Actualités économiques Japon & Corée - Semaines des 21 et 28 octobre 2019

BREVES BIMENSUELLES

JAPON COREE

Semaines des 21 et 28 octobre 2019

Japon

1. Evolutions macroéconomiques

La Banque du Japon a laissé sa politique monétaire inchangée lors de sa réunion de politique monétaire des 30 et 31 octobre, jugeant, après examen de la conjoncture,  que les risques de non atteinte de sa cible d’inflation n’avaient pas augmenté. Elle a toutefois modifié son pilotage des taux (forward guidance) en précisant qu’elle était prête à réduire davantage ses taux d’intérêt si l’économie venait à se fragiliser. La décision de la BoJ intervient à contre-courant de la décision de la  BCE de baisser ses taux le 12 septembre, et de celle de la Réserve fédérale américaine (Fed) qui a abaissé le 30 octobre de 25 points de base ses taux d’intérêt directeurs pour le  3^ème  mois consécutif. La politique monétaire de la BoJ reste ultra accommodante : réaffirmation de ses lignes directrices sur les taux d’intérêt long terme (objectif de taux à 10 ans autour de 0%), et court terme (objectif de taux à -0,1%) et confirmation du maintien de son vaste programme d’achats (Quantitative  and  Qualitative  monetary  Easing) et du pilotage de la courbe des taux d’intérêt (Yield Curve Control) destinés à parvenir à un taux d’inflation durablement supérieur à 2%. La BoJ a par ailleurs abaissé ses prévisions de croissance et d’inflation (hors produits frais) pour 2020/2021 à +0,7% et +1,1% (contre +0,9% et +1,3% précédemment). Bank of Japan ; Japan Times ; Zone Bourse

Les ventes de détail du mois de septembre ont augmenté à leur rythme le plus important depuis plus de 5 ans (+9,1%), dopées par des anticipations d’achats avant l’entrée en vigueur au 1^er octobre de la hausse de la TVA (8 à 10%). Cette hausse a été portée par une augmentation de 16,9% des ventes de voitures et d’équipements électroménagers. Il s'agit de la plus forte hausse des ventes au détail depuis mars 2014, période où les ventes de détail avaient progressé de +11% en anticipation d’une hausse de la TVA de 5 à 8% au 1^er avril. Toujours en 2014, la consommation privée nipponne avait, après  augmentation de TVA, largement chuté (-4,8% en rythme trimestriel selon le Cabinet Office). Reuters

Le GPIF, le puissant fonds de pension japonais (en-cours sous gestion avoisinant les 1 500 MDS USD), a annoncé début octobre étudier un nouvel ajustement technique de l’allocation de son portefeuille. Cet ajustement, l’autoriserait à requalifier une obligation étrangère en obligation domestique si le fonds couvre parfaitement son risque de change. Ainsi, les allocations sur les obligations étrangères couvertes seraient considérées comme « équivalentes » aux allocations sur les obligations domestiques, permettant de dépasser le plafond théorique de 19% sur les obligations étrangères et de casser à la baisse le plancher de 25% en obligations domestiques japonaises : face à la faible rémunération de ces dernières, ce plancher est désormais perçu comme pénalisant. Reuters

2. Relations commerciales et multilatérales

L’accord commercial Etats-Unis-Japon conclu en septembre inquiète le secteur agricole nippon.   L’accord initié en marge du Sommet du G7 à Biarritz entre le Président Trump et le Premier Ministre Abe et conclu à New York un mois plus tard est en cours de discussion à la Diète. Il comporte un volet agricole significatif et suscite des réactions inquiètes dans le monde agricole japonais. De nombreux experts alertent sur le risque accru de déprise agricole liée au vieillissement de la population, en particulier dans l’élevage. Le sentiment dominant, relayé par la presse, est que l’agriculture japonaise déclinante, qui assure moins de 40% de l’autosuffisance alimentaire nationale, a été sacrifiée aux intérêts d’autres secteurs économiques. De facto, les autorités japonaises communiquent peu sur cet accord qui ’a apporté peu de garantie pour l’export des produits industriels japonais, et notamment au regard des droits de douane sur les véhicules automobiles.  Les États-Unis ont obtenu des concessions importantes de la part du Japon sur les produits agricoles et aligné un certain nombre de droits de douanes sur ceux du TPP à 11. Parmi les principaux produits bénéficiaires, se trouvent la viande bovine et les vins américains.

3. Entreprises

Trois équipementiers automobiles japonais  (Keihin, Showa et Nisshin Kogyo), fournisseurs historiques de Honda, et Hitachi Automotive Systems ont annoncé un projet de fusion. L’entreprise résultante deviendrait le 3e équipementier au Japon, avec un chiffre d’affaires d’environ 15,6 milliards USD. Ce projet, s’il était mené à son terme, mettrait fin à la relation d’exclusivité entre Keihin, Showa et Nisshin Kogyo et leur client historique, Honda, qui obéit à un modèle de relations assez traditionnel au Japon entre les grands groupes et les PME, à qui il offre une certaine stabilité. Il n’en demeure pas moins que, dans un contexte de concurrence internationale et de contraction du marché domestique, les fusions et consolidations industrielles se sont multipliées ces dernières années pour répondre aux évolutions technologiques (véhicules électriques, connectés et autonome). Nikkei, Nikkei Asian Review

Le typhon Hagibis, passé mi-octobre sur l’archipel, a causé de multiples dégâts, tant sur le plan économique qu’environnemental. Entre autres, plus de 120 wagons de Shinkansen ont été submergés (causant des annulations et retards sur plusieurs semaines), avec un coût estimé pour JR East à 11,8 milliards de yens, tandis que  les dommages causés aux secteurs de l’agriculture, de la foresterie et des pêches se chiffrent à plus de 100 milliards de yens. Trois semaines après la catastrophe, des douzaines de sacs de déchets radioactifs de la centrale de Fukushima éparpillés par les vents restaient par ailleurs introuvables. Alors qu’il a permis de mettre en exergue les vulnérabilités du pays (systèmes électriques, gestion des débris par les municipalités, 60% des dépôts de Shinkansen en zones inondables), les experts japonais estiment que ce type de typhons, plus violents, risque de devenir la nouvelle norme du fait des changements climatiques à venir. The Japan Times, The Japan News, Nikkei Asian Review, The Japan Times, The Japan News, The Japan Times, The Japan Times, The Japan Times.

Corée

1. Evolutions macroéconomiques et financières

La Corée a connu une croissance trimestrielle de +0,4% au 3^e trimestre, soit +2% en glissement annuel (g.a).  L’économie coréenne avait connu une croissance trimestrielle négative au T1 2019 (-0,4% en glissement trimestriel, +1,8% en g.a), son pire trimestre depuis 2008, avant de se reprendre légèrement au T2 (+1% en g.t, 2% en g.a). Du point de vue domestique, l’investissement poursuit son repli (-2,3% en glissement trimestriel), en particulier dans la construction (-5,2% en g.t). La politique budgétaire expansionniste (+9,5% en 2019) explique la hausse de la consommation publique (+6,8% en g.a au T3), mais n’abonde que marginalement la consommation privée (+1,7% en g.a au T3). Les exportations en volume se reprennent (+4,9% en g.t, seulement -0,5% en g.a) mais continuent à être très fortement baissières en valeur (-12,2% en valeur en g.a au T3), du fait d’effets prix très défavorables aux exportations coréennes, en particulier dans les semi-conducteurs et les exportations pétrochimiques. À noter par ailleurs que l’inflation, qui avait été nulle sur un an en Corée en août, avant de reculer de 0,4% en septembre, s’est rétablie à 0% en octobre, profitant notamment de la moindre baisse des prix agricoles . L’inflation sous-jacente hors énergie et produits frais, s’est légèrement reprise, à 0,6% sur un an, contre 0,5% en septembre. Bank of Korea ; Statistics Korea ; Reuters 

2. Relations commerciales et multilatérales

La Corée renonce au bénéfice de son statut de pays en développement (PED) à l’OMC. Pour Hong Nam-ki, ministre de l’économie et des finances et vice premier ministre,  cette décision  s’inscrit uniquement « dans le cadre des négociations futures ». Ce statut auto-déclaratif, dont la Corée jouit depuis son entrée à l’OMC en 1995, lui permet de bénéficier des dispositions spécifiques du  « traitement spécial et différencié » (TSD) : en pratique, ce statut a permis à la Corée d’obtenir l’aval de l’OMC pour verser d’importantes subventions à son agriculture (1,2 Md USD en 2018), et d’imposer des droits de douane très élevés (513% sur les importations de riz), au-delà de quantités minimales définies. Lors des prochaines sessions, la Corée renoncera à demander les bénéfices liés à ce statut. Cette décision inquiète les organisations agricoles, qui réclament des mesures compensatoires. Hankyoreh ; Straits Times

3. Entreprises

Le Parquet coréen inculpe le dirigeant de la startup de service VTC Tada, sous la pression grandissante des taxis du pays. Lancé en octobre 2018, Tada a su se positionner comme le principal acteur du secteur VTC, bien qu’officiellement illégal en Corée, en profitant d’une exception juridique, initialement pensée pour le tourisme, autorisant la location de van de 11 à 15 places avec chauffeur. Suite à une plainte déposée par la Seoul Private Taxi Association en février dernier, le parquet avait tout d’abord temporisé, demandant au ministère des transports de prendre position et de faire évoluer la législation le cas échéant. Devant son inaction et l’importante contestation des taxis, renforcée par la récente annonce de Tada de vouloir étendre sa flotte de 1 400 à 10 000 véhicules d’ici fin 2020, le ministère public a fini par agir. D’autres startups locales de service VTC, comme ChaCdeha et Socar, sont également menacées. Korea JoongAng Daily, Korea Herald, Yonhap