Le haut niveau de vie en Suisse par rapport aux pays de l’OCDE s’explique par une forte intégration sur le marché du travail et par une durée du travail élevée pour les salariés à temps complet. La Suisse bénéficie en outre de l’accord sur la libre-circulation des personnes avec l’Union européenne qui a facilité l’accueil de personnels qualifiés. Enfin, la contribution à la création de valeur des secteurs manufacturier et financier est majeure, en raison de leur productivité et de leur taille.

La Suisse, 20ème économie mondiale par le produit intérieur brut (PIB), se distingue par une croissance stable sur le long terme, un taux de chômage parmi les plus bas des pays de l'OCDE, un excédent structurel de la balance courante, un système éducatif assurant l'intégration sur le marché du travail et un écosystème de R&D performant. Cette prospérité se traduit par un des niveaux de vie les plus élevés au monde : le PIB par habitant en parité de pouvoir d'achat (PPA) est le troisième des pays de l'OCDE (cf. graphique).

L'écart de PIB par habitant en PPA entre la Suisse et la France s'explique essentiellement par une utilisation très intensive du facteur travail. Trois mécanismes sont à l'œuvre : un taux d'emploi très élevé en Suisse, y compris pour les seniors, le recours au travail frontalier et une durée du travail nettement supérieure pour les personnes en activité à temps plein. En revanche, les niveaux de qualification sont équivalents dans les deux pays.

Mesurée au niveau agrégé, la productivité horaire en PPA est quasi similaire en France et en Suisse. Une analyse par branche indique toutefois que les secteurs exposés à la concurrence internationale (industrie manufacturière et secteur financier) contribuent davantage à la création de valeur en Suisse. Cette différence s'explique d'une part par un effet « taille », l'emploi étant plus concentré dans ces secteurs, et d'autre part par une productivité de ces secteurs relativement plus élevée par rapport à la moyenne nationale. La contribution du secteur financier à l'écart de niveau de vie avec la France est ainsi significative. De manière générale, le tissu productif suisse se caractérise par une plus forte spécialisation, une orientation plus importante vers les exportations et bénéficie d'avantages compétitifs plus marqués (liés entre autres au niveau de gamme).

Par ailleurs, le stock d'investissement direct par habitant est en Suisse 10 fois supérieur à celui prévalant en France ou en Allemagne. Même si ces flux d'IDE concernent en partie des sociétés réalisant une part faible de leur activité commerciale en Suisse, ils y ont stimulé la production et l'emploi.

Sur la période 1997-2017, l'écart de niveau de vie observé entre France et Suisse s'est accentué (d'environ 9 points). Deux tendances ont concouru : premièrement, la Suisse a bénéficié de l'Accord sur la libre-circulation des personnes avec l'Union européenne qui a facilité l’accueil de personnels qualifiés européens et le recours accru à l'emploi de non-résidents, deuxièmement, pour les salariés à temps complet, les gains de productivité par emploi ont été ralentis en France par la baisse de la durée légale du travail.

Trésor-Éco n° 246