Actualités Japon - Énergie, Environnement, Transport, Construction - Décembre 2020 (i)
- Focus : Nouveau plan de relance économique en faveur de l'environnement et de l'innovation numérique
- Et aussi : Introduction de l'objectif de neutralité carbone dans la loi / Annonce par le Premier Ministre d'une NDC revue avant la COP26 / Nippon Steel annonce son objectif de neutralité carbone / Maeda Corporation et Suez signe un accord de partenariat pour des projets de concession dans l'eau au Japon / Déduction fiscale pour la production de biens permettant la décarbonation
- Focus : Les instituts de recherche (NIEES, IEEJ, REI et CRIEPI) s'expriment sur le déploiement des énergies renouvelables au Japon
- Et aussi : Les bâtiments administratifs alimentés à 30% par les énergies renouvelables en 2021 / 40% d'énergies renouvelables dans le mix électrique national en 2030 ? / Collaboration public-privé pour baisser les coûts de l'éolien offshore et publication de la "vision de l'industrie de l'éolien offshore" / KHI envisage lancer un projet de commercialisation de la chaîne de valeur d'hydrogène liquéfié d'ici 2025
- Focus : Annonce prévue sur l'arrêt des ventes de nouveaux véhicules à essence et diesel d'ici 2035.
- Et aussi : Premiers essais de navires alimentés aux biocarburants de nouvelle génération / Toyota lance sa nouvelle MIRAI
- Focus : Création d'un cadre de financement pour soutenir l'exportation de modèle de smart cities dans les pays de l'ASEAN
- Et aussi : Possible création d'un système de permis pour les drones et modification de la loi de transport aérien / Discussion sur une nouvelle norme pour l'isolation des logements / La nouvelle stratégie d'export d'infrastructures finalisée
Environnement & Climat
Nouveau plan de relance économique en faveur de l'environnement et de l'innovation numérique
Le Japon a dévoilé mardi 8 décembre son nouveau plan économique de 73 600 Mds JPY (environ 584 Mds EUR) et met l’accent sur l’environnement et l’innovation numérique.
Plus de la moitié du plan de relance (environ 317 Mds EUR) porte sur des dépenses budgétaires directes et des projets en lien avec la réduction des émissions de CO2 ou le déploiement des technologies numériques. Le plan porte également par ailleurs sur des mesures visant à prévenir la propagation de maladies et à assurer la sûreté et la sécurité en cas de catastrophes. Selon le Premier Ministre Suga, les mesures permettront de gonfler de 3,6 points la croissance économique japonaise.
Pour la décarbonation, le Japon prévoit entre autres la création d’un fonds de 2 000 Mds JPY (environ 16 Mds EUR) sur 10 ans pour soutenir le développement des technologies innovantes permettant d’atteindre la neutralité carbone. Le plan mentionne notamment l’électrification et le développement de l’électricité propre (ex. : technologie de stockage d’électricité de nouvelle génération), les technologies contribuant à la réalisation de la société hydrogène, la valorisation et stockage du carbone (CCUS), etc.
La presse japonaise évoque par ailleurs, dans le domaine du logement, un projet de dispositif incitatif pouvant allouer, en valeur équivalente, jusqu’à 1 million JPY/ménage (environ 7900 euros) en « Eco Points » pour tout ménage achetant un « éco-logement » en zone rurale.
Pour la transformation digitale, le gouvernement japonais prévoit de mettre en place une Agence de Digitalisation d’ici septembre 2021. L’objectif sera d’une part de fusionner les systèmes d’information des instances publiques pour réduire les coûts (30% d’ici 2025) et notamment d’unifier ceux des administrations locales en utilisant des services cloud.
Sources : Keizai Shimon (Cabinet Office), Kyodo News, Reuters, Nikkei, 8 & 9 décembre
Et aussi...
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D’après Yomiuri du 13 décembre 2020, le gouvernement souhaite introduire l'objectif de neutralité carbone en 2050 et les objectifs de l'Accord de Paris dans la loi pour la promotion de la lutte contre le changement climat. Une proposition sera faite le 21 décembre au comité des experts et la proposition finale sera étudiée à la session parlementaire de 2021. | Yomiuri (en japonais), 13 décembre
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Le Premier Ministre Suga a participé au Sommet pour l'Ambition Climatique du 12 décembre et a annoncé la soumission d'une NDC revue avant la COP26 à Glasgow en novembre 2021. Celle-ci devrait incorporer l'objectif de neutralité carbone de 2050 et des modifications dans le mix énergétique de 2030.
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Nippon Steel, l'une des plus grandes entreprises japonaises dans le secteur sidérurgique (acier), a annoncé son objectif de neutralité carbone d'ici 2050 et considère l'hydrogène comme une alternative à la production de coke. Asia Nikkei, 10 décembre
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Maeda Corporation, entreprise BTP, a annoncé la signature d'un accord de partenariat avec Suez pour des projets de concession dans l'eau (potable, usée) au Japon. D'une durée de 5 ans, des projets sont envisagés dans la Préfecture de Miyagi et Maeda étudie la possibilité d'un partenariat capitalistique ou la création d'une joint-venture. | Maeda (en japonais), 7 décembre
- Le gouvernement japonais considère actuellement une déduction fiscale de 10% pour les entreprises qui produisent des biens qui permettent la décarbonation du pays. Asia Nikkei, 7 décembre
Les instituts de recherche japonais s'expriment sur le déploiement des énergies renouvelables
D’après un article du Nikkei du 15 décembre 2020, un sous-comité du comité consultatif des ressources naturelles et de l’énergie (conseil du METI) a discuté des freins et des mesures permettant le déploiement des énergies renouvelables. Ce sous-comité s'est appuyé sur un ensemble de rapports des instituts publics et privés : le Renewable Energy Institute (REI), le National Institute for Environmental Studies (NIES), l'Institute of Energy Economics (IIEJ) et le Central Research Institute of Electric Power Industry (CRIEPI).
- Renewable Energy Institute (REI) - privé - a proposé l'objectif le plus ambitieux parmi les 4 instituts : un taux d'approvisionnement basé à 100% sur les énergies renouvelables en 2050. Selon l'Institut, la baisse démographique et les progrès dans le secteur de l'efficacité énergétique devraient permettre de faire baisser la demande en électricité de 20 à 30%. L'Institut insiste aussi sur la nécessité d’aménager le réseau interrégional et mentionne la possibilité d'utiliser des terres agricoles abandonnées et/ou terrains non utilisés pour déployer des mégacentrales solaires de plus de 100 GW.
- National Institute for Environmental Studies (NIES) - public - a insisté sur la nécessité d'électrifier les secteurs industriel et automobile afin de maximiser l'utilisation des énergies renouvelables. D'après NIES, de nombreuses zones sont appropriées pour le solaire et l'éolien mais les risques de fluctuation de production de l'électricité dues aux conditions métérologiques et la dispersion des infrastructures risquent de poser problème. NIES recommande l'introduction d'un mécanisme avancé d'ajustement de l'offre et la demande.
- The Institute of Energy Economics (IEEJ) a listé les problèmes empêchant l'introduction massive des énergies renouvelables notamment les risques de coupures d'électricité et d'acceptabilité sociale et environnementale des projets en lien avec les énergies renouvelables. Selon IEEJ, il est nécessaire d'analyser des données métérologiques sur une période étendue (plus de 10 ans) afin de calibrer le volume approprié pour répondre à la demande en électricité de consommateurs de différentes natures (particuliers, tertiaire, industriels).
- Central Research Institute of Electric Power Industry (CRIEPI) - privé - a reconnu que le déploiement des énergies renouvelables est « très important » mais que l'attente de l'objectif zéro émission n'est pas synonyme d'un approvisionnement basé à 100% sur les énergies renouvelables. D'après CRIEPI, en plus du nucléaire, on peut également recourir aux technologies hydrogène et de stockage et recyclage du carbone (CCUS) afin de réduire les coûts et parvenir à l'atteinte de cet objectif. Si l'ensemble des pistes sont envisagées, le CRIEPI estime que la part des énergies renouvelables dans le mix électrique en 2050 devrait atteindre 38-50%.
Sources : Nikkei, 15 décembre
Et aussi...
- L’administration japonaise a annoncé que 30% de l'approvisionnement énergétique des bâtiments gouvernementaux devrait provenir des énergies renouvelables dès avril 2021. | Asia Nikkei, 10 décembre
- Le Ministre de l’environnement japonais, S. Koizumi propose d'augmenter la part du mix électrique national à plus de 40% pour les énergies renouvelables. | Asia Nikkei, 16 décembre
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Le gouvernement va collaborer avec le secteur privé pour baisser les coûts de l’éolien offshore fixe à 8-9 JPY/kWh d'ici 2030-2035. Par ailleurs, les industriels devront viser un taux d'approvisionnement domestique des pièces nécessaires de 60% en 2040. Le gouvernement a également approuvé le document relatant la vision de l'industrie de l'éolien offshore (Offshore Wind Industry Vision) | Nikkei (en japonais), JWPA, 15 décembre
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KHI envisage, en coopération avec une entreprise australienne et Iwatani, un projet de commercialisation de la chaîne de valeur d’hydrogène liquéfié issu des énergies renouvelables d'ici 2025. Un Memorandum of Understanding a été signé le 30 novembre. | Nikkei (en japonais), Kankyo business (en japonais), 15 décembre
Transport
Annonce prévue sur l'arrêt des ventes de nouveaux véhicules à essence et diesel d'ici 2035.
Le 3 décembre 2020, la presse relayait l’annonce imminente par le gouvernement de l’arrêt des ventes de voitures à essence et diesel dès 2035 au Japon. Cela devrait concerner les voitures vendues au Japon mais des floues subsistent sur le sort des voitures exportées.
Une semaine après cette annonce, le METI a tenu un groupe de travail sur les changements structurels du secteur de la mobilité (3rd Study Group on Structural Changes in Mobility) le 10 décembre pour discuter de la politique automobile d’ici 2030 et pour les années qui suivent. Si quelques propositions ont été formulées par les acteurs du secteur privé, les annonces officielles et détaillées devraient sortir en fin d'année et la soumission d’un rapport de fin d’année du METI devrait inclure ce nouvel objectif. Le Nikkei Asia indique également que le METI pourrait envisager un système d'échange de crédits d'émission pour les constructeurs automobiles ainsi que des quotas de ventes de véhicules électriques.
Dans la même lancée, le gouvernement métropolitain de Tokyo (TMG) a révélé le 8 décembre l’arrêt de la vente de nouveaux véhicules à essence dans la capitale dès 2030 et le soutien aux véhicules hybrides et électriques. La gouverneure de Tokyo souhaite encourager une transition complète vers des voitures électriques rechargeables, à pile à combustible et hybrides essence-électricité.
Selon les propos du gouvernement japonais, la promotion de véhicules à faible émission est indispensable pour parvenir à l’objectif annoncée par le Premier Ministre Suga de réduction des émissions nettes de gaz à effet d’ici 2050. Cette annonce devrait impulser une nouvelle dynamique sur le marché des véhicules individuels. En effet, les ventes domestiques de voitures à faible ou zéro émission, hybrides incluses, représentaient seulement 29% des voitures vendues au Japon (5,2 millions au total) selon l’association japonaise des constructeurs automobiles (JAMA) et la tendance était à la baisse au cours des dernières années.
Des annonces similaires ont été reportées en Chine et en Europe.
Sources : Bloomberg, Asia Nikkei, Nikkei, 3, 8 et 11 décembre
Et aussi...
- Euglena et Mitsui OSK Lines (MOL) ont annoncé avoir effectué les premiers essais pour des trajets maritimes utilisant des biocarburants nouvelle génération faits à partir d'huile de cuisson et de microalgues. | Kankyo Business (en japonais), 16 décembre
- Le 9 décembre, Toyota Motor Corp. a lancé une version remodelée de la MIRAI, un véhicule alimenté à l'hydrogène grâce à une pile à combustible. | Kankyo business (en japonais), Global Toyota, 9 &11 décembre
Infrastructures & Villes
Création d'un cadre de financement pour soutenir l'exportation de modèle de smart cities dans les pays de l'ASEAN
D’après Nikkei, le gouvernement japonais va créer un cadre de financement de 250 Mds JPY (environ 2 Mds EUR) afin de soutenir l’exportation de modèles et technologies développés par des acteurs japonais pour le déploiement de villes intelligentes (smart cities en anglais) dans les pays de l'ASEAN. Le gouvernement souhaite soutenir les entreprises japonaises face à la concurrence chinoise et coréenne dans la région.
- La JOIN, le fond public d'investissement dans les infrastructures, va mettre à disposition 50 Mds JPY (environ 400 millions EUR) pour participer au capital d’une joint-venture créée par des entreprises japonaises et locales.
- JBIC va créer un cadre de financement de 200 Mds JPY (environ 1 600 millions EUR). Les projets urbains contribuant à la réduction des émissions de CO2, du déploiement des énergies renouvelables, à la prévention de la pollution de l’air et de l’eau, etc. peuvent bénéfier de ce financement.
Sources : Nikkei, 13 décembre
Et aussi...
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Le gouvernement japonais envisage la création d'un système de permis et de certification des drones pour les vols au-dessus des zones habitées. A cela s'ajoute l'éventuelle soumission d'une modification de loi du transport aérien à la session parlementaire de 2021 pour faciliter l'utilisation de drones dans le secteur de la logistique et ce, afin de pallier la pénurie de main d'oeuvre. Si validée, la modification devrait entrer en vigueur en 2022. | Jiji (en japonais), 10 décembre
- D'après le journal Nikkei, le ministère en charge des infrastructures (MLIT) souhaite introduire des mesures concrètes permettant de promouvoir la décarbonation des logements. Une nouvelle norme de consommation énergétique des bâtiments pourrait être envisagée avec l'ajout d'une 5ème catégorie pour l'évaluation de l'isolation des bâtiments (4 catégories actuellement). Un système de point sera également lancé à partir du printemps 2021. Nikkei (en japonais), 13 décembre
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Le gouvernement japonais a finalisé sa nouvelle stratégie d’export d’infrastructure pour 2025 et vise des commandes dont le montant total s’élève à 34 000 Mds JPY (environ 280 Mds EUR), 40% de plus par rapport à l’objectif actuel. La priorité est donnée aux technologies de décarbonation et aux projets dans les énergies renouvelables (éolien offshore, hydrogène notamment). Les conditions liées à l'aide public pour l'export de centrales à charbon sont devenues plus strictes. | kantei (en japonais), Nikkei (en japonais), Nikkei (en japonais), 11 & 12 décembre
Les informations présentées dans cette revue d'actualité bimensuelle sont identifiées par le Pôle Développement Durable du Service Economique Régional de l'Ambassade de France à Tokyo (Direction Générale du Trésor / Ministère de la Transition Ecologique). Elles n'ont aucune vocation d'exhaustivité. Les avis exprimés sont les résumés des articles sources.
Edition préparée par Agnès Lachaise et Machi Yôda.
Relue par Rémy Cardinet