Toute l'actualité économique et financière hebdomadaire de l'Arabie Saoudite, du Bahrein des Emirats arabes unis, du Koweit, d'Oman, du Qatar et du Yémen.

entete

Edito - Pétrole : remède souverain ?

Le 1er avril, S&P a réhaussé la note souveraine d’Oman de B+ à BB-, assortie d’une perspective stable. C’est la première hausse de notation dans la région depuis la pandémie. La notation omanaise baissait depuis 2015 et avait atteint B+ en octobre 2020. A ce moment-là, l’agence s’inquiétait de la dégradation continue des finances publiques et anticipait une hausse rapide de la dette nette du gouvernement au-delà de 30 % du PIB sur fond de stagnation du marché pétrolier. 

La donne a changé : le pétrole est de retour. Outre des prix en hausse, la production omanaise d’or noir devrait augmenter à 1,04 M b/j cette année, 1,14 M b/j en 2025, après 0,96 M b/j en 2021.  Le pays devrait ainsi dégager un excédent courant de 3,4 % du PIB en 2022, après des déficits de 5,6 et 11,7 % en 2021 et 2020, selon S&P. Pour la première fois depuis 2013, le solde budgétaire devrait être positif, à hauteur de 5,7 % du PIB, après -3,8% en 2021 et -15,3 % en 2020. Conséquence, le scénario d’une envolée de la dette n’aura pas lieu : la dette publique nette devrait se réduire à 3% du PIB (pour une dette brute à 49% du PIB). 

Les réformes entreprises par le nouveau sultan, Haitham bin Tariq Al Said, (TVA, baisse des subventions, et rationalisations des actifs publics) accompagnent ce retournement conjoncturel salutaire, mais sont encore loin de sortir le pays de sa dépendance aux hydrocarbures qui représenteront cette année selon l’agence de notation 40 % du PIB, 60 % des exportations et 75 % des recettes. Oman reste à la merci d’un ralentissement de l’activité économique mondiale, de la Chine en particulier son principal client pour le pétrole. 

L’embellie financière concerne aussi le Koweït et le Bahreïn, dont les notations souveraines ont baissé ces dernières années. Mais comme à Mascate, la pérennité de la reprise actuelle, au-delà de la remontée des cours du baril, dépendra de la capacité de leurs gouvernements à réformer leur modèle d’Etat rentier en profondeur.  

 

Graphique de la semaine - Notations souveraines de Standard & Poor's pour la région et cours du Brent

                       s&p

                                                                 legende

Sources : S&P, SER d'Abu Dhabi

 

Brèves économiques 

Region 
  • Selon un rapport de Chalhoub Group, plus gros acteur de la distribution sur le marché du luxe dans le Golfe, les dépenses personnelles dans le luxe ont atteint 9,7 Md USD en 2021 (+23% par rapport à 2019). Le groupe estime que ce montant atteindra 11 Md USD d'ici à 2023. Les EAU sont le premier marché dans la région (49% des dépenses du CCEAG; +23% par rapport à 2019), suivis par l'Arabie saoudite (23% du total ; +19% par rapport à 2019), le Koweït (14%; +35% par rapport à 2019), le Qatar (10% ; +19% par rapport à 2019). Le reste du CCEAG représente 5% du total, avec des dépenses en hausse de 13% par rapport à 2019.
Arabie saoudite    
  • Le Purchasing Managers’ Index (PMI) de l'Arabie saoudite, mesurant l'activité hors-hydrocarbures, a atteint 56,8 en mars 2022 contre 56,2 le mois précédent. Il s’agit de sa plus forte augmentation depuis décembre 2017. Elle tient notamment à l'amélioration conséquente dans les délais d’achat et de livraison des principaux fournisseurs. Il s’agit, selon S&P Global, d’un fort signal du développement de l’économie non-pétrolière.
  • Le taux d'inflation en Arabie saoudite pourrait passer de 1,7% à 2,4% en 2022, selon les prévisions révisées de Jadwa Investment. Les récents développements liés aà l'invasion de l'Ukraine par la Russie ont poussé à la hausse les prévisions d'inflation dans de nombreuses régions du monde, y compris en Arabie saoudite, et les prix des produits de base, dont le blé, le pétrole et le gaz naturel, ont subi un impact considérable ces dernières semaines.
  • L'Arabie saoudite va consacrer 33 Md USD au secteur des TIC en 2022. Dans le cadre du plan de diversification économique du royaume, Vision 2030, l'Arabie saoudite cherche à faire passer la contribution du secteur des TIC au PIB de 3,6% en 2017 à 4,6% en 2023. Selon l'International Data Corporation (IDC), le secteur des TIC du royaume, évalué à 32,1 Md USD, a connu une expansion de 8% entre 2019 et 2021.
Bahreïn  
  • La banque américaine Citigroup cède ses activités de détail à sa concurrente local Ahli United Bank BSC. Désireuse de se concentrer sur ses activités institutionnelles, la cession comprend les activités de banque de détail, de cartes de crédit et de prêts. L’accord devrait être finalisé avant la fin de l’année.
  • Le prince héritier Salman bin Hamad Al Khalifa et le premier ministre japonais Fumio Kishida se sont entretenus mardi par téléphone. Outre le renforcement de la coopération bilatérale entre le Japon et Bahreïn, les deux leaders ont affirmé leur volonté d’œuvrer ensemble à la stabilisation des cours du pétrole. Cet échange s’inscrit dans la démarche diplomatique initiée par le Japon visant à engager la coopération des pays du Golfe pour contenir la hausse des prix de l’énergie.
  • Les autorités bahreïniennes ont annoncé la mise en œuvre d’une surveillance accrue du prix des denrées alimentaires. Cette annonce fait suite à la découverte de plusieurs stocks cachés de fruits et légumes destinés à augmenter artificiellement leur prix de vente. Une pratique d’autant plus contestable qu’elle s’inscrit dans un contexte inflationniste (Crise ukrainienne, recrudescence de la pandémie en Chine, hausse de la demande domestique pendant le Ramadan. 
Emirats arabes unis   
  • La Banque centrale a publié son rapport du 4ème trimestre 2021. Après une contraction de 6,1% en 2020, le PIB émirien a rebondi de 2,3% durant l'année 2021, soutenu par l’activité hors-hydrocarbures (+3,8%). L’activité hydrocarbures a quant à elle reculé de 1,4% en 2021, contrainte par les quotas de production décidé dans le cadre de l’OPEP+, mais devrait rebondir de 5% en 2022. Pour 2022, la Banque centrale prévoit un accroissement de l’activité économique de 4,2% et une hausse des prix à la consommation de 2,7% (contre 2,5% en 2021). 
  • Abu Dhabi a enregistré une croissance économique de 1,9% en 2021,  soutenue par le segment hors hydrocarbures (+4,1% en g.a.). Ce sont essentiellement les secteurs industriel et de la construction qui ont contribué au PIB hors hydrocarbures, respectivement à hauteur de 8,4% et 7%. L’activité hydrocarbures (représentant 50,3% du PIB) a quant à elle reculé de 0,2% en 2021, restreinte par les quotas de production décidés par l’OPEP+. Depuis 2019, Abu Dhabi n’avait pas publié de statistiques officielles sur son économie. 
  • Selon la banque Standard Chartered, les EAU ont besoin de 2 500 Md AED (680 Md USD) pour réaliser leur transition "net zéro". Selon les scénarios de financement de la banque, l'auto-financement impacterait davantage le pouvoir d'achat des ménages à travers la hausse des taxes et l'endettement croissant du gouvernement. Pour rappel, les EAU espèrent atteindre la neutralité carbone d'ici 2050 et prévoient pour l'instant d'investir 160 Md USD en ce sens. 
  • L’autorité en charge de l’eau et de l’électricité à Dubaï, DEWA, a fixé le prix initial pour son IPO entre 2,25 AED et 2,48 AED, estimant la levée à 22,3 Md AED (6,1 Md USD). DEWA prévoit de rendre public 18% de son capital. Il s'agit de la la plus grande IPO aux EAU et dans la région depuis celle de la compagnie pétrolière saoudienne Saudi Aramco en 2019.
  • Après plusieurs mois de négociations, les EAU ont conclu les discussions de l'accord commercial bilatéral avec Israël. Près de 95% des produits échangés par les deux pays sont concernés par l'accord et seront à terme exemptés de droits de douane, notamment l'agriculture, les cosmétiques et les médicaments. Pour mémoire, le commerce bilatéral s'est élevé à 900 M USD en 2021. Depuis les Accords Abraham en 2020, les deux pays aspirent à approfondir leur relation économique et ont pour cela créer un fonds d'investissement conjoint doté de 10 Md USD.
Koweït   
  • Le gouvernement koweïtien a présenté sa démission mardi, un jour avant un vote de censure contre le Premier ministre au Parlement. Le gouvernement sortant avait été nommé en décembre 2021. Cette démission collective est la troisième depuis janvier 2021. Les dysfonctionnements du système politique de l’émirat entravent depuis plus d’une décennie le développement économique de l’émirat, dissuadant les investissements étrangers et contrecarrant l’introduction d’une réforme fiscale et les efforts de diversification de l’économie. 
  • Le Koweït devrait attribuer des projets d'une valeur totale de 3 Md KD (9,9 Md USD) durant l'année 2022. Selon la National Bank of Kuwait, la résolution du ministre des Finances sur le non renouvellement des contrats de propriété de l'Etat signés dans le cadre BOT (build-operate-transfer) et le transfert de ces contrats à l'Autorité des partenariats public privé (KAPP) devrait contribuer de manière significative les dépenses d'investissements du gouvernement. Ces dernières représentent 13% des dépenses totales du gouvernement dans le budget 2022-23.
  • Le fonds souverain de l’émirat, la Kuwait Investment Authority (KIA), a déclaré que ses investissements en Russie et en Ukraine sont « négligeables » et ne dépassent pas 0,29 % du total des investissements du Fonds de Réserve pour les Générations Futures (principal fonds du pays). Selon les chiffres de 2021, la KIA gèrait des actifs d’un montant de 740 Md USD, soit plus de 5 fois son PIB. 
Oman   
  • L’agence de notation Standard & Poor’s a révisé à la hausse la note souveraine d’Oman, de B+ à BB- avec une perspective stable, pour la première fois depuis 2015. L’agence estime notamment que l’excédent budgétaire du Sultanat pourrait atteindre 5,7% du PIB en 2022 (contre un déficit de 3,8% en 2021).
  • Selon l’agence Reuters, Oman a obtenu de la part d’un pool bancaire régional et international un prêt de 4 Md USD sur sept ans à un taux de LIBOR + 350 points de base. Ces fonds devraient notamment permettre de refinancer un emprunt à 15 mois de 2,2 Md USD contracté au début de l’année 2021.
  • Producteur modeste de blé, Oman a annoncé la signature de nouveaux accords d’importation à hauteur de 160 000 tonnes – soit environ 46% de sa consommation annuelle – avec l’Inde (100 000 tonnes), l’Australie (35 000 tonnes) et l’Argentine (25 000 tonnes). Ces accords devraient permettre de pallier aux risques de pénurie dans le sillage de la guerre en Ukraine selon Ibrahim al Amri, directeur des opérations de l’Oman Flour Mills Company. 
Qatar
  • L’Autorité de la Planification et des Statistiques a publié les chiffres du PIB pour le quatrième trimestre 2021, qui affiche une croissance de 2,0% en glissement annuel. Sur l’ensemble de l’année 2021, le PIB qatarien est en hausse de  1,5% en g.a. tiré par la croissance du secteur hors-hydrocarbures (+2,6% en g.a. contre -0,3% pour le secteur hydrocarbures). Pour mémoire, le Fonds Monétaire International faisait état en octobre dernier de prévisions de croissance à 1,9% pour 2021.
  • La balance commerciale de marchandises du Qatar affiche un excédent de 13,3 Md USD en janvier-février 2022 (+81% en g.a.). Les exportations totales ont augmenté de 61% (18,5 Md USD), tirées à la hausse par les exportations d’hydrocarbures (74 Md USD, +75%). Les importations ont, elles, augmenté de 26% (5,2 Md USD).
  • La première livraison de gaz naturel qatarien à la province du Shandong à l’est de la Chine, est arrivée le 3 avril au terminal de Qingdao opéré par la major chinoise Sinopec. Cette cargaison, d’un volume de 205 000 m3, s’inscrit dans un contrat de fourniture de 10 ans signé entre Sinopec et Qatar Energy (à l’époque Qatar Petroleum) en mars 2021, prévoyant la livraison de 2 Mt annuelles  (soit 2,8 Mds m3). Sinopec vise à doubler la capacité de l’usine de Qingdao d’ici 2023 pour la porter à 14 Mt/an.
  • Le volume du fret traité dans les ports de l’Émirat s’est établi à 10,9 Mt en janvier-février 2022, soit une hausse de +6% en glissement annuel. Les deux tiers de ces volumes sont manutentionnés, à peu près à parts égales, dans les ports de Messaied et de Hamad.
  • Le nombre de touristes au Qatar sur les deux premiers mois de l’année 2022 a été multiplié par cinq (163 000 visiteurs) par rapport à la période janvier-février 2021.
  • La Banque Centrale du Qatar (QCB) a émis 165 M USD en bons du Trésor pour le mois d’avril, qui se distribuent en trois tranches : une première de 82 M USD à maturité de trois mois à 0,75%, une deuxième de 55 M USD à maturité de six mois à 1,0% et une troisième de de 27 M€ à maturité de neuf mois à 1,15%.

 

Vous avez manqué les derniers numéros de nos brèves ? Retrouvez-les ici :

Pour s'abonner et ne manquer aucune des brèves économiques de la péninsule arabique, cliquez ici.

Clause de non-responsabilité : Les Brèves économiques de la péninsule arabique, réalisées à partir d’informations recueillies en source ouverte, sont à but strictement informatif. Le SER décline toute responsabilité quant à l’utilisation qui pourrait être faite des informations qu’elles contiennent.