Comment la hausse des taux américains va impacter le Gofle ? - Brèves économiques de la Péninsule arabique - Semaine du 21 au 27 janvier 2022

Edito - Comment la hausse des taux américains va impacter le Golfe ?

La Fed augmentera bien ses taux directeurs à partir de mars. La Réserve fédérale a confirmé mercredi soir sa volonté de combattre l’inflation malgré des chiffres de l’emploi inférieurs aux prévisions aux Etats-Unis en décembre. Trois hausses sont attendues pour cette année. Quelles sont les implications pour le Golfe?

• Les banques centrales de la Péninsule devraient suivre. Compte-tenu de l’ancrage des devises de la région au dollar, leur marge de manœuvre sont limitées. Si elles n’augmentent pas leurs taux, elles seront contraintes de réduire leurs réserves pour maintenir les parités fixes.
• Le crédit pourrait ralentir mais les banques devraient voir leurs marges augmenter. Traditionnellement, la hausse des taux américains permet aux banques de la région d’augmenter les intérêts qu’elles perçoivent, mais n’affectent que marginalement leurs coûts de financement. Leurs comptes sont en outre globalement sains étant données les mesures de soutien dont elles ont bénéficié ces deux dernières années. Emirates NBD, qui publiait ses résultats mercredi, a enregistré une hausse de 34% de son bénéfice net, malgré un recul de ses encours de crédits (-5%).
• Les économies dépendantes des exportations de biens et services, Dubaï en particulier, perdront techniquement en compétitivité avec le renchérissement du dollar. Le secteur du tourisme pourrait notamment subir un tassement de la demande provenant des marchés émergents dont les devises s’affaibliront vis-à-vis du billet vert. Cela ne devrait toutefois pas entamer la reprise économique dans la région.
• L’impact sur la demande de pétrole devrait être limité. Les tensions sur l’offre devraient en effet perdurer à court terme. Le Brent a dépassé 90 USD cette semaine. Dans son rapport de janvier, l’OPEP estime par ailleurs que les effets de l’appréciation du dollar sur la demande seront compensés par la hausse saisonnière de la consommation en Amérique du Nord à partir du T2. 
• Certains pays de la zone pourraient avoir plus de difficultés à se financer. Malgré des déficits importants en 2020 et 2021, Bahreïn et Oman ont bénéficié des liquidités abondantes sur les marchés internationaux. Mascate a pris des précautions en tablant sur un baril à 50 USD pour son budget 2022 mais la situation pourrait être plus délicate pour Bahreïn dont le déficit public devrait atteindre 8% du PIB cette année, selon le FMI.

Graphique de la semaine - Taux d'intérêt directeurs des Etats-Unis et des pays du CCEAG, 2002-2020

Sources : FMI, données nationales, SER d'Abu Dhabi

Brèves économiques 

Brèves régionales

• Le cours du baril de pétrole (Brent) a atteint 90 USD aujourd'hui, soit le niveau le plus haut atteint depuis 2014. Le prix est poussé à la hausse par les récentes tensions géopolitiques en Ukraine ainsi que dans la Péninsule arabique. Le WTI s'élève quant à lui à 88 USD.
• Les EAU se positionnent en première place du classement sur la perception de la corruption (Corruption Perceptions Index) dans le monde arabe, et arrivent à la 24ème au niveau mondial pour l’année 2021. Ils sont suivis par le Qatar à la 31ème place, puis l’Arabie saoudite (52ème), Oman (56ème), le Koweït (73ème) et Bahreïn (78ème). Réalisé par l'ONG Transparency International, l’indice mesure la perception de la corruption dans les administrations publiques et la classe politique de chaque pays.
• Selon le CIBAFI (General Council for Islamic Banks and Financial Institutions), les actifs sous gestion des fonds d'investissement islamiques ont augmenté de plus de 300% sur la dernière décennie, atteignant près de 195 Md USD. En 2020, ces derniers ont augmenté de 13,7% malgré le ralentissement économique induit par la crise Covid. L'Arabie saoudite est le pays accueillant le plus d'actifs islamiques, devant l'Iran et la Malaisie.

Arabie saoudite  

• Selon l’autorité saoudienne des statistiques, les exportations globales de marchandises de l'Arabie saoudite ont augmenté de 82,5% en novembre 2021 par rapport à novembre 2020. Cette augmentation provient principalement des exportations de pétrole, qui ont augmenté de 112,8 % au cours de la même période. La part des exportations de pétrole dans les exportations totales est passée de 65,0 % en novembre 2020 à 75,8% en novembre 2021. Sur un mois, les exportations totales de marchandises ont augmenté de 1%.
• Le conseil d'administration du Centre National de Gestion de la Dette du Royaume (NDMC) a approuvé le plan d'emprunt annuel 2022. L'Arabie saoudite refinancera 11,5 Md USD de dette publique en 2022. Le plan souligne également que le NDMC continuera à surveiller de manière proactive le marché en tenant compte des mouvements des taux d'intérêt et saisira les opportunités qui amélioreront les caractéristiques du portefeuille de la dette du Royaume.
• L'indice des prix à l'immobilier (IPI) a enregistré une augmentation de 0,9 % au quatrième trimestre de 2021 par rapport au même trimestre de l'année précédente. Le principal candidat à cette évolution est la hausse des prix des terrains résidentiels. Conjointement, la baisse des prix de l'immobilier commercial de 0,7 % et de l'immobilier agricole de 0,2 % a eu un effet modérateur sur l'indice composite.
• La compagnie nationale Saudi Airlines (Saudia) inaugurera le 27 janvier un vol direct de Paris vers l'oasis historique d'Al Ula. La nouvelle connexion vise à promouvoir ce site classé au patrimoine de l'UNESCO. Des vols réguliers partiront de l'aéroport Paris Charles de Gaulle (CDG) tous les dimanches du 30 janvier au 27 mars et les Boeing 787 Dreamliner qui seront déployés atterriront à Al Ula après cinq heures de vol. 

Bahreïn 

• Le roi Hamad bin Isa Al Khalifa s'est rendu à Abu Dhabi cette semaine. Il s'est entretenu avec Sheikh Mohamed bin Zayed, Prince héritier d'Abu Dhabi et a participé à une réunion avec les dirigeants des EAU et de l'Egypte. Les trois pays ont discuté des moyens d'approfondir leur coopération dans plusieurs domaines ainsi que des évènements régionaux.
• La compagnie de production d'aluminium Alba, acteur mondial dans le secteur, a réalisé un record de production à 1,56 million de tonnes en 2021. Fondée en 1971 avec une capacité annuelle de 120 000 tonnes, Alba a célébré ses cinquante ans en 2021. Les résultats financiers d'Alba en 2021 n'ont pas été encore publié mais les bénéfices de l'entreprise ont été multiplié par 12 sur les neufs premiers mois de l'année pour atteindre 718 M USD.

Emirats arabes unis  

• La compagnie pétrolière d'Abu Dhabi, ADNOC, a créé une nouvelle filiale afin de lever des fonds sr les marchés obligataires internationaux. ADNOC Murban, a obtenu une notation AA de la part des trois grandes agences de notation. L'entité pourrait émettre entre 3 et 5 Md USD d'obligations cette année.
• Les deux premières banques du pays en termes d'actifs, First Abu Dhabi Bank et Emirates NBD, ont enregistré une hausse de leur profits en 2021 de respectivement 19% et 34% pour atteindre 3,4 Md USD et 2,5 Md USD. Elles ont largement été soutenus par les activités bancaires d'investissement. Les encours de crédit d'ENBD ont reculé de 5% tandis que ceux de la FAB ont crû de 6%.
• La demande d'énergie de Dubaï a augmenté d'environ 10% en 2021 par rapport à 2020 pour atteindre 50,2 GWh, selon Saeed Mohammed Al Tayer, Directeur Général de DEWA, l'autorité en charge du réseau d'eau et d'électricité de l'émirat.

Koweït 

• Le Ministère des finances a annoncé son projet de budget gouvernemental pour l’année fiscale 2022-2023. Le déficit attendu est estimé à 3,1 Md KWD (10,2 Md USD), une réduction de 74,2% par rapport au budget de l’année fiscale actuelle qui prendra fin le 31 mars 2022. Les dépenses pour l’année prochaine sont estimées à 21,9 Md KWD (72,3 Md USD) sur l’estimation d’un prix du baril à 65 USD et les revenus à 18,8 Md KWD (62,1 Md USD) - une augmentation de plus de 72% par rapport à l’année actuelle - dont 89% de recettes pétrolières. Les dépenses d’investissement sont prévues à 2,9 Md KWD (9,6 Md USD), une diminution de 16,4% par rapport au budget 2021-2022. Ce budget doit désormais être voté par le Parlement pour être effectif.
• La compagnie pétrolière KIPIC a annoncé qu’elle s’apprêtait à mettre en service la nouvelle raffinerie d’Al Zour. La capacité actuelle de raffinage du Koweït est de 801 000 barils par jour (b/j) grâce aux raffineries de Mina Ahmadi et de Mina Abdullah. Une fois Al Zour opérationnelle, la capacité totale de l’émirat passera à 1,416 millions b/j. 

Oman  

• Avec la diffusion du variant Omicron, le Sultanat d’Oman a enregistré une forte accélération de l’épidémie de Covid-19 depuis le début de l’année 2022. Les autorités omanaises ont dès lors annoncé la limitation du nombre de fonctionnaires présents dans les établissements publics à 50% des effectifs totaux ainsi que la suspension de la tenue des conférences et expositions.
• La centrale solaire photovoltaïque d’Ibri-II (500 MW), située dans le gouvernorat d’Ad Dhahira, a été officiellement inaugurée par les autorités omanaises le 24 janvier 2022, quelques mois après le démarrage effectif de ses activités. Il s’agit du premier grand projet de centrale solaire développé dans le pays.
• Les autorités omanaises ont annoncé le lancement d’un marché spot de l’électricité, ainsi que le rapprochement de plusieurs sociétés de distribution d’électricité du pays.

Qatar 

• Selon les données de l’Autorité de la Planification et des Statistiques, la balance commerciale de marchandises du Qatar affiche un excédent de 59,2 Md USD sur l’ensemble de l’année 2021, soit un résultat en hausse de +131% en glissement annuel. Les exportations totales ont augmenté en 2021 de +69% sur la même période (87,3 Md USD), tirées à la hausse par la forte croissance des exportations d’hydrocarbures (73,6 Md USD, +75%). Les importations ont, elles, augmenté de +9% (28,1 Md USD).
• L’indice de la production industrielle (IPI) a diminué de -1,0% sur les onze premiers mois de l’année 2021 en glissement annuel, d’après l’Autorité de la Planification et des Statistiques.
• La porte-parole de la Maison Blanche a annoncé mardi que l’Émir du Qatar Cheikh Tamim Al Thani serait reçu par le président américain Joe Biden à Washington lundi 31 janvier, lors d’une rencontre où il sera notamment question d’«assurer la stabilité de l'offre mondiale d'énergie» dans un contexte de crise grandissante entre la Russie et l’Ukraine, susceptible d’accroître les tensions sur l’approvisionnement énergétique de l’Europe.
• Qatargas a lancé le processus d’offre pour le contrat d’EPCI (conception, fourniture, construction, installation) pour la pose de plusieurs kilomètres de pipelines offshore et de câbles à fibre sur le champ North Field dans le cadre du projet NFPS qui vise le maintien de la production des gisements actuels. Les offres commerciales et techniques peuvent être soumises jusqu’au 30 mars. 

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• 16/12/2021 - La reprise économique contre vents et marées
• 06/01/2022 - Les 3 tendances à suivre en 2022
• 12/01/2022 - Le virage vert du Golfe
• 20/01/2022 - Le pétrole : indébranchable ?

   

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