Depuis le déclenchement de la crise à l'automne 2008, les balances des paiements des pays émergents ont été soumises à des tensions sévères, le mouvement généralisé de réduction de l'effet de levier ayant conduit à des retraits de capitaux importants de ces pays. Alors qu'au cours des crises précédentes affectant les pays émergents, les transferts des migrants s'étaient révélés résilients et avaient ainsi procuré une source de financement stable pour ces pays, cela semble être moins le cas au cours de cette crise, les pays d'accueil des migrants étant également touchés par la crise.

La baisse des transferts de migrants engendre une détérioration des équilibres macro-financiers des pays concernés, et ce d'autant plus qu'ils avaient été une source de financement prioritaire du cycle de croissance précédent (notamment dans des secteurs cycliques, tels que l'immobilier…). L'effet défavorable sur l'activité conduit en outre à une détérioration des autres sources de devises qui accroît les besoins de financement des pays concernés.

Les pays émergents a priori les plus vulnérables à une réduction des transferts ont pour trait commun d'être de petite taille, d'avoir un compte courant fortement dépendant des transferts entrants et d'être liés à un pays source du transfert où la situation macro-financière et/ou le statut du migrant se détériorent. Il s'agit des pays de la CEI, des pays d'Amérique centrale et des Caraïbes, et de certains pays d'Europe orientale (dont la Roumanie) et d'Asie (sous-continent indien, Philippines).

Au 1er trimestre 2009, certains de ces pays apparaissent déjà fortement touchés. Les pays les plus affectés ont été ceux de la CEI, où le recul des transferts a atteint 30 % en glissement annuel. La réduction est de l'ordre de 10 % sur un an dans l'Amérique Centrale et les Caraïbes au premier trimestre, mais la baisse s'y accentue. Les pays asiatiques sont en revanche pour le moment épargnés et bénéficient de transferts résilients, en particulier au Pakistan, au Bangladesh et aux Philippines.

Trésor-Éco n° 64