Actualités économiques Japon & Corée - Semaines des 27 janvier et 3 février 2020
BREVES BIMENSUELLES
JAPON COREE
Semaines des 27 janvier et 3 février 2020
Sommaire
Japon
- Evolutions macroéconomiques
- Relations commerciales et multilatérales
- Entreprises
Corée
- Evolutions macroéconomiques
- Entreprises
Japon
1. Evolutions macroéconomiques
L’épidémie de coronavirus suscite de fortes inquiétudes chez les professionnels du tourisme, en particulier sur l’archipel nippon, très prisé par les touristes chinois. En 2019, le Japon a accueilli 9,5 millions de touristes chinois, 5,6 millions de Coréens et 4,9 millions de Taïwanais. Les touristes chinois représentent 30% des visiteurs étrangers et 40% des dépenses touristiques au Japon. Un tiers des touristes chinois visite le Japon dans le cadre de voyages organisés. La suspension par les autorités chinoises, le 27 janvier dernier, de la vente de voyages organisés est donc une source d’inquiétudes pour les professionnels du tourisme, qui craignent une perte importante de revenus. Selon l’association japonaise des agences de voyages, 400 000 chinois auraient déjà annulé leurs séjours prévus au 1er trimestre 2020. Ce nombre, qui s’appuie sur le recensement des lettres de garanties nécessaires à l’obtention de visas, pourrait encore évoluer selon la durée de l’épidémie. Cette situation s’ajoute à la forte baisse du nombre de touristes coréens observée depuis l’été 2018, sur fonds de tensions diplomatiques bilatérales et compromet l’atteinte de l’objectif gouvernemental de 40 millions de visiteurs étrangers en 2020, à l’occasion des Jeux Olympiques de Tokyo. Bloomberg ; Jiji Press (1) ; Jiji Press (2) ; Japan Tourism Statistics
2. Relations commerciales et multilatérales
Les entreprises japonaises prennent acte du Brexit mais s‘interrogent sur les perspectives des négociations commerciales entre le Royaume-Uni et l’Union Européenne (UE). Dès lors que le retrait du Royaume-Uni de l’UE est effectif, depuis le 31 janvier, les sociétés japonaises implantées au Royaume-Uni espèrent la négociation d’un accord commercial bilatéral proche de l’Accord de Partenariat Economique signé entre l’UE et le Japon. Celle-ci dépendra de l’évolution des négociations parallèles entre le Royaume-Uni et l’UE durant la période de transition, qui s’achève théoriquement fin 2020. Lors d’une conférence de presse, le ministre japonais de l’économie, du commerce et de l’industrie (METI), Hiroshi Kajiyama, a déclaré vouloir « s’attaquer rapidement à l’élaboration d’un accord économique ambitieux avec le Royaume-Uni ». Plusieurs filiales japonaises basées au Royaume-Uni ont déjà réorganisé leurs activités : le fabricant pharmaceutique Eisai a, par exemple, choisi de délocaliser ses équipes en Allemagne, tandis que le constructeur automobile Honda devrait fermer son usine située à Swindon en 2021. Mainichi ; Japan Times ; The Diplomat
Le Japon mène une politique d’éducation nutritionnelle volontariste qui vise à privilégier sa production nationale. Les évolutions de la société japonaise influent sur le mode de vie, l’alimentation et la santé. Le « repas japonais » devient minoritaire, pénalisé par une recherche de productivité au nom de l’objectif de croissance économique : pour ne pas perdre de temps, les Japonais ont pris l’habitude d’aller au « convenience store » et au supermarché, ouverts 24h/24h, et de fréquenter la restauration rapide tandis que les enfants, qui vont au « juku » (cours du soir), mangent souvent seuls et grandissent sans éducation nutritionnelle. Obésité, allergies alimentaires et troubles de l’alimentation sont de plus en plus fréquents dans un pays qui possède pourtant une culture culinaire traditionnelle ancestrale. 70% des hommes et 50% des femmes de 20 à 30 ans n’auraient pas de connaissances suffisantes pour choisir correctement leur nourriture. Pour contrer ces tendances, le gouvernement japonais a adopté dès 2005 une « loi-socle » sur l’éducation alimentaire ("Basic Law of Shoku-iku"), visant à promouvoir l’éducation nutritionnelle et en particulier les avantages du « manger japonais ». Plusieurs ministères sont parties prenantes : Premier Ministère, et Agence de la Consommation;Agriculture (faire connaître l’activité de production par des expériences à la ferme, promouvoir la diversité et les avantages des produits japonais, augmenter le taux d’autosuffisance) ; Santé ; Education (cantines scolaires). Le mois de juin est ainsi devenu le mois de l’éducation alimentaire. La loi est accompagnée par un « Projet de base pour la promotion de l’éducation alimentaire» associant les collectivités locales, qui prendra fin en 2020. Dès 2014, le gouvernement japonais avait dépensé plus de 200 millions de yen (environ 1,6 millions d’euros) dans ce programme. Le nombre d’enseignants en nutrition au Japon est passé de 34 à plus de 4000 depuis 2005, permettant d’enseigner , dans toutes les écoles publiques japonaises, trois principes de base du shoku-iku : 1. Ne sautez jamais le petit déjeuner ; 2. Évitez d’acheter vos repas dans les « convenience stores » ; 3. Choisissez un repas traditionnel japonais plutôt que la restauration rapide (fast-food).
3. Entreprises
Marubeni lance la première grande entreprise d'énergie éolienne offshore au Japon. La maison de commerce Marubeni s’apprête à lancer une entreprise de production d'énergie éolienne offshore à grande échelle, après s’être vu attribuer un contrat en 2015. La société Akita Offshore Wind, filiale de Marubeni, va installer 33 éoliennes dans les infrastructures portuaires des villes d’Akita et de Noshiro, dans la préfecture d’Akita (nord de Honshu). Les travaux d’installation des éoliennes, de sous-stations et de lignes de transmission devraient être achevés en 2022. Les générateurs, d'une puissance totale de 140 MW, seront en mesure de répondre aux besoins d’environ 47 000 ménages (3 kW/ménage en moyenne). L’électricité produite sera ensuite vendue à l’entreprise Tohoku Electric Power, avec laquelle Marubeni a signé un contrat de 20 ans. Le coût total du projet, estimé à 100 milliards ¥ (826,6 Mi €), sera en partie financé par les banques MUFG, lMizuho et SMBC. Créée en 2016, Akita Offshore Wind est détenue à 40% par Marubeni; Obayashi, Kansai Electric Power et Chubu Electric Power font partie des 12 autres actionnaires. Sources: The Japan Times ; JIJI Press ; The Asahi Shimbun, 4 février.
Les entreprises japonaises, pourtant leaders de la R&D, risquent de se faire distancer par les cinq géants technologiques américains. Les investissements en R&D de l’ensemble du secteur privé japonais se sont élevés à 151 Mds USD en 2018, contre environ 70 Mds USD pour Amazon.com, Facebook, Apple, Microsoft et la maison-mère de Google, Alphabet. En 2022, les investissements de ces derniers devraient à eux seuls dépasser 160 Mds USD. Pourtant, à l’heure du développement des nouvelles technologies numériques, comme l’intelligence artificielle (IA) ou l’Internet des Objets (IoT), seules les entreprises qui ont accès aux technologies brevetées et aux mégadonnées domineront le marché. Source : Nikkei
Corée
1. Evolutions macroéconomiques et financières
L’impact de l’épidémie de coronavirus sur la croissance coréenne pourrait s’élever à 0,6 point de pourcentage de PIB au 1er trimestre 2020, soit environ 0,2 point sur l’année 2020, selon le Ministère des Finances. Le Hyundai Economic Research estime que, selon l’ampleur de l’épidémie, l’impact serait de 0,3 point à 0,7 point de PIB au 1er trimestre, soit 0,1 à 0,2 point sur l’année. Partenaire commercial majeur de la Chine, qui représentait plus de 25 % de ses exportations en 2019 (136 Mds USD) et dont elle est le premier fournisseur mondial, la Corée fait déjà face à des conséquences concrètes de l’épidémie de coronavirus en raison de la part importante de biens intermédiaires dans ses importations en provenance de Chine (60 % environ des 107 Mds USD d’importations en provenance de Chine en 2019). Suite à des ruptures d’approvisionnement en équipements due à l’extension des congés du nouvel an lunaire, Hyundai Group (Hyundai Motor et Kia Motors) ont fermé leurs usines vendredi 7 et lundi 10 février, avant de rouvrir partiellement mardi 11. Renault-Samsung a, de son côté, annoncé la fermeture de son usine de Busan du 11 au 17 février pour le même motif. Le tourisme va également connaître des difficultés, avec la suspension à date de 57 % des liaisons entre la Corée et la Chine, alors que la Corée était la 3ème destination la plus populaire pour les touristes chinois en 2019, avec 6,2 millions d’entrants, soit près de 40 % du nombre total de touristes en Corée. La Corée est par ailleurs leader mondial du « dutyfree » avec 20 Mds USD de CA en 2019, soit un quart du marché mondial ; or, la clientèle chinoise représentait 75% de ces dépenses. Hankyoreh ; Pulse News
En dépit de résultats nets en repli de 43 % sur l’année 2019, les entreprises coréennes cotées ont maintenu leur niveau de dividendes en valeur absolue pour 2019 (-3 % sur un an). Les entreprises coréennes sont pourtant connues historiquement pour leur faible ratio dividendes/bénéfices, inférieur de 10 points à la moyenne des pays développés lors de la dernière décennie. Le relatif maintien des dividendes peut être vu comme un succès inhérent au renforcement du droit des actionnaires minoritaires, entrepris depuis plusieurs années (notamment via l’introduction progressive du vote électronique ou la suppression du « shadow voting », qui facilitait l’atteinte du quorum lors des Conseils d’administrations, et limitait d’autant la capacité des petits actionnaires à défendre des lignes différentes de celles des dirigeants historiques). Le National Pension Service (fonds de pension national, 610 Mds USD d’actifs sous gestion), actionnaire de toutes les entreprises coréennes cotées, participe lui aussi à cet effort de lutte contre les faibles dividendes: il publie depuis 2016 la liste des entreprises rétribuant insuffisamment leurs actionnaires ; il s’est doté depuis 2018 d’un code de gérance renforçant l’usage actif de leurs ? droits de vote, avec comme objectif la hausse des dividendes perçus et l’amélioration de la gouvernance des grands groupes coréens. En 2019, le NPS a ainsi voté contre 16,5 % des propositions formulées par les conseils d’administration des entreprises dont elle est actionnaire, contre 12 % en 2018. Korean Investors ; Korea Herald ; Korea Times
2. Entreprises
Le président Moon Jae-in annonce la création d’un cluster industriel à Busan, fruit d’un ambitieux partenariat entre les autorités locales, le secteur privé et les syndicats, destiné à devenir l’un des principaux lieux de production de pièces pour véhicules électriques. Le fabricant de pièces automobiles Korens et une vingtaine de fournisseurs se sont ainsi engagés à investir 643 Mi USD au cours des 10 prochaines années pour la construction et l’exploitation de ce complexe dans le quartier de Gangseo-gu. La Mairie de Busan a, pour sa part, promis des subventions spéciales à destination de ces entreprises et mettra également à disposition des travailleurs 2000 appartements appartenant à l’Etat, ainsi que des lignes de bus exclusives. Enfin, les syndicats se sont engagés à ne pas mener de luttes sociales pendant cinq ans et ont accepté que les travailleurs ne puissent pas postuler à un emploi dans une autre entreprise pendant les trois prochaines années. Le gouvernement espère générer 4300 emplois via ce projet et soutenir le développement de l'industrie du véhicule électrique dans le pays, qui ambitionne d’exporter 4 millions de voitures d'ici 2031. Il s'agit du plus gros investissement que la ville de Busan ait attiré depuis l'implantation de Renault Samsung Motors il y a 25 ans. Yonhap, Korea Post, Korea JoongAng Daily
Les informations présentées dans cette revue d'actualité bimensuelle sont identifiées par le SER de Tokyo et le SE de Séoul. Elles n'ont aucune vocation d'exhaustivité. Les avis exprimés sont les résumés des articles sources.