A l’occasion de la Journée internationale de la diversité biologique, retour sur les engagements français et japonais, ainsi que les coopérations bilatérales pour la conservation et la protection de la biodiversité.

Journée internationale de la diversité biologique 2020L’ampleur inédite de la crise sanitaire causée par la pandémie de COVID-19 nous rappelle la complexité et la fragilité du lien qui unit l’homme à son environnement. Le nombre de personnes touchées par une maladie infectieuse (coqueluche, hépatites, tuberculose, etc.) est certes en diminution grâce à nos systèmes de santé de plus en plus performants ainsi qu’une meilleure hygiène de vie mais le nombre d’épidémies lui, augmente. Sous la pression de l’activité humaine, les milieux naturels et les espèces qui les peuplent sont soumis à un déclin sans précédent. D’après l’IPBES, 1 million d’espèces animales et végétales sont menacées d’extinction et 14 des 18 services évalués rendus par la nature sont en déclin depuis les années 70. La première cause du déclin de la biodiversité est le changement d'usage des terres (exploitation agricole, déforestation), ce qui facilite la propagation et l’augmentation du nombre d’épidémies. Loin d’être un cas isolé, Ebola, Zika, la dengue, SRAS-I et le paludisme sont ainsi liés à la pression humaine. La préservation du climat, de l’environnement et de la biodiversité constituent donc, au même titre que la lutte contre la pandémie, un enjeu urgent et d’importance planétaire. Il est indispensable de repenser notre relation avec le vivant.

La crise sanitaire actuelle ne doit ainsi pas nous faire oublier que 2020 est une année cruciale pour la biodiversité. Cette année marque le dixième anniversaire de l’adoption, au Japon, des objectifs internationaux d’Aichi qui ont lancé la décennie de la biodiversité 2011-2020. La France se montre de son côté très active en vue de l’adoption d’un nouveau cadre mondial post-2020. A cette fin, elle accueillera, début 2021 à Marseille, la convention quadriennale de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (IUCN).

Politique et engagements français 

En France, le Plan Biodiversité, adopté en 2018, comprend un objectif phare : celui de réduire à zéro la perte de biodiversité d’ici 2030. Dans celui-ci, la France souligne sa volonté d’assumer son leadership mondial sur les questions de biodiversité et d’aboutir à un cadre international ambitieux inscrit dans la Convention pour la Biodiversité Biologique (CBD).

A titre d’illustration, la France a lancé, fin 2019 avec le Costa Rica, la Coalition pour la Haute Ambition pour la Nature et l’Homme (HAC), qui vise à placer sous protection 30% des espaces terrestres et marins à l’échelle planétaire d’ici 2030. Non contraignant, cet engagement des Etats s’inscrit également dans une volonté de préserver les pratiques des communautés indigènes et la gestion durable des espaces.

Oiseau

Politique et engagements japonais

Japan Biodiversity FundLe Japon est, quant à lui, caractérisé par un grand nombre d’espèces endémiques (40% de ses mammifères terrestres et plantes vasculaires, 80% de ses amphibiens) et défend l’harmonie Homme-Nature, la reconnaissance des services rendus par la nature, ainsi que les initiatives locales. Le lancement en 2010 de l’Initiative Satoyama (couvrant également les zones côtières et maritimes avec sa déclinaison Satoumi) pour soutenir la conservation des espaces de production socio-écologiques et des savoirs agricoles traditionnels et indigènes illustre la relation que le Japon entretient avec la nature. Cette Initiative dispose également de sa structure dédiée connue sous le nom de Partenariat International pour l’Initiative Satoyama (IPSI) qui réunit des organisations du monde entier et favorise l’échange d’expertise et de connaissance sur les services rendues par la Nature et la préservation des terres.  

Le Japon souhaite particulièrement promouvoir les efforts de conservation à travers des solutions régionales et l’approche paysage qui prend en compte les multiples fonctions et les interactions entre forêts, agriculture, élevage, montagne, etc. A ce titre, sa Stratégie nationale pour la biodiversité (National Biodiversity Strategy 2012-2020) cherche entre autres à diffuser et familiariser le grand public à l’importance de la biodiversité et son impact au quotidien, soutenir les évaluations scientifiques des projets d'infrastructures et faciliter l’intégration de la biodiversité dans les stratégies et les mesures de gouvernance sociale et environnementale des entreprises japonaises.

Partenariats franco-japonais sur la biodiversité 

Les rapprochements franco-japonais se sont récemment intensifiés : lutte contre les déchets en mer, conservation des zones marines, protection des espèces menacées, mécanismes financiers pour la biodiversité (e.g. Fonds de partenariat pour les écosystèmes critiques, CEPF). Les échanges portent aussi bien sur la recherche (Charte de Metz du G7 en 2019, projet de création d’un observatoire des grands fonds marins en Nouvelle-Calédonie) que sur les politiques publiques de mise en œuvre, à l’image des derniers échanges annuels entre ministères français et japonais de l’environnement, qui ont couvert les thèmes des aires marines protégées et de la protection des récifs coralliens.  

Ces rapprochements s’inscrivent dans la continuité de la feuille de route du partenariat d’exception franco-japonais 2019-2023, adoptée en juin 2019 par les Chefs d'Etat français et japonais, qui inclut un important volet sur la biodiversité.

Quelle place pour le secteur privé? 

Le secteur privé s'implique également, tant du côté français que japonais. La France, dès 2013, lance sa Plateforme de l’Initiative Française pour les Entreprises et la Biodiversité visant à créer un lieu d’échanges des expériences et des bonnes pratiques sur la façon d’améliorer et de prendre en compte la biodiversité. Membre de l’équivalent international, le Partenariat mondial sur les entreprises et la biodiversité (GPBB), Paris avait notamment accueilli la 7ème réunion en 2017, avec la participation de l’Initiative du Japon pour les entreprises et la biodiversité (Japan Business Initiative for Biodiversity, JBIB). En avril 2020, France Stratégie a publié, avec la plateforme RSE, un ensemble de recommandations concernant l'empreinte biodiversité des entreprises.

Côté japonais, lancée en 2008 par 14 entreprises en amont de la COP10 Biodiversité, JBIB compte maintenant une cinquantaine de membres japonais qui conduisent des recherches conjointes sur la biodiversité et les meilleures pratiques ESG. Lors de la COP10 en 2010 à Nagoya, le Japon avait dévoilé son Partenariat Entreprises et Biodiversité (Japan Business and Biodiversity Partnership) en 2010 grâce à l’engagement de la Fédération d’entreprises japonaises (Nippon Keidanren), la Chambre de Commerce Japonaise, l’Association japonaise des cadres d’entreprise (Keizai Doyukai) et plusieurs ministères dont le ministère de l’Environnement.