Brèves bimensuelles Japon–Corée, Période du 5 au 25 septembre 2022
BREVES BIMENSUELLES
JAPON COREE
Période du 5 au 25 septembre 2022
Sommaire
Japon
- Macro-économie et finance
- Politiques économiques
- Entreprises
Corée
- Macro-économie et finance
- Entreprises
Japon
1. Macro-économie et finance
La monnaie japonaise s’est dépréciée d’environ 30 yens par rapport au dollar depuis le début de l’année, soit 25%. Alors qu’il s’était établi à 135¥/1$ en août, en légère appréciation par rapport à juillet, le yen se déprécie fortement en septembre. Après avoir franchi la barre symbolique des 140¥/1$ le 1er septembre, il a atteint son plus bas niveau depuis 1998 à 144,5¥/1$ la semaine suivante. Malgré la volatilité du yen et la hausse de l’inflation, le Gouverneur de la Banque du Japon H. Kuroda avait annoncé maintenir la politique monétaire ultra-accommodante le 21 juillet, estimant que l’inflation était transitoire et causée par un choc d’offre, et qu’elle n’était donc pas ciblée par l’action de la BoJ - une décision à rebours de la normalisation de la politique monétaire impulsée par la Réserve fédérale des Etats-Unis et des autres banques centrales. Face à ce découplage croissant des politiques monétaires japonaise, européenne et américaine, l’écart entre rendements se creuse, poussant les investisseurs à vendre leurs yens, et tire la devise à la baisse. Après plusieurs communications du ministre des finances et du gouverneur visant à rassurer le marché, la BoJ a procédé à un « rate check » (analyse des conditions de marché sur les marchés de change) le 14 septembre, une première depuis plus d’une dizaine d’années – une étape normalement préalable à une intervention sur les marchés de change. [Le MoF est effectivement intervenu sur les marchés le 22 septembre, à la suite d’un nouveau décrochage du yen à 144 ¥/$.] Nikkei Asia, Nikkei Asia, The Japan Times
2. Politiques économiques
L’approvisionnement alimentaire du Japon au cœur des débats dans le contexte des tensions en mer de Chine. La sécurité alimentaire est revenue au premier plan de l’agenda politique japonais dans un contexte de forte inflation alimentaire (+4,4% en juillet) et d’inquiétudes sur l’approvisionnement par voie maritime en raison des tensions en mer de Chine. Le 9 septembre, le Premier ministre Fumio Kishida a ainsi annoncé une révision de la loi fondamentale sur l'alimentation, l'agriculture et les zones rurales de 1999 afin de renforcer l'autosuffisance nationale en matière de produits agricoles, d'engrais et d'aliments pour animaux. Le sujet de la sécurité alimentaire n’avait pas été inclus dans la loi sur la sécurité économique adoptée en mai.
La dépendance du Japon aux importations alimentataires est en effet l’une des plus importantes parmi les pays développés (38% d’auto-approvisionnement en calories en 2020), rendant le pays vulnérable à la fois aux hausses de prix des produits importés et aux ruptures d’approvisionnement en matière d’engrais (importés en quasi-totalité), de produits alimentaires de base ou d’alimentation animale (importés aux trois-quarts). Commentateurs et analystes interrogent une politique de sécurité alimentaire focalisée, de longue date, sur le riz, pour lequel le gouvernement poursuit des objectifs d’autosuffisance et qui fait l’objet de fortes mesures de protection (aides à la production, droits de douane prohibitifs). Cependant sa consommation – et sa production – baissent continûment depuis plusieurs décennies, rendant le pays vulnérable en cas de crise. Aussi, dans le cadre d’une réforme globale de la politique de sécurité alimentaire, certains défendent une libéralisation du marché du riz, notamment par un abaissement des barrières tarifaires. Pour les uns, ce type de mesures conduirait à une baisse des prix et au report des producteurs vers d’autres cultures plus rémunératrices, comme le blé (importé à 90%, et dont la consommation est en augmentation) ; pour les autres, elles favoriseraient la compétitivité du secteur du riz, structurellement exportateur et produisant par là-même des excédents, mobilisables pour la population en cas de crise.
Une telle réforme impliquerait des bouleversements dans un secteur marqué par l’atomisation (surface moyenne des exploitations de 3 ha), le déclin démographique (âge moyen de 67 ans) et peu tourné vers la productivité (la moitié des agriculteurs travaillent à temps partiel). Le gouvernement japonais, qui déploie par ailleurs des mesures de stockage public de blé et de diversification de ses chaînes d’approvisionnement à l’étranger, a jusqu’ici privilégié d’autres leviers afin d’améliorer la productivité, notamment l’innovation technique. Financial times, Japan Times, MAFF
3. Entreprises
L’électrification s’accélère chez Toyota, Nissan et Honda. Toyota a annoncé fin août un investissement de 730 milliards de yens (5,3 milliards d’euros) dans la production de batteries pour véhicules électriques (EV) au Japon et aux Etats-Unis en réponse à la demande croissante du marché. Le groupe investira 400 milliards de yens (2,8 milliards d’euros) au Japon : une partie dans son usine Prime Planet Energy & Solutions en collaboration avec Panasonic Holdings, l’autre dans ses propres usines. D’autre part, 325 milliards de yens (2,5 milliards d’euros) seront investis dans la construction d’une usine dans l’Etat de la Caroline du Nord, aux Etats-Unis, détenue à 90% par Toyota Motor North America et 10% par Toyota Tsusho. Suite à ces investissements, la capacité de production mondiale devrait progresser à 40 gigawatts par heure. Le groupe vante la flexibilité de sa production, assurant pouvoir adapter ses produits aux différentes réglementations régionales. La production devrait débuter entre 2024 et 2026. De son côté, Nissan Motor a annoncé début septembre être devenu l’actionnaire majoritaire (47%) de Vehicle Energy Japan. Cette entreprise développe, produit et vend des batteries lithium-ion pour les véhicules hybrides (comme la compacte Nissan Note), et collabore déjà avec Maxell (supports de stockage) et Hitachi Astemo (mobilité), tous deux actionnaires. En plus de sécuriser une relation avec un fournisseur et de renforcer la maîtrise de sa chaîne de valeur, cet investissement pourrait permettre à Nissan de devenir un acteur clé du secteur des EV et de contribuer au développement de la prochaine génération de batteries. Le même jour, Honda Motor a annoncé un projet de partenariat avec la filiale chinoise du groupe Hanwa pour sécuriser son approvisionnement en matériaux essentiels à la fabrication de batteries. D’autres collaborations sur le sol chinois seraient en cours, notamment avec Dongfeng Motor Corp et Guangzhou Automobile Group Co. Le mois dernier, Honda annonçait également un investissement de 4,4 milliards de dollars pour la construction d’une usine de production de batteries aux Etats-Unis, en collaboration avec LG Energy Solution. Ces investissements interviennent alors que le groupe avait annoncé l’année dernière l’objectif d’une flotte 100% électrique à l’horizon 2040. Nikkei, Toyota, Nikkei, Mainichi, Nikkei, Japan Today, Nikkei
Airbus s’associe à l’entreprise japonaise Hiratagakuen pour développer des services avancés de mobilité aérienne dans la région du Kansai et au-delà. Hiratagakuen est un opérateur japonais d’hélicoptères, basé dans la région du Kansai (comprenant Osaka et Kyoto), à qui Airbus avait déjà vendu des hélicoptères H135 et H145. Les deux entreprises vont étudier la faisabilité d’un lancement au Japon du service de transport « CityAirbus NextGen », le projet de taxi volant électrique en milieu urbain (eVTOL) d’Airbus, pour des usages allant de services médicaux aériens au transport aérien commercial et à l'écotourisme. Elles vont développer, dans le cadre d’un projet sélectionné par la préfecture d’Osaka, un modèle de simulation pour identifier les routes et opérations permettant des vols du prototype eVTOL d’Airbus dans la région du Kansai. Un premier vol de démonstration avec un hélicoptère Airbus H135 est prévu d'ici à la fin de l'année. Airbus ; Actu aéro
Corée
1. Macro-économie et finance
Le PIB coréen a progressé de 0,7 % au deuxième trimestre 2022 (et de 2,9 % en glissement annuel), soit un léger rebond par rapport au premier trimestre (+0,6 %). Selon les données provisoires de la Banque de Corée, l’investissement croît légèrement, à +0,3 %, grâce au secteur de la construction, en hausse de 0,2 %, et les achats d’équipements (+0,5 % contre 0,9 % au deuxième trimestre 2021). Le commerce extérieur a, quant à lui, contribué négativement, dans un contexte de basculement en déficit commercial. Bien que la banque centrale ne qualifie pas la situation d’alarmante, elle est inédite pour la Corée. En effet, déficitaire sur cinq mois consécutifs, le solde commercial est dans une configuration qu’il n’avait pas connue depuis 2008. Au mois de juillet ce déficit s’élevait à 1,18 milliards de dollars avec une croissance des exportations de 6,9 % à 59 milliards de dollars compensé par une progression plus rapide des importations de 21,2 % à 60 milliards de dollars. BoK, Korea Herald, Pulse news, Korea Times
Après avoir atteint son plus haut niveau au mois de juillet, l’inflation est légèrement plus contenue en août à 5,7 %. Pour la première fois cette année et après 7 mois consécutifs de hausse, l’inflation ralentit en août. Bien que léger, ce ralentissement est causé par la baisse des prix des produits pétroliers. En hausse de 39,6 % le mois dernier par rapport à l’année précédente, les prix de ces produits n’ont augmenté que de 19,7 % en glissement annuel. A l’inverse, les prix des denrées agricoles ont contribué à cette inflation avec une hausse de 10,4 %. De même, les prix de l’électricité, de l’eau et du gaz ont augmenté de 15,7 % sur un an. La forte inflation observée ces derniers mois avait conduit la Banque de Corée à procéder à une hausse de son taux de base de 0,25 points, passant de 2,25 % à 2,50 % dans le sillage de la Réserve fédérale américaine. Cependant, la chute de valeur du won coréen face au dollar pourrait pousser la banque centrale coréenne à intervenir à nouveau, si bien que le gouverneur a suggéré de potentiellement poursuivre les hausses de 25 points de base jusqu’à ce que l’inflation revienne à un niveau cible de 2 %. BoK, Pulse news, Korea Times, Korea Herald
2. Entreprises
Samsung dévoile sa stratégie de neutralité carbone. Dans l’objectif coréen de neutralité carbone d’ici l’an 2050, le géant Samsung Electronics a annoncé, le 15 septembre dernier, sa stratégie de verdissement de ses activités. Cette stratégie concerne en particulier sa branche semi-conducteurs, à l’origine de 90 % des émissions de gaz à effet de serre, et de 88 % de la consommation totale d’eau du groupe en 2021. Samsung a ainsi annoncé intégrer l’initiative RE100, visant 100 % d’électricité renouvelable, aux côtés de TSMC, Apple, ou encore Intel. En 2018, Samsung avait déjà annoncé l’utilisation totale d’énergies renouvelables pour ses activités en Chine, Europe et Etats-Unis, mais pas pour ses activités en Corée. En outre, Samsung a dévoilé un plan d’investissement de 5 milliards de dollars d’ici 2030 pour atteindre un verdissement complet de ses activités, via des investissements massifs en R&D et technologies, qui serviraient notamment à capturer les émissions de gaz à effets de serre et à recycler le plastique, lithium et cobalt. D’ici 2050, Samsung Electronics souhaite ainsi utiliser 100% de plastique recyclé dans tous ses produits, et diminuer ses émissions de CO² à hauteur de 17 millions de tonnes. Reuters, Samsung Electronics, The Korea Herald, The Korea Times, Green Peace
Les informations présentées dans cette revue d'actualité bimensuelle sont identifiées par le SER de Tokyo et le SE de Séoul. Elles n'ont aucune vocation d'exhaustivité. Les avis exprimés sont les résumés des articles sources.