Toute l'actualité économique et financière hebdomadaire de l'Arabie Saoudite, du Bahrein des Emirats arabes unis, du Koweit, d'Oman, du Qatar et du Yémen.

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Edito - C'est comme le dentifrice...

...l’inflation, une fois sortie du tube, difficile de la faire entrer à nouveau”, disait l’ancien gouverneur de la Bundesbank, Karl Otto Pohl.

Le mois dernier, l’inflation américaine a atteint 8 % sur un an, au plus haut depuis quarante ans, celle de l’Eurozone 7,5 %. Trois catégories de produits concentrent l’essentiel de la hausse : l’énergie, les transports et l’alimentation. La FAO a révélé cette semaine que le prix des denrées alimentaires était en hausse de 31 % en mars sur un an, un record. Les causes sont connues : une reprise économique plus rapide que prévue, des difficultés persistantes dans les chaines logistiques internationales en provenance de Chine et la montée des tensions géopolitique avec l’invasion de l’Ukraine par la Russie.

Dans la région, l’inflation accélère mais demeure à un niveau moins élevé qu’ailleurs. Cette situation s’explique en partie par l’accès privilégié des pays du Golfe à l’énergie en tant qu’exportateurs d’hydrocarbures, par les dispositifs de subvention ou de contrôle des prix. L’inflation s’élevait à 3% en moyenne dans la région fin 2021. Selon les données parues cette semaine, elle a atteint 4,4 % au Qatar en février et 3,6 % à Oman en mars. Les Emirats, dont les derniers chiffres officiels situaient l’inflation à 2,3% fin décembre (un niveau modéré que la hausse rapide du carburant depuis le début de l'année devrait changer), ont annoncé il y a quelques jours un dispositif temporaire de contrôle des prix alimentaires. 

A court terme, ce différentiel d’inflation devrait favoriser l’afflux de capitaux sur les marchés financiers de la zone, déjà en forte hausse. L’IPO de DEWA (Dubai Electricity and Water Authority) à la Bourse de Dubaï cette semaine, pour 6,1 Md USD, l’illustre. Elle est à la fois la plus importante introduction en Bourse de la région depuis celle d’Aramco en 2019 et la deuxième plus importante au monde depuis le début de l’année 2022. L’opération a été sursouscrite 37 fois (86 Md USD, hors investisseurs stratégiques comme ADQ) et DEWA a triplé le nombre d’actions offertes pour profiter de cet enthousiasme. DEWA est désormais valorisée près de 40 Md USD. A titre de comparaison, la capitalisation en Bourse d’EDF s’élève à 35,6 Md USD et celle d’Engie à 31 Md USD.

 

Graphique de la semaine - Cours des matières premières (2010 = 100) et inflation moyenne dans le CCEAG (%)

                      graphique                                                                     légende graphique

Sources : FRED, FMI et SER d'Abu Dhabi

 

Brèves économiques 

Region   
  • Les exportations israéliennes de matériels militaires à destination de Bahreïn et des EAU ont atteint près de 800 M USD en 2021, soit 7% des exportations militaires d'Israël dans le monde. Ces dernières ont atteint un record sur les deux dernières décennies avec 11,3 Md USD. Depuis les Accords Abraham en 2020, les pays ont signé plusieurs accords afin d'approfondir leurs relations économiques. Plus récemment, les EAU ont annoncé la clôture des négociations d'un accord commercial bilatéral avec Israël.   
  • Les EAU et le Qatar font partie des 25 pays les plus attractifs au monde selon le cabinet de conseil AT Kearney. Les EAU et le Qatar sont respectivement 14ème et 24ème dans l'indice de confiance mondial des IDE (FDICI) en 2022. Selon la firme, la France se situe dans le top 5 mondial des pays les plus attractifs. AT Kearney classe les marchés susceptibles d'attirer le plus d'investissements au cours des trois prochaines années sur la base d'un sondage auprès de dirigeants d'entreprises du monde entier. 
Arabie saoudite    
  • La production industrielle augmenté de 22,3% en février 2022. L'IPI a continué à afficher des taux de croissance positifs pour le dixième mois consécutif.  L'augmentation de la production industrielle résulte d'une production plus élevée dans les trois sous-secteurs des mines et carrières, de l'industrie manufacturière et de la fourniture d'électricité et de gaz.
  • KPMG prévoit une croissance de 6,7% pour 2022 en Arabie saoudite. Selon les dernières prévisions du cabinet d’audit, la croissance atteindra 6,7% après avoir enregistré 3,3% en 2021, en rebond de la contraction d’activité de 4,1% en 2020. En 2022, l’activité sera tirée par l’augmentation du secteur pétrolier (hausse de la production et prix élevés) et par le dynamisme du secteur non pétrolier. Pour 2023, KPMG retient une hypothèse de croissance de 3,9%. L’inflation devrait augmenter à 2,7% en raison des tensions sur les chaînes d’approvisionnement dans de nombreux secteurs. La baisse du chômage engagée en 2021 devrait se poursuivre. 
  • Les transferts sociaux aux familles saoudiennes ont atteint 480 M USD en avril 2022. Le programme national de soutien, Citizen Account Program, a été créé pour protéger les ménages saoudiens des impacts des réformes économiques en cours via des transferts mensuels. Le programme a redistribué 31 Md USD depuis son lancement en décembre 2017. En avril 2022, 10,3 millions de personnes (1/3 de la population) ont bénéficié de ces transferts, soit environ 1,7 million de foyers. Le montant moyen par ménage s’est élevé à 1 065 SAR soit 284 USD. 
Bahreïn   
  • Investcorp lance sa plateforme d'investissement dans les infrastructures en Amérique du Nord. Le gestionnaire d'actifs compte déjà plusieurs investissements dans la région, et en particulier aux Etats-Unis où il détient de nombreux biens immobiliers. En février, il a acquis 64 propriétés industrielles pour 640 M USD. Avec des actifs sous gestion à 40,4 Md USD fin 2021, Investcorp aspire à atteindre 100 Md USD d'ici 2030.
  • Investcorp créé un fonds d'investissement qui se concentrera sur les start-up spécialisées dans la blockchain. Investcorp n'a pas précisé le montant qu'il prévoyait de lever pour ce fonds qui sera basé à Abu Dhabi. 
  • Afin d'attirer de nouveaux utilisateurs, la plateforme de cryptomonnaies Rain a supprimé ses frais de transaction. Lancée en 2017, Rain avait obtenu une licence de la Banque centrale de Bahreïn en 2019, devenant la première plateforme règlementée de la région.
Emirats arabes unis   
  • L'autorité de l'eau et de l'électricité de Dubaï (DEWA) est désormais cotée en Bourse. Avec une levée de 6,1 Md USD, l'entreprise publique réalise la deuxième plus importante introduction en Bourse jamais réalisée au Moyen-Orient après Saudi Aramco. Cette introduction s'inscrit dans la stratégie portée par les autorités dubaïotes visant à relancer leur marché financier. Le ministre des Finances et Vice-émir de Dubaï avait annoncé en novembre dernier la cotation de dix entreprises publiques. Si la liste complète n’a pas été rendue publique, des entreprises telles que Salik, Tecom, Empower, Dubai Duty Free, Jumeirah group et Emirates Airlines devraient être les prochaines.
  • Les Emirats Arabes Unis accueillent leur première société d'acquisition à vocation spécifique (SPAC). Portée par ADQ et Chimera Investments, deux sociétés d’investissements émiriennes, cette dernière ambitionne de lever 367 M AED (100 M USD) sur la place boursière d’Abu Dhabi (ADX). Sous le nom de ADC Acquisition Corporation, ce véhicule d’investissement vise à offrir aux entreprises ciblées un accès au capital plus rapide et moins coûteux que la méthode traditionnelle d’introduction en Bourse (IPO).  
  • L’activité hors-hydrocarbures de l’émirat de Dubaï (mesurée par l’indice PMI) a atteint 55,5 en mars (contre 54,1 en février), soutenue par le dynamisme de la demande. C’est le niveau le plus haut atteint par Dubaï depuis juin 2019. 
  • Le Cabinet des EAU, présidé par Sheikh Mohammed bin Rashid Al Maktoum, Vice-président et Premier ministre des EAU, a approuvé une stratégie visant à porter la contribution de l'économique numérique à 20% de l'économie nationale brute non pétrolière dans les années à venir. Le Cabinet a également approuvé la formation d'un Conseil de l'économie numérique. 
  • Le ministère de l’Economie émirien a dévoilé une nouvelle mesure visant à encadrer les prix de l’alimentation. En réponse à la flambée du cours des matières premières, toute augmentation de prix d’un panier de denrées alimentaires parmi les plus consommées (lait, sucre, volaille, pain, etc.) est désormais conditionnée à l’accord préalable des autorités.  
  • La banque centrale sud-coréenne et son homologue émirienne ont reconduit leur accord de swap de devises pour les cinq prochaines années. Initialement signée en 2013, cette ligne s’élève à 20 Md AED (5,5 Md USD).
Koweït    
  • Les données de l’année fiscale 2021-22 affichent en ce début avril un déficit budgétaire de 2,2 Md KWD (7,2 Md USD), soit le deuxième plus faible depuis 2015. Les recettes du pétrole ont en effet atteint 16,7 Md KWD (54,8 Md USD), soit 7,6 Md KWD (24,9 Md USD) de plus que ce qui était prévu dans le budget initial. Cette hausse s’explique par la montée en flèche des prix du pétrole ces derniers mois, le baril koweïtien s’élevant à 79,86 USD en moyenne durant l’année. Ce déficit restreint s’explique également par la réduction des dépenses du gouvernement d’environ 10% par rapport à la LFI.  
  • S&P confirme la dégradation de la note de crédit souveraine du Koweït de AA- vers A+ avec une perspective négative, le marasme institutionnel perdurant. Dans son rapport publié cette semaine, l’agence a estimé en outre que le total des actifs financiers du fonds souverain, à l’exclusion du fonds de réserve général, s’élève à environ 400% du PIB en ce début 2022. Selon l’agence, le Brent brut devrait atteindre en moyenne 88 USD le baril en 2022, et la production de pétrole du Koweït s’élever à 2,73 M b/j, contre environ 2,4 M b/j l’année dernière.
  • La Kuwait Oil Company a signé plusieurs contrats d'une valeur de 112,3 M KWD (370 M USD) au cours du premier trimestre 2022. Les 23 projets, dont la mise en œuvre s'étend sur plusieurs années, s’inscrivent dans le cadre du plan stratégique du Koweït qui vise à augmenter la production de pétrole à 3,5 M b/j d'ici 2025, et 4 M b/j d'ici 2035. 
  • La dette publique arrivant à maturité sur la période 2021/22 à 2027/28 s’élève à 3,49 Md KWD (11,4 Md USD), répartie entre les obligations internationales (2,44 Md KWD ; 8 Md USD) et locales (1,05 Md KWD ; 3,4 Md USD). La part arrivant à maturité pendant l’exercice actuel (2021/22) est de 1,62 Md KWD (5,6 Md USD). Le Koweït devra rembourser 240 M KWD (787 M USD) en 2022/23.
  • En 2021, le gouvernement a versé 137,5 M KWD (450 M USD) de subventions de matériaux de construction. Les dépenses mensuelles pour ces derniers sont passées de 5,1 M KWD (16,7 M USD) en janvier à 21,5 M KWD (70,5 M USD) en décembre. Cette hausse illustre la croissance du secteur de la construction dont le secteur résidentiel a été témoin au cours du second semestre de l'année. En outre, le gouvernement a également subventionné à hauteur de 78,9 M KWD (258,6 M USD) neuf produits alimentaires de base : riz, sucre, lentilles, huile de maïs, lait en poudre, aliments pour bébés, pâte de tomate et poulet congelé. 
Oman    
  • Selon les données du Centre national pour les statistiques et l’information (NCSI), l’inflation a progressé de 3,6% fin mars 2022 en g.a. Dans le détail, cette hausse générale des prix a été principalement alimentée par l’augmentation du prix des transports (6,6 %) et de la nourriture (4,9%), en particulier l'huile, les légumes et les fruits.
  • Les autorités omanaises prévoient de privatiser plus d’une trentaine d’entreprises publiques affiliées au fonds souverain Oman Investment Authority (OIA) d’ici 2025 selon S.E. Abdul Salam al Murshidi, Président de l’OIA. Ce programme de privatisation vise notamment à attirer des investisseurs étrangers et à accroitre le rôle du secteur privé dans l’économie omanaise. 
  • Le nombre de touristes au Sultanat d’Oman a été multiplié par plus de cinq en février 2022 en g.a., à 122 000 visiteurs selon le Centre national pour les statistiques et l’information (NCSI). Les ressortissants français ont représenté 4,2% du volume total de touristes, derrière les ressortissants du Conseil de coopération du Golfe (36,8%) et d’Inde (12,7%), mais devant les ressortissants britanniques (4%).
Qatar
  • La Banque centrale a publié la balance des paiements pour l’ensemble de l’année 2021 : le solde courant affiche un excédent de 26,3 Md USD, contre un déficit de 3,6 Md USD en 2020. Ce résultat est essentiellement lié au fort excédent de la balance commerciale qui s’élève à 59,2 Md USD en 2021 (+131% en g.a.), portée par une hausse des exportations (+69%, 87,3 Md USD). Les transferts de fonds des travailleurs s'élèvent quant à eux à 10,9 Md USD en 2021 (+9% en g.a.). L’excédent de la balance des paiements est quant à lui passé de 512 M USD à 1,1 Md USD
  • L’inflation s’établit à 4,4% en février 2022 (contre 4,0 % le mois précédent). Les prix des logements, eau et électricité, passés en février 2022 en territoire légèrement positif (+0,6%) pour la première fois depuis janvier 2017, poursuivent leur hausse (+2,3 %). L’augmentation des prix des transports se poursuit mais ralentit (+1,6 %) tout comme ceux de l’alimentation (+3,4 %).
  • Le Ministre qatarien des Transports Jassim bin Saif Al Sulaiti était en visite en Iran le 10 avril où il a rencontré son homologue le Ministre des routes et du développement urbain. Différents aspects de la coopération bilatérale dans les transports ont été discutés dont la navigation, les ports commerciaux, le transport aérien et l’aviation civile et la Coupe du Monde. Un accord entre les deux pays a été signé en vue de la connexion de la nouvelle région d’information de vol qatarienne (Doha FIR), dont la création a été approuvée à l’Organisation Aviation Civile Internationale le 25 mars 2022, avec la FIR de Téhéran. 
  • QatarEnergy a signé une série d’accords d’affrètement à temps avec une filiale de l’entreprise japonaise de trading de matières premières Mitsui pour l’affrètement et l’opération sur le long-terme de quatre méthaniers. Ces méthaniers seront construits par la China State Shipbuilding Corporation (CSSC Hudong-Zhonghua). En 2021, le Japon a reçu 9% des exportations qataries de gaz. 
  • La population du Qatar s’élevait à 2,8 millions de personnes à la fin du mois de mars 2022 (+7% en glissement annuel).
  • L’agence Fitch Ratings a confirmé la note de défaut émetteur du Qatar pour les émissions en devises à long-terme à AA-, associée à la perspective « stable ». + détail 

 

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