L’adoption de la monnaie unique a réduit le coût des échanges, amélioré la transparence des prix et permis une plus grande stabilité financière. Cependant, la zone euro est parfois soumise à des chocs asymétriques. Pour les atténuer, les pays membres peuvent compter sur des politiques nationales appropriées, sur un ajustement de compétitivité relative ou encore sur la mobilité des facteurs de production, c’est-à-dire du capital et du travail. C’est ce dernier mécanisme qui est étudié ici.

Deux études réalisées dans les années 1990 montraient que la mobilité du travail était beaucoup plus faible au sein de l’Union Européenne qu’aux États-Unis et que l'ajustement aux chocs passait davantage en Europe par des variations des taux de participation au marché du travail que par des migrations. La présente étude compare les mécanismes d'ajustement dans la  zone euro et aux États-Unis, en intégrant les évolutions récentes des marchés du travail.

On montre, en modélisant les dynamiques des marchés du travail entre 1973 et 2005, que la réponse de la mobilité du travail à des chocs asymétriques serait beaucoup plus faible dans la zone euro qu'aux États-Unis : une diminution de la demande de travail relative (c'est-à-dire en écart par rapport à la moyenne de la zone euro) équivalente à 10 travailleurs la première année entraînerait une émigration relative de 3 travailleurs au bout de 15 ans dans la zone euro, contre 9 aux États-Unis. Les évolutions des taux de participation nationaux contribueraient plus fortement à l'ajustement dynamique dans la zone euro.

Les estimations sur période plus récente (1990-2005) indiquent toutefois que la réaction des marchés du travail européens aux chocs asymétriques se seraient rapprochée de celle observée aux États-Unis. La contribution de la participation du travail au processus d'ajustement aurait diminué alors que la mobilité du travail serait au contraire devenue un mécanisme d'ajustement plus efficace.

Trésor-Éco n° 14