Actualités Japon - Énergie, Environnement, Transport, Construction - Août 2020 (ii)

Environnement & Climat

Le Ministère de l'environnement souhaite réallouer un budget spécial "énergie" de JPY 45 Mds pour la transition décarbonée, l'économie circulaire et la décentralisation 

Début août, le Ministère de l'environnement (MOE) a décidé de réviser à la fin de l'année
budgétaire 2020, le budget spécial sur les mesures énergétiques qui devait être utilisé pour l'amélioration de l'efficacité énergétique et la promotion des énergies renouvelables. Environ JPY 45 milliards de ce budget spécial (sur un total de JPY 170 milliards) sera désormais utilisé pour les trois axes de la transition sociétale précédemment soulignés par le Ministre de l'environnement, M. Koizumi : la transition décarbonée, l'économie circulaire et la décentralisation de la société. 

Présentée lors de la 4ème réunion du comité "Sélection et concentration" créée en Janvier 2020 à l'initiative du MOE, 70 fonctionnaires volontaires ont participé à cette réunion pour sélectionner les travaux prioritaires du Ministère. Les détails seront discutés dans le cadre de la préparation du budget AF2021 mais comportent trois blocs relatifs à (1) la réattribution du budget et la réduction du volume de travail, (2) la concentration des ressources du Ministère sur les trois axes de transition et, (3) la réforme organisationnelle.

• Sur le volet "concentration", les ressources pourront couvrir une grande variété de projets et thématiques: autonomie, décentralisation, aménagement du réseau entre les régions, prévention de risques, engagements environnementaux et sociaux des entreprises, renforcement de la diplomatie environnementale. 
• Sur le volet réforme organisationnelle, une partie du budget serait allouée à réformer les méthodes de travail en interne en incitant les personnes au télétravail, le "workation" (télétravail à l'extérieur du domicile, dans un lieu de villégiature) et vise la création d'une Task Force pour la gestion de sujets nouveaux qui impliqueront des synergies avec les bureaux régionaux. 

Sources : Kankyo Business, 7 août, Sankei, 3 août  

Energie

La Préfecture d'Hokkaido accueille des projets d'éoliennes offshore comme alternative face au déclin de l'industrie de la pêche 

Auparavant délaissée au profit des autres préfectures comme Nagasaki, Akita et Chiba, et ce malgré le potentiel de la région, la Préfecture d'Hokkaido voit l'attrait pour l'éolien offshore s'intensifier en 2020. Face à la diminution des quantités de poissons pêchés dans cette région et le déclin de l'industrie de la pêche, les autorités locales et les groupes de pêcheurs commencent à discuter des options disponibles pour valoriser les zones maritimes de la Préfecture et relancer l'économie régionale.  

La détérioration de l'industrie de la pêche a conduit les acteurs locaux, dont la coopérative des pêcheurs d'Hiyama et la ville de Kaminokuni située dans la zone d'Hiyama, à créer une entité public-privé visant à convaincre le gouvernement central de désigner les eaux près d'Hiyama comme "zone de promotion" pour la production d'électricité éolienne en mer.

Selon les estimations du Ministère de l'environnement, la région d'Hokkaido présente le plus gros potentiel de production d'électricité issue de l'éolien offshore au Japon, environ 28,5% des 1100 GW mentionnés par le gouvernement suivi par la région au Nord-Est, Tohoku qui représenterait 19% du potentiel total. 

Selon Kenji Okada, représentant de J-Power en charge de la construction des infrastructures d'énergie renouvelable, "Hokkaido est supérieur pour ses conditions métérologiques et son régime des vents. Si les problèmes techniques tels que la capacité des lignes de transmission sont résolus, il y a beaucoup d'espace pour la croissance [du secteur]."

Ces estimations ainsi que les conditions propices au développement de l'éolien offshore n'ont pas échappé aux acteurs du secteur ou disposés à investir dans les énergies renouvelables. Ainsi, J-Power, plus grand distributeur d'électricité du Japon, continue la construction d'une ferme éolienne d'une capacité totale de 720 MW au large de la côte d'Hiyama. Celle-ci devrait comprendre jusqu'à 76 turbines et commencer ses opérations en 2030. Cosmo Eco Power, filiale de Cosmo Energy Holdings, considère également la construction de deux fermes éoliennes d'une capacité individuelle de 1 GW, l'une au large des côtes d'Hiyama, l'autre près de la Baie d'Ishikari qui est relativement proche de Sapporo, capitale d'Hokkaido. Enfin, la compagnie électrique historique d'Hokkaido, souhaite construire la première ferme éolienne de l'île d'Hokkaido au large de la Baie d'Ishikari en partenariat avec le développeur d'énergies renouvelables Green Power Investment Corporation. 

Le représentant du groupe public-privé d'Hiyama, M. Noboru Kudo, maire de Kaminokuni a de grands espoirs pour l'éolien offshore dans sa région. Celui-ci mentionne que l'installation de turbines éoliennes en mer permettrait de favoriser l'émergence d'industries connexes comme la réparation et la maintenance, la gestion des éoliennes et des chantiers ainsi que le tourisme. 

Sources : Hokkaido Newspaper (en japonais), 11 août, Asia Nikkei, 10 août    

Transport

Certification et soutien financier du MLIT pour 13 projets favorisant le transfert modal dans le secteur logistique

Le 14 août, le ministère en charge des infrastructures et du transport (MLIT) a annoncé la certification et l'octroi de subventions d'une valeur de JPY 19 million à huit projets visant à mettre en oeuvre le Comprehensive Logistics Efficiency Act et cinq projets visant à favoriser le transfert modal camion-train-bateau dans le secteur de la logistique dans le cadre de l'appel à subventions "Modal shift promotion operating cost subsidy" pour l'année fiscale 2020. Ces décisions résultent de la baisse et du viellissement de la main d'oeuvre disponible et d'une volonté de réduire l'impact environnemental du secteur. Le MLIT promeut donc des initiatives qui permettent de transitionner du transport de marchandises par voies terrestres, principalement par camions, au transport de marchandises par voies ferroviaires et aériennes. Ce dernier souhaite étendre ces initiatives à travers le pays et faciliter la collaboration entre opérateurs privés afin de faire émerger des modèles innovants. 
La liste des projets est disponible ici (en japonais):  Inews (en japonais)

De manière similaire, le MLIT envisage mettre un place des bases relais où les conducteurs de poids lourds utilisant les voies rapides pourraient s'échanger les cargos sur le chemin. L'objectif premier serait de supprimer les trajets longues distances pour les conducteurs et de favoriser l'échange de cargos (l'arrière du véhicule transportant le cargo pouvant facilement être détaché et rattaché) comme alternative au changement de conducteurs au sein du même poids lourd. 


Sources : The Japan Maritime Daily, Response, 17 août, jiji, 16 août, LNews, 14 août     

Infrastructures & Villes 

Le gouvernement envisage de multiples révisions pour lutter contre et prévenir les inondations

Les dégâts suite aux fortes pluies de Juillet et le souvenir du typhon Hagibis de 2019 encouragent le gouvernement central à reconsidérer la localisation des installations de première nécessité et d'accueil des personnes âgées ainsi qu'à revoir les plans urbains des grandes villes et des villes secondaires en adoptant une approche préventive face aux catastrophes naturelles.

• La ville de Koriyama qui se remet encore des dégâts du typhon d'Octobre 2019 a été désignée par le MLIT en Juillet comme le "pre-modèle" de la ville compact prenant compte des mesures de prévention des désastres, naturels ou technologiques. Koriyama devrait revoir son plan visant à optimiser la localisation des infrastructures communautaires de base d'ici la fin de l'année 2020 et supprimer des choix résidentiels les zones fortement exposées au risque d'inondation. En outre, le plan de développement urbain devrait prendre en compte des mesures et des couloirs d'évacuation plus adaptées aux personnes âgées. Sur l'ensemble du Japon 15 municipalités développent des contre-mesures contre les dégats d'inondations et l'accumulation des sédiments notamment les villes de Takatsuki, préfecture d'Osaka, d'Utsunomiya et de Sukagawa, préfecture de Fukushima.
• A Tokyo, le Ministère de la Santé, du Travail et du Social a mené une enquête pour déterminer les infrastructures sanitaires en zone à risque d'inondation. 40% des cliniques spécialisées serait localisées dans des zones à risque avec une montée des eaux pouvant atteindre 3 mètres ou plus en cas d'inondation. Sur les 319 structures recensées à Tokyo, 128 sont ainsi considérées comme particulièrement à risque.   
• Sur un autre registre, la place des grands barrages dans la prévention
  des inondations est également en cours de discussion au sein du Cabinet du Premier Ministre. Le chef du Secrétariat du Cabinet souhaite renforcer les mesures visant à prévenir les inondations en repensant le rôle des barrages qui sont uniquement destinés à la génération d'électricité ou pour l'agriculture. Le gouvernement souhaite créér un système d'indemnisation des compagnies électriques ayant signées un accord avec les collectivités locales pour l'utilisation des barrages installés au niveau des rivières de première classe comme contrôleur de flux. La capacité d'ajustement devrait ainsi augmenter de 4,6 milliards mètres cube à 9,1 milliards mètres cube. Des accords seront également signés pour les barrages situés sur des rivières de 2ème classe afin d'augmenter leur capacité d'ajustement.   

Sources : Nikkei, 6 août, Nikkei ,15 août 

Edition préparée par Agnès Lachaise et Machi Yôda.