Perspectives mondiales au printemps 2025 : La croissance au défi des turbulences
Les hausses de droits de douanes freineraient la croissance et le commerce mondial en 2025 et 2026. La croissance mondiale resterait tirée par les économies émergentes, alors que les économies avancées bénéficieraient du cycle d’assouplissement monétaire. L’évolution des politiques commerciales constitue le principal aléa pesant sur ces prévisions.
Le scénario international arrêté au 21 février fait l'hypothèse d'un doublement dès le 2e trimestre 2025 des droits de douane des États-Unis envers l'Union européenne, la Chine, le Canada et le Mexique. Des contre-mesures équivalentes seraient mises en œuvre à la même date. Cela freinerait la croissance du PIB mondial à hauteur de –0,1 pt en 2025 et de –0,2 pt en 2026, et celle du commerce mondial de –0,2 pt en 2025 et de –0,7 pt en 2026.
Sous ces hypothèses et sous condition d'une levée rapide des incertitudes sur la politique économique et commerciale américaine, la croissance mondiale serait un peu moins dynamique que prévu en septembre dernier mais resterait à un bon niveau : elle atteindrait +3,2 % en 2025 et 2026, un rythme similaire à celui de 2024 et légèrement inférieur à son niveau moyen des années 2010.
Au sein des pays avancés, la croissance resterait solide aux États-Unis, si les conditions financières restent stables et si l'investissement ne pâtit pas de l'incertitude de politique commerciale, et en Espagne. Elle serait faible en Allemagne où le plan d'investissements annoncé postérieurement à cette prévision mettra du temps à produire ses effets, tandis que l'Italie et le Royaume-Uni se situeraient dans une position intermédiaire. Ces différences de croissance reflètent à la fois l'élan pour 2025 déjà constaté à la fin 2024 et des expositions différenciées à une hausse de droits de douane. En 2026, les écarts de croissance s'amoindriraient.
Dans les grandes économies émergentes (Chine, Inde, Brésil et Turquie), l'activité ralentirait en 2025. En Chine notamment, la croissance marquerait le pas, freinée par des déséquilibres structurels persistants. En 2026, l'évolution de la croissance des économies émergentes serait étroitement liée à l'évolution de politique monétaire.
Malgré le durcissement de la politique commerciale, le commerce mondial accélèrerait en 2025 et 2026, par effet de rattrapage après deux années de faible dynamisme. Le rattrapage ne serait cependant que partiel et revu à la baisse par rapport au scénario de septembre 2024 (cf. Graphique). Le commerce mondial resterait principalement tiré par les économies émergentes, engendrant une accélération moins marquée de la demande mondiale adressée à la France.
L'évolution des politiques commerciales constitue le principal risque sur ces prévisions, les dernières annonces de l'administration américaine faisant peser un fort aléa baissier par rapport aux hypothèses intégrées.
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+ Autres publications à consulter sur le sujet :
- OCDE (2025), « Garder le cap dans l’incertitude », perspectives économiques de l’OCDE, rapport intermédiaire.
- Commission européenne (2025), « EU countermeasures on US steel and aluminium tariffs explained ».
- McKibbin W. J., & Noland M. (2025). “Trump’s threatened tariffs: Projected damage to the economies of the US, Canada, and Mexico. Peterson Institute for International Economics”.
- Bouët A., Sall L. M. & Zheng Y. (2024). “Trump 2.0 Tariffs: What Cost for the World Economy?”, Policy Brief No. 49, CEPII.