Toute l'actualité économique et financière hebdomadaire de l'Arabie Saoudite, du Bahrein des Emirats arabes unis, du Koweit, d'Oman, du Qatar et du Yémen.

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Edito - L'engouement croissant pour les cryptomonnaies

Après Binance, FTX, crypto.com, et Bybit, c'est la plateforme BitOasis qui se voit accordée une licence à Dubaï. Le sujet n'est pas nouveau pour l'émirat mais la régulation des actifs virtuels vient tout juste d'y être introduite. Dès son annonce et la création d'une autorité en charge, les grands acteurs du secteur ont montré leur intérêt avec l'ouverture de bureaux et la volonté d'y installer leurs sièges régionaux. 

Cette nouvelle régulation à Dubaï alimente la compétition régionale pour le statut de hub financier. A Bahreïn par exemple, où le secteur financier représente 17% du PIB, soit le premier secteur hors-hydrocarbures, les cryptoactifs et les fintechs au sens large sont perçus comme des opportunités de redynamiser un pan de l'économie fragilisé par les turbulences des dernières années. Depuis 2019, les actifs virtuels bénéficient d'une régulation de la Banque centrale du Royaume, qui a permis aux plateformes Rain et Binance de s'y installer rapidement. Parallèlement les banques centrales de la région travaillent également sur le développement de devises digitales de banque centrale qui permettraient de faciliter les paiements internationaux.

Cet engouement intervient au moment où les critiques se font plus fortes à l'égard du bitcoin et de ses avatars qui sont vus comme un moyen pour les oligarques russes de contourner les sanctions internationales mises en place après l'invasion de l'Ukraine. Les Emirats, vers lesquels ont afflué de nombreux Russes ces dernières semaines, vont devoir trouver un équilibre pour satisfaire aux exigences du Groupe d'Action Financière, le GAFI, l'organe international de lutte contre la criminalité financière, qui vient de placer le pays sous surveillance renforcée

Le taux d'adoption reste toutefois encore faible dans la région. Alors que 8,3 % des Américains, 7,3% des Indiens (soit plus de 100 millions de personnes) ou encore 3,3 % des Français détiendraient des cryptomonnaies, seulement 1 à 1,5% des habitants de la péninsule en posséderait. A noter également, au-delà des actifs eux-mêmes, la technologie sous-jacente aux "crypto", la blockchain, suscite de l'intérêt. Abu Dhabi travaille par exemple à la mise en place d'une bourse du carbone fondée sur la blockchain. 

  

Graphique de la semaine - Poids du secteur financier dans l'économie

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 Sources : Données nationales, SER d'Abu Dhabi

 

Brèves économiques 

Region
  • Les vingt-trois pays membres de l'alliance OPEP+ ont convenu ce jeudi 31 mars de maintenir une hausse de 432 000 barils par jour pour le mois de mai, conformément au plan initial. De nouveau, l'alliance n'a pas cédé aux pressions internationales dans le contexte de conflit en Ukraine et malgré la volonté de Joe Biden de recourir aux réserves stratégiques de pétrole américain à hauteur de 1 million de barils par jour pendant plusieurs mois. D'après les données préliminaires, la production de l'alliance n'aurait augmenté que 90 000 barils par jour en mars, loin des 400 000 barils jour prévus. Jeudi 31 mars, le baril de Brent s'élevait à 108 USD. La prochaine réunion des pays membres se tiendra le 5 mai. 
Arabie saoudite    
  • Selon l’Autorité saoudienne des statistiques, au T4 2021, le taux de chômage de la population (15 ans et plus) s’est élevé à 6,9% contre 7,4% au T4 2020. Le taux de chômage des saoudiens uniquement a diminué de 12,6% à 11% entre le T4 2021 et la même période en 2020, soit le niveau le plus faible depuis 2009. Le taux d’activité de la population saoudienne (rapport entre le nombre d’actifs et l’ensemble de la population correspondante) était de 45,8%, dont 63,3% pour les hommes et 27,6% pour les femmes. 
  • L’agence de notation S&P a relevé la perspective de l’Arabie saoudite de stable à positive. S&P justifie sa révision par le rebond de l’activité économique de 3,3% enregistré en 2021 après un recul de 4,1% en 2020, ainsi que les perspectives positives du secteur des hydrocarbures et les réformes mises en place par le Royaume. L’agence estime la croissance du PIB saoudien à 5,8% en 2022 puis 2,7% en moyenne entre 2023 et 2025.
  • L’Arabie saoudite s’est engagée à soutenir l’Egypte à hauteur de 15 Md USD. Un dépôt de 5 Md USD a été réalisé à la Banque centrale égyptienne et le fonds souverain Public Investment Fund devrait investir 10 Md USD dans divers secteurs dont l’agriculture, la santé et la finance. L’Egypte est fortement impactée par le conflit en Ukraine à travers ses importations agricoles et la baisse des touristes en provenance de Russie.  
Bahreïn  
  • L'activité économique de Bahreïn a rebondi de 2,5% en 2021 (g.a.) après une contraction de 4,9% en 2020. L'économie a été largement soutenue par la reprise de l'activité hors-hydrocarbures (+4,1%) permise par l'allègement des contraintes sanitaires en 2021. L'activité du secteur hydrocarbures, malgré une amélioration de 4,7% au T4 2021 (g.a.), a marqué un léger ralentissement de 0,1% en 2021 (g.a.).
Emirats arabes unis   
  • Les investissements directs étrangers (IDE) entrants aux EAU se sont élevés à 20,7 Md USD en 2021, soit une hausse de 4% par rapport à 2020 selon le ministre de l’Economie. Pour Abdulla bin Touq Al Mari, les IDE jouent un rôle essentiel pour que les EAU atteignent leur objectif de doublement de leur PIB à 3 000 Md AED (816,8 Md USD) contre 1 400 Md AED (381 Md USD actuellement).
  • Dubaï abrite 39% des scale-up de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord, selon la Dubai Chamber. Les scale-up de la région ont reçu 9,1 Md USD de fonds en 2021, dont 59% à destination des EAU (57% à Dubaï), soit 5,4 Md USD. Le rapport de la Chambre de commerce de Dubaï sur le sujet est disponible ici.
  • Dubai Electricity and Water Authority (DEWA) a augmenté la part de son capital introduite en bourse à 17% (contre 6,5% précédemment), lui permettant de lever 5,7 Md USD. Le gouvernement dubaïote détiendra 83% de DEWA suite à l’opération. Il s'agit de l'IPO la plus importante sur le DFM depuis celle de DP World en 2007. DEWA est la première des dix entreprises publiques dont Sheikh Maktoum avait annoncé l'introduction en Bourse afin de relancer la place face à une compétition régionale croissante.  
Koweït 
  • Le 24 mars 2022, le service économique du Koweït a organisé un séminaire avec l’Autorité Koweïtienne des Partenariats Public Privé (KAPP) durant lequel sont intervenus deux experts de la mission FIN INFRA de la DG Trésor sur l'expérience française des PPP. Cet échange de bonnes pratiques s’inscrit dans le contexte du sous-comité économique du Dialogue stratégique bilatéral entre la France et le Koweït qui a eu lieu en novembre dernier et durant lequel la KAPP avait réitéré sa volonté de bénéficier de l’expertise française, notamment dans la structuration juridique et financière des contrats. 
  • Le FMI a publié ce lundi son rapport annuel « Article IV » sur le Koweït. Le Fonds renouvelle sa demande d’assainissement budgétaire afin de promouvoir la viabilité financière et l’égalité intergénérationnelle. Afin d’augmenter les recettes publiques, l’émirat est exhorté d’introduire la TVA et un impôt foncier ainsi que d’étendre l’impôt sur le revenu des sociétés aux entreprises locales. Afin de limiter les dépenses publiques (déficit de 16,6% en 2020-2021), la masse salariale, les subventions et les avantages sociaux du secteur public devraient quant à eux être réduits. 
  • Le Fonds koweïtien pour le développement économique arabe a signé un accord de prêt d’une valeur de 35M KWD (115M USD) pour contribuer au renforcement du système de connectivité électrique du golfe. En 2021, la demande koweïtienne d’électricité avait atteint des sommets historiques, dans un contexte de hausses record des températures qui se répétera vraisemblablement en 2022. 
  • L'Iran a décrit la récente décision de l'Arabie saoudite et du Koweït de développer conjointement le champ gazier offshore géant de Durra (également appelé Arash) comme "illégale" et contraire aux réglementations internationales. L’Iran dit se tenir prête à entamer des pourparlers avec les deux pays à ce sujet. 
  • Abu Dhabi Ports a signé un protocole d'accord avec l'Administration générale des douanes du Koweït pour établir un nouveau corridor commercial virtuel entre les EAU et le Koweït. Les autorités douanières des deux pays pourront ainsi accéder aux informations préalables à l'arrivée pour les mouvements internationaux de fret, ce qui devrait accélérer la validation croisée des informations et favoriser le dédouanement des marchandises. Dans la région, les EAU sont le premier fournisseur commercial du Koweït (3ème mondiale) et la deuxième destination des exportations koweïtiennes (3ème mondiale). 
Oman   
  • Le volume total des crédits octroyés par les banques conventionnelles et islamiques a progressé de +4,9% en 2021, à près de 28 Md OMR (72,7 Md USD), tiré notamment par le dynamisme des prêts aux entreprises publiques. Dans le même temps, le montant total des dépôts a augmenté de +6%, à 25,6 Md OMR (66,6 Md USD), grâce en particulier à la hausse des dépôts gouvernementaux.
  • Le groupe énergétique public OQ, spécialisé notamment dans l’aval pétrolier et la pétrochimie, a enregistré un bénéfice de 702 M OMR (1,8 Md USD) en 2021 sur fond de hausse des cours du pétrole et de reprise de l’activité économique. Pour mémoire, OQ avait terminé l’année 2020 avec une perte record de 1,7 Md OMR (4,5 Md USD).
  • La population totale du Sultanat d’Oman a progressé de +2,2% en février 2022 en glissement annuel, à 4 595 661 personnes. La population expatriée, principalement originaire du sous-continent indien, représente désormais 38,4% de la population totale.
Qatar
  • Le ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, et le vice Premier ministre et ministre des Affaires étrangères, Cheikh Mohammed bin Abdulrahman al Thani, ont co-présidé l’édition inaugurale du Dialogue stratégique franco-qatarien, le 28 Mars 2022, à Doha, alors que les deux pays fêtent cette année le cinquantième anniversaire de l’établissement de leurs relations diplomatiques. Cette séquence s’inscrit dans les suites de la déclaration d’intention du 11 février 2019 relative à la mise en place d’un Dialogue stratégique. En matière économique, le Qatar et la France sont convenus de développer leurs relations dans le cadre des objectifs de diversification fixés par la Vision 2030 du Qatar et en synergie avec le plan « France» 2030. Suite à la signature en décembre 2021 de l’accord entre les deux Ministres des Finances, des pistes de coopération ont été avancées dans les PPP et la finance verte, mais également dans la sécurité alimentaire, les transports maritimes, la gestion des déchets et l’énergie. Le Qatar et la France se sont également engagés à explorer les pistes d’un renforcement des investissements qatariens en France notamment dans l’innovation et la transition écologique. Un Mémoire d’entente a été signé entre Business France et l’Agence qatarienne de promotion de l’investissement (IPAQ). La prochaine session devrait se tenir en 2023 à Paris.
  • Le Forum de Doha s’est tenu les 26 et 27 mars 2022 sur le thème « Transforming for a New Era ». Ouvert par l’Émir du Qatar, le Président de l’Ukraine et le Président de l’Assemblée générale des Nations Unies, il a fait intervenir des personnalités de haut-rang venues du monde entier, parmi lesquelles dans le domaine économique Patrick Pouyanné, PDG de TotalEnergies qui a participé à un panel avec le Ministre qatarien de l’Énergie et PDG de QatarEnergy Saad Al-Kaabi, ainsi que la Directrice Générale du FMI Kristalina Georgieva. Le Ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian est également intervenu.
  • A l’occasion d’une visite au Caire des Ministres qatariens des Finances et des Affaires étrangères les 28-29 mars, le Qatar a annoncé son intention d’investir 5 Md USD en Égypte, visant à renforcer la coopération économique et en matière d’investissement entre les deux pays (sans donner de précisions sur la période concernée). A cette occasion, QatarEnergy a acquis une prise de participation à hauteur de 40% dans le bloc d’exploration offshore de North Marakia en Egypte, les 60% restants étant détenus par l’opérateur ExxonMobil.
  • A l’occasion d’une visite au Caire des Ministres qatariens des Finances et des Affaires étrangères les 28-29 mars, le Qatar a annoncé son intention d’investir 5 Md USD en Égypte, visant à renforcer la coopération économique et en matière d’investissement entre les deux pays (sans donner de précisions sur la période concernée). A cette occasion, QatarEnergy a acquis une participation de 40% dans le bloc d’exploration offshore de North Marakia en Egypte, les 60% restants étant détenus par l’opérateur ExxonMobil.
  • La Qatar Investment Authority a vendu pour 1,1 M USD de ses parts dans l’entreprise anglo-suisse de négoce, courtage et extraction de matières premières Glencore dans un contexte d’explosion des prix ayant conduit à un quasi doublement de l’action au cours des 12 derniers mois. La QIA possède 9% du capital de Glencore, avant cette mise en vente de 13% de sa participation.

 

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