En 2022, la hausse des prix énergétiques provoque une perte substantielle de revenu réel pour la France, importatrice nette d’hydrocarbures. Dans cette étude, la DG Trésor présente un chiffrage brut de ce choc, avant diffusion et adaptation des comportements. Les différents canaux qui peuvent l’atténuer et les mesures de soutien pour y faire face sont discutés, ainsi que la répartition des pertes entre État, entreprises et ménages.

 

En 2022, la hausse des prix énergétiques et la dépréciation de l'euro impliquent pour la France une détérioration des termes de l'échange, c'est-à-dire du rapport entre les prix des exportations et des importations. La France étant importatrice nette d'hydrocarbures, la hausse de leur prix relatif entraîne mécaniquement une perte de revenu réel du pays – qui représente le pouvoir d'achat de la nation – qui pourrait atteindre 85 Md€ en 2022, soit environ 3 points de PIB par rapport à 2019 (situation avant la pandémie).

Cette estimation est obtenue dans un cadre statique ex ante afin d'isoler le choc énergétique avant diffusion et adaptation des comportements. Dans un cadre dynamique, les volumes importés peuvent diminuer en conséquence de la hausse des prix, expliquant que la dégradation effective de la facture énergétique de la France mesurée par les douanes soit plutôt de l'ordre de –2 ½ pts de PIB. Les entreprises peuvent également en partie répercuter la hausse de prix sur leurs exportations : en incluant la variation des prix des exportations et des importations hors énergie, le choc de termes de l'échange serait ramené à environ –1 ½ pt de PIB.

Via les mesures de soutien, l'État prendrait en charge plus de la moitié des pertes de revenu réel en 2022. Les ménages supporteraient en direct 6 % des pertes restantes estimées, et les entreprises 42 %, mais les entreprises ayant la capacité de transmettre en partie les hausses de prix des intrants aux consommateurs, transmission relativement élevée et rapide, le reste à charge des ménages serait augmenté d'autant.

Ces mesures de soutien ont été efficaces pour contenir l'inflation en France (la plus basse des pays de l'UE en octobre 2022), préserver le pouvoir d'achat des ménages et le tissu productif. Elles doivent cependant être complétées par des mesures de sobriété efficaces pour ne pas bloquer l'ajustement de la consommation d'énergie.

Financées aujourd'hui par endettement, les mesures prises reportent le coût de la facture énergétique sur les générations suivantes. Si un lissage dans le temps est justifié vu l'ampleur du choc, la compensation ne peut être permanente.

 

 

TE-318

 

 

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