Toute l'actualité économique et financière hebdomadaire de l'Arabie Saoudite, du Bahrein, des Emirats arabes unis, du Koweit, d'Oman, du Qatar et du Yémen.

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Edito - Les exportations françaises retrouvent des couleurs 

Après deux années difficiles marquées par la crise sanitaire, les exportations françaises à destination des pays du CCEAG (5 Md EUR) se rapprochent de leur niveau prépandémique. Portées par les exportations de matériel de transport (+35% en g.a.), de produits chimiques et cosmétiques (+21% en g.a.), de produits électroniques (+46% en g.a.), de produits agro-alimentaires (+40% en g.a.) et de textiles (+40%), ces dernières affichent une croissance de 25% en glissement annuel (g.a.) au S1 2022, soit leur plus forte croissance depuis plus de 10 ans. 

Une hausse notable qui permet au solde commercial de se maintenir en territoire excédentaire malgré la hausse des prix du pétrole et la dépréciation de l’euro. Conséquence de la réouverture quasi-simultanée des principales économies mondiales et de l’éclatement de la guerre en Ukraine, les prix du pétrole se sont envolés de 65% en g.a. au S1 2022 entrainant dans leur sillage les importations françaises d’hydrocarbures (+305% en g.a.) et de produits pétroliers (+62% en g.a.) en provenance des pays du Golfe.  Une hausse significative accentuée par la dépréciation de la monnaie commune principalement imputable au resserrement de la politique monétaire américaine. Le solde commercial de la France avec les pays du CCEAG diminue ainsi à 0,04 Md d’euros au S1 2022, contre 1,59 Md au S1 2021.

 

Une chute significative de notre balance commerciale qui pourrait néanmoins être amortie d’ici la fin de l’année par un retrait des prix du pétrole.  D’après les estimations de la banque britannique Barclays, le prix moyen du Brent devrait descendre à 99 USD/b au S2 2022 (contre 107USD/b au S1 2022). Une baisse de 8% attribuable à la détérioration de la conjoncture économique mondiale. En juillet,  le FMI a d’ailleurs revu (à nouveau) ses perspectives de croissance mondiale à la baisse de 3,6% à 3,2% pour l’année 2022 en raison des fortes pressions inflationnistes dans les principales économies développées, du durcissement des conditions financières et de la résurgence de la pandémie de Covid en Chine. En tout état de cause, de nombreuses incertitudes demeurent entre les décisions de l’OPEP+, l’efficacité de l’embargo sur le pétrole russe et l'issue des négociations sur le nucléaire iranien. 

  

Graphique de la semaine - Solde commercial de la France vis-à-vis du CCEAG

Combil FR CCG 2022 S1

Sources : Douanes françaises, SER d'Abu Dhabi

 

Brèves 

Region   
  • Lors de leur réunion interministérielle le 3 août, les pays membres de l'OPEP+ ont décidé d'augmenter leur production de pétrole de 100 000 barils par jour en septembre après deux hausses de 648 000 barils par jour aux mois de juillet et d'août. A partir de septembre, le niveau de production du groupe retrouve donc son rythme pré pandémique. Etant donné les faibles marges d'augmentation qu'ont les producteurs - à l'exception de l'Arabie saoudite et des EAU, hors Iran - les quantités de barils produites devraient rester en deçà de la cible. Le groupe se réunira de nouveau le 5 septembre. 

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 Sources : KAMCO, SER d'Abu Dhabi

Arabie saoudite    
  • Le Président de la République, Emmanuel Macron, s'est entretenu avec le Prince héritier Mohammed bin Salman lors de sa visite en France le 28 juillet. Le Président et le Prince héritier ont échangé sur la situation géopolitique en Ukraine et au Yémen entre autres. Les deux parties se sont félicités du renforcement de la relation bilatérale et ont exprimé le souhait de l'approfondir. 
  • Le Fonds monétaire international a publié l'Article IV de l'Arabie saoudite. Après un rebond de l'activité économique saoudienne de 3,2% en 2021, le Fonds anticipe une accélération de 7,6% en 2022. L'Arabie saoudite devrait alors enregistrer son taux de croissance le plus élevé depuis près de dix ans, mais aussi l'un des plus élevés au niveau mondial pour l'année en cours. L'embellie des cours du pétrole devrait également soutenir les balances budgétaire (5,5% du PIB) et courante (17,2% du PIB) du Royaume en 2022. 
  • Durant la première moitié de l'année, l'excédent budgétaire saoudien a atteint 36 Md USD, contre un déficit de 3,2 Md USD pour la même période l'année précédente. Les recettes se sont élevées à 172,5 Md USD (+43% en g.a.), soutenues par le secteur des hydrocarbures (67% du total). Les dépenses ont quant à elles atteint 137 Md USD (+10% en g.a.), et ont financé en grande partie la masse salariale du gouvernement (49% du total). Pour l'année complète 2022, le gouvernement anticipe un excédent budgétaire à hauteur de 24 Md USD, soit 2,5% du PIB. 
Bahreïn  
  • Bahreïn a enregistré un excédent budgétaire de 88 M USD sur les six premiers mois de l'année contre un déficit de 1,4 Md USD l'année précédente. Les recettes du Royaume ont atteint 4,5 Md USD durant le premier semestre de 2022 (+52% en g.a.). Les dépenses se sont élevées à 4,4 Md USD (+2% en g.a.). Après un déficit budgétaire à hauteur de 11,1% du PIB en 2021, le programme de Bahreïn prévoit un retour à l'équilibre budgétaire d'ici à 2024. 
Emirats arabes unis   
  • Le Group 42, dédié à la recherche en intelligence artificielle, a créé un fonds d'investissement doté de 10 Md USD en collaboration avec le fonds gouvernemental Abu Dhabi Growth Fund. G42 Expansion Fund sera chargé d'investir dans des innovations technologiques dans les secteurs de la communication, la mobilité, les énergies renouvelables ou encore la santé.  
  • La société d'investissement International Holding Company (IHC) prévoit d'investir dans plusieurs pays (Indonésie, Colombie, Turquie et Inde) avec lesquels les EAU ont récemment signé un accord bilatéral, ou sont en discussions en ce sens. Selon Syed Basar Shued qui préside IHC, la compagnie vise les secteurs de l'agroalimentaire, les infrastructures et la santé. Les montants des investissements devraient se situés pour chacun entre 1 et 5 Md USD. IHC, filiale de Royal Group et détenant la valorisation boursière la plus élevée de la Fédération, a déjà acquis il y a quelques jours une participation de 50% au sein de la compagnie d'énergies renouvelables turque Kalyon Enerji Yatirimlari pour près de 500 M USD. 
  • Le trafic au sein de l'aéroport de Dubaï s'est élevé à 27,9 millions de personnes sur les six premiers mois de l'année 2022, contre 10,6 millions lors du premier semestre de 2021. Dubai International Airport s'attend à ce que le trafic pour l'année complète atteigne 62,4 millions de passagers (à titre de comparaison, le trafic s'était élevé à 86,4 millions en 2019). L'Inde arrive en top destination, suivie par l'Arabie saoudite et le Royaume Uni. 
  • L'activité hors-hydrocarbures des Emirats, mesurée par l'indice PMI, s'est établie à 55,4 au mois de juillet, contre 54,8 en juin. La demande en hausse continue de soutenir l'activité. 
Koweït    
  • Le marché du fioul à basse teneur en soufre (BTS) est sous tension et le Koweït, avec sa nouvelle raffinerie Al-Zour, devrait largement profiter de la situation. Ce fioul se retrouve depuis 2006 dans la plupart des diesel commercialisés en Europe et Amérique du nord. La guerre en Ukraine et les sanctions imposées ont grandement affecté le marché d’approvisionnement européen, qui se retrouve aujourd’hui obligé de se tourner vers de nouveaux producteurs. La nouvelle raffinerie Al-Zour, plus grande raffinerie du Moyen-Orient, spécifiquement dédiée à la production de fioul BTS devrait être complètement opérationnelle au début 2023, avec une production estimé à 1 million de tonnes de fioul par mois. De quoi soutenir l’approvisionnement européen et durablement modifier le marché du fioul BTS. 
  • Malgré une situation politique difficile et une pression inflationniste grandissante, le secteur bancaire koweïtien semble résister et retrouver des couleurs après la récession provoquée par la crise de la Covid-19. Le résultat net du secteur a augmenté de 3,4% au second trimestre 2022 pour atteindre 1,7 Md USD. Sur les neufs banques représentées, six ont enregistré leurs meilleurs résultats ce trimestre. 
  • L'activité dans le secteur de la construction a diminué de 90% au premier trimestre, pour un montant total de projets validés à 23 M KWD. Malgré un certain nombre de projets prévus, les principaux acteurs du marché sont pessimistes et les montants investis ne cessent de diminuer.  
  • Jazeera Airways, deuxième compagnie aérienne koweitienne et seule compagnie de droit privé, vient d’annoncer un bénéfice net de 7,8 M KWD (25 M EUR) pour le premier semestre 2022, un résultat solide après la perte nette de 11,7 M KWD (37.5 M EUR) en 2021 sur la même période. Le chiffre d’affaires a été multiplié par quatre.
Oman     
  • L’agence de notation Fitch a révisé à la hausse la note souveraine d’Oman, de BB- à BB, avec une perspective stable. L’agence estime notamment que l’excédent budgétaire du Sultanat pourrait atteindre 5,5% du PIB en 2022 (contre un déficit de 2,5% en 2021 selon le FMI).
  • Oman a enregistré un excédent budgétaire de 784 M OMR (env. 2 Md USD) au premier semestre 2022 contre un déficit de 1,1 Md OMR au premier semestre 2021, selon le ministère des Finances.
  • En coopération avec Oman 2040 Follow-up Unit, unité chargée du suivi de la stratégie de diversification nationale, le ministère de l’Economie a lancé le programme « Tanweea » afin d’accélérer l’essor des secteurs non pétroliers (logistique, transport, mines, industries de transformation, sécurité alimentaire, tourisme). Tanweea aura une forte dimension axée sur la recherche et l'analyse afin d'en tirer de nouvelles politiques et de nouveaux indicateurs de diversification. 
Qatar
  • L’Assemblée Nationale a ratifié le 4 août 2022, à 154 voix contre 126, l’accord intergouvernemental entre la France et le Qatar relatif à la sécurisation de la Coupe du monde, signé en mars 2021 en marge du salon Milipol, prévoyant des actions de conseil technique et d’assistance opérationnelle par l’intervention notamment de 220 experts français.  
  • Suite à la ratification par l’Émir le 10 août de la résolution gouvernementale n°11 de 2022, les entreprises devront ajouter des certificats de valeur nationale d’entreprise (in-country value ICV, montant dépensé dans les entreprises, services et capital humain qatariens) à leurs offres financières sur les marchés publics, à l’instar de ce qui se pratique déjà dans les appels d’offres publics dans le secteur des hydrocarbures. Cette modification a des répercussions sur les critères de sélection des entreprises lors des passations de marchés au Qatar, puisque seront sélectionnées les offres les moins chères à partir du calcul d’ICV. 
  • Le vice-premier ministre et ministre des Affaires étrangères, Cheikh Mohammed bin Abdulrahman Al Thani, a effectué mi-août une tournée en Asie pour rencontrer ses homologues de Singapour, de Malaisie, du Viêt Nam et de Corée du Sud. Il a notamment rencontré le roi de Malaisie et le ministre du Commerce international et de l’Industrie malaisien Mohamed Azmin Ali le samedi 13 août. Les discussions ont eu pour objet d’accroître les investissements dans la sécurité alimentaire, la finance islamique et le digital, peu après la signature de contrats signés par le géant laitier Baladna (création d'une JV pour la production de 100 M de litres de lait par an d’ici 2025 et 300 M d’ici dix ans) et de QatarEnergy (affrètement de sept méthaniers) avec des firmes malaisiennes.  
  • La production agricole totale du Qatar s’est établie à 773 000 tonnes en 2021 pour une surface de terres cultivables estimées à 13 430 hectares. Le Qatar a ainsi produit 102 000 tonnes de légumes, 30 000 tonnes de fruits 3 000 tonnes de céréales et 638 000 tonnes de fourrage pour le bétail. La stratégie nationale de sécurité alimentaire pose comme objectifs, d’ici 2023, de produire localement 30% de la viande rouge, 63% du fourrage, 70% des légumes et des œufs, 95% des poissons et 100% des poulets et des crevettes, mais en continuant d’importer toutes les céréales.  

 

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