BREVES BIMENSUELLES

JAPON COREE

Période du 28 juin au 11 juillet 2021

  drapeau Japon

Sommaire

Japon
  1. Macro-économie et finance
  2. Politiques économiques
  3. Entreprises

Corée
  1. Macro-économie et finance
  2. Politiques économiques
  3. Entreprises

Japon

1. Macro-économie et finance

Image CPIdeflationEn mai, la hausse des coûts de production des entreprises ne s’est pas transmise aux prix à la consommation. Le « corporate goods price index », indicateur des évolutions des coûts de production des entreprises publié par l’institut japonais de statistique, a augmenté de +4,9% en mai en g.a., atteignant 103,9 points, son niveau le plus haut depuis 2008. Cette hausse, largement due à des facteurs non domestiques – augmentation des prix d’importation, ne s’est pas répercutée sur l’indice des prix à la consommation : l’indice n’a augmenté que de 0,1% sur la même période. Cette situation est en réalité caractéristique de l’économie japonaise et de son « Syndrome des Galápagos » - fonctionnement d’une économie de manière partiellement décorellée des autres économies : les entreprises, même internationales, privilégient les besoins des consommateurs japonais sur leur marché, parfois à rebours des tendances internationales. En particulier, du fait des tendances déflationnistes de la consommation japonaise, les entreprises participant aux chaînes de valeur internationales compensent les hausses de coûts importés depuis l’étranger par des baisses de salaires au Japon, plutôt que par des hausses de prix : depuis leur pic en 1997, les salaires réels japonais ont diminué de -9,7%, alors qu’ils ont augmenté de respectivement 57,9% et 22,2% en Corée du Sud et aux Etats Unis. Cette baisse de salaires s’est notamment effectuée par la multiplication des contrats « non-réguliers » précaires dont le nombre a doublé entre 1994 et 2019, passant de 9,7 millions (20,3% du total) à 21,65 millions (38,3%). Cette contraction salariale a pour effet de réduire le pouvoir d’achat des consommateurs et d’exacerber l’écart entre les prix domestiques et internationaux. Ce décalage est particulièrement visible pour les biens dont le prix est uniforme dans le monde : à titre d’exemple, selon Nikkei Asia , un iPhone 12 coûte 45% du salaire mensuel moyen au Japon, contre 25% aux Etats Unis. Si la plupart des entreprises présentes à l’international ont ajusté à la baisse leurs tarifs pour s’adapter au marché japonais, cet équilibre est aujourd’hui remis en question par certaines entreprises : Netflix a par exemple décidé en février 2021 d’augmenter le prix de son abonnement au Japon de 13%, l’alignant ainsi avec ses tarifs mondiaux. Nikkei, Nikkei, Labour Force Survey (e-stat.go.jp)

boeuf américain importé JPLes importations de viande ont baissé en 2020, à l’exception du bœuf américain bon marché. En 2020, la chute, liée à la crise Covid-19, de la demande dans le secteur de l’hôtellerie-restauration, principal débouché, avec l’industrie agroalimentaire, pour la viande importée, a entraîné une baisse globale des importations de viande : -7,3% pour la viande de porc (880 000 T importées sur l’ensemble de l’année), -5% pour la viande de bœuf (591 000 T) et - 5% pour la viande de volaille (542 450 T). A l’inverse, la demande de viande dans le secteur de la distribution a augmenté, mais insuffisamment pour compenser la baisse de fréquentation des restaurants et soutenir donc les importations. Mécaniquement, le taux d’autosuffisance en viande a augmenté en 2020 de 1,7 point par rapport à 2019, pour atteindre 59% pour l’ensemble des viandes, soit par filière, 51% pour le porc (+2,3 pts), 36% pour le bœuf (+1,6 pt) et 75% pour la volaille (+0,8 pt). La viande de bœuf américaine fait exception puisque ses exportations vers le Japon sont en augmentation en 2020 : +6% en volume par rapport à 2019, lui permettant ainsi de prendre des parts de marché sur la viande australienne, mais enregistre toutefois une baisse en valeur de -3%. Les Etats-Unis ont donc majoritairement exporté des morceaux d’entrée et moyenne gamme, et en plus grande quantité. Japan Agricultural News, Japan Agricultural News, douanes japonaises

2. Politiques économiques

Prototype avion hydrogène AirbusLe groupe de travail du ministère de l’économie, du commerce et de l’industrie japonaise (METI) en charge de l’étude sur l’utilisation du fonds de décarbonation de 16 Mds EUR a annoncé un budget de 449 M EUR pour des projets liés à la mobilité et au transport hydrogène. Ainsi, 169 M EUR seront alloués à des projets de développement de l’avion hydrogène (développement de moteurs alimentés à l’hydrogène, technologies et matériaux permettant de réduire le poids de l’avion telle que la fibre carbone) et 280 M EUR pour des projets de navires nouvelle génération (navires propulsés à l’hydrogène et à l’ammoniac, mesures de réduction des  fuites de méthane). Un appel à projets devrait être lancé en juillet par la NEDO, organisme de recherche et de développement rattaché au METI. Yahoo

3. Entreprises

Envision AESCEnvision AESC va construire deux nouvelles usines de batteries pour véhicules électriques en Europe : en France avec Renault et au Royaume-Uni avec Nissan. Les deux projets ont été annoncés à quelques jours d’intervalle. En France, le Président de la République française  a annoncé le 28 juin lors du sommet « Choose France » que le groupe chinois Envision (via sa filiale japonaise Envision AESC) allait construire une nouvelle usine de batteries à Douai pour équiper les véhicules électriques de Renault. Le projet représente 2 Mds EUR d’investissements avec un objectif de capacité de 9 GWh dans une première phase entre 2022 et 2024 puis une deuxième phase à horizon 2030 pour porter cette capacité à 24 GWh, avec un total de 2 500 emplois à créer. Au Royaume-Uni, Nissan a dévoilé le 1er juillet le projet Nissan EV36Zero, un hub dédié aux véhicules électriques articulé autour de 3 pôles : les véhicules électriques, les énergies renouvelables et la production de batteries, avec l’objectif de créer le premier écosystème de fabrication d’EVs au monde. Implanté autour de l'usine de Sunderland, au Royaume-Uni, le projet a été lancé avec un investissement initial de 1 Md £ (1,17 Md EUR) de Nissan et de ses partenaires : le conseil municipal de Sunderland et Envision AESC. Envision AESC a va ainsi construire sa deuxième gigafactory de batteries au Royaume-Uni, d’une capacité de 9 GWh, et qui permettra à Nissan de produire 100 000 EVs supplémentaires par an. Une deuxième phase pourra également être envisagée pour porter la capacité de l'usine à 35 GWh, pour un investissement supplémentaire de 1,8 Md £ (2,1 Mds EUR). Le projet actuel représente un potentiel de 6 200 emplois chez Nissan et ses fournisseurs britanniques, dont plus de 900 nouveaux emplois Nissan et 750 nouveaux emplois dans la deuxième gigafactory d’Envision AESC. Pour mémoire, Envision AESC est une société japonaise de batteries fondée par Nissan et NEC, détenue depuis 2018 à 80% par Envision Group, conglomérat chinois de l’énergie, et à 20% par Nissan. Usine Nouvelle, Nikkei, Nissan

Corée

1. Macro-économie et finance

2ème budgetLe gouvernement coréen a dévoilé un second budget supplémentaire d’un montant de 24 Mds EUR (33 Tns KRW) que l’Assemblée nationale coréenne prévoit de voter d’ici le 23 juillet. Ce budget supplémentaire, le deuxième en 2021 et le sixième depuis le début de la crise, sera financé grâce à des recettes fiscales plus importantes que prévues (voir brèves du 31 mai au 13 juin). Il comprend 6,6 Mds EUR pour une aide, avoisinant 200 EUR par personne, versée aux 80 % des personnes touchant les revenus les moins élevés, avec 75 EUR supplémentaires par personne pour 3 millions de personnes à très faibles revenus. Le gouvernement prévoit également de fournir une aide d’un montant maximal de 6 600 EUR à plus d’1 million de commerces touchés par les mesures de distanciation sociale, pour un montant total de 2,9 Mds EUR. 3,2 Mds EUR serviront à l’achat de vaccins ainsi qu’au financement du système de santé pour la gestion de la crise de covid-19. Enfin, 9,3 Mds EUR seront attribués aux gouvernements locaux. Ce budget étant financé par des recettes supplémentaires, l’augmentation des dépenses gouvernementales ne se traduira pas par une hausse de la dette - 1,5 Md EUR de ces nouvelles recettes étant même dédiés au remboursement d’une partie de la dette-. Par ailleurs, le gouvernement ayant revu à la hausse ses prévisions de croissance pour 2021, de 3,2 % à 4,2 %, le ratio de la dette par rapport au PIB ne devrait atteindre que 47,2 % à la fin de l’année, contre 48,2 % dans la projection réalisée dans le cadre du précédent budget supplémentaire. MOEF, Joong Ang Daily, Korea Herald

2. Politiques économiques

52heuresDepuis le 1er juillet, la loi sur la semaine de 52 heures s’applique aux entreprises de 5 à 50 employés. Cette loi votée en janvier 2018 pour remplacer la précédente limitant le temps de travail maximal à 68 heures par semaine, s’applique depuis juillet 2018 pour les entreprises de plus de 300 salariés, et depuis janvier 2020 pour celles ayant entre 50 et 299 employés. La catégorie 5 à 50 salariés comprend environ 800 000 entreprises avec un total de près de 8 millions d’employés (soit 30 % de la population active). Malgré les demandes des organisations patronales, le gouvernement a refusé de leur accorder un délai pour se mettre en conformité. Les employeurs ne respectant pas cette règlementation peuvent être punis d’une amende de 14 500 EUR (20 M KRW) et d’une peine d’emprisonnement pouvant aller jusqu’à 3 ans. Néanmoins, les règles entourant la semaine de 52 heures ont également été assouplies par une loi d’avril 2021. Désormais, le temps de travail hebdomadaire est comptabilisé en faisant la moyenne des 6 derniers mois alors que cette moyenne se faisait auparavant sur les 3 derniers mois seulement, ce qui offre une plus grande flexibilité aux entreprises dans la gestion des heures de travail. Par ailleurs, jusqu’en fin 2023, les entreprises de moins de 30 employés peuvent mettre en place une semaine de 60 heures si elles obtiennent un accord écrit de leurs employés. Le gouvernement prévoit également de subventionner les entreprises devant embaucher plus de personnel en raison de la réduction du temps de travail. KBS World, Korea Times

3. Entreprises

SK InnovationSK Innovation prévoit d’investir 22 Mds EUR d’ici 2025 pour « verdir » sa production. SK Innovation, une filiale du chaebol SK, spécialisée dans le raffinage de pétrole, la pétrochimie et les batteries électriques, a dévoilé sa stratégie « From Carbon to Green » avec pour objectif de faire progresser la part de ses actifs verts de 30 à 70 % d’ici 2025. Sur ces 22 Mds EUR, plus de 13 Mds EUR seront consacrés à l’extension de ses capacités de production de batteries pour véhicule électrique. Celles-ci, actuellement de l’ordre de 40 GWh par an, devraient être multipliées par 5 pour atteindre 200 GWh en 2025, ce qui correspond à une hausse de 60 % de ses ambitions par rapport aux objectifs affichés en octobre 2020. L’entreprise a également révélé avoir un carnet de commande de plus de 1 TWh de batteries (pouvant alimenter 14 millions de voitures) dont la valeur atteindrait 96 Mds EUR. L’entreprise s’attend à devenir le troisième producteur mondial en fin 2022, derrière CATL et LG Energy Solution. Pour pouvoir lever les fonds nécessaires à une telle montée en puissance, l’entreprise se prépare à une possible scission de son activité de production de batteries avant de l’introduire en bourse aux Etats-Unis. L’entreprise prévoit aussi de développer ses capacités de recyclage de batteries ainsi que de système de stockage énergétique (ESS). Par ailleurs, plusieurs filiales de SK Innovation ont également annoncé de nouveaux projets. SK ie technology a l’intention d’accroître de 50 % ses capacités de production de séparateurs de batterie lithium-ion (un composant des batteries électriques). SK Global Chemical, une filiale spécialisée dans la pétrochimie souhaite développer de nouvelles capacités de recyclage des plastiques usagers en pétrole. Yonhap, Joong Ang DailyKorea IT Times

 

 

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