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Edito - Koweït, vers un apaisement ?

Après l’adoption dimanche d’un décret d’amnistie pour les dissidents politiques, le gouvernement koweitien a présenté lundi sa démission à l’Emir. C’est la troisième démission d’un gouvernement en un an et la deuxième pour le premier ministre Sheikh Sabah al-Khalid al-Sabah. Cette fois néanmoins, elle laisse espérer un début d’issue à la paralysie institutionnelle qui frappe le pays, qui dispose de réserves financières par tête parmi les plus élevées du monde mais se retrouve en difficulté pour payer ses dépenses courantes. 

Le gouvernement joue en effet l’apaisement. L’opposition parlementaire avait fait de l’amnistie une condition à l’approbation des réformes et menait depuis plusieurs mois une campagne contre le Premier ministre soupçonné de corruption. Elle devrait désormais se montrer plus coopérative, d’autant qu’au moins quatre portefeuilles ministériels non régaliens pourraient lui être confiés dans le nouveau gouvernement. 

L’enjeu est de taille. En dépit de ses immenses richesses (6% des réserves mondiales d’hydrocarbures, fonds souverain de 700 Md USD), le pays traverse une crise de liquidité. Celle-ci prend sa source dans le refus répété du Parlement d’autoriser le gouvernement à emprunter sur les marchés financiers (sa dernière émission date de 2017). Ce dernier a donc du puiser dans l’une des poches de la KIA, le Fonds de réserve générale, pour couvrir son déficit (-8,3% du PIB en 2020, -1,5% attendu pour 2021), jusqu’à quasiment épuiser la dotation de ce Fonds. Cette situation de blocage institutionnel et budgétaire a conduit à un arrêt des investissements  publics et des projets gouvernementaux qui affectent le potentiel de l’économie.

Reste à voir comment tirer parti de cet apaisement pour le gouvernement à venir, le dix-huitième depuis 2006. 

   

Graphique de la semaine - Balance budgétaire des pays du CCEAG (% du PIB)

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La situation budgétaire du Koweït s'est fortement dégradée suite à la chute des cours en 2014 (-34 points). Toutefois, le pays enregistrait encore un fort excédent. En 2020, le Koweït a enregistré un déficit à 8,3% du PIB. Selon le FMI, il ne devrait pas se résorber avant 2022. 

Source : FMI, SER d'Abu Dhabi

 

Brèves économiques 

Brèves régionales
  • Lors de leur réunion ministérielle qui s'est tenue le 4 novembre, les membres de l'alliance OPEP+ ont décidé de maintenir le rythme de hausse de leur production décidé en juillet 2021. Malgré la pression des grands pays consommateurs de pétrole, les treize pays membres de l'OPEP et leurs dix alliés n'ajouteront pas plus que 400 000 barils/jour le mois prochain. Avant la réunion, le prix du baril (WTI) avait légèrement diminuer jusqu'à descendre sous la barre des 80 USD. Il est remonté fortement suite à la décision de l'OPEP+, soutenu également par l'annonce de l'ouverture des frontières des Etats-Unis.
  • Deux ministres français se sont rendus dans le Golfe cette semaine. Jean-Baptiste Djebbari, ministre délégué en charge des transports, est allé en Arabie saoudite et aux EAU les 7 et 8 novembre. Il a pu rencontrer des acteurs locaux majeurs du secteur ainsi que plusieurs entreprises françaises impliquées dans la région. Alain Griset, ministre délégué en charge des petites et moyennes entreprises (PME), s'est quant à lui rendu aux EAU les 9 et 10 novembre où il a notamment participé au lancement de la French Tech Dubaï.
  • Lors d'un entretien télévisé, le directeur Moyen-Orient et Asie centrale du FMI a indiqué que le fonds anticipait une hausse de 300 à 350 Md USD des réserves de change des pays du CCEAG d'ici trois ans, soutenue par la hausse des cours du pétrole. 
  • Nos échanges commerciaux avec le CCEAG ont augmenté de 24% durant les trois premiers trimestres de l’année 2021 par rapport à la même période l’année précédente, pour atteindre 10,7 Md EUR. Le solde commercial avec le CCEAG reste excédentaire en notre faveur (2,2 Md EUR) ; nos exportations ont atteint 6,5 Md EUR (+18% en glissement annuel) et nos importations, 4,2 Md EUR (+35% en g.a.). Les EAU sont notre premier client, suivis par l’Arabie saoudite, le Qatar, le Koweït, Oman et Bahreïn. Notre premier fournisseur est l’Arabie saoudite, suivie par les EAU, le Qatar, le Koweït, Bahreïn et Oman.

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Sources : Douanes françaises, SER d'Abu Dhabi

 
Arabie saoudite
  • L'Arabie saoudite a enregistré son plus fort taux de croissance du PIB depuis 2012 durant le troisième trimestre de 2021 à 6,8% (en g.a.). L'activité économique a été fortement soutenue par le secteur des hydrocarbures (+9% en g.a.) avec un cours du baril bien plus élevé que la même période en 2020 et un allègement des quotas de production. Le secteur hors-hydrocarbures a quant a lui rebondi de 6,2%. Sur l'année 2021, le FMI anticipe une croissance de 2,8% de l'économie saoudienne à 2,8% et de 5% en 2022.
  • Le Royaume a émis 3,25 Md USD d'obligations en deux tranches. 2 Md USD ont été émis sous forme d'obligations islamiques, à maturité de neuf ans et demi. Le reste, 1,25 Md USD,  est formé d'obligation conventionnelle pour une maturité de trente ans. C'est la troisième fois que l'Arabie saoudite lève sur les marchés internationaux cette année après une émission libellée. Riyad a levé en dollars en janvier puis en euros (à taux négatif) en février. 
  • L'agence de notation Moody's a réhaussé la perspective de la note souveraine de l'Arabie saoudite de négative à stable. L'agence justifie ce changement par la capacité budgétaire du Royaume à faire face aux fluctuations du cours du pétrole en mettant en place des politiques efficaces. Pour faire face à l'impact de la crise Covid sur ses revenus, le gouvernement avait entre autres tripler sa TVA à 15%. 
Bahreïn
  • Le Prince héritier de Bahreïn, Salman bin Hamad Al Khalifa, a rencontré Mohammed bin Zayed, Prince héritier d'Abu Dhabi, le 9 novembre dans la capitale émirienne. Plusieurs accords ont été signés lors de cette visite dans les secteurs de l'éducation, l'investissement et le commerce, les technologies nouvelles, la logistique, les transports, la sécurité alimentaire… Parmi ces partenariats, les deux fonds souverains Mumtalakat et Mubadala, devraient créer un fonds conjoint afin d'investir dans leurs pays respectifs et à l'étranger également. 
Emirats arabes unis  
  • L'activité hors-hydrocarbures de l'émirat de Dubaï, mesurée par le PMI, s'est établie à 54,5 en octobre 2021 (contre 51,3 en septembre), soutenue par une forte demande. C'est le niveau le plus haut atteint depuis juillet 2019.
  • Abu Dhabi a promulgué une loi pour réglementer les affaires familiales et personnelles des non-musulmans. Cette nouvelle règlementation doit faciliter la résolution de conflits liés aux thèmes du mariage, du divorce, de la garde des enfants et de l'héritage. Un nouveau tribunal compétent pour ces affaires devrait être établi dans l'émirat. Le gouvernement d'Abu Dhabi vise en ce sens l'amélioration de son attractivité pour les expatriés et potentiels investisseurs.
  • Les EAU ont lancé un programme afin de créer vingt licornes (start-up valorisée à plus d'1 Md USD) d'ici à 2031. Nommé “Entrepreunarial Nation”, le plan tient à soutenir les PME et start-ups avec des partenariats public-privé, leur permettant de développer leurs activités plus facilement et d'accéder à des marchés internationaux. Un fonds doté de 1 Md USD (272 M USD) sera également lancé durant le premier trimestre de 2022. Il se concentrera sur le financement des PME pendant les cinq années à venir.
  • Emaar Malls, la branche gestionnaire des centre commerciaux et spécialisée dans la distribution du développeur immobilier Emaar Properties, a enregistré des profits à 290 M USD sur les neufs premiers mois de 2021 (+82% en g.a. et -38% par rapport à 2019). Les revenus d'Emaar Malls avaient été fortement impactés par la pandémie pendant les neufs premiers mois de 2020, à 680 M USD (contre 929 Md USD sur la même période en 2019). Emaar Malls détient Dubai Mall, plus gros centre commercial au monde, ainsi que la plateforme de commerce en ligne Namshi.
  • Les EAU vont investir dans différents secteurs en Indonésie à hauteur de 32,7 Md USD. Suite à la visite à Abu Dhabi du président indonésien Jokowi Widodo, plusieurs partenariats ont été signé entre les deux pays. Parmi ceux-ci, le fonds souverain indonésien (INA) et le groupe logistique DP World devraient créer une co-entreprise chargée d'investir dans les infrastructures logistiques et portuaires du pays. Le Group 42 (G42), société d'intelligence artificielle, doit investir dans les villes intelligentes (smart city), les télécommunications et les laboratoires de génomique en Indonésie.
Koweït
  • L’Emir a reçu la démission collective du gouvernement. C’est la deuxième fois depuis le début de l’année que le Premier Ministre Sheikh Sabah Al Khaled présente la démission d’un gouvernement qu’il a constitué. 
  • La compagnie d’eau et d’électricité Shamal Az Zour Al Oula (1er PPP au Koweït) a annoncé qu’elle avait réalisé des profits nets de 31,6 M USD sur les 9 premiers mois de 2021, une augmentation de 7% en glissement annuel. 
  • Le Koweït est officiellement revenu sur la décision qu’avait prise la Public Authority for Manpower (PAM) d’arrêter de renouveler les visas de travail pour les expatriés de plus de 60 ans ne possédant pas de diplôme universitaire. Ces derniers pourront finalement renouveler annuellement leur visa à condition de payer une taxe de 1 823 USD ainsi qu’une assurance santé coûtant entre 1 650 USD et 2480 USD. 
Oman
  • A l’occasion d’une réunion du Conseil des ministres, le Sultan Haitham Bin Tarik a ordonné le plafonnement, sur la base des prix d’octobre 2021, des prix des carburants jusqu’à fin 2022. Le cas échéant, l’augmentation des prix, en raison notamment de la hausse des cours du baril de pétrole, devrait être assumée par l’Etat. Le Sultan a par ailleurs annoncé l’annulation de taxes sur certaines activités économiques, sans plus de précisions à ce stade.
  • Le nombre de conteneurs EVP (équivalent vingt pieds) ayant transité par le terminal du port de Salalah a augmenté de +3,7% sur les neufs premiers mois de l’année 2021 en g.a., à 3,3 millions, selon Salalah Port Services Company. Concernant le transport en vrac (12,7 M de tonnes ; +17,3% des volumes en g.a. sur la période), les principales marchandises traitées ont été le calcaire, le gypse, le méthanol et le ciment.
  • La holding publique Asyad Group a annoncé le démarrage de premières activités commerciales au sein du port sec de Khazaen à Barka. Pour mémoire, la construction et l’aménagement du site, dont la superficie à terme pourrait atteindre 250 000 m2, ont débuté en juin 2020. 
Qatar
  • Le Qatar a passé commande de six méthaniers à la Corée du Sud, visant à accompagner la croissance programmée de ses exportations de gaz naturel. Selon Qatar Energy (ex-Qatar Petroleum), quatre d’entre eux seront construits par Daewoo Shipbuilding & Marine Engineering, les deux autres par Samsung Heavy Industries. Il s’agit du premier lot s’inscrivant dans un contrat plus large de 19 Md USD signé l’an dernier entre le Qatar et les constructeurs navals sud-coréens et portant sur 100 navires de transport de GNL à horizon 2027.
  • Qatar Airways Cargo devient la première compagnie fret à adopter la nouvelle solution de Conteneurs Résistants au Feu proposée par Safran, après la livraison d’un premier lot le 29 septembre. D’après la presse qatarienne, la compagnie cargo envisage de remplacer l’entièreté de sa flotte de 10 000 conteneurs sur les cinq prochaines années (70% de la flotte en 2022). Cette décision découle de la volonté de prévenir tout problème de sécurité lié au risque représenté par les expéditions de batteries lithium-ion.
  • La population du Qatar s’élevait à 2,66 millions de personnes à la fin du mois d’octobre 2021, en baisse de -2,1% en glissement annuel d’après l’Autorité de la Planification et des Statistiques, et en diminution de -3,4% par rapport à octobre 2019.

 

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