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Edito - OPEP+, hausse des quotas en trompe-l'oeil 

Accélération de la hausse ? Les vingt-trois pays de l'alliance OPEP+ ont convenu le jeudi 2 juin d'augmenter plus fortement que prévu leur production en ajoutant 648 000 barils par jour au mois de juillet ainsi qu'au mois d'août. Comme chaque mois depuis l’été 2021, la hausse devait être de 432 000 barils.

Les Etats-Unis, qui font pression sur l'alliance depuis plusieurs mois pour augmenter la production et contenir la hausse des cours, ont salué la décision prise par le groupe et le rôle de Riyad dans ce nouveau consensus.

Cette décision de l’OPEP+ intervient après que l’UE a décidé, trois jours plus tôt, d’appliquer un embargo sur les importations par bateau de pétrole russe. L’Europe coupera plus de 90% de ces flux d’ici à la fin de décembre 2022 et de même pour les produits raffinés à partir de février 2023.

Cette accélération de la production de pétrole brut relève toutefois davantage du message adressé aux marchés que d’une hausse réelle de la production. Depuis l’hivers, plusieurs membres de l’alliance peinent à atteindre leurs quotas. Le décalage entre ces derniers et le niveau de la production s’accroit de mois en mois. Pour les seuls pays de l’OPEP-10 (OPEP hors Iran, Venezuela et Lybie qui ne sont pas soumis aux quotas), cet écart s’élevait à 851 000 barils par jour en avril.

 

Graphique de la semaine - Ecart de production par rapport aux quotas OPEP+ pour les pays de l'OPEP-10

                            graphique                                                  

                                   

Sources : OPEP, SER d'Abu Dhabi

 

Brèves économiques 

Region   
  • Les vingt-trois pays de l'alliance OPEP+ ont convenu ce jeudi 2 juin d'augmenter plus fortement que prévu leur production en ajoutant 648 000 barils par jour au mois de juillet ainsi qu'au mois d'août. 
Arabie saoudite     
  • Le Conseil des affaires franco-saoudien a accueilli une délégation française dans le secteur du divertissement afin de discuter des différentes perspectives de coopération. La délégation comprend 30 entreprises majeures du secteur du divertissement, couvrant les parcs d’attractions, les produits sportifs, les jeux électroniques, les complexes de loisirs, le conseil et la banque. La visite s’inscrit dans le cadre de la Vision 2030, qui vise à augmenter la contribution du secteur du divertissement à 4,2% du produit intérieur brut d’ici 2030 et à créer 450 000 emplois.
  • Dans l'aéronautique, afin d’atteindre les objectifs de 330 millions de passagers et de 250 destinations internationales, un financement provenant uniquement du PIF ne sera pas suffisant. Le secteur cherche donc à attirer des investissements étrangers. Selon la GACA, la volonté est aussi de transformer le pays en hub logistique avec près de 4,5 millions de frets dont 2 millions de transbordements. 
  • Au 1er trimestre 2022, les recettes budgétaires ont atteint 74 Md USD, représentant 27% du total des revenus prévus au budget 2022 (276 Md USD). Celles-ci ont enregistré une forte hausse de 36% sur un an. Les recettes pétrolières ont enregistré une hausse de 58%, passant de 31 Md USD au 1er trimestre 2021 à 49 Md USD au 1er trimestre 2022. Celles-ci ont représenté 66% du total des revenus de l’Etat, soit 9 points de plus qu’à la même période l’année dernière (57% en 2020). Sur la période, les dépenses publiques se sont élevées à 59 Md USD, contre 57 Md USD il y a un an, soit un léger accroissement de 4%. A fin mars, elles ont représenté 22% des dépenses programmées au budget 2022 (271 Md USD). Au 1er trimestre 2022, l’excédent budgétaire atteint 15,3 Md USD contre un important déficit de 18,1 Md USD au 4ème trimestre 2021 et de 2 Md USD au 1er trimestre 2021. Pour l’ensemble de l’année 2022, le ministère des Finances escompte un surplus budgétaire de 24 Md USD (+2,5% du PIB).
  • Selon les données de l’autorité saoudienne des statistiques (GASTAT), la valeur totale des exportations s'est élevée à 95,8 Md USD, contre 55,5 Md USD au premier trimestre 2021. Cette augmentation résulte principalement de la hausse de 90,3% des exportations de pétrole au cours de la même période. La part des exportations de pétrole dans les exportations totales est passée à 78,3% ce trimestre contre 71,1% au premier trimestre de l’année dernière. Les exportations non pétrolières (y compris les réexportations) ont augmenté de 29,4% en g.a au premier trimestre 2022, passant de 16,0 Md USD il y a un an à 20,7 Md USD. Concomitamment, les importations de marchandises ont augmenté de 12,5 % à 41,8 Md USD sur la même période. 
Bahreïn   
  • Le FMI a conclu sa visite dans le cadre de la rédaction de l'Article IV du Royaume. Le Fonds anticipe une croissance de l’économie Bahreïnienne de 3,4% en 2022. Après une reprise économique modeste de 2,2% en 2021, soutenue par la croissance du PIB hors hydrocarbures (+2,8%), la hausse des prix du pétrole devrait être le principal moteur de croissance en 2022. Outre les retombés économiques immédiates, cette tendance haussière devrait offrir aux autorités un environnement macroéconomique et financier propice à la poursuite des efforts d’assainissement budgétaires et de diversification économique. Un cercle vertueux qui pourrait aussi bénéficier à l’ancrage de la devise nationale au dollar par le biais d’un accroissement des réserves de change permis par une position budgétaire plus solide. De nombreuses incertitudes sur la conjoncture économique mondiale (pandémie, guerre en Ukraine, inflation) persistent néanmoins et pourraient affecter négativement cette trajectoire.
  • Les actions de la banque d'investissement Gulf Finance House (GFH) ont commencé à être négociées sur la bourse d’Abu Dhabi. Cette cotation représente la quatrième du groupe dans la région (après Bahreïn, Koweït et Dubaï). Elle porte également à quatre le nombre de cotations doubles sur l’ADX. Outre le gain de visibilité, cette nouvelle cotation vise à élargir davantage la base d'actionnaires et améliorer la liquidité des actions de GFH
Emirats arabes unis   
  • La 14ème session du Dialogue stratégique entre la France et les Émirats arabes unis s’est tenue le jeudi 2 juin à Abu Dhabi. Cette réunion a été l’occasion pour les deux parties de discuter des grands sujets de coopération bilatérale. La mise en œuvre des accords  signés à l’occasion de la visite présidentielle du 3 décembre 2021 était notamment à l’ordre du jour. Les discussions du sous-comité économique ont été coprésidées par le Directeur général du Trésor, Emmanuel Moulin, pour la partie française et par le ministre d’Etat, S.E. Ahmed Al Sayeg, pour la partie émirienne.
  • Les EAU, l'Égypte et la Jordanie ont signé un accord de partenariat industriel. Ce dernier prévoit l’allocation de 10 Md USD par la holding d’Abu Dhabi ADQ dans plusieurs industries clés : l'alimentation, l'agriculture et les engrais, les médicaments, les textiles, les minéraux et métaux, et la pétrochimie. Cet accord de coopération vise à diversifier les économies, augmenter les exportations et créer de nouvelles opportunités d'emploi dans des pays en proies à de fortes croissances démographiques.
  • Israël et les EAU ont signé mardi 31 mai un accord de libre-échange. Prévoyant la suppression des droits de douane sur 96% des produits échangés (en valeur), l'accord vise à porter à plus de 10 Md USD le commerce annuel entre les deux pays (soit une hausse de 1 150% par rapport au commerce bilatéral en 2021). Premier accord de libre-échange entre Israël et un pays arabe, celui-ci s’inscrit dans une logique de réchauffement des relations diplomatiques entre les deux pays initiée par la signature des accords Abraham en août 2020.
  • A Dubaï, les prix de l'immobilier ont connu la plus forte augmentation au monde en 2021. Tirés à la hausse par l’appétit croissant des investisseurs étrangers, ces derniers ont augmenté de 56% l’année passée. Une hausse nettement supérieure à celles observées dans les autres métropoles telles que Londres (+1.3%) New York (+3.6%) ou encore San Francisco (+19%). Selon un sondage de Reuter, cette tendance à la hausse devrait perdurer en 2022 à 7,5%. La hausse des taux d’intérêt et du coût des logements devrait néanmoins ralentir cette dynamique en 2023 et 2024 avec des hausses de prix anticipées à respectivement 4,5 % et 3,0%. 
  • ADNOC et Borealis, entreprise autrichienne du secteur de la chimie, ont introduit avec succès à la Bourse d’Abu dhabi 10% de leur co-entreprise Borouge, levant 2Md USD à cette occasion. Marquée par une forte demande des investisseurs institutionnels, l’introduction a été sursouscrite 42 fois (83,4Md USD d’ordres). D’une valorisation totale de 20Md USD, l’introduction de Borouge s’inscrit comme la plus la plus importante cotation jamais réalisée à la bourse d’Abu Dhabi (ADX). Adnoc et Borealis détiennent désormais respectivement 54% et 36% de la société.
  • S&P Global Ratings laisse inchangée sa notation pour l'émirat d'Abu Dhabi. Porté par la hausse des cours du pétrole et les retombées à venir de la coupe du monde de football au Qatar, l'émirat conserve la notation la plus élevée des pays du Golfe (AA). Dans le détail, l’agence de notation anticipe une croissance du PIB réel de l’émirat de 5% pour 2022 soutenue par le secteur des hydrocarbures qui devrait croitre de 10%. Une reprise économique vigoureuse qui devrait permettre à l’émirat d’Abu Dhabi de retrouver son niveau de PIB réel pré pandémique dès 2023.  
Koweït     
  • La Kuwait Petroleum Corporation, entité publique gérant l’intégralité du secteur pétrolier de l’émirat, envisage de monétiser une partie du capital de sa plus importante filiale, la compagnie pétrolière nationale Kuwait National Petroleum Company. Un comité de la KPC a en effet soumis un contrat pour mener une étude de faisabilité sur une éventuelle vente partielle d’actions. Il n’est pas encore clair à ce stade si le plan nécessiterait une introduction en bourse ou simplement la vente d’une participation à une compagnie pétrolière internationale. L’opération pourrait ainsi attirer des milliards de dollars d’investissements. 
  • Moody’s confirme la note souveraine du Koweït à A1 à long terme, avec une perspective stable. L’agence a souligné que cette notation est notamment due aux fondamentaux solides de l’économie koweïtienne, en particulier de son taux d’endettement public très faible. Dans le contexte actuel de hausse des prix des hydrocarbures, Moody’s estime que le risque de liquidité de l’émirat sera retardé de deux ou trois ans à l’avenir. 
  • Le ministre du Pétrole a annoncé cette semaine que le Koweït commencera à établir le plus grand centre international de recherche pétrolière d’ici la fin de l’année. Ce centre comprendra 28 laboratoires et 300 équipements scientifiques, et aura pour objectif de développer des solutions technologiques permettant de récupérer davantage de produits à l’issue du raffinage du pétrole brut. L’émirat a déjà lancé en 2021 son troisième et plus gros complexe de raffinerie, Al-Zour, ainsi que la mise à niveau de ses deux autres ensembles préexistants, Mina Al-Ahmadi et Mina Abdullah. Ces développements lui permettront de produire un total de 1,416 M b/j de produits raffinés dans les prochaines années.
  • Le Koweït s’est classé septième au niveau régional dans l’indice de transformation énergétique du magazine MEED, avec 0,5% d’énergie renouvelable installée. L’émirat a des projets d’énergie renouvelable d’une valeur de 304 M USD, soit 0,2 % du PIB, en plus de 6 Md USD de projets prévus. Le pétrole représente aujourd'hui plus de la moitié du mix électrique au Koweït. Pour des raisons économiques et environnementales, les autorités cherchent à réduire cette part aux profits du gaz naturel et des énergies renouvelables. Cela permettrait de réserver la production de pétrole pour l’export et simultanément de diminuer l’impact environnemental de la production d’électricité. 
Oman     
  • A l’issue du conseil des ministres présidé par le Sultan Haitham bin Tarik le 31 mai 2022, les autorités omanaises ont dévoilé un certain nombre de nouvelles mesures de soutien (aide au logement, chômage, exonération de remboursement de prêts, etc.), à destination principalement des ménages omanais les plus modestes et des PME. Le coût de l’ensemble de ces mesures est estimé à 130 M OMR (338 M USD).
  • Le stock d’investissements directs étrangers (IDE) au Sultanat a atteint 17,7 Md OMR (44,4 Md USD) fin 2021, en hausse de 7,7% sur un an. Les principaux pays investisseurs en Oman sont le Royaume-Uni (46,1% du stock total d’IDE), suivi des États-Unis (13%), des Émirats arabes unis (6,1%), du Koweït (5,5%) et de la Chine (5%).
  • Le nombre de travailleurs expatriés en Oman a progressé de plus de 173 000 depuis son point bas de septembre 2021, à 1 512 000 individus fin avril 2022 selon le Centre national pour les statistiques et l’information (NCSI). Conséquence, la part de la population expatriée dans la population totale du Sultanat a progressé à 39,5% fin avril 2022, contre 37% fin septembre 2021. 
  • Le président de la République islamique d’Iran, Ebrahim Raïssi, a effectué une visite officielle en Oman le 23 mai 2022. Huit protocoles d’accords (« MoU ») ont été signés à cette occasion, notamment dans les secteurs du pétrole et du gaz, du transport, de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche. La veille de cette visite, le ministre iranien du Pétrole avait par ailleurs mentionné à Mascate la possible relance du projet de transport de gaz naturel vers le Sultanat via un gazoduc sous-marin de 200 km de long.
Qatar
  • L’Emir Cheikh Tamim Al Thani s’est rendu en France le 29 mai dans le cadre d’une tournée européenne qui l’a conduit en Slovénie, en Espagne, en Suisse à l’occasion du Forum de Davos, et au Royaume-Uni. Il a rencontré le Président Emmanuel Macron autour d’un dîner de travail. 
  • La 14ème édition du Salon Milipol, dédié à la sécurité intérieure et à la défense civile, s’est tenu à Doha du 24 au 26 mai. Vingt-trois entreprises françaises étaient présentes, 18 sur le Pavillon France soutenu par la CCI Seine et Marine en coordination avec Business France, et 5 autres exposant seules. Les entreprises tricolores étaient représentées dans quatre secteurs à fort potentiel de croissance au Qatar dans les trois prochaines années : les technologies de l’information et la cybersécurité (+64%), l’authentification et le contrôle d’accès (+60%), les drones et les robots (+56%) et les risques majeurs et la défense civile (+44%). A six mois de la Coupe du Monde, cette solide présence française sur Milipol – il s’agit de la première délégation étrangère – s’inscrivait dans la lignée de l’accord de sécurisation de l’événement signé entre la France et le Qatar en mars 2021 à Doha. 
  • Bio-UV, l’entreprise française spécialisée dans le traitement de l’eau par rayons ultraviolets et ozone a remporté un contrat auprès de la FIFA dans la perspective de la Coupe du Monde qui se tiendra à Doha du 21 novembre au 18 décembre 2022, pour un montant resté confidentiel. La PME basée à Lunel traitera les piscines des vestiaires, les fontaines et les lacs décoratifs autour du nouveau stade Al Bayt (63.000 places), inauguré en décembre dernier.
  • L’Emir Cheikh Tamim Al Thani s’est rendu à Londres le 23 mai : un partenariat stratégique d’investissement a été signé avec le Royaume-Uni où le Qatar prévoit d’investir jusqu’à 10 Md GBP (soit 12,5 Md USD) sur les cinq prochaines années. Ces investissements couvriront différents secteurs dont la fintech, les sciences du vivant et la cybersécurité. Outre la relation économique, les questions de stabilité régionale et de la sécurité énergétique dans le contexte de la guerre en Ukraine ont été évoquées. 
  • Le Chief investment officer de la Qatar Investment Authority en charge de l’Europe, la Russie et la Turquie Ahmed Ali Al-Hammadi a expliqué, depuis le Forum de Davos, que « le Qatar ne pouvait pas sortir de Russie » à l'égard des restrictions imposées en mars par la Russie sur la vente d’actifs par des étrangers. Le Fonds est en attente pour évaluer ses positions en Russie. Pour mémoire, la QIA détient 19% des parts de la major pétrolière russe Rosneft, la seule participation « significatrice » du Qatar en Russie selon les mots d’Al Hammadi. 
  • La Banque Centrale du Qatar (QCB) a émis 165 M USD en bons du Trésor en trois tranches pour le mois de juin : une première de 82 M USD à maturité de trois mois à 0,83%, une deuxième de 55 M USD à maturité de six mois à 1,50% et une troisième de de 27 M EUR à maturité de neuf mois à 1,95%.

 

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