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Edito - Le virage vert du Golfe

Le fonds souverain koweïtien, avec plus de 700 Md USD d’actifs sous gestion, s’engage à verdir entièrement son portefeuille. Le directeur général de la Kuwait Investment Authority (KIA), Ghanem Al Ghunaiman, a déclaré que le fonds lançait sa stratégie afin que ses investissements soient conformes aux critères ESG. Le facteur environnemental serait la priorité. 

Dans la région, la KIA n’est pas le seul fonds actif sur le sujet. La Qatar Investment Authority (QIA) s’est engagée à sortir du charbon et le fonds saoudien Public Investment Fund (PIF) a mandaté plusieurs banques internationales pour la mise en place d’un cadre ESG pour des futures levées de fonds. 

Kuwait Investment Authority, Abu Dhabi Investment Authority (ADIA), Qatar Investment Authority et le Public Investment Fund font d’ailleurs partie des membres fondateurs de la coalition internationale One Planet des fonds souverains. Lancé en 2017, le groupe aspire à intégrer à la finance la notion de risques liés aux changement climatiques. 

Dotés de près de 3 000 Md USD d’actifs – dont une grande partie à l’international - les fonds souverains de la Péninsule sont des acteurs considérables. De plus en plus impliqués dans leurs investissements, les fonds sont amenés à prendre davantage en compte les critères ESG. La crise de la Covid-19 les a également contraints d’accélérer certaines transformations et d’ajuster leurs stratégies d’investissement pour améliorer leur gestion et mieux répartir les risques. Au-delà de la contrainte, c’est aussi une question de rentabilité, les fonds ESG affichant des performances supérieures aux fonds classiques.

Le sujet est capital pour les pays de la région, principaux émetteurs de CO2 par habitant. Son importance a été marquée récemment par l’engagement des EAU, de l’Arabie saoudite et de Bahreïn à atteindre la neutralité carbone en 2050/2060. La Péninsule arabique tient à être un acteur majeur de ces transformations globales sur la scène internationale : après la Saudi Green Initiative en octobre 2021, c’est Abu Dhabi qui accueille la Sustainability Week du 17 au 19 janvier. 

 

Graphique de la semaine - Actifs sous gestion des fonds souverains de la région (Md USD)

                        fonds

Source :Global SWF, SER d'Abu Dhabi 

 

Brèves économiques 

Brèves régionales
  • Selon un rapport de S&P, les banques du CCEAG bénéficieront de la reprise économique de la région en 2022. Les cours élevés du pétrole et la reprise de l'activité hors-hydrocarbures soutiendront l'activité des banques. La qualité des actifs des banques devrait se dégrader légèrement, mais le taux de créances douteuses ne dépassera pas 5% en moyenne sur les 12 à 24 prochains mois (contre 3,7% fin septembre 2021).  Selon les estimations de l'agence de notation, seuls les EAU et Bahreïn ne retrouveront pas leur PIB pré-pandémique en 2022, sous l'hypothèse d'un baril à 65 USD en moyenne.
Arabie saoudite  
  • L'Arabie saoudite espère enregistrer 3 000 Md USD d'investissement sur les neufs prochaines années selon le Ministre de l'investissement. Le fonds souverain saoudien, le Public Investment Fund (PIF), est un acteur essentiel de cette stratégie. Le Ministre du secteur minier a également précisé que 170 Md USD d'investissement étaient attendus dans le secteur d'ici la fin de la décennie. Le Royaume compte sur la hausse de la demande pour les métaux critiques, cruciaux pour la transition énergétique. Le secteur minier est un point essentiel à la stratégie de diversification du pays, avec pour objectif une contribution au PIB à hauteur de 64 Md USD annuellement d'ici à 2030 (contre 17 Md USD actuellement).
  • Le Public Investment Fund (PIF), prévoit d'investir près de 10 Md USD dans des actifs listés en bourse. Le fonds se concentrerait principalement sur les secteurs du commerce en ligne et des énergies renouvelables. Pour rappel, le PIF a pour objectif de doubler ses actifs sous gestion d'ici à 2025 pour atteindre 1 070 Md USD.
Bahreïn 
  • Bahreïn a annoncé une nouvelle stratégie pour l'économie numérique pour les quatre ans à venir (2022-26). Le gouvernement tient à faire des télécommunications et de l'informatique une priorité pour améliorer la productivité des secteurs de la logistique, la finance et le tourisme entre autres. Parmi les mesures prises, le gouvernement veut entre autres automatiser plusieurs services gouvernementaux, former davantage à la cybersécurité et augmenter le nombre de start-up spécialisées dans les technologies de l'information et de la communication (TIC) ainsi que le nombre de bahreïnis dans le secteur. Cette stratégie entre dans le cadre du Plan économique présenté en octobre 2021.
  • La compagnie aérienne Gulf Air veut privilégier l'emploi des bahreïnis à travers des plans de formation. La compagnie prévoit de former les employés actuels aux postes de direction occupés par des expatriés. Pour information, les citoyens bahreïnis représentent actuellement 71% des emplois de Gulf Air.
Emirats arabes unis 
  • L’activité hors-hydrocarbures de l’émirat de Dubaï (mesurée par l’indice PMI) a atteint 55,3 en décembre 2021 (contre 54,5 en novembre). C’est le niveau le plus haut atteint par l’émirat depuis plus de deux ans. 
  • Emirates Nuclear Energy Corporation (ENEC) aspire à produire 85% de l'électricité “propre” de l'émirat d'Abu Dhabi d'ici à 2025. ENEC opère la centrale nucléaire de Barakah, dotée d'une capacité de production annuelle d'hydrogène d'un million de tonnes selon l'entreprise.
  • Les autorités de Dubaï ont annoncé le lancement du "Talent Pass", une nouvelle licence destinée aux travailleurs en freelance disposant d'une "expertise ou compétence particulière". Celui-ci permettra à son détenteur d'obtenir un visa de résidence pour trois ans ainsi qu'un espace de bureau au sein de la zone franche DAFZ (Dubai Airport Freezone). Pour rappel, les EAU ont déjà mis en place plusieurs mesures afin d’attirer davantage les travailleurs étrangers, parmi lesquelles le lancement d’un green visa en septembre à l’attention d’individus considérés comme "hautement qualifiés" les exemptant du sponsorship de leur employeur.  
Koweït
  • Le Directeur général de la Kuwait Investment Authority (KIA) Ghanem Al Ghunaiman a déclaré à Bloomberg que le fonds souverain était actuellement engagé dans un processus qui visait à rendre 100% de son portefeuille conforme aux critères ESG, avec un accent tout particulier sur le critère environnemental. Selon une source confidentielle citée par Bloomberg, au moins 2/3 des actifs de la KIA seraient déjà conformes aux critères ESG. 
  • Le nouveau ministre des finances Abdulwahab Al Rasheed travaille sur un plan de réforme économique globale qui comprendrait notamment la loi sur la dette. Il a précisé que l’instauration d’une TVA n’était pas pour l’instant une priorité. Pour rappel, le déficit budgétaire du Koweït s'élevait à 1,5% du PIB en 2021 après une dégradation à 8,3% en 2020. 
  • La Kuwait Gulf Oil Company (KGOC) et Chevron Arabie Saoudite ont signé un MoU portant sur l’exportation des surplus de gaz provenant de leur exploitation conjointe du champ pétrolifère de Wafra. 
  • Selon un rapport du State Audit Bureau repris par la presse, Petrochemical Industries Company (PIC) a décidé de suspendre sa joint-venture canadienne créée en 2019 avec Pembina Pipeline en raison d'importantes pertes financières (235 M USD) dues aux arrêts et annulations de plusieurs projets depuis le début de la pandémie de coronavirus.
Oman  
  • Les transferts de fonds des travailleurs expatriés en Oman – principalement issus du sous-continent indien – ont enregistré une baisse de -4% en 2020 en g.a., à 3,4 Md OMR (8,8 Md USD). Cette chute des transferts, à son plus faible niveau depuis 2012, s’inscrit dans le sillage de la crise économique liée au Covid-19 et du départ de près de 300 000 travailleurs expatriés du Sultanat.
  • L’encours total des crédits accordés par les banques conventionnelles et islamiques a progressé de +5,4% fin novembre 2021 en g.a., à 27,8 Md OMR (72,3 Md USD) selon la Banque centrale d’Oman. Les dépôts ont augmenté dans le même temps de +5,7%, à 25,4 Md OMR (66 Md USD).
  • Le groupe pétrolier public OQ devrait officiellement inaugurer son usine de gaz de pétrole liquéfié (GPL) à Salalah dans le sud du pays le 16 janvier 2022. Estimé à 318 M OMR (827 M USD), ce projet – dont la phase d’exploitation commerciale a déjà démarré avec la production et l’exportation de propane, de butane et de condensat – doit permettre à terme une capacité de production de 304 000 tonnes de GPL par an.
Qatar
  • Le budget prévisionnel pour 2022 approuvé par l’Émir du Qatar anticipe un déficit s’élevant à 2,3 Md USD (soit environ 1,2% du PIB). Se fondant sur une hypothèse conservatrice d’un baril à 55 USD, les autorités qatariennes espèrent collecter 53,8 Md USD de recettes budgétaires (+22,4% par rapport au budget 2021) en 2022. Elles programment des dépenses budgétaires à hauteur de 56,1 Md USD (hausse de +4,9% par rapport à celles prévues dans le budget 2021, directement liée à l’organisation de la Coupe du Monde). Environ 20,3 Md USD seront alloués aux grands projets (soit 10,7% du PIB). En 2021, le solde public est excédentaire sur les trois premiers trimestres 2021 (1,4 Md USD), les recettes publiques (39 Md USD) étant tirées par la hausse des cours.
  • Selon l’Autorité de la Planification et des Statistiques, le PIB a affiché une croissance de 2,6% en glissement annuel pour le troisième trimestre 2021. Sur l’ensemble des trois premiers trimestres de 2021, le PIB est en hausse de 1,4% en g.a. Pour mémoire, le FMI faisait état en octobre dernier de prévisions de croissance à 1,9% pour 2021 (et de 4% pour 2022).
  • L’indice PMI (Purchasing Manager's Index), mesurant l'activité hors-hydrocarbures du pays, s’est établit à 56,8 en moyenne sur l’année 2021, contre 48,9 en 2020. Constamment au-dessus de 50 depuis juillet 2020, il matérialise une nette croissance de l’activité hors hydrocarbures du Qatar. En novembre 2021, il a atteint 63,1, un record depuis avril 2017, date à laquelle IHS Markit a commencé à comptabiliser ces données pour le compte du Qatar Financial Center.
  • La première phase du tramway de la ville nouvelle de Lusail est entrée en activité le 1er janvier 2022. Cela concerne six stations de la ligne orange, c’est-à-dire les 5,5 premiers kilomètres, entièrement souterrains. Une fois complètement ouvert, le réseau du tram de Lusail sera long de 34km et desservira trente-deux stations (dont sept souterraines). Pour mémoire, ce projet a largement mobilisé l’offre française, en particulier dans le cadre d’un consortium entre Alstom et QDVC (coentreprise entre Vinci Construction Grands Projets et Qatari Diar). Il est opéré par RKH Qitarat (coentreprise entre RATPDev, Keolis et le qatarien Hamad Group).
  • Le 6 janvier 2022, le Ministre qatarien des Transports et son homologue saoudien ont discuté à Doha de la possibilité de connecter le Qatar et l’Arabie saoudite par une ligne ferroviaire. Un an quasiment jour pour jour après la reprise des relations diplomatiques entre les deux pays lors du Sommet d’Al Ula en janvier 2021, une date doit à présent être fixée pour commencer à étudier ce projet.

 

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