Actualités économiques Japon & Corée - Semaines des 12 et 19 août 2019
Les tensions commerciales sino-américaines pèsent sur la croissance mondiale et profitent aux valeurs refuge. Les dirigeants japonais et américain ont annoncé un accord de principe lors du G7 à Biarritz. La Corée met en place de nouvelles contre-mesures suite aux restrictions japonaises sur le commerce.
BREVES BIMENSUELLES
JAPON COREE
Semaines des 12 et 19 août 2019
Sommaire
Japon
- Evolutions macroéconomiques
- Relations commerciales et multilatérales
- Entreprises
Corée
- Evolutions macroéconomiques
- Relations commerciales et multilatérales
- Entreprises
Japon
1. Evolutions macroéconomiques
Les tensions commerciales sino-américaines pèsent sur la croissance mondiale et profitent aux valeurs refuge (or, franc suisse, yen). Le Yen a atteint en août son niveau le plus haut des 12 derniers mois (avec une parité de 105 USD/¥ le 12 août dernier, contre une moyenne de 110,4 USD/¥ en 2018 ; et une parité de 117 €/¥ le 26 août 2019, contre 130,4 €/¥ en moyenne en 2018). L’appréciation du Yen face au dollar menace les perspectives économiques des entreprises japonaises. Elle a pour effet d’impacter la compétitivité des entreprises japonaises puisqu’elle rend les biens plus chers à l’exportation. Plusieurs entreprises (Toyota Motor Corp, Toshiba Corp, Honda Motor Co., Suzuki Motor Corp. and Mazda Motor Corp) ont lancé un avertissement sur leurs prévisions de croissance. Certaines envisagent de réduire leurs coûts, si l’appréciation du Yen devait se poursuivre. Le gouvernement japonais s’est dit prêt à intervenir, en coordination avec les gouvernements des G7 et G20, si l’évolution des taux de change venait à affecter son économie (le Japon soutient les travaux des G20/G7 sur la de lutte contre la dévaluation compétitive, en s’engageant notamment à ne pas utiliser la politique monétaire pour atteindre une devise cible). Japan Times ; Reuters.
Les pensions versées aux retraités japonais ne suffisent plus à couvrir leurs besoins, et la soutenabilité du système de retraite japonais est remise en question, d’après un rapport controversé publié cet été par l’Agence des Services Financiers (FSA). Le Government Pension Invesment Fund (GPIF), le plus grand fonds de pension gouvernemental au monde (1 250 Mds € d’actifs) ne serait bientôt plus en mesure garantir la sécurité financière quotidienne de ses cotisants à la retraite. Le rapport a mis en évidence l’impact conjugué du vieillissement de la population, du déclin démographique et de la diminution de la population active japonaise sur le système actuel des retraites. En analysant la situation financière moyenne d’un couple de retraités japonais, la FSA conclut que les dépenses mensuelles moyennes du ménage sont désormais supérieures à la pension de retraite versée ; d’ici 30 ans, il faudrait que ce ménage ait une épargne de 20M ¥ au moins, soit 170 K€, pour compléter la pension versée par le Fonds de retraite japonais. Le rapport recommande aux travailleurs, en particulier aux travailleurs non-réguliers, d’épargner tôt et de prévoir à l’avance le financement de leur retraite. Le Premier Ministre a vigoureusement critiqué ce rapport dont les données seraient contradictoires avec celles du gouvernement, et a refusé de le valider. L’évaluation annuelle du système de retraite par le gouvernement japonais devrait permettre de clarifier la situation. The Japan Times ; Asahi ; Courrier International ; SER Tokyo.
2. Relations commerciales et multilatérales
Les négociations entre le Japon et les Etats-Unis autour du « Trade Agreement on Goods » (TAG) se sont accélérées ; les dirigeants ont annoncé un accord de principe lors du G7 à Biarritz et espèrent signer un accord commercial fin septembre en marge de l’Assemblée Générale des Nations Unies. L’excédent commercial du Japon vers les Etats-Unis a progressé pour le 5ème mois consécutif (580 Mds ¥ en juillet soit une augmentation de +15,6% yoy). Washington demande une relation commerciale bilatérale « plus juste ». Après 3 jours de négociations entre le Ministre japonais de la Revitalisation économique, T. Motegi, et le Représentant au Commerce américain, R. Lighthizer à Washington, D. Trump et S. Abe ont échangé directement lors du sommet du G7 de Biarritz. Plusieurs points d’accord de principe ont été trouvés. Les droits de douane sur les produits agricoles américains seront réduits pour atteindre ceux initialement prévus par le TPP ce qui permettra à Washington un meilleur accès au marché japonais. Le Premier ministre Abe aurait par ailleurs annoncé la disponibilité des entreprises japonaises à acheter davantage de produits alimentaires américains. Une enveloppe de 7 Mds USD est annoncée concernant l’agriculture et le commerce numérique. Sur l’automobile, les droits de douane resteraient inchangés. Le gouvernement japonais souhaitait officiellement une suppression des tarifs douaniers sur ses exportations de véhicules et pièces automobiles, mais espérait avant tout éviter la menace américaine de hausse des droits de douane (droits de douane actuels 2,5% pour les voitures et 25% pour les camions). Customs Japan ; The Nikkei Asian Review ; Japan Times.
3. Entreprises
Le groupe Recruit Holdings, soupçonné de vente de données personnelles sans autorisation, a fait l’objet d’une réprimande de la part de la Commission japonaise de protection des informations personnelles. L’entreprise leader sur le marché japonais de la mise en relations d’employeurs et de demandeurs d’emploi aurait, via sa filiale Recruit Career et son service en ligne « Recrui-Navi », mis au point un algorithme IA destiné à déterminer la probabilité qu’un individu refuse une offre d’emploi de la part d’une entreprise donnée, à partir des données d’utilisation du site. En proposant à des entreprises d’acheter les conclusions de cette analyse sans en informer les utilisateurs de façon satisfaisante, Recruit a contrevenu à la réglementation en vigueur, récemment renforcée par la réforme de 2015 de la loi sur la protection des données personnelles. La Commission de protection des données n’a initialement pas communiqué sur l’affaire, mais la révélation de l’enquête en cours par le quotidien économique Nikkei, début août, a donné une certaine notoriété au scandale. Le service en ligne « Recrui-Navi », dominant le marché japonais, compte environ 800 000 utilisateurs par an.
Le 27 août, la Commission de protection des données personnelles a émis une déclaration publique confirmant la vente par Recruit des données d’environ 8000 personnes à 38 entreprises. Parmi celles-ci, seule Honda a été identifiée, certains de ses responsables ayant informé la presse dès le 10 août. La commission n’a pas sanctionné Recruit, mais a enjoint le groupe à réviser sa structure interne pour rendre impossible à l’avenir les transactions illicites, à former le personnel à la réglementation de protection des données personnelles, à détailler plus explicitement leurs modalités d’utilisation aux utilisateurs de ses services, et à faire un rapport à la commission sur les mesures prises d’ici le 30 septembre. Le président de Recruit Career, Daizo Kobayashi, a immédiatement exprimé des excuses publiques. Le groupe ne prévoit pas de répercussion sur ses dirigeants à l’heure actuelle.
Corée
1. Evolutions macroéconomiques et financières
La Corée met en place de nouvelles contre-mesures suite aux restrictions japonaises sur le commerce. Si la rupture par la Corée de son accord de partage de renseignements militaires avec le Japon (GSOMIA) a dominé l’actualité, des mesures économiques ont précédé cette décision. Le 12 août 2019, la Corée a d’abord annoncé la sortie du Japon de son système de « liste blanche », avec entrée en vigueur début septembre à l’issue d’une procédure de consultation publique de 20 jours. Le Japon sera ainsi rétrogradé du groupe A (comportant 29 pays) au groupe A-2, créé pour l’occasion, et dont il sera seul membre. Cette rétrogradation se limite cependant à un durcissement des contraintes administratives, notamment de durée de procédure (de 5 à 15 jours) et de nombre de documents exigés (de 3 à 5). Le Ministère de l’Environnement a par ailleurs annoncé, le 8 août, le renforcement du contrôle de la radioactivité des déchets de charbon importés du Japon, avant d’annoncer le 16 août des contrôles renforcés sur les déchets de batteries, pneus et plastiques japonais (radioactivité et métaux lourds). Le Ministère de la sécurité sanitaire des aliments et médicaments (MFDS) a de son côté annoncé, le 23 août, le doublement du contrôle à l’importation de 17 catégories de produits agricoles, parmi lesquels le café, le thé et le chocolat. Korea Joongang Daily ; Japan Today
2. Relations commerciales et multilatérales
Le Royaume-Uni et la Corée du Sud signent un « continuity trade deal » en préparation du Brexit. La Ministre coréenne du Commerce Yoo Myung-hee et son homologue britannique Elizabeth Truss ont signé à Londres, jeudi 22 août, un accord encadrant la continuité des conditions commerciales entre la Corée du Sud et le Royaume-Uni (trade continuity deal). Cet accord entrera en vigueur en l’absence d’accord (no deal) ou, en cas d’accord, à la fin de la période transitoire qui aura été définie. Les procédures de validation par les Parlements britannique et coréen devraient être accélérées afin que cet accord puisse entrer en vigueur au 31 octobre. L’essentiel de l’accord provisoire correspond au maintien des conditions existantes à ce jour via l’Accord de Libre-Echange UE-Corée. L’accord prévoit des règles transitoires, pour 3 ans, entourant les règles d’origine et la clause de transport direct, pour éviter que les exportations utilisant des consommations intermédiaires européennes, ou celles transitant via des bases logistiques sur le territoire européen, se voient imposer des droits de douane à la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne. L’accord revoit par ailleurs les seuils de déclenchement de droits de douane sur les importations de nombreux produits agricoles, qui reposaient auparavant sur des quantités agrégées à l’échelle européenne. Les 2 pays se sont engagés également, d’ici fin 2020, à discuter d’un accord de libre-échange bilatéral moderne et étendu. www.gov.uk ; Korea Joongang Daily
3. Entreprises
La Corée investira 3,9 Mds USD dans les secteurs innovants en 2020. Le ministre de l'Economie et des Finances, HONG Nam-ki, a annoncé le 21 août que le gouvernement coréen investira 3,9 Mds USD en 2020 (soit une hausse de 45% par rapport à 2019) pour dynamiser certaines industries innovantes identifiées comme nouveaux moteurs de croissance pour le pays, dans un contexte de ralentissement économique. Ce plan de financement consacrera ainsi 1,4 Mds USD au développement des secteurs des données, des services 5G et de l'intelligence artificielle (IA) alors que 2,5 Mds USD seront en parallèle alloués au soutien des industries des semi-conducteurs, de la biosanté et de la mobilité du futur. Yonhap, Pulse News, Korea IT News
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