Enseignements des politiques industrielles passées
Les expériences internationales de politiques industrielles depuis 1945 suggèrent que l’identification de débouchés et de marchés à un stade précoce, la mise en concurrence des acteurs et des options technologiques, ainsi que le maintien d’exigences de performance fortes sont des facteurs de succès importants. En France, la politique industrielle s’est globalement distinguée par le poids des interventions verticales et la focalisation sur un petit nombre de grandes entreprises.
La multiplication des crises, les tensions commerciales, l'accélération de la course à l'innovation et l'impératif climatique conduisent à un retour des politiques industrielles visant à créer ou renforcer des secteurs spécifiques (cf. Graphique). L'étude des politiques menées entre 1945 et 2000 dans 8 pays avancés et en rattrapage apporte un éclairage utile sur les conditions qui ont favorisé leur succès ou inversement conduit à des déconvenues.
Dans tous les pays étudiés la politique industrielle a poursuivi des objectifs proches : (i) la croissance et la compétitivité ; (ii) l'accompagnement de grandes transitions (énergétique, spatiale…) ; (iii) l'autonomie stratégique et la souveraineté ; et (iv) le soutien aux secteurs en déclin.
S'il existe différents modèles de politique industrielle, la plupart des pays sont intervenus de manière ciblée sur certains secteurs. Les pays en rattrapage (Japon, puis Corée du Sud et Chine), la France et le Royaume-Uni – jusqu'aux années 1980 –, sont intervenus directement dans le développement de capacités de production industrielles. Aux États-Unis, les interventions sectorielles ont été décentralisées et circonscrites au soutien à la R&D et aux achats publics dans les domaines d'intérêt militaire et à haute valeur ajoutée.
Les interventions sectorielles des pays avancés ont notamment porté sur des secteurs émergents ou porteurs d'enjeux de défense ou de souveraineté (aéronautique, énergie et spatial après la guerre, puis, comme dans les pays en rattrapage, électronique et informatique). Les pays en rattrapage se sont eux d'abord concentrés sur les secteurs de moyenne technologie, matures mais à fort potentiel de croissance (automobile, chimie, industrie navale) puis vers des secteurs de haute-technologie (notamment électronique et informatique).
Les expériences internationales de politiques industrielles sectorielles sont instructives pour concevoir celles d'aujourd'hui. Par exemple, le succès du conditionnement des aides à l'exportation aux performances en Corée du Sud, ou de la spécification précise d'objectifs technologiques ambitieux dans les contrats de développement aux États-Unis suggère que l'instauration d'exigences de performances commerciales et technologiques fortes constitue un facteur de succès.
+ Télécharger l'étude complète Trésor-Éco n° 358>>
+ Autres publications à consulter sur le sujet :
- France Stratégie (2020), « Les politiques industrielles en France », Rapport pour l'Assemblée nationale.
- Juhász R., Lane N., Rodrik D. (2024), “The New Economics of Industrial Policy”, Annual Review of Economics.
- Grabas C., Nützenadel A. (2013), “Industrial policies in Europe in historical perspective”, WWWforEurope, Working Paper No. 15.