Depuis 2014, la Direction Générale de l'Aviation Civile (Ministère de la Transition Ecologique et Solidaire) et le Ministère japonais de l'Economie, du Commerce et de l'Industrie (METI) entretiennent des échanges actifs visant à renforcer la coopération industrielle entre la France et le Japon dans le domaine de l'aéronautique civile. En partenariat avec les entreprises françaises (regroupées au sein du GIFAS) et japonaises du secteur, la dernière rencontre s'est tenue à Toulouse du 3 au 6 décembre 2018, en lien avec le salon Aeromart. Plus de quinze entreprises japonaises ont visité les sites industriels français, échangé avec les administrations et participé à des rencontres B2B.

Une semaine d'échanges entre les industries française et japonaise de l'aéronautique civile

Visite industrielle chez ATRUne semaine après l'organisation à Tokyo du salon Japan International Aerospace Exhibition, sur lequel dix entreprises françaises étaient présentes, la Direction Générale de l'Aviation Civile (DGAC) a accueilli à Toulouse une importante délégation japonaise, conduite par le METI - Ministère de l'Economie, du Commerce et de l'Industrie. Quinze entreprises japonaises, dont Hitachi, Mitsubishi, Kawasaki ou encore Subaru, ont fait le déplacement pour participer à cette rencontre, organisée aux mêmes dates que le salon Aeromart Toulouse, visité avec la délégation.

La semaine a commencé par des rencontres et visites industrielles chez Safran sur les appareils à décollage vertical et l'électrification des avions, chez ATR pour une visite de la chaîne d'assemblage et chez PRISMADD et Farella (WeAre Group) sur la métallurgie de précision et la fabrication additive.

Echanges sur les politiques industrielles pour l'aéronautique civileLes échanges entre les entreprises et administrations françaises et japonaises, dans les locaux de l'Ecole Nationale de l'Aviation Civile (ENAC), ont porté ensuite sur l'organisation de la formation dans la filière aéronautique (contributions de l'ENAC, de l'ISAE et de l'université Airbus), sur l'organisation de la supply chain pour l'industrie aéronautique (contributions du GIFAS - Groupement des Industries Françaises Aéronautiques et Spatiales - et de son homologue japonais le SJAC) et sur l'innovation en matière de drones et de mobilité aérienne urbaine (contributions de Thalès et de l'ENAC).

Les rencontres B2B ont permis de constater les progrès réalisés en quelques années par les entreprises japonaises quant à leur ouverture à des collaborations avec l'industrie française.

Le programme de la semaine incluait également un séminaire autour d'Airbus, dans le cadre d'un accord signé en 2017 entre le METI et la DGAC, visant à faciliter le développement de liens entres les industriels japonais (notamment les PME, de l'aéronautique mais également d'autres secteurs tels que l'automobile). Au cours de ce séminaire, Airbus a accueilli la délégation japonaise sur les chaînes d'assemblage des A320 et A380. Airbus a également présenté ses projets pour la mobilité aérienne urbaine - faisant écho à la présentation réalisée une semaine plus tôt à Tokyo lors du Japan International Aerospace Exhibition, sur le futur des appareils commerciaux. 

Compte-rendu rédigé avec la contribution de Jacques Weyant - DGAC

Délégations française et japonaise

Relations industrielles entre la France et le Japon dans le domaine de l'aviation civile

Les relations entre la France et le Japon dans le domaine de l'aviation sont anciennes : en 2019 sera célébré le centenaire de la mission aéronautique français qui forma les premiers pilotes japonais. Ce fait historique - c'est la France qui a apporté l'aviation au Japon il y a un siècle - a été oublié ces dernières décennies, dans un paysage aéronautique japonais dominé par l'offre américaine. Jusqu'à il y a une dizaine d'années, les compagnies aériennes japonaises n'utilisaient pratiquement que des appareils américains.

La percée d'Airbus au Japon, avec des contrats signés avec les deux compagnies nationales japonaises - JAL et ANA - ainsi qu'avec des compagnies low-cost, a permis d'amorcer une dynamique de rapprochement des industries française et japonaise. Aujourd'hui, plus de 20 entreprises japonaises contribuent par exemple à la fabrication de l'A380, et Airbus Helicopters et Kawasaki ont développé ensemble l'hélicopète civil BK117. Afin d'aller plus loin, en 2017, un groupe de travail a été créé à l'initiative du Ministère japonais de l'industrie (METI), avec l'appui du Ministère français des transports (MTES), pour renforcer les liens entre Airbus et les PME et ETI japonaises de différents secteurs, dont aéronautique et automobile. Airbus détient désormais 60% de parts de marché des hélicoptères civils au Japon, et vise 30% de part de marché sur les avions commerciaux en 2020 (50% à terme). L'entreprise a par ailleurs investi, à travers sa branche Airbus Ventures, dans trois startups japonaises (dont Telexistence, entreprise de robotique récemment mise en avant par le gouvernement japonais), et a signé en novembre 2018 un accord avec l'Université de Tokyo, par lequel cette dernière rejoint le programme mondial de partenariats universitaires d'Airbus (AGUPP).

Le savoir-faire français et européen est désormais recherché par les acteurs japonais. Outre Airbus, les grands groupes comme Safran et Thalès développent des projets industriels avec des partenaires japonais. Plusieurs entreprises françaises participent au projet Mitsubishi Regional Jet (MRJ), premier appareil commercial japonais à turboréacteurs. Rassemblées au sein du comité GIFAS Japon (seul pays au monde où existe un comité local du GIFAS), les entreprises françaises tissent des liens de plus en plus étroits avec les acteurs de l'archipel, comme en témoigne l'exemple de WeAre Pacific, joint venture crée en 2018 par WeAre Group et Yamaichi Special Steel pour développer des solutions de sidérurgie de précision et d'ingénierie au Japon et en Asie. Les PME et ETI françaises des secteurs de l'aéronautique visitent par ailleurs régulièrement le Japon, notamment pour les salons tels que Japan Aerospace, ou dans le cadre de missions organisées par Business France telles que la mission aéroportuaire de juin 2018.

Au delà de l'industrie aéronautique, les relations franco-japonaises pour le transport aérien se développent également sur les liaisons aériennes, avec la volonté d'Air France de renforcer ses capacités entre Paris et Tokyo, et sur les infrastructures, avec l'exploitation des aéroports du Kansai par un consortium franco-japonais autour de Vinci Airports, et un intérêt exprimé par ADP et Vinci pour les aéroports de Hokkaido qui seront mis en concession en 2019/2020.

Outre le centenaire de la mission aéronautique française au Japon, l'année 2019 sera marquée par la livraison par Airbus de ses premiers A380 vendus à une compagnie japonaise : à partir du 24 mai, ANA opèrera trois A380 sur des vols reliant Tokyo et Hawaii. Dès février 2019, la DGAC accueillera en France son homologue japonais le JCAB (rattaché au Ministère japonais des transports) pour des échanges sur les politiques de transport aérien.

A380 ANA