Croissance et décarbonation de l'économie
Une réduction rapide et massive des émissions de gaz à effet de serre doit permettre de limiter les effets du changement climatique. Le succès de la décarbonation dépendra de la mise en place de politiques publiques adéquates visant à réorienter les décisions des acteurs économiques et à les accompagner. Devant les incertitudes et la complexité des enjeux économiques, la compréhension des effets économiques de la décarbonation doit encore être renforcée par le biais de travaux d’évaluation.
L'activité économique s'accompagne d'émissions de gaz à effet de serre pour produire, construire, transporter... Toutefois, l'intensité carbone de l'activité, c'est-à-dire la quantité d'émissions par unité produite, peut varier, par exemple selon les technologies employées. Si un découplage entre émissions territoriales et activité économique a pu être observé dans plusieurs pays ces dernières années, l'atteinte des objectifs climatiques nécessitera une réduction plus rapide et massive des émissions et donc, pour préserver la croissance, une amplification de ce découplage, y compris sur les émissions importées (Graphique).
Des mesures de politiques publiques seront nécessaires pour rendre possible une forte diminution des émissions de gaz à effet de serre. Les politiques environnementales ont pour objectif d'inciter ou de contraindre les agents à modifier leurs comportements et à réorienter leurs investissements vers les activités sans ou à faibles émissions. Plusieurs familles d'instruments peuvent être mobilisées à cette fin, dont la tarification du carbone, la réglementation, ou le soutien financier public.
Du point de vue macroéconomique, la transition vers la neutralité carbone pourrait avoir deux principaux effets : une hausse du coût relatif des émissions de carbone et une forte augmentation des investissements dans la décarbonation. Sujet d'un nombre croissant de travaux sur la question, l'effet macroéconomique de la transition reste, à ce jour, très incertain. Si, ces deux effets cumulés peuvent, dans certains scénarios, obérer la croissance économique et générer de l'inflation pendant la phase de transition écologique, le coût de la transition resterait bien inférieur au coût de l'inaction face au changement climatique.
Les effets économiques pendant la phase de transition dépendent en particulier des frictions et coûts d'ajustement de l'économie. Pour en modérer les effets négatifs, les politiques de décarbonation peuvent être accompagnées de mesures visant à soutenir la transition des acteurs les plus vulnérables. À cet égard, les politiques de formation professionnelle ont un rôle important à jouer pour faciliter les réallocations d'emplois.
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+ Autres publications à consulter sur le sujet :
- Pisani-Ferry J. (2021), “Climate policy is macroeconomic policy, and the implications will be significant”, Peterson Institute for International Economics.
- Gantois T., Girard P. L. et Le Gall C. (2022), « Évaluation de l’impact macroéconomique de la transition écologique : Revue des modèles macro-environnementaux, usages et limites », Document de travail de la DG Trésor n° 2022/2.
- Network for Greening the Financial System (2022), “NGFS Scenarios for central banks and supervisors”.
- Groupe intergouvernemental d’étude sur le climat (2022), “Climate Change 2022: Mitigation of Climate Change. Contribution of Working Group III to the Sixth Assessment Report of the Intergovernmental Panel on Climate Change” (chapitre 3 notamment).
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