Toute l'actualité économique et financière hebdomadaire de l'Arabie Saoudite, du Bahrein des Emirats arabes unis, du Koweit, d'Oman, du Qatar et du Yémen.

entete

 

Edito - L'Arabie saoudite, 3ème au monde pour les IDE entrants ? 

C’est probablement l’un des plus grands plans d’investissements jamais annoncés. Le prince héritier saoudien, Mohammed ben Salmane a présenté en début de semaine les détails de sa « Stratégie d’investissement national » (NIS). Il prévoit d’investir 7 200 Md USD en Arabie saoudite sur la décennie pour déployer la Vision 2030, le plan de transformation qu’il a lancé en 2016. 

D’après les chiffres présentés à la presse, le budget de l’Etat devrait y contribuer à hauteur 2 700 Md USD (environ 38% du plan) soit 270 Md USD par an sur 10 ans – ce qui correspond au montant exact des dépenses totales (Capex et opex comprises) du budget préliminaire pour 2022 publié fin septembre. 1300 Md USD proviendront de l’initiative Shareek (partenaire), qui avait été présentée en mars dernier.  Elle prévoit que les grandes sociétés cotées du Royaume (Aramco, Sabic, Saudi Telecom, Almarai entre autres) contribuent sur leurs dividendes aux efforts nationaux d’investissement. 800 autres milliards seront déboursés directement par le Public Investment Fund. Les investissements privés locaux et internationaux sont attendus à 1 066 Md USD dans le cadre des facilités que devrait accorder la NIS dans de nouvelles zones économiques spéciales (régulations simplifiées et incitations). Le prince héritier compte dans cette catégorie les sièges régionaux des multinationales qu’il souhaite voir s’implanter à Riyad. Le reste du plan d’investissement, 1 330 Md USD, proviendra des dépenses de consommation privée. 

La presse précise en outre que les IDE sont attendus à 103 Md USD par an. Ce qui ferait du pays la troisième destination des IDE au monde, après les Etats-Unis et la Chine qui ont reçu respectivement 246 et 141 Md USD d’IDE en 2019, selon la CNUCED. Cela représente un bond substantiel par rapport aux IDE reçus par l’Arabie saoudite en 2019 (4,6 Md USD) et au record de 39 Md USD atteint en 2008. A deux semaines de la 5ème édition de la Future Investment Initiative, le Davos du désert, Mohammed Ben Salmane donne déjà le ton. 

 

Graphique de la semaine - Poids des investissements (FBCF) sur le PIB (%)

fcbf

L'investissement (mesuré par la formation brute de capital fixe) représente 22,7% du PIB en 2020 en Arabie saoudite. 

Source : SAMA, Autorité monétaire de l'Arabie saoudite 

Brèves économiques 

Brèves régionales
  • Les prévisions économiques de la Banque Mondiale ont mis à jour leurs prévisions économiques. Pour 2021, celles de la Banque mondiale sont légèrement plus optimistes que celles du FMI. Les deux institutions anticipent un retour à la croissance en 2021 pour l'ensemble de la région. C'est l'Arabie saoudite qui devrait croître le plus vite à 2,8% selon le Fonds et 3,5% selon la Banque mondiale.

weo

  • Selon le Département du Commerce international britannique, crée en 2016 à la suite du Brexit, le Royaume-Uni pourrait signer un traité commercial bilatéral avec le CCEAG en 2022. L'accord devrait permettre de lever plusieurs taxes, en particulier dans les secteurs de l'agroalimentaire, des énergies renouvelables et des nouvelles technologies. Une consultation de plusieurs semaines au sein de l'administration britannique et auprès des représentants d'entreprises serait prévue à cette fin. Pour mémoire, le commerce bilatéral entre le Royaume-Uni et les pays du CCEAG s'était élevé à 61 Md USD en 2019.
Arabie saoudite 
  • Le prince héritier Mohammed ben Salman a dévoilé sa stratégie nationale d'investissement (NIS) de 7 200 Md USD (27 000 Md SAR) pour aider à atteindre les objectifs du programme Vision 2030 de l'Arabie saoudite. Ce nouveau plan doit permettre de faire passer le ratio FBCF/PIB de l'Arabie saoudite de 22% en 2019 à 30% en 2030. Le NIS ciblera en priorité les secteurs de la fabrication, des énergies renouvelables, des transports et de la logistique, du tourisme, des infrastructures numériques et des soins de santé. Il doit également permettre d’attirer davantage d’investissements directs étrangers (IDE).
  • ACWA Power International a fait ses débuts à la bourse de Riyad après avoir levé plus de 1,2 Md USD. Il s'agit de la plus importante introduction en Bourse saoudienne depuis le record d'Aramco deux ans plus tôt. La valeur de l'action a pris 30% lundi, atteignant 72,8 SAR (19,41 USD) alors que le prix de l’action était défini à 56 SAR au sein de l’offre publique d’achat (IPO). ACWA est maintenant valorisée évalué à 14,2 Md USD. L’entreprise est amenée à jouer un rôle majeur au sein de la transition énergétique que souhaite entreprendre le pays. Elle aura notamment la charge de produire de l'électricité renouvelable et de l'hydrogène.
Bahreïn 
  • A l'occasion d'un déplacement à Manama, le directeur de la Banque mondiale pour le CCEAG est revenu sur la situation économique de Bahreïn. Il a souligné que l'activité s'est contractée de 2,1% durant le T1 2021 (contre -5% durant la même période en 2020). La reprise progressive est soutenue par la hausse des cours du pétrole; le secteur hydrocarbures a augmenté de 2% au T1 2021 (en glissement annuel). L'activité du secteur hors-hydrocarbures a quant a elle diminué de 3% au T1 2021 (en g.a.) mais la Banque mondiale anticipe une hausse de 4% pour le secteur pour l'année 2021. Selon lui, les déficits budgétaire et courant du Royaume devraient s'amoindrir dès 2021, malgré une dette publique toujours importante (supérieure à 130% du PIB).
    Emirats arabes unis  
  • Sheikh Mohammed bin Rashid al Maktoum, émir de Dubaï et Premier Ministre de la fédération, a approuvé le budget fédéral pour l’année 2022, avec 58,9 Md AED (16 Md USD) de dépenses, principalement en faveur du développement social (42,2%) dont plus de 16% pour l’éducation et plus de 8% pour la santé. Presque 4% du budget ont également été alloués aux infrastructures et aux ressources financières. Le plan budgétaire sur cinq ans (2022-2026) s’élève à 290 Md AED (79 Md USD). 
  • Le gouvernement de Dubaï a annoncé l’établissement d’un portefeuille de projets de partenariats publics-privés (PPP) d'une valeur de 6,8 Md USD dans l'émirat  lors d'une conférence sur les PPP. Ces investissements comprennent 7 projets de développement urbain (6,15 Md USD), 14 projets routiers et de transport (650 M USD) et 8 projets dans le domaine de la santé et de la sécurité (143 M USD). Selon la Banque mondiale, un PPP est un accord entre les secteurs public et privé dans le cadre duquel "certains services qui relèvent de la responsabilité du secteur public sont administrés par le secteur privés".
  • Un fonds de 5 Md AED (1,4 Md USD) a été créé par le Conseil Suprême des affaires économiques et financières d’Abu Dhabi afin de soutenir le développement de la Bourse de la capitale émirienne, l'Abu Dhabi Stock Exchange (ADX). Le fonds, nommé IPO Fund, investira dans cinq à dix entreprises par an, privilégiant les petites et moyennes entreprises (PME). 
  • L'activité économique de Dubaï s'est contractée de 10,9% en 2020. Les secteurs du transport et stockage, ainsi que l'hôtellerie et la restauration ont été les plus impactés, avec un ralentissement de l'activité de 35,7% et 33,1% respectivement. Le commerce (de gros et de distribution) a quant à lui diminué de 12%. Certains secteurs ont enregistré une hausse de leur activité, dont les services financiers (+3,4%). En 2021, l'activité économique rebondit avec une hausse de 11% au T1 2021 par rapport au T4 2020. L’activité hors hydrocarbures de l’émirat de Dubaï (mesurée par l’indice PMI) a atteint 51,1 au mois de septembre 2021 (contre 53,3 en août). Le niveau reste au-dessus de la limite à 50, marquant la contraction de l’activité, mais il est le plus bas atteint depuis juin 2021.
  • Le commerce hors-hydrocarbures des EAU a augmenté de 27% durant la première moitié de l'année 2021 (en g.a.), pour atteindre 900 Md AED (245 Md USD). Les exportations se sont élevées à 170 Md AED (+44% en g.a.; 46,3 Md USD) et les importations à 482 Md AED (+24% en g.a.; 131,2 Md USD). Les principaux partenaires commerciaux des EAU ont été la Chine, l'Arabie saoudite, l'Iraq, la Turquie et l'Italie. Les premiers postes d'exportations ont été l'or, l'aluminium, les matières plastiques.
Koweït 
  • Le Conseil des ministres a demandé à la Kuwait Direct Investment Promotion Authority (KDIPA) d’accélérer le processus de création de quatre zones économiques, dont une zone franche au sud (Nuwaissib), dans le but d’attirer les investissements (objectif d’1 Md USD sur les quatre premières années). 42 compagnies internationales se sont établies au Koweït via la KDIPA depuis sa création en 2014. S’implanter via KDIPA est la seule façon pour une entreprise étrangère de détenir 100% de son capital au Koweït.
  • Le Conseil des ministres a transféré la responsabilité du projet de chemin de fer (partie nationale du GCC Railway) de la Kuwait Authority for Partnership Projects (KAPP) à la Public Authority for Roads and Transportation (PART). Le projet qui devait initialement être réalisé sous la forme d’un PPP sera donc finalement un BOT.  La 1ère phase du projet concerne la construction de 111 km de voies ferrées et de 4 gares pour un montant de 994 MUSD.
  • Dans le cadre de l’intensification des mesures de koweïtisation, le Conseil des ministres a demandé à la Public Authority for Manpower (PAM) d’augmenter les frais de visas de travail des expatriés ainsi que de mettre en place une stratégie définitive pour que 100 000 Koweïtiens supplémentaires aient rejoint le secteur privé d’ici 4 ans.
  • Le conseil d’administration de Kuwait Petroleum Corporation (KPC) a approuvé la fusion de plusieurs de ses filiales : KOC et KGOC dans l’amont pétrolier et KNPC et KIPIC dans l’aval.
Oman
  • Selon le ministère des Finances, le déficit budgétaire du Sultanat d’Oman s’est élevé à 1,1 Md OMR (2,8 Md USD) sur les 8 premiers mois de 2021, en baisse de -46,3% en g.a. Dans le détail, les recettes publiques ont progressé de +13,9%, à 6,3 Md OMR (16,4 Md USD), en raison notamment de la hausse des revenus du pétrole (+17,8% ; à 3,3 Md OMR soit 8,6 Md USD). Les dépenses publiques ont pour leur part reculé de -1,7% en g.a. sur les 8 premiers mois de 2021, à 7,4 Md OMR (19,2 Md USD).
  • Le ministère de l’Energie et des minéraux a nommé Nasser al Rizeiqi « point focal hydrogène ». Nasser al Rizeiqi sera notamment chargé de coordonner et de promouvoir le développement de l’industrie de l’hydrogène vert au Sultanat. Pour mémoire, la stratégie nationale en matière d’hydrogène pourrait être dévoilée à l’occasion du forum Green Hydrogen Summit prévu du 29 novembre au 1er décembre 2021.
Qatar   
  • Qatar Petroleum a annoncé lundi 11 octobre la transformation de son nom en Qatar Energy, avec pour nouveau slogan « Votre partenaire dans la transition énergétique ». Cette communication de Saad Al-Kaabi, Ministre de l’Énergie et PDG de la compagnie pétro-gazière nationale, intervient à moins de trois semaines du coup d’envoi de la COP26 à Glasgow et s’inscrit dans la volonté du Qatar de faire du gaz naturel un élément incontournable du succès de la transition énergétique. Saad Al-Kaabi a également mis en avant les mesures déjà mises en œuvre par son entreprise pour réduire l’empreinte carbone de son activité, avec notamment pour objectif la capture et la séquestration de 9 Mt de dioxyde de carbone par an d’ici la fin de la décennie.
  • Calculée en glissement annuel, l’inflation au Qatar s’établit à +2,7% en septembre 2021, d’après l’Autorité de la Planification et des Statistiques. Les prix du logement, eau et électricité (-4,8%) restent orientés à la baisse tandis que ceux des transports continuent d’augmenter fortement (+9,4%).
  • La Banque centrale a publié la balance des paiements pour le deuxième trimestre 2021 : le solde courant affiche un excédent de 7,7 Md USD sur le premier semestre 2021 contre un déficit de -1,4 Md USD au S1 2020. Ce résultat est essentiellement lié au fort excédent de la balance commerciale qui s’élève, sur les huit premiers mois de l’année, à 34,4 Md USD, en hausse de +101% en g.a.
  • La Qatar Investment Authority est le principal investisseur de la levée de fonds de la société indienne Rebel Foods, qui opère un réseau de « dark kitchens » et de marques digitales. Ce tour de table en série F, qui propulse Rebel Foods au rang de licorne (valorisation à 1,4 Md USD) lui a permis de récolter 175 M USD.

Clause de non-responsabilité : Les Brèves économiques de la péninsule arabique, réalisées à partir d’informations recueillies en source ouverte, sont à but strictement informatif. Le SER décline toute responsabilité quant à l’utilisation qui pourrait être faite des informations qu’elles contiennent.