Toute l'actualité économique et financière hebdomadaire de l'Arabie Saoudite, du Bahrein, des Emirats arabes unis, du Koweit, d'Oman, du Qatar et du Yémen.

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Edito - Pétrole, bourse et conjoncture

Cette semaine encore, ces trois thèmes continuent à marquer l’actualité économique du Golfe.

Sur le front du pétrole, la hausse en trompe l’œil des quotas de l’OPEP+ a alimenté l'hypothèse d’une future visite du Président américain dans la région et celle d’un recalibrage de la relation entre Washington et Riyad. Alors que Joe Biden voulait prendre ses distances, l’envolée du baril et les sanctions contre la Russie redonnent à l’Arabie Saoudite son rôle de “banque centrale du pétrole”. Et cette position de force pourrait s’accentuer avec la réouverture en Chine. Déjà les chiffres du commerce chinois ont installé le Brent au-delà des 120 USD depuis trois jours.

Sur les marchés, nouvelle semaine, nouvelles introductions en Bourse. Aux Emirats, le développeur Tecom, filiale de Dubai Holding, va introduire 12,5 % de son capital et espère lever au moins 500 M USD. Salik, l’opérateur de péage dubaïote, débute les présentations pour son IPO. En Arabie saoudite, c’est Alamar Foods, l’opérateur de Dominos Pizzas, qui est sur les rails pour entrer au Tadawul. Selon les calculs de Bloomberg, plus de 13,4 Md USD ont été levés sur les Bourses de la région depuis le début de l’année. Un record historique absolu pour un premier semestre.

Sur la conjoncture, à son tour, la Banque mondiale a réhaussé cette semaine ses prévisions de croissance pour la région : +1,2 point de pourcentage par rapport à janvier à 5,9 %. Localement, révision à la hausse également des prévisions de la Banque centrale des Emirats pour l’économie du pays (de 4,2 % à 5,2 %). Signaux avancés de ce regain d’activité dans la zone, les PMI parus ces derniers jours affichent des niveaux particulièrement élevés : 55,6 aux Emirats et 63,6 au Qatar. Rien de moins.

 

Graphique de la semaine - Flux des IDE entrants dans la péninsule ces trois dernières années, M USD

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Sources : CNUCED, SER d'Abu Dhabi

 

Brèves économiques 

Region   
  • Dans ses dernières perspectives économiques, la Banque mondiale estime l'accélération de l'activité économique à 5,9% en 2022 pour le CCEAG (soit 1,2 points de pourcentage de plus que les estimations de janvier) avec l'Arabie saoudite en tête à 7%. Toutefois, le rythme devrait ralentir dès 2023 pour la région avec 3,7% de croissance en moyenne.
  • En 2021, les EAU ont reçu la plus grande part des flux d’investissements directs à l’étranger (IDE) à destination de la péninsule (46,5% du total), soit 20,7 Md USD (contre 19,9 Md USD en 2020). Le dernier rapport de la CNUCED recense des flux d’IDE entrants en hausse de 67% (g.a.) dans la région à 44,4 Md USD. L’augmentation est essentiellement imputable aux flux ayant triplé en Arabie saoudite à 19 Md USD en 2021 contre 5,3 Md USD l’année précédente. Les flux des IDE des pays du Golfe dans le reste du monde ont également augmenté de 46% (g.a.) en 2021 pour atteindre 50,8 Md USD. Le premier investisseur à l’étranger était l’Arabie saoudite avec 23,8 Md USD (47% des flux sortants de la région).
  • Soutenues par l'embellie économique qu'assurent les hauts cours du pétrole et par la hausse des taux d'intérêt de la Fed, les banques de la région ont enregistré un rebond de leurs profits au T1 2022 atteignant 10,9 Md USD au total (+25% en glissement trimestriel et +31% en glissement annuel). Elles ont ainsi dépassé leur niveau pré-pandémique de 10,2 Md USD au T3 2019. Les résultats positifs des banques ont été tirés par les baisses des coûts et la baisse des provisions pour se couvrir des créances douteuses (-21,4% en g.t.). 
  • Dans la péninsule, les EAU se placent en première position (22ème sur 130 pays) de l'indice de résilience de FM Global. Ils sont suivis par le Qatar (32ème), l'Arabie saoudite (43ème), Bahreïn (53ème), Oman (54ème) et le Koweït (62ème). FM Global évalue la résilience des pays selon 12 indicateurs reflétant les conditions économiques, la qualité du risque et les chaînes d'approvisionnement de chacun. 
Arabie saoudite    
  • Selon les estimations de l'Autorité générale des statistiques (GASTAT), le produit intérieur brut réel de l'Arabie saoudite a augmenté de 9,9% au premier trimestre 2022 en glissement annuel (g.a) et de 2,6% en glissement trimestriel (g.t). Cette croissance record résulte de la forte augmentation des activités pétrolières (+20,3% en g.a et +2,9% en g.t). Les activités non pétrolières ont augmenté de 3,7% (0,9% en g.t). D'autre part, les activités gouvernementales ont augmenté de 2,4% par rapport à l'année précédente, mais ont témoigné d’une diminution de 0,9% par rapport au trimestre précédent.
  • Moody's confirme la note de crédit de l'Arabie saoudite à "A1" avec une perspective stable. La confirmation de la note est basée sur l'évaluation par Moody's de l’efficacité de la politique budgétaire saoudienne qui démontre un engagement en faveur de la consolidation budgétaire. Dans son rapport, l'agence prévoit une croissance du PIB réel de 5,0% en moyenne sur la période 2021-2023.
  • Le PIF acquiert une participation d’1 Md USD dans le groupe de jeux suédois Embracer. Le fonds souverain saoudien a acquis une participation de 8,1% (99,9 millions d'actions) renforçant ainsi son portefeuille dans ce secteur. Cette acquisition s’est faite par le biais du Savvy Gaming Group (SGG) du PIF, qui a été lancé en janvier dernier dans le cadre de sa stratégie d’investissement 2021-2025. Il vise à stimuler l'innovation dans des secteurs stratégiques tels que le divertissement, les loisirs et les sports. 
  • Le PIF a conclu un accord pour acquérir une participation de 24% dans Capital Bank Group. Le fonds souverain saoudien, a annoncé la signature d'un accord de souscription avec Capital Bank Group, l'un des plus grands groupes bancaires de Jordanie, d'Irak et de la région MENA. Selon les termes de l'accord, le PIF acquerra une participation de 23,97% dans le capital du groupe, pour une valeur de 185 M USD, représentée par l'émission de 63 millions de nouvelles actions.
Bahreïn   
  • Le gouvernement bahreïnien aurait mis en place 16 des 27 initiatives annoncées dans le cadre de son programme de relance économique présenté fin 2021. Parmi les mesures désormais en œuvre, le visa de résidence « Gold » dédié aux talents et investisseurs. Ce dernier aurait été accordé à plus de 2 000 expatriés depuis son introduction. Pour rappel, le Royaume compte sur ces 27 réformes afin d’améliorer son attractivité et retrouver l’équilibre de ses fondements macroéconomiques, et en particulier celui de sa balance budgétaire.
Emirats arabes unis   
  • La banque centrale des Emirats arabes unis a révisé à la hausse ses prévisions de croissance. En raison de la forte hausse des prix du pétrole, la CBUAE anticipe désormais une expansion de l’économie réelle nationale de 5,4% en 2022 (contre 4,2% en avril dernier) et de 4,2% en 2023 (contre 3,3% en avril dernier). Une reprise économique dynamique soutenue à la fois par le secteur des hydrocarbures (croissance réelle anticipée de 8% en 2022 et 5% en 2023) et le reste de l’économie (croissance réelle anticipée de 4,3% et 3,9%).
  • Les perspectives du secteur privé non pétrolier aux EAU s’améliorent. Un optimisme dont témoigne l’indice désaisonnalisé S&P Global UAE PMI qui grimpe à 55,6 en mai contre 54,6 en avril. Malgré les pressions inflationnistes, le dynamisme du secteur touristique maintient l’indice en territoire expansionniste, nettement au-dessus de sa moyenne des dix dernières années (54,1).
  • La Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) va investir 5Md USD dans le plus grand port du moyen orient et deux zones industrielles en périphérie de Dubaï. En vertu de l'entente, cette dernière devrait acquérir 22% des actifs portuaires du port de Jebel Ali pour 2,5 Md USD. Visant à réduire l’endettement de l’émirat, cette cessation pourrait permettre à l’entreprise publique DP World d’améliorer sa notation et  intégrer la catégorie « Investment grade » de l’agence Fitch.
  • Trois entreprises sud-coréennes ont signé un accord de 1 Md USD pour construire une usine d'hydrogène et d'ammoniac vert aux EAU. Potentielle alternative aux énergies fossiles, l’hydrogène vert représente un secteur stratégique pour le pays qui ambitionne de diversifier ses exportations et tirer parti de la transition énergétique mondiale. A horizon 2030, ce dernier s’est d’ailleurs fixé comme objectif de subvenir à 25% de la demande d’hydrogène mondiale. 
Koweït     
  • La Kuwait Petroleum Corporation négocie actuellement avec la Japanese Export Credit Agency afin d’obtenir une assurance pour le financement qu'elle négocie auprès d'un groupe de banques internationales, notamment HSBC et JP Morgan, pour un montant maximal d'un 1 Md USD sur 13 ans. Ce montant devrait financer des projets d'investissement, y compris liés à la production de pétrole et de gaz. Ces dernières années, plusieurs lois ont ordonné la redistribution des bénéfices de la société publique, limitant ainsi ses ressources propres, et incitant à la recherche de financement externe.
  • Bien que le taux de consommation d'électricité soit sur le point de franchir la barre des 15 000 MW, la consommation reste inférieure à la charge maximale prévue de 16 800 MW pour cet été pour une capacité de fonctionnement totale de toutes les centrales de 18 600 MW. Des préparatifs sont par ailleurs en cours pour une réunion avec des responsables de l'Autorité d'Interconnexion Electrique du Golfe afin de discuter du renforcement des lignes d'interconnexion entre le Koweït et l'Arabie saoudite, ainsi que du projet de connexion du système électrique du Golfe avec l'Irak.
  • Selon MEED, les projets pétroliers du Koweït ont connu des retards importants au cours des deux dernières années. Il y a 320 M USD de projets pétroliers au stade de l'offre de contrat, et 350 M USD au stade de l'évaluation des offres. En 2020 et 2021, la Kuwait Oil Company a proposé un grand nombre de projets d'oléoducs, dont la valeur se situe souvent entre 50 et 250 M USD. MEED note qu'un grand nombre de contrats portant sur de petits projets ont connu de grands progrès, alors que beaucoup des projets les plus ambitieux ont subi d'importants retards, et que seuls quelques très grands projets ont été proposés.
Oman     
  • Oman a enregistré un excédent budgétaire de 468 M OMR (1,2 Md USD) sur les quatre premiers mois de 2022. Dans le détail, les recettes publiques ont progressé de 52,3% en g.a., à 4,2 Md OMR (10,9 Md USD), portées notamment par la hausse des revenus du pétrole et du gaz. Les dépenses ont pour leur part enregistré une augmentation plus mesurée de 4,2%, à 3,7 Md OMR (9,6 Md USD).
  • L’indice général des prix à la consommation a progressé de 3,7% sur les quatre premiers mois de 2022 en glissement annuel. Dans le détail, cette hausse a été principalement soutenue par les augmentations de 5,1% des prix des denrées alimentaires (23,9% de l’indice général des prix) et de 7% des prix du transport (19,2% de l’indice).
  • Le montant total des transactions immobilières au Sultanat s’est établi à 2,6 Md OMR (soit 6,8 Md USD) en 2021, en hausse de 4,3% en glissement annuel. Ce léger rebond du marché immobilier s’explique en grande partie par la reprise de l’activité économique et l’allègement des restrictions sur les déplacements au 2nd semestre 2021.
Qatar
  • Le Gouverneur de la Banque Centrale qatarienne Cheikh Bandar Bin Mohammed Al-Thani a indiqué lors d’une conférence de presse le 29 mai que le PIB du Qatar devrait croître de 3,5% en 2022, une estimation proche des dernières prévisions du FMI (3,4%). Il a également évoqué l’intention du Qatar d’accorder des licences aux entreprises de fintechs.
  • Air France opérera une desserte entre Paris et Doha durant la Coupe du Monde de football fin 2022, liaison actuellement réalisée exclusivement par Qatar Airways. La compagnie nationale française a obtenu l’accord des autorités qatariennes pour relancer des vols entre Paris-CDG, Dubaï et l’aéroport international de Doha, permettant ainsi le transport des fans venus assister aux matchs.
  • En augmentation continue depuis le début de l’année 2022, l’indice PMI (Purchasing Manager's Index) s’établit à 63,6 en avril 2022, contre 52,1 en avril 2021 et 61,8 en mars 2022. Constamment au-dessus de 50 depuis juillet 2020, il matérialise une nette croissance de l’activité hors hydrocarbures du Qatar.
  • Le volume du fret traité dans les ports de l’Émirat s’est établi à 21,4 Mt sur les quatre premiers mois de l’année 2022, soit une hausse de 3% en glissement annuel. Les trois quarts de ces volumes sont manutentionnés dans les ports de Messaied (8,3 Mt) et de Hamad (7,2 Mt).
  • Le nombre de touristes au Qatar sur les quatre premiers mois de l’année a été multiplié par 6 (414 000 visiteurs) par rapport à la période janvier-avril 2021.
Yémen
  • FMI a conclu sa mission sur la situation économique du Yémen après avoir rencontrer les autorités du pays en Jordanie. La guerre en Ukraine a exacerbé la crise humanitaire que vit le pays depuis 2014. Les tensions mondiales sur les prix des denrées alimentaires aggravent la détresse de la population où 19 millions de personnes – soit deux tiers du total – devraient être en situation d’insécurité alimentaire en 2022 selon le Programme Alimentaire Mondial (PAM). L’aide financière de 3 Md USD promise par l’Arabie saoudite et les Emirats en avril devrait soulager la pression sur les finances du gouvernement. Pour 2022, le Fonds estime la croissance du PIB à 2% sous condition d’avancées positives du conflit.

 

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