BREVES BIMENSUELLES

JAPON COREE

Période du 12 au 25 juillet 2021

  drapeau Japon

Sommaire

Japon
  1. Macro-économie et finance
  2. Politiques économiques
  3. Entreprises

Corée
  1. Macro-économie et finance
  2. Politiques économiques
  3. Entreprises

Japon

Rencontre Macron-SugaLe Président de la République française s’est rendu à Tokyo les 23 et 24 juillet pour l’ouverture des Jeux Olympiques de Tokyo 2020. A cette occasion, il s’est entretenu avec le Premier Ministre Yoshihide Suga, avec lequel il a fait un point sur les avancées de la feuille de route bilatérale, agréée en juin 2019 lors de sa précédente visite au Japon. Cette rencontre a donné lieu à une déclaration conjointe qui rappelle l’attachement de la France et du Japon au partenariat d’exception qui les lie et l’engagement des deux pays:

  • en faveur notamment de l’initiative COVAX (initiative multilatérale visant à garantir un accès équitable de tous les pays au vaccin) et de la fourniture des doses de vaccins aux pays tiers (30 millions de doses pour la France, 60 millions pour le Japon) ;
  • d’une relance verte, inclusive et durable, en particulier en soutien aux pays les plus vulnérables ;
  • de la réalisation d’un Indopacifique libre et ouvert, inclusif et fondé sur l’Etat de droit, en réitérant en particulier l’importance de l’ASEAN dans la région;
  • pour faire une priorité de la lutte contre le changement climatique, vecteur d’innovation et de créations d’emplois;
  • à tirer pleinement avantage des perspectives offertes par les accords entre l’Union Européenne et le Japon (Accord de Partenariat Economique, entré en vigueur en février 2019 ; Accord pour une connectivité durable et des infrastructures de qualité, signé en septembre 2019 ; Alliance Verte agréée en mai 2021).
  • pour continuer à travailler ensemble à la levée des restrictions sur les importations par l’UE de produits alimentaires japonais, 10 ans après le Grand tremblement de terre de l’est du Japon. 

Le Président de la République a profité de ce déplacement pour s’entretenir avec des dirigeants de grandes entreprises japonaises afin d’évoquer leurs investissements en France et les défis de la relance économique. Ces entretiens ont également permis de revenir sur les nombreux partenariats innovants entre entreprises françaises et japonaises, notamment en pays tiers, dans des secteurs d’avenir comme la transition écologique ou l’économie digitale. Déclaration conjointe

1. Macro-économie et finance

BOJDans un communiqué du 16 Juillet 2021, la Banque du Japon (BoJ) a détaillé son programme de soutien aux investissements verts, annoncé dès le mois de juin, et l’inscrit dans une stratégie plus globale en faveur de la finance verte. La BoJ confirme l’établissement d’une nouvelle facilité, pour un an renouvelable jusqu’en 2031, qui vise à fournir aux banques japonaises des fonds à taux zéro en échange de leurs engagements verts apportés en collatéral (« prêts et obligations verts, soutenables ou liés au financement de la transition »[1]). Les banques verront le double des montants prêtés déduit de la part de leurs réserves auprès de la BoJ soumises à taux d’intérêt négatif, au profit de celles soumises à taux nul. L’institution justifie cette création par l’effet potentiellement négatif du changement climatique sur la stabilité des prix, la croissance économique et la stabilité financière. Enfin, la BoJ explicite une stratégie plus large pour lutter contre le changement climatique: inclusion des obligations souveraines vertes dans la constitution des avoirs en devises, conduite de « stress-tests » climatiques, en lien avec le superviseur financier ; approfondissement de la coopération internationale (réseau des banques centrales pour le verdissement du système financier NGFS, G7, G20…) et régionale (dans le cadre du Asian Bond Fund, porté par l’EMEAP – groupe réunissant les banques centrales d’Asie-Pacifique) en faveur de la finance verte ; engagement à contribuer au développement du marché des obligations vertes; promotion de la publication des données des institutions financières sur la base des travaux de la task force TCFD (G20/Fonds de stabilité financière) et, plus généralement, souhait d’accompagner ces institutions dans la gestion du risque climatique.BoJ, Nikkei Asia

[1] Dans un souci de flexibilité, la BoJ opte pour une définition large du collatéral éligible. Afin de conserver sa neutralité vis-à-vis du marché, elle indique qu’il reviendra à ses contreparties d’évaluer la contribution des prêts/investissements à la lutte contre le changement climatique: la banque du Japon ne décidera pas de l’éligibilité du collatéral en fonction de son contenu (nature du projet) mais en fonction du niveau de détail des informations fournies.

2. Politiques économiques

Article riz39% des Japonais consomment du riz une fois par jour au maximum. C’est ce que révèle une enquête menée fin juin par le Japan Agricultural News auprès de 1 139 Japonais âgés de 10 à 70 ans, confirmant la tendance déjà observée depuis quelques années. Le rôle d’aliment de base joué par le riz dans l’alimentation japonaise pourrait ainsi, à terme, être détrôné par d’autres féculents comme le pain ou les nouilles, dont la consommation augmente. Contre toute attente, cette tendance est plus forte chez les personnes plus âgées (42% des 40 ans et plus consomment du riz une fois par jour ou moins), que chez les personnes plus jeunes, dans la trentaine (30%) ou la vingtaine (36%). 45% des répondants affirment toutefois consommer encore du riz deux fois par jour et 16%, trois fois par jour. L’enquête propose des pistes pour inverser la tendance: les personnes interrogées se disent ainsi prêtes à consommer du riz plus souvent s’il est de meilleure qualité gustative (39% des répondants) et moins onéreux (32%); une plus grande variété des plats à base de riz stimulerait la consommation de 24% d’entre eux, de même qu’une meilleure connaissance de la qualité nutritionnelle et des bienfaits pour la santé, pour 19% d’entre eux. Sur ce dernier point, 40% affirment qu’ils consommeraient plus de riz s’ils avaient la garantie qu’il ne contribuait pas à une prise de poids. Ce paramètre santé ainsi que la diversité des plats apparaissent particulièrement importants pour les générations plus âgées, tandis que la rapidité et la facilité d’utilisation constituent des paramètres d’amélioration pour les plus jeunes, qui optent pour le riz précuit ou à cuisson rapide ainsi que la livraison à domicile. Japan Agricultural News.

Basic Energy PlanLe Ministère de l’économie, du commerce et de l’industrie (METI) a publié un projet de révision du plan fondamental de l’énergie (Basic Energy Plan), document de programmation énergétique à horizon de l’année fiscale 2030. Le projet prévoit une augmentation conséquente dans le mix électrique des énergies renouvelables (36-38%, vs. 22-24% dans le plan de 2018 actuellement en vigueur), une part inchangée pour le nucléaire (20-22%) et une diminution de la part des énergies fossiles (41% vs 56% auparavant). De plus, le gouvernement japonais prévoit désormais de recourir à l’hydrogène et l’ammoniac dans la production électrique, à hauteur de 1% du mix électrique en 2030 : pour mémoire, la stratégie de croissance verte visant à atteindre la neutralité carbone en 2050, annoncée en décembre dernier, envisage que ces deux combustibles représentent 10% du mix électrique en 2050. Le projet prévoit que le solaire et l’éolien en mer représentent ensemble plus de la moitié des énergies renouvelables du mix électrique en 2030 (soit respectivement 15% et 6% du mix électrique total). Concernant les énergies fossiles, le gaz naturel liquéfié devrait s’élever à 20% du mix électrique en 2030, le charbon à 19% et le pétrole à 2%. Enfin, pour le nucléaire, le METI souhaite mettre l’accent sur le redémarrage des centrales existantes et regagner la confiance des citoyens, perdue à la suite de l’accident de la centrale nucléaire de Fukushima, 10 ans plus tôt. Le projet prévoit également une diminution global de la production électrique de 10% en 2030, par rapport au plan actuellement en vigueur, grâce à l’amélioration de l’efficacité énergétique et à une réduction de la consommation. Selon la presse, un projet révisé devrait être présenté au Cabinet du Premier Ministre fin août et voté d’ici fin octobre. Kyodo news, MOE, Asahi.

3. Entreprises

Alliance ToyotaSuzuki et Daihatsu s’associent à l’alliance de Toyota avec Hino et Isuzu autour des véhicules connectés et électriques. La Joint-Venture lancée en avril 2021, nommée Commercial Japan Partnership Technologies et pilotée par Toyota, a pour objectif de renforcer la coopération technologique et le partage de données entre les groupes, pour accélérer l’innovation et le développement des véhicules « CASE » (Connectés, Autonomes, Partagés et Électriques), dans un contexte mondial de compétition accrue sur les véhicules électriques et autonomes. Suzuki Motor et Daihatsu Motor ont annoncé leur intention de racheter chacun 10% des parts à Toyota, qui conservera ainsi 60% du capital total, contre 10% pour chacun des quatre autres constructeurs. La participation de Suzuki et Daihatsu annonce une nouvelle orientation de la structure : initialement concentrée sur les technologies pour camions, celle-ci inclura désormais les « Kei car », véhicules dont les deux entreprises sont des constructeurs majeurs. Ces keijidousha (véhicules légers) constituent une spécificité du marché japonais: ils sont en général bon marchés, font l’objet de régulations spécifique sur leur taille, leur puissance et leurs modes de conduite, et donnent accès à des avantages fiscaux et d’assurance, ce qui les rend très populaires dans l’archipel : le Japon en compte aujourd’hui 31 millions, soit 40% du parc automobile du pays. Néanmoins, malgré le fort potentiel de ce marché, la difficulté pour les constructeurs de concilier électrification et bas prix et de conserver une voiture compacte, malgré la taille et le poids des batteries, avait pu, jusqu’à présent, limiter l’électrification de ce segment de marché. Les nouveaux objectifs gouvernementaux de société décarbonée et la montée de la concurrence forcent cependant les constructeurs à s’associer pour accélérer leurs politiques de R&D en ce sens. Nikkei, Toyota

Corée

1. Macro-économie et finance

ExportationsLe commerce extérieur coréen a atteint un nouveau record au premier semestre 2021, avec des flux d’import/export atteignant près de 500 Mds EUR. Les exportations sont en hausse de 26%, à 255 Mds EUR (en glissement annuel) tandis que les importations croissent de 24%, à 240 Mds EUR (en g.a), soit un solde commercial de 15 Mds EUR. Tous les secteurs bénéficient de cette progression des échanges: les ventes de produits électroniques et informatiques (semi-conducteurs, téléphones, disques SSD, batteries électriques…), qui représentent 30% des exportations du pays, croissent de 24% pour atteindre 77 Mds EUR. Le secteur des transports est celui qui progresse le plus rapidement (+41%), notamment grâce aux exportations de voitures (+50%) - après avoir connu une forte contraction au premier semestre 2020. Enfin, deux secteurs profitent de la hausse des prix des matières premières et des produits intermédiaires, en réponse à l’importante reprise de la demande mondiale : la métallurgie (+33%) et la chimie et pétrochimie (39%). La Chine conserve son statut de principal débouché pour les exportations coréennes (en hausse de 24%, à 64 Mds EUR - soit 25% des exportations), devant les Etats-Unis, à destination desquels les ventes ont aussi fortement progressé (+35%, à 40 Mds EUR - soit 15% des exportations). La Chine demeure le principal fournisseur de la Corée (en hausse de +25%, à 55 Mds EUR -soit 22% des importations), largement devant les Etats-Unis (+20%, à 30 Mds EUR - soit 12% des importations). Les achats de produits électroniques et informatiques (téléphones, semi-conducteurs…) augmentent de 20%, à 44 Mds EUR, tandis que ceux des équipements industriels et d’appareils électriques et électroménagers croissent de 29%, à 30 Mds EUR, portés par d’importantes acquisitions de machines pour la production de semi-conducteurs (+67%, à 12 Mds EUR). La reprise économique mondiale pousse également à la hausse les importations de produits chimiques et pétrochimiques (+25%) ainsi que la métallurgie (+32%). Les achats d’hydrocarbures sont en hausse de 19%, en raison de l’augmentation des prix, alors que les volumes d’importation restent stables. Joong Ang DailyKorea Herald, Business Korea

2. Politiques économiques

KND 2.0Le Président coréen a annoncé une hausse de 120 à 160 Mds EUR des investissements prévus dans le cadre du Korean New Deal, à l’occasion du premier anniversaire de ce plan, le 14 juillet. Les dépenses des administrations centrales devraient passer de 84 à 120 Mds EUR tandis que le reste sera supporté par le secteur privé et les collectivités locales. En 2022, la part que le gouvernement compte consacrer à ce Korean New Deal « 2.0 » s’élèverait à 22 Mds EUR, soit une progression de 29% par rapport aux dépenses prévues dans la première version. Le plan « 2.0 » a pour objectif la création de 2,5 Mi d’emplois d’ici 2025, contre 1,9 Mi précédemment.

Cette nouvelle mouture met en avant un nouveau pilier, appelé « Human New Deal », couvert dans la première version par les mesures appelées « renforcement du filet de sécurité sociale ». Ce pilier bénéficie de la plus forte hausse budgétaire, avec un doublement de l’enveloppe initiale (pour un montant final de 37 Mds EUR). Parmi les nouvelles dépenses de ce pilier, 6 Mds EUR serviront à accroitre l’employabilité des jeunes, à faciliter leur accessibilité à un logement et à les aider à constituer de l’épargne. Près de 4,5 Mds EUR seront dédiés à des aides aux familles monoparentales, aux personnes âgées et aux personnes souffrant d’un handicap. Enfin, l’accès aux nouvelles technologies sera renforcé pour les élèves scolarisés dans les écoles situées en zones rurales. Le nombre d’universités proposant des cours de programmation informatique passera de 41 à 64, avec l’objectif de former 90 000 nouveaux développeurs, grâce à un budget supplémentaire de 3,9 Mds EUR.

Les dépenses des adminstrations centrales dédiées au « Green New Deal », autre pilier du plan, passent de 32 à 45 Mds EUR, dont 3,7 Mds EUR seront consacrés au développement d’un système de mesure des émissions de dioxyde de carbone ainsi qu’à un programme de réduction de ces émissions, à l’attention de l’industrie. Selon le gouvernement, ces mesures doivent permettre à la Corée d’atteindre les objectifs pour 2030 fixés dans sa dernière NDC (contribution déterminée au niveau national), dont la mise à jour devrait être annoncée lors de la COP 26 en novembre prochain. MOEFJoong Ang Daily, Korea Times

3. Entreprises

BatteryLe Gouvernement coréen a dévoilé le 8 juillet 2021 sa « K-Battery Development Strategy», avec l’ambition de faire de la Corée le premier producteur de batteries au monde d’ici 2030. C’est depuis l’usine de production de batteries de LG Energy Solution à Ochang, dans la province du Chungcheong du Nord, que le Président Moon a annoncé les grandes lignes de la stratégie nationale concernant les batteries rechargeables, considérées comme un des axes prioritaires de développement de l’économie sur les prochaines années. Ce plan comprend :

- un volet fiscal, avec l’octroi de crédits d’impôt de 30 à 50% -fonction de la taille de l’entreprise- pour les dépenses de R&D et de 6 à 20% pour les investissements productifs;

- un volet recherche, avec le lancement de projets gouvernementaux de R&D de grande envergure ;

- et un volet financier, avec la mise en place d’un fonds de 1,5 Tn KRW (0,93 Md EUR), géré par la KEXIM (Export-Import Bank of Korea), permettant l’octroi de financements à des conditions préférentielles aux entreprises de K-batteries. Un autre fonds de 80Md KRW (59 Mi EUR), alimenté par des ressources publiques et privées, sera créé afin de soutenir les efforts de R&D des PME et des startups produisant les matériaux, composants et équipements essentiels aux batteries rechargeables de nouvelle génération. Ces dernières incluent les batteries solides (solid-state battery), les batteries au lithium-soufre (lithium-sulfur battery), et les batteries au lithium métal (lithium-metal battery). Le plan prévoit en outre la création d’un « parc de batteries » réunissant un écosystème complet favorisant le développement, l’expérimentation et la fabrication de batteries de future génération, utilisant de nouveaux matériaux et composants.

Parallèlement, le secteur privé a annoncé investir 40,6Tn KRW (30 Mds EUR) d’ici 2030, dont la majorité proviendra des 3 leaders coréens. LG Energy s’est ainsi engagé à investir dans le pays 15,1 Tn KRW (11 Mds EUR) ces 10 prochaines années, afin d’améliorer ses processus de fabrication dans sa deuxième usine d'Ochang et d’en faire une «usine intelligente» phare d'ici 2023. LG envisage également de construire un institut de formation d’experts (« LG Institute of Battery Tech »). Ces investissements devraient permettre à l’entreprise de créer 8 000 nouveaux emplois dans le pays.

Samsung SDI, de son côté, prévoit d’investir 9 Tn KRW (6,5 Mds EUR) d’ici 2030, dans ses installations et dans la R&D.

Enfin, SK Innovation devrait investir 18 Tn KRW d’ici 2025, en Corée et à l’étranger, afin de multiplier par 5 ses capacités de production (actuellement de 40 GWh) d’ici 2025 et d’atteindre 500GWh en 2030. Il est attendu des autorités coréennes que ces investissements portent, en 2030, le chiffre d’affaires de l’industrie des batteries rechargeables à 166 Tn KRW (121 Mds EUR), contre 22,7 Tn KRW en 2020 (16,8 Mds EUR). Le montant des exportations de batteries devrait passer à 16,8 Mds EUR en 2030 contre 6,3 Mds EUR en 2020. Yonhap, Hankyoreh, Joong Ang Daily, Joong Ang Daily, Korea Herald

 

 

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