergétique.

 

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