BREVES BIMENSUELLES

JAPON COREE

Période du 7 au 20 mars 2022

  drapeau Japon

Sommaire

Japon
  1. Macro-économie et finance
  2. Entreprises

Corée
  1. Macro-économie et finance
  2. Politiques économiques
  3. Entreprises

Japon

1. Macro-économie et finance

yenLe yen a chute à son plus bas niveau depuis six ans face au dollar après l'annonce de la première hausse de taux par la banque centrale américaine (Fed) depuis 2018. Dans la foulée, le change du dollar a atteint 119 yen, comparé à une moyenne de 115 yen sur la période décembre 2021-février 2022, et 105 yen sur la même période un an auparavant. Face à une inflation américaine annuelle à 7,9% en février (la plus haute depuis 1982), la banque centrale américaine a relevé mercredi son taux directeur d'un quart de point, d'une plage de 0%-0,25% à 0,25%-0,50%. Les hausses devraient se poursuivre lors de chacune des sept prochaines réunions de la Fed, pour aboutir à un taux directeur à 2,8% l'an prochain. Par rapport aux Etats-Unis, la situation de l’inflation au Japon reste en fort décalage : si l’inflation a aussi progressé du fait de la hausse des prix mondiaux de l’énergie, elle reste limitée (janvier : inflation à 0,5% g.a. et inflation core à +0,2%), les entreprises japonaises restant notamment réticentes à augmenter les prix du fait de la forte sensibilité des consommateurs. L’inflation pourrait atteindre 2% en 2022 (soit l’objectif fixé par la Banque du Japon), mais elle ne devrait pas être durable, ce qui devrait pas provoquer de modifications de la politique d’assouplissement monétaire. A l’issue de sa réunion bimensuelle le 17 mars, la BoJ a laissé inchangés ses principaux leviers, maintenant les taux d'intérêt à court terme autour de -0,1% et les taux à long terme autour de 0%. La banque centrale prévoit également de continuer à acheter des obligations souveraines japonaises de manière illimitée, et des actions à hauteur de 12 000 milliards de yens (92 milliards d’euros) par an. Il en résulte une désynchronisation croissante entre les taux directeurs japonais (-0,1%) et américain. Dans ce cadre, le coût des importations japonaises devrait continuer à augmenter du fait (i) de la dépréciation du yen (70% des importations japonaises étant libellées en dollar) et (ii) de la nouvelle hausse des cours énergétiques consécutive au conflit en Ukraine (un quart des importations japonaises étant des combustibles minéraux). Or, près de 40% des dépenses de consommation au Japon sont liées à des articles à dominante importée – notamment l'énergie, les vêtements et l'alimentation (plus de 60% des calories consommées par la population) ; dès lors, la dépréciation du yen pourrait avoir un effet baissier sur le pouvoir d’achat des ménages japonais. Nikkei (1), Nikkei (2), ZoneBourse

 

2. Entreprises

ent20 % des entreprises japonaises implantées en Russie ont suspendu leurs activités. Un mois après le début de l’invasion russe en Ukraine, les entreprises japonaises sont de plus en plus nombreuses à se retirer de la Russie. Un cinquième environ des 168 entreprises japonaises implantées en Russie ont suspendu ou réduit leurs activités dans le pays : Hitachi a par exemple décidé, suite à la demande du gouvernement ukrainien, de cesser ses activités de production et de vente de machines de construction en Russie ; Uniqlo a également interrompu les activités de ses 50 points de vente ainsi que ses ventes en ligne. Un certain nombre de chaines d’approvisionnement ont été remaniées pour éviter les fournisseurs de matières premières russes : Bridgestone a commencé, principalement pour ses usines européennes, à revoir à l’échelle globale son réseau d’approvisionnement en matériaux pour la fabrication de pneus. Les exportations japonaises vers la Russie en 2021 se sont élevées à 862,4 Mds de JPY (environ 6,7 Mds€) dont la majorité a été réalisée par les secteurs liés à l’industrie automobile. Or les principaux acteurs japonais du secteur (Toyota, Nissan, Honda, Mitsubishi Motors, etc.) ont également décidé de suspendre leurs activités en Russie, ce qui a aussi entraîné l’arrêt des activités de leurs entreprises affiliées. Enfin, alors que l’invasion militaire russe se poursuit, les entreprises japonaises sont de plus en plus nombreuses à apporter leur aide à l’Ukraine, en fournissant des biens de première nécessité et en faisant des dons à travers des organismes internationaux tels que l’UNHR, la Croix-Rouge, le World Food Programme des Nations unies, Save the Children, etc. Nikkei, Nikkei, Reuters, NHK + communiqués de presse des entreprises

 

lngAprès qu'ExxonMobil et Shell ont annoncé leur retrait respectif des projets Sakhalin-1 et Sakhalin-2 en Russie suite au déclenchement du conflit Russie-Ukraine, le gouvernement et les entreprises japonaises maintiennent leurs investissements dans ces projets. Le Ministère japonais de l’économie, du commerce et de l’industrie (METI) et les sociétés commerciales Itochu Corporation et Marubeni Corporation avaient investi dans Sakhaline 1 tandis que les maisons de commerce Mitsui & Co et Mitsubishi Corporation contrôlent respectivement 12,5% et 10% de Sakhaline 2. Alors que près de 10% des importations annuelles de gaz naturel liquéfie (GNL) du Japon proviennent de Sakhaline 2, un retrait de ce projet aurait un impact inévitable sur la stabilité de l’approvisionnement et la sécurité énergétique du Japon mais n’affecterait que relativement peu la Russie selon de hauts responsables japonais. Ainsi, le secrétaire général de la Chambre haute Hiroshige Seko, qui avait promu la coopération économique avec la Russie en tant que ministre du METI sous l'ancien Premier ministre Shinzo Abe, a déclaré à l’occasion d’une allocution sur la chaîne nationale NHK le 6 mars : « Si nous partons maintenant, il y a des pays comme la Chine qui veulent désespérément du gaz naturel liquéfié. Ces pays prendront le gaz à bon marché. Nous devons être pragmatiques ». Néanmoins, dans une perspective à plus long terme, le ministre du METI Koichi Hagiuda s’est exprimé à l’occasion d’une conférence de presse le 15 mars sur le fait que le Japon comptait réduire sa dépendance énergétique à la Russie en s’assurant des sources d’approvisionnement non-russes grâce à des investissements dans le GNL. Nikkei Asia (1 ; 2 ; 3; 4) ; Nikkei ; Conférence de presse FFJC en anglais

 

Corée

1. Macro-économie et finance

impactLa guerre en Ukraine : impact limité sur le secteur financier coréen, mais forte hausse de l’inflation attendue. L’exposition financière directe de la Corée à l’Ukraine et à la Russie est très faible. Selon les données de la Banque des règlements internationaux, au 3ème trimestre 2021, les banques coréennes détenaient 1,7 milliard de dollars de créances sur des emprunteurs russes, soit uniquement 0,8 % du montant total de leurs créances à l’étranger. De même, selon l’OCDE, en 2019 les entreprises coréennes faisaient état de 4 milliards de dollars d’investissements directs en Russie, soit 0,9 % de l’ensemble de ses IDE coréens sortants, et de 168 millions de dollars en Ukraine. L’essentiel de l’impact macroéconomique sur la Corée sera donc indirect, à travers la hausse des prix mondiaux : l’inflation atteignait déjà 3,7 % en février en glissement annuel et la Banque de Corée avait déjà révisé mi-février de 2 % à 3,1 % sa prévision pour 2022. En réponse à l’invasion, le gouvernement coréen a mis en place des sanctions financières et des restrictions d’exportation à l’encontre de la Russie qui pourraient également avoir un impact sur l’économie du pays. Celles-ci comprennent l’interdiction des échanges avec la Banque centrale, les fonds souverains et huit des principales banques russes, la recommandation de ne plus investir dans les obligations russes et le soutien à la proposition européenne de retrait des banques russes de SWIFT. Le gouvernement coréen a également adopté des mesures de restrictions des exportations et a mis en place des mesures d’aides aux entreprises et de baisse de la fiscalité sur les produits pétroliers. Début mars, le gouvernement a débloqué 1,5 milliards d’euros de prêts à taux réduits à destination des entreprises présentes en Russie ou qui commercent avec le pays ainsi que de leurs fournisseurs et sous-traitants. Le ministère de l’Economie et des Finances a également renouvelé pour 4 mois supplémentaires la baisse de 20 % de la taxe sur les produits pétroliers mise en place en octobre 2021 et qui devait s’arrêter en avril, pour un coût alors estimé à 2 milliards de dollars pour les finances publiques. Dong-A, JoongAng Daily et Yonhap.

 

2. Politiques économiques

yoonLe 9 mars 2022, les Coréens ont élu leur quatorzième Président de la République en la personne de Yoon Suk-yeol, candidat du parti conservateur - parti opposé au Président sortant Moon Jae-in - qui a obtenu 48,6 % des voix contre 47,8 % pour son concurrent démocrate Lee Jae-myung. Pour soutenir l’économie, le président-élu a proposé la suppression des règlementations jugées excessives, méthode selon lui plus efficace qu’une politique budgétaire expansionniste qui pèse sur les finances publiques. Le Président Yoon a en particulier promis un assouplissement de la semaine de 52 heures de travail, l’application différenciée du salaire minimum selon les régions et les secteurs, ainsi qu’un allègement d’une nouvelle loi faisant peser une responsabilité pénale sur les patrons d’entreprises en cas d’accident sur le lieu de travail, revenant ainsi sur trois réformes emblématiques de son prédécesseur. Le Président-élu souhaite juguler la flambée des prix de l’immobilier en combinant une hausse de l’offre de logements (création de 2,5 millions d’appartements) et une baisse de la fiscalité, revenant notamment sur les augmentations de la fiscalité immobilière décidées par le Président Moon. Le Président Yoon souhaite par ailleurs voir la valeur des indices boursiers et des actifs virtuels croitre fortement au cours de son mandat, notamment en supprimant la taxe de 25 % sur les plus-values dépassant 37 000€ par an qui devait s’appliquer à partir de 2023. Le Président-élu s’est positionné en faveur du maintien du nucléaire dans le mix énergétique, en rupture avec le Président sortant qui avait annoncé une sortie progressive du nucléaire dès son élection en 2017. Réservé sur les énergies renouvelables, le Président Yoon n’exclut pas une baisse de l’ambition de la Corée en matière de neutralité carbone. Enfin, le Président-élu a mis l’accent sur le soutien à l’innovation et à la numérisation des entreprises. Il prévoit dans ce cadre des incitations fiscales à la R&D pour les PME, le développement d’infrastructures numériques, et des mesures en vue de combler la fracture numérique. KED, Yonhap et Korea Herald.

 

3. Entreprises

samsungLes groupes coréens à l’épreuve de la guerre en Ukraine. Depuis le déclenchement du conflit, plusieurs entreprises coréennes ont suspendu leurs livraisons vers le marché russe ou annoncé la mise à l’arrêt de leurs usines en Russie. Samsung Electronics, dont la Russie ne représente que 2 % du chiffre d’affaires mondial, a annoncé la suspension de ses livraisons depuis la Corée et un don de 6 millions de dollars à l’Ukraine, mais a décidé à ce stade de maintenir l’exploitation de son usine située au Sud-Ouest de Moscou et produisant des équipements électroménagers pour l’ensemble de la CEI. Hyundai Motor, deuxième constructeur de Russie derrière Renault, a décidé de mettre à l’arrêt ses deux usines russes produisant un total de 330 000 véhicules par an. 6 % des exportations coréennes d’automobiles et de pièces détachées sont destinées à la Russie, ce qui en fait son 2e client à l’export. De leur côté, les trois principaux constructeurs navals coréens affichent un carnet de commandes de 8 milliards de dollars auprès de clients russes et Samsung Heavy Industries a déjà annoncé deux reports de livraison de navires pour cause d’impossibilité de paiement via SWIFT. Du côté des approvisionnements, la Corée présente des dépendances à la Russie et à l’Ukraine sur certains intrants critiques, tels que les gaz rares utilisés dans le secteur des semi-conducteurs. Le secteur coréen des batteries dépend fortement des approvisionnements en nickel et en cuivre, deux métaux dont la cotation avait déjà fortement progressé en 2021 et dont les prix s’emballent depuis le déclenchement de la crise. Les perturbations des liaisons logistiques devraient de leur côté avoir une incidence limitée sur les transporteurs maritimes et les compagnies aériennes. Le principal transporteur maritime coréen HHM a suspendu les deux liaisons entre le port de Busan et les ports russes de Vostochny et Vladivostok, ce qui représente une part minime de sa flotte totale (0,4 % en tonnage). Bien que n’étant pas soumise aux interdictions russes, les compagnies aériennes Korean Air et Asiana ont suspendu leurs liaisons vers la Russie du fait d’une impossibilité d’avitaillement en carburant, et Korean Air a annoncé le 15 mars l’arrêt du survol de l’espace aérien russe, induisant un rallongement des temps de parcours vers l’Europe. Au total, la Russie est le 12e client de la Corée (1,5 % du total de ses exportations) et l’Ukraine son 64e client ; on compte une quarantaine de filiales coréennes en Russie et une dizaine en Ukraine. Korea Economic Daily, Maeil Business, Korea Herald et Business Korea

 

Les informations présentées dans cette revue d'actualité bimensuelle sont identifiées par le SER de Tokyo et le SE de Séoul. Elles n'ont aucune vocation d'exhaustivité. Les avis exprimés sont les résumés des articles sources.

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