Brèves bimensuelles Japon – Corée Semaines des 6 et 13 avril 2020
BREVES BIMENSUELLES
JAPON COREE
Semaines des 6 et 13 avril 2020
Sommaire
Japon
- Evolutions macroéconomiques
- Entreprises
- Secteur agricole et agro-alimentaire
Corée
- Evolutions macroéconomiques
- Entreprises
Japon
1. Evolutions macroéconomiques
Le FMI a réactualisé son rapport sur l’économie mondiale et a très fortement révisé à la baisse sa prévision de croissance pour le Japon, comme pour le reste du monde, avec une récession de -5,2% en 2020 (contre +0,7% projeté en janvier 2020), avant un rebond de +3% en 2021 (vs +0,5%). L’hypothèse retenue est celle d’un pic de la pandémie au second trimestre 2020 puis d’un relâchement progressif des efforts d’endiguement au deuxième semestre, permettant une reprise de l’activité économique. Selon le Fonds monétaire international, l’économie mondiale devrait connaître en 2020 sa pire récession depuis la Grande Dépression de 1929. Les pertes économiques du "Grand Confinement" sont évaluées à 9 000 Mds USD, soit autant que les économies allemandes et japonaises réunies. IMF
Les statistiques des douanes japonaises du mois de mars 2020 ont confirmé la dégradation du commerce extérieur nippon. Les exportations ont accusé un 16ème mois consécutif de baisse à -11,7% en rythme annuel tandis que les importations ont baissé de -5% sur la même période. La performance à l'export a été particulièrement dégradée avec les régions les plus touchées par la pandémie, notamment avec les États-Unis (-16,5%) et l’Union Européenne (-11,1%). Par catégorie de produits, les principaux contributeurs à la baisse ont été les machines et les matériels de transport dont les ventes ont décliné respectivement de -17,9% et -18,2%. À l'import, ce sont les combustibles minéraux (-11,6%) qui expliquent l’essentiel de la baisse en valeur, en lien avec la baisse des cours du pétrole (34$ le baril au mois de mars contre 55$ en février). MoF ; Asian Nikkei Review
Le Japon enregistre une baisse record du nombre de visiteurs en mars 2020. En raison de la propagation mondiale du virus et des fermetures des frontières consécutives, les flux touristiques entrants au Japon se sont drastiquement réduits : -58% en février et -93% en mars selon l’Agence nationale du tourisme japonais (JNTO) pour atteindre 193 700 visiteurs en mars, un plus bas depuis 30 ans. Dans le détail, le nombre de visiteurs en provenance de Chine, représentant habituellement le pourcentage le plus important (30% des touristes en 2019), a plongé de -98,5% (10 400), suivis de Taïwan avec une baisse de -98,1% (7 700) et de la Corée du Sud avec une contraction de -97,1% (16 700). Les Américains, qui ne faisaient pas encore l’objet d’un « entry ban », ont été 23 000 seulement à visiter le Japon, ce qui représente une baisse de -87% par rapport à l'année précédente. Les touristes en provenance du Vietnam représentent le deuxième contingent d’arrivée, avec 20 800 touristes, en baisse de -56,6%. JNTO ; Nippon
2. Entreprises
Face à la pandémie de coronavirus, les secteurs du bâtiment et de l’immobilier japonais sont contraints de modifier leurs activités. Shimizu Corporation, l’un des leaders japonais du secteur du bâtiment, a annoncé la suspension de tous ses chantiers dans les préfectures concernées par l'état d'urgence, soit environ 500. Cette mesure, qui vise à endiguer la propagation du virus, sera en vigueur jusqu’au 6 mai, date à laquelle l’état d’urgence pourrait être levé. Parmi les 20 000 personnes présentes sur les chantiers de Shimizu Corporation dans ces régions, environ 90% (18 000) sont employées par des entreprises partenaires et des sous-traitants. Cette annonce intervient après la révélation par Shimizu de la contamination de trois de ses employés sur un même site, dont un décès. Tandis que Tokyu Construction, Taisei et Nishimatsu Construction- qui a d’ores et déjà suspendu plusieurs projets de génie civil et de construction, envisagent également de telles mesures à l’échelle des régions concernées par l’état d'urgence, la majorité des grandes entreprises essaie de poursuivre ses chantiers, à l'image d'Obayashi Corporation et de Kajima qui devraient maintenir leurs activités tout en s’efforçant de prévenir la propagation du virus. Le ministère chargé des infrastructures (MLIT) enregistrait au 10 avril une centaine de demandes de suspensions temporaires de chantiers de la part des entreprises, soit environ 2% des 6 000 travaux publics gérés par l'État. Les grandes entreprises de l’immobilier – dont Mitsui Fudosan, Mitsubishi Estate, Sumitomo Realty & Development – ont également annoncé le report d’inaugurations de grands projets (centres commerciaux, complexes immobiliers, etc.) prévues initialement au printemps ainsi que de possibles baisses de loyers et extensions de délais de paiement afin d’éviter le départ précipité de locataires commerciaux. Nikkei (en japonais), 13 avril ; The Asahi Shimbun, Nikkei Asian Review, 14 avril ; Nikkei (en japonais), 15 avril ; JIJI (en japonais), 17 avril.
Le passage en télétravail, auquel sont appelées les entreprises dans le cadre de la lutte contre la propagation du COVID-19, se heurte au Japon à une culture d’entreprise inadaptée et à une exposition accrue aux cyberattaques. Dans le monde du travail japonais, l’usage du papier, du fax ou du hanko, un sceau personnel pour la signature de documents officiels, est encore très répandu, tandis que la réglementation empêche le plus souvent d’emporter chez soi le matériel ou les informations nécessaires au télétravail. Ainsi, en mars, seulement 13% des travailleurs japonais déclaraient être en mesure de télétravailler, d’après un sondage du ministère des territoires, infrastructure, transport et tourisme (MLIT). L’épidémie de COVID-19 a contraint les entreprises à s’adapter dans la précipitation, certaines ne disposant toutefois pas des ressources ni des connaissances nécessaires pour recourir aux outils numériques. Outre le recours à des ordinateurs privés et la méconnaissance des risques, la population, inquiète face à l’épidémie, effectue plus de recherches en ligne, ce qui permet aux cybercriminels de pénétrer plus aisément les réseaux d'entreprise. Nikkei Asian Review (7 avril) ; Nikkei Asian Review (16 avril)
3 . Secteur agricole et agro-alimentaire
COVID-19 : un appui spécifique au secteur agricole et agro-alimentaire (4,5 Mds€) pour sécuriser les chaînes d’approvisionnement alimentaire et protéger les productions en difficulté. Aujourd’hui, alors que la consommation alimentaire est seule à se maintenir, voire à croître, le Japon doit faire face à plusieurs difficultés majeures : la réorganisation des chaînes d'approvisionnement perturbées par le retour massif vers la consommation à domicile et les commerces de proximité, la perte des marchés pour les produits à forte valeur ajoutée du fait de la baisse drastique des exportations et de la fréquentation des restaurants et enfin, le manque de main d’œuvre en agriculture en période de récolte. Un premier train de mesures a été mis en place dès le 10 mars pour indemniser certains agriculteurs et quelques industries agro-alimentaires fournisseurs des cantines scolaires et aider à la recherche de nouveaux débouchés. Le plan d’urgence économique annoncé de 7 avril, d’une toute autre envergure, a pour objectif, dans le secteur agricole et agro-alimentaire, de soutenir la production nationale (produits laitiers, fruits, légumes, etc) qui doit continuer d’approvisionner au mieux les commerces alimentaires, de promouvoir les filières à haute valeur ajoutée (viande de type wagyu, produits de la mer, fruits, etc) et d’apporter des solutions au manque de main d’œuvre. Le secteur bénéficiera en outre d’aides du METI aux PME et à l’exportation et le marché des boissons alcoolisées japonaises, domestique et à l’export, fera l’objet d’un soutien accru du ministère des finances, via la National Tax Agency.
Le Japon obtient l’autorisation d’exporter des viandes de volaille vers Macao. En négociation depuis un an avec les autorités sanitaires de Macao pour pouvoir exporter des viandes de volaille vers ce territoire chinois, le Japon a obtenu le feu vert de Macao le 1er avril dernier. Le modèle de certificat sanitaire fixé entre les deux pays doit notamment garantir que les volailles sont issues de zones japonaises dans lesquelles aucun foyer d’influenza aviaire n’a été constaté depuis 21 jours au moins. Par ailleurs, les viandes doivent avoir été manipulées dans des établissements dûment agréés par le ministère de la santé japonais (MHLW). En 2019, le Japon a, selon le ministère chargé de l’agriculture (MAFF), exporté 9 375 tonnes de viande de volaille vers Hong Kong, le Vietnam et le Cambodge, pour une valeur de 1 941 M¥ (17,6 M€). Macao lui offre un nouveau débouché asiatique proche.
Corée
1. Evolutions macroéconomiques et financières
D’après les premières estimations de la Banque de Corée, la croissance coréenne se serait repliée de -1,4 % au T1 2020 en glissement trimestriel, soit +1,3% en glissement annuel. Ce repli de -1,4 % constitue un plus bas depuis 2008 et « annule » le bénéfice d’un bon T4 2019 (+1,3 % en glissement trimestriel). Pour autant, la Corée se distingue par sa résilience en comparaison d’autres économies asiatiques ayant déjà publié leurs chiffres du T1, comme la Chine (-9,8 % g.t ; -6,8 % g.a) ou Singapour (-10,6 % g.t ; -2,2 % g.a). La consommation privée (- 6,4 % g.t ; -4,7 % g.a) explique l’essentiel de ce repli. L’effet des mesures de distanciation sociale et l’effondrement du tourisme entrant, en particulier chinois dès janvier (le tourisme chinois représente 40 % du tourisme total en Corée) a été limité par la prégnance du e-commerce (qui représente ¼ de la vente de détail, un record mondial) et l’efficacité des mesures sanitaires qui ont permis d’éviter tout confinement. L’investissement s’est plutôt maintenu malgré l’incertitude (+0,9 % g.t, +4,4 % g.a), et les exportations de biens (-0,8 % en g.t ; +6,3 % en g.a) n’ont pas encore subi, en volume en tout cas, la contraction de la demande mondiale, grâce notamment à la bonne tenue des exportations de semi-conducteurs. Si les écarts-types des différentes prévisions de croissance 2020 appellent à la prudence, oscillant de +1,3 % pour la BAsD à - 6,7 % pour Nomura, le FMI, qui voit la croissance coréenne reculer de -1,2 % sur l’année, considère la Corée comme le pays de l’OCDE qui subirait l’ajustement baissier lié à la crise le plus faible (-3,4 points par rapport aux prévisions de janvier). Yonhap ; Bank of Korea
Le Président coréen a annoncé le 22 avril un « New Deal » en faveur de l’emploi. 10,1 trillions KRW (8,2 Mds USD) seront directement alloués à l’emploi : 800 M USD financeront des subventions pour la sauvegarde de l’emploi, 1,5 Md USD devraient permettre le versement d’une aide d’urgence de 400 USD/mois, pendant 3 mois, bénéficiant à 930 000 personnes ayant perdu leurs emplois/revenus, mais non éligibles au chômage (freelances notamment). 3 Mds USD iront au soutien à la création de 530 000 emplois, dont 400 000 dans le secteur public et 3 autres Mds USD devraient permettre de financer la hausse des allocations chômage et des programmes de formation à destination des chômeurs. Ce plan, qui représente une hausse de 40 % du budget pour l’emploi par rapport au budget 2020, fera l’objet d’un nouveau budget supplémentaire, le 3ème depuis le début de l’année, de 9,3 trillions KRW (7 ,5 Mds USD). En complément, le Président Moon Jae-in a annoncé que le plan de stabilisation de l’économie de 100 trillions KRW (81 Mds USD) annoncé fin mars serait allongé de 75 trillions KRW (60 Mds USD) supplémentaires. Un fonds potentiellement doté de 32 Mds USD sera créé par la Korea Development Bank et permettra de renflouer sept industries qualifiées d’essentielles : les secteurs aérien, construction navale, industrie maritime, automobile, énergie, machines industrielles et télécommunications seront aidés sous condition stricte de maintien de l’emploi, de réduction des salaires des cadres, de réduction des dividendes et de limitation des rachats d’action. Les 28 autres Mds USD permettront principalement d’augmenter la capacité de prêt aux entreprises de 8 Mds USD et de doter le fonds de stabilisation du marché obligataire de 16 Mds USD supplémentaires. Korea joongang Daily ; MOEF
2. Entreprises
Baedal Minjok, le leader coréen de la livraison de repas à domicile, fait face à la fronde des restaurateurs suite à la révision par l’entreprise de son taux de commission. Alors qu’elle proposait jusqu’alors un forfait mensuel de 88 000 KRW (environ 70 USD) pour accéder à ses services, Baedal Minjok a décidé d’appliquer à partir du 1er avril un taux de commission fixe de 5,8% du montant de chaque commande, provoquant rapidement la colère des professionnels de la restauration. Justifiant ce changement par le fait qu’il empêcherait les grands restaurants de monopoliser les espaces les plus visibles dans l’application mobile avec leurs annonces, Baedal Minjok n’a pas convaincu. La Fédération des microentreprises de Corée (KFME) a notamment accusé l’entreprise d’abuser de sa position dominante, arguant que ce changement serait défavorable à une grande majorité des petits commerçants. Cette affaire a finalement pris une tournure politique, le gouverneur de la province environnante de Séoul (Gyeonggi) proposant notamment de développer une application publique pour la livraison de repas, idée par la suite reprise par le parti au pouvoir (Minjoo) au cours de la campagne des législatives du 15 avril. Sous cette pression grandissante, Baemin Minjok a finalement fait marche arrière le 10 avril et a promis de rétablir au plus vite l’ancien système sur son application. Korea Times, Korea Herald, Korea IT Times
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