Les devises des économies en rattrapage, qui connaissent de forts gains de productivité, sont soumises à des pressions à l’appréciation en termes réels par rapport aux monnaies des pays développés. Jusqu'en juillet 2007, celles-ci ont débouché dans la plupart des cas sur des appréciations nominales sensibles, tandis que l’on assistait par ailleurs à une montée des tensions inflationnistes. Ce mouvement, d’origine essentiellement structurelle, a été amplifié par la conjonction d’autres facteurs : un dollar en forte baisse face à toute monnaie, un environnement économique mondial dynamique, une liquidité très élevée sur les marchés financiers mondiaux ou encore des prix de matières premières en forte hausse.

Face à ce phénomène, la plupart des pays concernés ont tenté de limiter ce mouvement d’appréciation qui vient rogner la compétitivité. Les options classiques de la politique économique (constitution de réserves de change, stérilisation, pilotage des taux d'intérêt) ont buté sur l'impossibilité de simultanément contrôler le taux de change et conserver une politique monétaire autonome (avec des objectifs internes) dans un contexte de liberté des mouvements de capitaux et d'intégration plus forte sur le plan international. D'autres mesures ont ainsi pu être envisagées, notamment des interventions sur le contrôle des flux de capitaux (favorables à la sortie, ou restrictifs sur les entrées).

Depuis juillet 2007 et le début de la crise des subprimes, et surtout depuis son aggravation à partir de janvier 2008, les devises émergentes ont connu dans l'ensemble des évolutions plus hétérogènes et plus volatiles. Les économies des pays concernés sont exposées à des choix de politique économique difficiles entre des pressions à l'appréciation réelle essentiellement sous forme de tensions inflationnistes à court terme et un possible refroidissement, même limité, à prévoir en conséquence du ralentissement économique des pays développés à moyen terme.

Trésor-Éco n° 35