Brèves bimensuelles Japon–Corée, Période du 19 avril au 2 mai 2021

BREVES BIMENSUELLES

JAPON COREE

Période du 19 avril au 2 mai 2021

Japon

1. Evolutions macroéconomiques

La Banque du Japon a revu à la baisse ses prévisions d'inflation, admettant que l’objectif d’inflation de 2% ne sera pas atteint sous le mandat du gouverneur Haruhiko Kuroda. Selon la prévision médiane des neuf membres du conseil d'administration de la banque centrale, l'inflation “core” (excluant les produits alimentaires frais) devrait s'établir à 0,1 % pour l’année fiscale 2021 et 0,8% pour l’année fiscale 2022, dernière année du mandat du gouverneur Kuroda. Sous son impulsion, la BoJ avait amorcé une décennie d’assouplissement monétaire agressif, allant de pair avec d’importants achats de dette publique et d'actions, et des prêts à taux zéro aux banques commerciales. La révision à la marge du cadre opérationnel de politique monétaire, menée le 19 mars par la BoJ, avait ainsi pour objectif de rendre plus pérenne cette politique monétaire accommodante. A l’aune de ces prévisions d’inflation, Nomura estime que cette action accommodante devrait se poursuivre durablement, y compris sous le mandat du prochain gouverneur. Selon Hideo Kumano, économiste à l'Institut de recherche sur la vie de Dai-ichi, si l’économie et l’inflation japonaise pourraient connaître un fort rebond une fois la campagne de vaccination achevée, l’inflation devrait rester sous le seuil de 1% à long-terme du fait du vieillissement et du déclin de la population japonaise. Nikkei, Nomura

Le 13 avril, le gouvernement japonais a décidé, au vu de la saturation prochaine des capacités de stockage, et après consultation de l’Agence internationale de l’énergie atomique (IAEA), de rejeter en mer les eaux de refroidissement partiellement traitées de la centrale nucléaire de Fukushima, en dépit de la forte opposition des pêcheurs. Environ 1,2 million de tonne d’eaux traitées contenant encore du tritium radioactif sont stockées dans des réservoirs sur le site de la centrale. L’opération devrait débuter en avril 2023. Cette décision porte un coup supplémentaire au secteur de la pêche du Nord-Est du Japon qui reste sinistré depuis la catastrophe de 2011. En 2018, le volume des prises sur les côtes de Fukushima atteignait seulement 15% de son niveau de 2010 (4 010 tonnes en 2018, contre 25 900 tonnes en 2010). TEPCO (Tokyo Electric Power Company), avec le soutien du ministère de l’agriculture, annonce mener un essai d’aquaculture en utilisant l’eau destinée à être jetée en mer afin de mieux évaluer le risque. The Japan Times

Le NARO (organisation nationale japonaise de recherche agronomique et alimentaire) a mis au point un accélérateur de pigmentation de fruits en utilisant des LED. La commercialisation de cette technologie qui vise à augmenter la valeur commerciale de certaines productions doit commencer dès 2021. Ce travail de recherche vise à compenser la difficulté croissante pour obtenir la coloration des fruits qui serait causée par le changement climatique. Le dispositif, placé dans un environnement à 1°C, est une boîte dotée d’une base de LED qui émet directement de la lumière bleue à environ 15°C sur les fruits placés à l’intérieur. Cette innovation reflète surtout les efforts du Japon pour développer la production agricole à haute valeur ajoutée, notamment les fruits, et ainsi dynamiser les ventes au Japon, et à l’exportation. Japan Agricultural News

2. Relations commerciales et multilatérales

Le Japon a renforcé son partenariat avec les Etats-Unis sur les sujets climatiques lors de sa visite à Washington et annoncé un objectif de -46% d’émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 par rapport aux niveaux de 2013 lors du Sommet climat du 22 avril organisé par J. Biden. Le 16 Avril, le Premier ministre du Japon Y. Suga, premier dirigeant étranger à être invité à la Maison Blanche depuis le début du mandat de J. Biden, s’est rendu à Washington pour rencontrer son homologue américain et renforcer la coopération des deux pays pour les prochaines années. Parmi les sujets abordés, l’ambition climatique a été mise à l’honneur avec notamment l’annonce de la création d’un partenariat pour lutter contre le réchauffement climatique. Cet accord de coopération inclut de nombreux points dont la mise en œuvre de l’Accord de Paris, un rehaussement de la Contribution déterminée à l’échelle nationale (NDC) pour 2030, le soutien des efforts de décarbonation des pays de la zone Indo-Pacifique ou encore la coopération dans le domaine du stockage, de l’efficacité énergétique, de l’hydrogène, du stockage et recyclage du carbone et du nucléaire. Quelques jours plus tard, le Premier ministre japonais a annoncé lors du Sommet Climat organisé par les Etats-Unis, un nouvel objectif de 46% de réduction d’émissions de gaz à effet de serre par rapport aux niveaux de 2013 (vs -26% auparavant) ainsi que des efforts continus pour parvenir à 50%. DG Trésor & MOFA

3. Entreprises

Honda Motor annonce un objectif de vente de 100% de véhicules électriques ou hydrogène d’ici 2040. Toshihiro Miba, le nouveau PDG de Honda Motor qui a pris ses fonctions le 1^er avril 2021, a annoncé son ambition de porter la proportion d’EVs et de FCVs (véhicules électriques et à pile à combustible) produits par le groupe à 40% d’ici 2030, puis à 80% d’ici 2035, et enfin à 100% d’ici 2040. Pour atteindre ces objectifs, Honda investira 5 Tn ¥ (38,5 Mds €) en R&D sur les 6 prochaines années et envisage de restructurer ses lignes de production. Le groupe va également renforcer son alliance avec General Motors, notamment en mettant en commun des plateformes de production. En 2016, Honda avait déjà annoncé prévoir d’électrifier 2 tiers de ses véhicules d’ici 2030, mais cet objectif incluait les véhicules hybrides et les EVs et FCVs ne comptaient que pour 15% du total. En octobre dernier, Takahiro Hachigo, le précédent PDG de Honda, a dit viser la neutralité carbone pour le groupe en 2050. Les récentes annonces viennent donc accélérer les ambitions du groupe Honda, dans un contexte de pression montante du gouvernement et des consommateurs. Nikkei

Corée

1. Evolutions macroéconomiques

En croissance de 1,8 % (en g.a) durant le premier trimestre 2021, le PIB coréen a dépassé son niveau d’avant la crise, selon des données préliminaires de la Banque de Corée (BoK). La croissance, de 1,6 % en g.t, est plus importante que lors du quatrième trimestre 2020 (1,2 %). Pour la première fois depuis le début de la crise, toutes les composantes de la croissance sont en hausse durant la période. L’accélération de la croissance s’explique, notamment, par un retour en force des dépenses de consommation finale, de 1,3 % en g.t (et 1,4 % en g.a) après une baisse lors du T4 2020 (-1,2 % en g.t). La hausse concerne à la fois les dépenses publiques, + 1,7 % en g.t (+ 2,6 % en g.a) et privées, + 1,1 % en g.t (+ 1,0 % en g.a). L’investissement, composante dont la croissance est la plus importante, augmente de 2,3 % en g.t (3,7 % en g.a), soutenu par d’importants achats d’équipements (+ 6,6 % en g.t et 12,4 % en g.a), particulièrement à destination des usines de production de semi-conducteurs. Les dépenses de construction se sont accrues de 0,8 % en g.t, mais diminuent de -2,4 % en g.a. Les exportations continuent à progresser (+ 1,9 % en g.t et 4,5 % en g.a), quoique à un rythme plus faible que lors du trimestre précédent (5,4 % en g.t). Les importations croissent de 2,4 % en g.t (3,1 % en g.a). Les Douanes coréennes donnent, quant à elles, des chiffres bien plus élevés : + 12,5 % pour les exportations et + 12 % pour les importations, en g.a. La hausse des ventes de semi-conducteurs (+ 14,1 % en g.a) et d’automobiles (+ 23,7 %) explique une large partie de cette dynamique. Au total, la valeur ajoutée produite par l’industrie a augmenté de 2,8 % en g.t (3,9 % en g.a) et celle des services de 0,8 % (1,5 % en g.a). Korea Herald ; Yonhap ; Joong Ang Daily

Alors que le boom des cryptomonnaies se poursuit en Corée, des commentaires du Président de la FSC ont relancé le débat concernant le niveau de protection adéquat à offrir pour les investissements dans ce type d’actif. Après avoir longtemps considéré l’immobilier comme le meilleur moyen de faire fructifier son argent, dans un contexte de très forte des prix et de restrictions sur les emprunts immobiliers, de nombreux Coréens se sont tournés en 2020 vers la bourse. Toutefois, avec la stagnation de la valeur du KOSPI, indice de référence de la bourse coréenne, depuis le début de l’année 2021, les plus jeunes d’entre eux achètent désormais des cryptomonnaies. Les échanges journaliers sur les 14 principales plateformes d’échanges coréennes ont atteint le chiffre record de 15,8 Mds EUR (21,1 Tn KRW) à la mi-avril, soit plus du double des ventes des petits investisseurs sur le Kospi. Face à cette explosion des cryptomonnaies, le Président de la Financial Services Commission, Eun Seong-su, a réitéré ses commentaires (voir les brèves des semaines du 8 et 15 mars 2021) sur l’absence de valeur intrinsèque des cryptomonnaies et juge qu’il n’est pas souhaitable que ces actifs reçoivent le même niveau de protection que d’autres types d’investissements plus traditionnels. Par ailleurs,  le gouvernement maintient son projet de taxer à 20 % la plus-value sur les ventes de monnaies virtuelles à partir de 2022, pour les gains supérieurs à 1 900 euros (2,5 M KRW). Korea Times; Yonhap; Trading View; Joong Ang Daily; Coin Desk

2. Entreprises

Le Président Moon Jae-in a annoncé la fin du financement public des centrales à charbon à l’étranger lors du Sommet des dirigeants sur le climat du 22 avril, organisé à l’initiative du Président américain Joe Biden. L’annonce de la Corée, troisième plus important financeur de centrales à charbon à l’international, avec ses voisins chinois et japonais (cf brève Japon ci-dessus), répond à d’importantes pressions, de la part d’ONG coréennes ainsi que de la communauté internationale. L’électricien coréen KEPCO, s’est engagé dès octobre 2020 à ne plus financer de nouveau projet, tout en maintenant sa participation dans deux projets en cours au Vietnam et en Indonésie. De nombreuses filiales des conglomérats Samsung et Hanwha ont fait de même par la suite. Par ailleurs, le Président a indiqué que la Contribution déterminée au niveau national (NDC) de la Corée, document communiqué aux Nations unies qui regroupe toutes les actions en faveur du climat mises en œuvre par un pays, verrait son objectif de réduction des émissions de CO2 rehaussé avant la fin de l’année, alors qu’il se trouve pour le moment fixé à 24,4 % d'ici à 2030 (par rapport au niveau de 2017). Korea Herald ; Hankyoreh;  Joong Ang Daily